FAUVE et TYGER

“ Quelqu'un vient m'aider à cuisiner ? ” a demandé Tyger à la cantonnade, mais personne n'a voulu le suivre. “ Bah tant pis vous aurez rien ! ” a-t'il lancé avec un grand sourire, tout en quittant le petit groupe avec qui il discutait dehors. Mais bon il va pas faire son salaud et cuisiner juste pour lui tout seul, il doit essayer d'avoir l'air sympa quand même, rien qu'au début. Enfin, si ils y mettent pas tous un peu du leur, ils auront rien à bouffer. Tyger adore cuisiner, mais là ils sont mille quand même. C'est un peu bizarre ce début d'aventure quand même, les gens se tâtent un peu, essaient de voir qui va faire quoi, qui va poser des problèmes, qui on va essayer de noyer dans le lac et qui on pourra emmener dans les buissons. Enfin bref, Tyger prend ses aises dans la cuisine encore déserte, et commence à préparer des spaghettis avec des boulettes de viande comme dans la belle et le clochard. Y en aura surement pas pour tout le monde, ce sera premier arrivé premier servi. Il a juste une telle faim de tigre qu'il se dit qu'il pourrait tout manger et ne rien laisser aux autres... Mais bon allez, faut faire des efforts c'est la première semaine, pas devenir une bête sauvage tout de suite, sinon il va finir par dévorer tout le monde et c'est pas trop une bonne idée. Quoique... ils doivent avoir bon gout. Mais bon, spaghettis, spaghettis, c'est plus civilisé quand même, même si ca aurait été drôle genre de faire la chasse lui-même tout ça. Oui Tyger se prend souvent pour un animal sauvage, fallait pas lui donner ce prénom. Il est tellement à fond dans la préparation des boulettes de viande, se croyant genre un cuisiner trois étoiles ou plutot comme un sioux en train de préparer la viande qu'il vient de chasser qu'il oublie complètement qu'il a des pâtes sur le feu, et puis voila que ca commence à déborder, mais il a de la viande hachée plein les mains alors il est juste dans la merde. C'est bien premier jour, et faire tout péter dans la cuisine, ouais ouais bien bien l'initiative d'aller cuisiner tout seul. Mais il entend un bruit derrière lui, et se dit que y a peut-être quelqu'un qui vient d'arriver. Il essaie de se retourner mais ne vois pas trop qui c'est. Tant pis, il lance : “ Hey toi, tu peux enlever les pâtes du feu steuplait ? ” Pourvu que cette personne le laisse pas en plan ou fasse pas tout tomber, allez il sera même sympa il ira la remercier, et il lui fera même un bisou sur la joue, allez.

En fait, l’inconvénient d’avoir fait copine-copine qu’avec deux nanas, c’est que du coup, les hommes, je les connais pas. Pire, même cette après-midi, quand je suis partie à la chasse à l’homme à l’extérieur du château, j’ai trouvé que dalle, limite, j’me suis demandé si les mecs de l’émission s’étaient pas planqués exprès, voyez. Puis, je suis revenue à la raison. Je suis trop bonne pour que ça arrive un jour. J’ai juste pas de chances, voilà. En plus, pire, à défaut d’avoir trouvé un mec à pécho, j’ai trouvé une nana bizarre. Et puis, je suis pas branchée nana moi, donc, bon, ça m’a un peu blasée, ça. On peut dire que j’ai passé une journée de merde, voilà. Mais ça va, je suis respectable, côté comportement. Je veux dire, je suis pas encore une salope aigris, comprenez ? Ca, ce sera d’ici la fin de la semaine si j’ai pas pécho j’imagine. Enfin bref. J’suis rentrée dans le château (sans avoir pécho) et j’ai fait deux fois le tour du château (en fait je me suis un peu perdue) pour chercher Cordélia et Maia, mais je les ai pas trouvées (et si elles ont pécho avant moi, ça va pas l’faire) bref. J’arrive dans la cuisine, je crois bien. Et là. Mon dieu. Miracle. Dieu m’a entendue. Oh la vieille moche. Quoi que non, elle ne serait pas venue à mon secours, celle-là. Un homme, juré. Enfin. Un garçon. Il est pas très musclé, voyez. j’me demande si c’est pas lui, le fameux binôme gringalet de Cordélia. Enfin. Même si c’est lui, elle a de la chance quand même, bordel, mon binôme, c’est un meuf, une meuf, une vraie, vagin et tout. Enfin j’ai pas vérifié. Mais j’imagine. Ceci dit, je l’ai pas encore vue. Ca tombe, c’est Ange, version nana qui ressemble à un mec. Enfin bref, je louchais un peu sur ses fesses, avant de l’entendre parler. Et merde, j’aurais pu rester là à le mater un peu plus longtemps, mais il m’a captée. Des pâtes, hein ? Ah ouais, il cuisine. Ca doit être pour ça qu’il remuait des fesses comme ça. Hm. Qu’il continue hein. J’éteins le feu, tout ça, tout ça, genre, la meuf qui obéit bien. « C’est fait, tu m’en vaudras une ! Tu me laisseras goûter, après ? » je m’assois sur le comptoir, faut pas déconner, je vais pas cuisiner non plus, et j’continue de mater ses fesses, tant qu’il se retourne pas, tout va bien. « t’es qui au fait ? » autant savoir l’nom de celui que je mate.

C'était quand même un peu con de se lancer tout seul la dedans, une bonne intention, mais aussi comment tou péter dès le premier jour. Tyger pensait s'être mieux préparé à tout ça, enfin il a juste oublier les cours de cuisine. Mais bon, y a des choses auxquelles il est bien plus doué, du genre discuter avec les gens, les jauger, et draguer, s'il le faut. Même s'il vient de se taper la honte avec cette personne qui vient de tomber sur ce sacré fiasco, il pourrait trouver comment tourner cette situation en quelque chose d'un peu mieux. Ce sera l'occasion de faire une nouvelle connaissance. Il entend que c'est une fille, et quand il a enfin le temps de se retourner vers elle, il voit que c'est une fille, et une fille plutôt jolie en plus. Ce fail pourrait devenir intéressant. “ Merci ! Ouais si c'est pas trop foiré tu pourras gouter. ” dit-il, alors qu'il continue de batailler les mains dans la pâte. Bon par contre elle a pas l'air décidé à l'aider plus que a et reste plantée là. Et puis en fait ça l'emmerde de faire la cuisine. Il pourrait peut-être s'arrêter là ? “ Moi c'est Tyger. Et toi ? ” dit-il alors qu'il va se laver les mains. Allez on s'en fout de la cuisine, on va discuter. “ Bon allez, c'est pas les restos du coeur non plus, je vais m'arrêter là, j'en ai marre. Ca te dérange de manger juste des spaghettis à moitié cuits ? ” Allez comme elle lui a donné un coup de main, il va l'autoriser à manger avec lui. Et s'il n'est pas très doué pour cuisiner des aliments, il se croit assez doué pour cuisiner les gens.

Et merde, et merde, et merde. Le type-là, il se retourne vers moi. Qu’on se le dise, j’étais bien mieux calée à mater ses fesses. Enfin. Pas qu’il soit laid, loin de là, mais, voilà. Je pense que ce serait assez déplacé de râler par rapport à ça, dommage. Au pire, il accepte que je puisse goûter son machin-là. Ça, c’est un homme comme je les aime. Genre, qui font la cuisine quoi. Parce que ceux qui sont d’avis à dire que c’est un truc de meuf, de cuisiner, moi, je suis d’avis à les frapper pour leur manque d’intelligence, voilà. En tout cas, ça a pas l’air d’être un connard de macho, donc c’est pas plus mal. Tyger. Tyger. Tyger. Original. C’est pas le Nicola dont m’a parlé la meuf de tout à l’heure, Amarok. Mais bon. Un jour, je partirai à la chasse au Nicola voir s’il est vraiment beau, comme elle dit. Peut-être demain. Je sais pas trop. « Fauve. » C’est sympa, Tyger et Fauve. Il dit ensuite ne plus vouloir cuisiner. Merde. Vise ta détermination mec. Aussi motivé qu’un phoque. Enfin. Je me contente de prendre l’air innocente, là, des fois que ça marche, et j’hausse les épaules, genre, tu fais c’que tu veux dude. A la limite, j’ai pas faim. Enfin si. Mais pas de pâtes, comprenez. Je balance un peu mes jambes, je remercie le seigneur d’avoir mis ce short court. Par contre, j’aurais pu miser dans un décolleté un peu plus profond, merde. Oh, j’ai des jambes de déesse, c’est déjà ça hein. Je laisse de côté son blabla sur ses pâtes. « Je peux te poser une question ? » tu voudrais bien baiser ? non je déconne. Comprenez, les types, en général, ça aime bien croire qu’ils décident. C’est-à-dire que si j’pose cette question, même avec l’air le plus innocent possible, il va refuser par fierté, éclater de rire en pensant à une blague, un truc de ce genre. J’entortille une mèche de cheveux avec mon doigt, l’air timide, ouuh. « Enfin, je ne dois pas être la première à te poser cette question-là, pardon, si t’es un peu … lassé. Tes tatouages, ils ont une signification précise ? » bah ouais, les hommes, ils aiment bien qu’on s’intéresse à eux, en général. Enfin, un peu, mais pas trop.

Fauve. Tiens c'est original comme nom, et plutôt joli, une sonorité douce et un côté féroce en même temps. Comme si sous une apparence de gentil petit chat elle cachait des crocs acérés. Un peu comme lui Tyger. “ Si c'est pas drôle ça, un tigre et un fauve, j'pense qu'on fait une sacré équipe de bêtes sauvages !” Il lui lance un sourire, avant de reporter son attention sur les pâtes qu'il est en train d'égoutter dans l'évier. Tiens ça aurait été drôle qu'ils soient en binôme, les autres auraient surement cru qu'ils allaient les griffer ou les manger tout cru. Si ça se trouve en plus, c'est un loup garou et elle en est vraiment capable ? Il va peut-être finir par se faire dévorer tout cru par une Fauve s'il ne fait pas attention. Tyger sert les pâtes dans deux assiettes, pour elle et pour lui, et se retourne pour la regarder en face avec un grand sourire tout innocent. Il a l'impression qu'elle le reluque un peu, mais bon il va pas s'en plaindre, si elle est intéressée par son physique, allons voir jusqu'où ça peut mener. Mais il faut d'abord voir si cette fille en vaut la peine. Elle lui pose une question sur ses tatouages, comme le font peut-être 90% des filles, il est tellement habitué que maintenant il en joue, et invente souvent des histoires plus folles les unes que les autres pour les charmer. D'ailleurs, son binôme, Absinthe, lui avait posé la même question, mais d'une façon beaucoup plus osée. Avec Fauve au moins, Tyger se sent moins déstabilisé, il peut mener la discussion où il veut, et lui raconter ce qu'il veut. “ J'avoue qu'on me pose souvent la question, mais je ne me lasse jamais de raconter l'histoire de chacun de mes tatouages aux jolies filles. ” Tyger laisse glisser cette phrase avec un sourire, puis pose les assiettes sur la table. Il tire une chaise pour inviter Fauve à s'asseoir façon gentleman. Qui a dit que les tigres étaient des bêtes sauvages. Il s'assoit devant elle et commence à tendre la main pour lui montrer sa main où est tatouée une immense rose. “ Tu vois cette rose, et bien c'est quand j'étais petit, dans le jardin de l'orphelinat, il y avait un rosier qui grimpait sur le mur extérieur. Un jour j'ai grimpé le rosier pour aller de l'autre côté. C'est grâce à ce rosier que j'ai pu voir qu'il y avait tout un monde de l'autre côté, et que je n'étais pas enfermé là-bas. C'est pour ça que j'ai voulu lui rendre hommage en en tatouant une rose sur ma main. ” Quel tas de conneries on peut raconter pour pécho putain.

Bêtes sauvages ? Oh, j’espère qu’il l’est au lit. Enfin. Vous me comprenez hein. Il sert deux assiettes de pâtes, me regarde avec un sourire absolument innocent, je lui rends le même genre de sourire. Genre, je suis innocente, ouais. J’aurais peut-être dû prendre la peine de dire que j’en voulais pas, en fait, de ses pâtes, histoire d’éviter le gâchis, comprenez, mais j’imagine que c’est un peu tard, et puis, imaginez qu’il soit complètement vexé après, ou je ne sais pas trop quoi, ce serait con. Il se la joue gentleman, le type. C’est dommage, je serais bien restée assise sur le comptoir, sérieux. Ou allongée dessus. Avec lui. Soit. Fille obéissante, je m’assois. Il commence par montrer sa main. Ah, ouais. Il a une rose dessus. Il raconte. C’est long. Je m’en moque un peu. Et c’est d’un niais. J’imagine que c’est ce qu’il raconte aux nanas pour pécho, ou je sais pas trop. Enfin, je prends l’air ravie, voyez, faudrait pas le contrarier, le petit. Je pose ma main sur la sienne, mes doigts retracent un peu la rose. « C’est beau ce que tu dis, t’es vachement courageux toi. » mon dieu, je me retiens de ne pas exploser de rire. Vous savez, imaginez qu’il soit sérieux dans ses propos. « Et les autres ? Je peux voir ? » Je passe ma langue sur mes lèvres, je prends l’air intéressée, curieuse et tout le bordel. Ce qu’il faut pas faire pour espérer baiser un jour dans ce jeu.

Elle est mignonne cette fille, elle a l'air toute innocente, toute gentille, à boire ses paroles comme ça. mais ce n'est qu'un tissu de mensonges qu'il vient d'inventer sur l'impulsion du moment, et ça a l'effet escompté on dirait. A moins qu'elle se foute de sa gueule. A force de se foutre de la gueule des gens, Tyger commence à se demander si les autres essaient pas de le tromper un peu aussi. Mais bon, on s'en fout, qu'est-ce qu'elle peut lui faire de toute façon. Tant qu'elle a pas le pouvoir d'affecter ses bijoux de famille, y a pas de quoi s'inquiéter de toute façon. Ou si ? se demande-t'il quand elle pose sa main sur la sienne, se demandant si c'est sa façon de s'attaquer à la virilité de ses victimes. Mais qu'est-ce qu'il s'imagine, elle lui fait juste des compliments. Voila il se sent flatté, il se sent plus. Il lui montre son autre bras, en prenant sa main pour la guider le long de ses tatouages. “ Regarde, là j'ai des crânes, c'est parce que j'adore Hamlet tu vois. ” -en fait il l'a jamais lu, mais ça fait toujours bien vu de placer une petite référence littéraire pour les filles- “ Et la j'ai des oiseaux, parce que j'ai toujours rêvé de voler. ” Et hop, un petit coté mièvre. Mais il est quand même un peu moins créatif que tout à l'heure, il préfère la laisser s'imaginer des trucs. “ Mais parle-moi de toi. Est-ce que tu as des petits secrets comme ça ? Qu'est-ce que tu te ferais tatouer ? ” Il essaie de la faire causer un peu, pour voir si elle est aussi gnangnan qu'elle en a l'air.