Il fait nuit. Je vois pas dans le noir. Je plisse les yeux. J’essaye de voir dans le noir. Je crois que les fées sont nyctalopes (et pas des salopes) alors, je me dis qu’en fait, on m’a peut-être menti pendant toute ma vie. Peut-être que ma mère n’est pas ma mère et que je suis la fille d’une madame fée. Et que je peux voir dans le noir. Alors, je plisse les yeux. Je me concentre. Peut-être qu’il faut se concentrer pour voir dans le noir. « je suis une fée. » je chuchote. Je crois. « j’y crois. une putain de bonne fée. » ouais, forcément, une fée bonne, pas une fée moche quoi. Je suis trop bonne pour être moche. J’entends du bruit. Cordélia. Je me retourne. « Mais chuuuuuuuuuuuut tu vas faire foirer notre opération ninja, faut pas parler, PAS PARLER ! » je dis plus fort. Eh merde. « tu crois que.. que.. oh je sais plus. » Je tangue. Je me rattrape sur Cordélia. Merde, elle tangue aussi. On tient pas bien debout. C’est la faute de nos amies. Les bouteilles. Je vous jure, elles sont vicieuses. Je me rattrape sur le mur. Le mur tangue. Ah, non, c’est pas ça. Mais je termine le cul par terre, je sais pas pourquoi. « attends je sais ce qu’il faut faire ! » j’ai une illumination. « sullivan il… il avait fait un truc. » je prends l’air vachement concentré. Mais c’est plus pour voir dans le noir, ça, j’ai abandonné. Je pose ma main à plat contre le mur. Je grimace. Il se passe rien. « attends, attends, ça va marcher hein ! » ouais, je lui ai dit que je savais comment rentrer dans le bureau de la vieille mamie, c’est pas des mythos merde. Je commence à.. oui, caresser un mur. « non mais laisse tomber, le mur doit sentir que j’ai pas envie de baiser avec lui. » ouais. Caresser = baiser. Mais baiser un mur, c’est bizarre. Bon. Je tente autre chose. J’enlève mon débardeur., je bouge mes seins (vos gueules) style aguicheuse. Mais, bon, du coup, j’enlève aussi mon soutien-gorge, j’ai chaud, en fait, et puis c’est plus réaliste. « regaaaarde je suis… je suis là moi. Je suis là pour toi je te juuuure ! » mais il veut pas ouvrir la porte, alors je colle mes seins contre la pierre froide, et je commence à bouger. « il faut peut-être le caresser avec ses seins. » je lance, genre, je suis experte en murs. Je sais pas, peut-être que pour un type, il suffit de caresser le mur avec la main, mais pour une fille, faut le faire avec les seins. Ce que je trouve injuste, voilà, et incroyablement sexiste. Je regarde Cordélia, style, elle devrait faire pareil, avec quatre seins, ça marcherait mieux, je pense.

Je crois que je suis saoule vous voyez, mais genre, plus que jamais. Nous sommes en train de vivre les derniers instants au château et je trouve ça tellemmmment déprimant. C’est que je me suis habituée à vivre ici et martyriser tout le monde. Même si ma somptueuse villa me manque, ma bonne, Marisol aussi. Je tangue, j’entends Fauve parler de tout et n’importe quoi. J’essaie de tâter le mur dans l’obscurité de la nuit histoire de ne pas tomber. J’crois qu’on vient d’arriver devant le bureau de la vieille. « Tu es une fée ? J’espère que t’es pas aussi moche que le vieux fossile qui habite ici. »  Je me cambre en arrière et tape une pose de pouf « Moi je suis bonne, ça devrait être suffisant. » Fauve commence à se frotter contre le mur de manière plutôt bizarre. Je suis saoule alors sans vraiment savoir pourquoi je fais de même. Je soulève mon t shirt, arrache mon soutien-gorge que je jette dans le couloir et me déhanche contre la pierre. « OH OUI BRAD VAS-Y » Oui je crois que je suis victime d’une hallucination parce que voilà, le mur n’est pas brad pitt… Je m’arrête, j’ai un fou rire. Je n’arrive pas à m’arrêter. Puis je m’énerve. « LAISSE NOUS RENTRER DANS TON BUREAU VIEILLE CONNE » Comme si elle allait nous écouter. Alors je me retourne vers Fauve qui semble tout aussi éméchée que moi. « On devrait vandaliser les couloirs, brûler les gardes robes, torturer Sullivan et ensuite faire l’amour sauvagement ! Ouais c’est une bonne idée ça… Je devrais me promener les seins à l'air dans les couloirs plus souvent, j'me seeens liiiiiiiiiiiiibre » Je fais bouger ma poitrine en rythme. « OH MICKEY YOU'RE SO FINE YOU'RE SO FINE YOU BLOW MY MIND HEY MICKEY »

Cordélia a compris que j’étais sans aucun doute l’intelligence incarnée, et qu’il fallait m’écouter. Surtout quand je dis de se frotter les seins contre le mur. Non mais ça me semble vachement logique moi, la vieille est une salope cochonne. Imaginez que le mur soit genre sans tain et que la vieille mémé nous regarde, avec nos seins écrasés contre le mur. Du coup, ça me glace un peu ce genre de pensée alors je m’arrête un peu. Mais pas Cordélia. « NON C’EST PAS BRAD TU TE FAIS TOUCHER PAR UN MUR ! » ou plutôt elle touche un mur. Je me demande si le mur peut porter plainte contre attouchements sexuels. J’espère que non. Cordélia éclate de rire. Moi aussi. Et elle s’énerve. Moi aussi, du coup. « OUAIS C’EST DEGUEULASSE DE NOUS LAISSER LA SANS NOUS FAIRE RENTRER JE LE SAVAIS, UNE MAL-BAISEE JE L’AI TOUJOURS DIT ! » Je commence à frapper contre le mur. Enfin, pas des coups de poings, faut pas déconner, je veux pas me foutre les poings en l’air quoi. Je gifle le mur, voilà. Jusqu’à ce que Cordélia se tourne vers moi. « tes seins ils sont.. ils sont… » hypnotisants pour de vrai. « OUI ! » pour vandaliser les couloirs. « OOOUI ! » pour brûler les gardes-robes. « OOOUI ! Attends quoi ? Bai-baiser toutes les deux ? Avec Sullivan ? Toi avec Sullivan ? à trois ? ou vous deux ? ah mais je veux pas que tu te tapes Sullivan moi, ce serait trop nul. » mais en fait, j’ai pas le temps d’argumenter parce que Cordélia remue ses seins et chante. « si j’étais les.. lesbienne voilà. … euh. Je te.. » je bouge la tête. « y’a du bruit ! » je plisse les yeux. « je suis une fée. » je répète. « ça marche pas. » ça marche pas, parce que je vois pas dans le noir. « je suis pas une fée. » eh merde. Je commence à marcher tout doucement. Cordélia bouge pas. Je lui attrape la main, et je me baisse un peu, histoire d’être discrète quoi. « tu crois que c’est un autre candidat ? » on continue de marcher. Je crois voir un mouvement. « LA-BAS ! » je lâche la main de Cordélia, je cours, je prends mon élan, je saute. Et je m’étale par terre. « aiiiiiie j’ai dû m’aplatir encore plus les seins avec ça. » Peut-être qu’il y avait personne en fait. Je sais pas. Je me retourne pour être allongée sur le dos. Je lève les bras. « J’AI ENVIE DE BAISEEEER JE VEUX SORTIR D’ICI ET BAISER TOUT LE TEMPS ! »

« QUOI ? Un mur tente de me violer, aidez moooooooi. » Fauve me regarde bizarrement, je crois qu’elle est comme hypnotisée par mes seins « Tu veux les toucher ? La moitié du château en rêve. » Je reste dans mon délire de pompom girl et continue de me déhancher sur la chanson hey mickey en tentant même une cabriole. Mais je me vautre sur le sol comme une merde. « On pourrait faire ça à trois, puis à deux, faudrait lui proposer. Mais j’préfèrerais limite qu’on reste entre nous tu vois, comme ça au moins on est certaines de rester entre bonnasses. » Je crois que Fauve est victime d’une hallucination parce qu’elle court tout au fond du couloir comme une furie et tente d’attaquer une forme invisible « Quelqu’un nous espionne dans ce couloir, un fantôme peut-être, celui du bon gout de la bonne fée ou alors tueur psychopathe qui s’est introduit dans le château pour nous égorger. MON DIEU J’AI PEUR. » Je saute sur Fauve et l’écrase avec mes seins, le pire c’est que j’ai vraiment l’impression d’être observée là. Alors je l’attrape par la main et je cours, je cours dans les couloirs. « ILLLLL ARRIVE DEPECHE TOI SI TU VEUX QU’ON BAISE AVEC SULLIVAN AVANT DE MOURIR » J’arrive devant une porte et l’enfonce, je crois que c’est le dortoir diamant mais je ne suis pas sûre, je m’en fous. Je grimpe sur les lits alors que certaines personnes sont en train de dormir, j’ouvre le premier tiroir qui vient et attrape tous les vêtements. Je retourne dans le couloir. Jette les vêtements en boule et sort un briquet de ma poche. « ON VA FAIRE UN FEU DE CAMP POUR ELOIGNER NOS ASSAILLANTS » Je fous le feu aux vêtements – qui sont ceux de Sullivan en fait – et danse autour. « OH MICKEY YOU’RE SO FINE YOU’RE SO FINE YOU BLOOOOOW MY MIND YEAAAAAH. » Je me déhanche. « STRIP TEAAAASE. »

« QUOI ? toucher tes seins ? ah non mais c’est trop lesbienne pour moi ça. » ah mais carrément, même si j’approche quand même mes mains, genre, pour voir, vous voyez, mais en fait, elle fait la cheerleader. Jsuis sûre qu’elle était pompom girl dans son lycée elle. En fait, c’était typiquement le genre de nana que je ne pouvais pas du tout supporter quand j’étais au lycée. J’allais tenter de jouer à la pompom girl moi aussi, vous voyez, pour me mettre dans le truc, mais en fait, non. « mais je suis pas lesbienne moi et je veux pas que tu te tapes sullivaaaan en plus c’est un mauvais coup je te jure t’aimerais pas du touuuut ! » hein j’ai raison ? ouais ? Je saute sur la silhouette que j’ai cru apercevoir. J’ai mal à un sein, je vous promets. Cordélia saute sur moi. Ses seins écrasent les miens. « je suis d’accord … c’est sûr... je crois. » Elle m’attrape la main, m’oblige à me lever et on court. « IL ARRIVE ATTENDS C’EST VRAI ? ON VA A GAUCHE ! » on tourne à droite. « FALLAIT ALLER A GAUCHE C’EST LES DORTOIRS DE.. JE SAIS PLUUUS ! » mais on défonce la porte. « et tu baiseras pas Sullivan ! » je lui siffle, au cas où, voyez. Je reste muette , on est bien dans un dortoir, et y’a des gens qui dorment, et Cordélia grimpe sur les lits. J’arrive pas trop trop à m’arrêter de rire quand elle fous le feu à un tas de vêtements, et qu’elle chante. « chuuuut on va les réveiller après ! » je me jette sur elle, pour la calmer, je vous jure, et je me mets à califourchon sur elle, je plaque ma main contre ses lèvres. « chuut j’ai dit ! après, ils vont se réveiller. » je me serre contre elle, pour la dissuader de se relever. « faut qu’on reste à terre, c’est dangereux. Et faut pas parler, s’ils se réveillent, ils seront pas conteeents ! ils enverront Ange nous toucher après pour nous punir, je veux pas qu’Ange vienne, je te jure, je veux pas d’Ange il fait trop peur. » je murmure, à toute vitesse.  « Ange est un démon.. » j’éclate de rire face à ma blague pourrie, mais je me calme tout de suite. Faut pas faire de bruit.