Je rentre en sifflant presque content,
j'ai pas ce goût âpre en bouche.
Je suis qu'un peu coupable sans-doute.

Nico s’est encore paumé. Enfin, pas vraiment vous voyez, il sait à peu près où il est. Mais c’est surtout qu’encore une fois tout le monde a disparu. Parfois il s’interroge, il se demande si les gens sont pas en train de planifier des trucs derrière son dos. Sérieux, c’est assez inquiétant ce château vide. Il doit pas regarder au bon endroit. Du coup il ouvre un peu toutes les portes, juste comme ça histoire de. Il visite, quoi. Y’a pas grand-chose à faire de toute façon sinon. Il marche un peu les mains dans les poches et la tête en l’air. Un vrai touriste. Manque plus que les havaianas et les lunettes de soleil et c’est bon il est prêt pour aller défiler sur la Croisette. Enfin, en attendant Nico fronce les sourcils. Ils sont où les autres bordel ? Il s’emmerde là, sérieux. C’est pas vraiment drôle. Peut-être que lui aussi il devrait être en train de faire des plans machiavéliques et tout. Mais Adonis n’est pas là. Et s’il y a bien quelqu’un avec qui il a envie de comploter, c’est son binôme. Tout seul c’est moins drôle. Il a déjà toute la nuit pour manigancer des trucs en solo. Bref, Nico ouvre une porte, comme ça en sifflotant. Il s’attend à y voir le vide intersidéral encore une fois. Mais au contraire y’a quelqu’un. Bon, et quelqu’un en train de se changer en plus. Fauve. « Ah merde désolé » Qu’il se laisse échapper le garçon, avant de se retourner et de fermer la porte derrière ses talons. Forcément, il pouvait pas lui arriver un truc normal. Non. Y’a toujours une dose de bizarrerie qui vient lui frapper le visage. Bon, que faire. Déjà que sa précédente « rencontre » avec Fauve était gênante, là ça améliore rien. Oui, peut-être qu’il a juste aperçu le bout de ses seins, mais quand même. C’est le genre de trucs qui arrive qu’à lui. Et en même temps qu’est-ce qu’elle fout à se changer dans la buanderie elle ? Nico se passe une main sur le visage et quand il entend la porte claquer et qu’il se retrouve face à Fauve il tente un sourire. Il aurait peut-être du partir avant qu’elle n’en sorte. « Putain j’m’inquiétais j’trouvais personne, ça me soulage de te voir quand même ». Il s’exclame. Non, sans blague, y’a pas d’raison d’être impressionné par Fauve pas vrai ?

J’crois que Cordelia devient alcoolique. Déjà, parce qu’encore aujourd’hui, elle était en train de picoler (bon, j’ai dû lui tenir compagnie, on laisse pas une amie boire toute seule) et en plus, je sais pas si elle est maladroite comme ça d’habitude, mais elle a pas franchement l’air, en tout cas, elle a réussi à me renverser de son verre sur mon chemisier, autant dire que c’est carrément dégueulasse. Enfin bref, j’ai réussi à éponger et nettoyer le machin, sauf que quand j’ai voulu me changer, vous voyez, y’a Artémis qu’est arrivée, et je sais pas, si elle est vraiment lesbienne (je vous parie tout c’que vous voulez qu’elle l’est) ce serait un peu risqué de se déshabiller devant elle. Déjà que c’est chiant de devoir dormir avec elle en essayant de ne pas la toucher (je veux pas qu’elle me saute dessus, ce serait dégueulasse, imaginez qu’elle se mette en tête que j’suis comme elle) en plus, encore plus chiant quand vous avez l’habitude de vous étaler comme pas possible dans un lit, enfin, bref. C’est vraiment nul d’être avec une fille en binôme quoi. Bref, c’est pour ça que j’ai parcouru une partie du château avec un autre chemisier à la main pour me changer, et que je me suis mise dans le buanderie. En théorie, personne ne met les pieds là-dedans, vous voyez. En théorie. Sauf que la porte s’ouvre. Et le réflexe le plus con du monde, je me retourne, à moitié nue, genre « t’es qui pour rentrer là mec » mais, de toutes manières, il détale aussi vite qu’il est venu, donc bon. Bref, une fois changée, je sors de la buanderie, et Nicola, il est encore là. J’sais pas, je pensais qu’il irait voir ailleurs. Il ne trouvait personne, apparemment. J’hausse les épaules, genre, désolée d’être la seule que tu trouves. « donc c’est pour ça que t’es pas parti, parce que y’a personne d’autre que moi ? » bah, vu comment il raconte ça, ça a l’air hein. Au pire, je m’en fiche. De toutes manières, avec la scène de l’autre fois, au lac, j’ai bien capté que y’avait aucun moyen que j’fasse des choses avec lui. C’est dommage, mais bon.

Bon. Ouais. Il sait pas vraiment ce qu’il pourrait lui dire à Fauve. C’est pas comme s’ils étaient des grands potes depuis le début de l’aventure. Au contraire, elle doit être l’une de celles à qui il a le moins parlé. Et sans doute que s’il n’y avait pas eu ce rapprochement éclair au lac, il aurait un peu fait comme si de rien n’était. C’est vrai quoi. Il a entendu beaucoup d’échos sur elle, Nico. Et il ne sait pas vraiment quoi en penser. La folle de cul, ouais. La meuf parle que de ça depuis le début de l’aventure, mais c’est sûr qu’elle cache un truc. Et plus il y pense plus il a envie de savoir, Nico. Parce qu’il est comme ça, il aime enquêter sur les gens. Il est convaincu que tout le monde a son petit secret. Faut bien avoir un truc derrière la tête pour s’inscrire à un jeu comme Golden Valor, non ? Et quand elle sort et qu’elle le regarde genre, qu’est-ce que tu fais encore ici, Nico affiche simplement une petite moue. Ouais il a perdu tout le monde. « Bah j’sais pas, j’allais pas partir comme un voleur. » Il hausse des épaules. « Ca aurait un peu fait gamin de quatre ans qui part en pouffant après avoir vu ses parents en pleine action. » Pas vraiment son style. Il aime bien affronter les choses, les situations. Forcer un peu le destin. « Bon, c’était pas trop dur les oubliettes ? » Stupide. La pauvre doit se taper ce genre de questions depuis qu’elle est sortie. Mais enfin, c’est pas comme s’il avait mille sujets sur quoi se lancer. C’est vrai, avec Vixy par exemple il suffit d’une connerie et la discussion est lancée. Avec Arok il discute assez naturellement. Mais Fauve. Elle est un peu impressionnante. Alors à côté d’elle, il se sent pas vraiment à l’aise Nico. « Question stupide. » Il finit par ajouter, en fronçant un peu les sourcils. C’est chiant. Il aime pas se sentir comme ça, Nico. Depuis le début du jeu il a vraiment réussi à s’intégrer, à laisser de côté ses problèmes d’angoisse, et là d’un coup il a l’impression de retourner à la case départ. « Qu’est-ce que tu fais, tu m’aides à chercher les autres ? » Peut-être qu’en marchant ça ira un peu mieux, ouais. Il tente un sourire engageant.

Je grimace un peu face à sa métaphore, ça doit être franchement dégueulasse de trouver ses parents en pleine action, vous comprenez. Il me parle des oubliettes, je lève les yeux au ciel, genre, arrêtez de me parler de ce trou-là rat, et comme je ne réponds pas tout de suite, il enchaîne en disant que sa question est stupide. C’est pas faux, enfin. « Essaie d’y passer une nuit, tu verras bien. » Et il me demande si je vais l’aider. Genre, j’ai une tête à aider les gens moi ? Je pensais pas, j’ai plutôt l’habitude de les laisser dans leur merde, vous voyez. « Je ne sais pas trop, je ne crois pas que les autres m’apprécient beaucoup, tu sais. » je vous jure, c’est pas qu’une mauvaise excuse, c’est vrai hein. Ouais, j’ai encore la scène du lac en tête. Ça, et le fait qu’ils n’ont pas non plus l’air d’apprécier Cordélia ou Maia. Je ne sais pas vraiment pourquoi. C’est vrai qu’elle est franche, Cordélia, un peu trop, mais ça va, faut pas se braquer sur ça. Enfin. Elle est gentille, je vous jure, elle n’a bouffé personne, et moi non plus. Encore moins Maia. Mais bon, je ne sais pas, ça doit pas suffire pour eux. « Enfin, je vais t’aider. » de toutes manières j’ai rien à foutre. « j’irais voir ailleurs quand on trouvera quelqu’un. » je sais pas, j’ai un peu l’impression d’être le grand méchant loup qui raccompagne le petit mouton égaré dans sa bergerie là, voyez, déjà qu’on dirait que faut pas l’toucher, le garçon, alors bon. « T’as vérifié où pour le moment ? » qu’on évite de se faire tout le château pour rien, ça m’arrangerait un peu franchement. Je commence à marcher dans une direction, j’espère qu’il vient pas de là-bas. « C’est vrai que t’as jamais couché avec quelqu’un ? » Parce que depuis que Sullivan m’a dit ça, voilà, faut que je sache si c’est vrai ou pas. Ca peut n’être qu’une rumeur, vous voyez. Je vais éviter d’être crue et genre, vulgaire, parce que bon, il a l’air déjà assez … je sais pas trop, mais voyez ce que je veux dire. J’aurais du jouer la carte de la nana innocente avec lui plutôt qu’avec Tyger, sérieux. Enfin c’est trop tard j’imagine.

Il hoche les épaules. Il sait pas trop si les autres l’apprécient. C’est un peu débile de penser à ça. Sans blague, elle peut faire c’qu’elle veut pour changer la donne. C’est que le début du jeu. Si elle commence déjà à s’isoler elle va pas faire long feu ici. Dans ce genre de trucs, faut savoir acheter les autres. Les candidats. Le public. Mais il la voit hésiter. Il sait ce qu’elle doit penser de lui. C’est bizarre ce qu’il s’est passé l’autre jour. Ca a laissé un malaise un peu. Il a pas vraiment cherché à la suivre quand elle s’est cassée, véner, et avec l’histoire des oubliettes et tout, ils se recroisent que maintenant. « C’est cool. » Qu’il se contente d’ajouter en souriant, quand elle annonce qu’elle l’accompagne. Il commence à avancer dans le couloir. Il sait que Fauve avait pas vraiment envie de faire ça, c’était pas bien dur de le lire dans son regard. Y’a un truc qui le suit depuis le début de l’émission, et franchement parfois ça le dérange un peu. Ouais il est un peu plus jeune que les autres, ouais il a cette gueule de gamin, mais bon, voilà quoi. Lui qui voulait un peu cacher le Nico stressé pour bien s’incruster dans le jeu, il a l’impression d’essuyer pas mal d’échecs pour l’instant. « Cuisine, biblio, les salons là. Bon j’ai pas tcheké tous les dortoirs, ni les salles d’entraînement encore. » Du coup quand il voit Fauve aller vers la cuisine il lui attrape le bras et la tire vers une autre direction. C’est délicat, pas vraiment brutal. Il lui lâche le bras et heureusement, parce que quand elle pose sa dernière question il sent ses muscles se tendre. Ca le prend un peu de cours. D’habitude il a pas vraiment de gêne à parler de ça, mais là devant les caméras, en voulant jouer cet autre Nico, il se sent un peu dans la merde. Sérieux, ça l’fait chier. Mais il hausse les épaules et il plante son regard dans celui de Fauve. Genre, pour donner du poids à ses mots quoi. « Ca sort d’où ça ? » Il rigole un instant. Y’a pas d’tabou, dans un sens comme dans l’autre. « Non, c’est faux. » Si, c’est vrai. Mais il s’en branle, il est pas venu ici pour se taper toutes les meufs du château. Si ça avait pas été une émission de combat et stratégie et tout ça, il aurait sans doute dit la vérité. Mais là, il a pas envie de creuser le premier pas vers sa tombe quoi. Sans blague, ça commence par ça et puis il va devoir déballer toute sa vie. Très peu pour lui. « Enfin, j’ai genre jamais eu de vraie copine, mais sinon ça va tu vois. » Y'a tout qui marche. Il se dit que ça peut rattraper c’qu’il a dit dans sa fiche candidat, si la prod décide de balancer des trucs. Ca laissera toujours une incertitude. « C’est la téléréalité Fauve, les gens racontent pas mal de trucs. » Il hausse un sourcil. Il sait pas s'il a le droit de parler aussi directement de l'émission, du coup il murmure a vois plus basse. Mais ouais quoi. C’est quoi ces gars qui croient tout ce qu’on leur raconte ? « On est là pour amuser le public, j’suis sûr qu’ils nous inventent des histoires à la télé. Des trucs qu’on voit pas ici dans l’château. » Il ouvre une porte et jette un coup d’œil à l’intérieur. Personne. « Faut du buzz. » Il est assez fier. Il sait qu’il est crédible. Qu’il a retrouvé sa quiétude, son allure assurée. « Mais toi, qu’est-ce tu fais là ? J’veux dire depuis l’début t’as pas l’air franchement ravie quoi » Ouais non parce que voilà, faut le dire, elle tire une tronche pas possible. Ca doit pas trop plaire au public tout ça.

Forcément, je pars dans la mauvaise direction, puisqu’il m’attrape bien vite le bras en me guidant autre part. Bref, on va part dans un autre coin, alors, et à un moment, il me regarde, genre, super sérieux, je ne sais pas trop, je crois que c’est à cause de ma question. Et il rigole. Ah, bah je préfère ça mon gars, sérieux. Il rajoute que c’est faux. Ah. Oh. Sullivan a tort. Hm. C’est drôle, mais d’un coup, mon intérêt pour Nicola remonte genre, vachement, vachement. Pas puceau, donc, hm. Plus intéressant. Je lui lance un sourire, genre « ah ouais » avec un regard un brin aguicheur, bah ouais, du coup. Pas de vraie copine. J’hausse les épaules, genre, et alors ? « Moi non plus. » moi non plus, j’ai jamais eu de vrai copain, pas de copine hein, faut pas déconner, je ne touche pas à ça moi. « Et puis, c’est mieux, tu crois pas ? » ça évite les crises de jalousie, les pleurs, les départs. Parce qu’on me l’a fait pas, à moi, les types finissent toujours par se barrer en vous laissant seule, même si vous avez besoin d’eux, et même s’ils semblaient vous aimer ne serait-ce qu’un petit peu. J’en sais quelque chose. Plutôt crever que de me retrouver dans une situation pareil. Non. Coucher, juste coucher. C’est bien suffisant. Plus simple. Moins risqué. Bref, il m’annonce que je suis dans une téléréalité, genre, au cas où j’ai le QI d’Absinthe et que je pense m’être inscrite à une colonie de vacances à la place. Il se met à murmurer, ça devient bizarre, ahem. Pour amuser le public. Possible. Le buzz. « Probable. Il fallait s’y attendre. » bah, ouais, personnellement, en venant ici, je m’en doutais très largement. Et j’ai pas de problème avec ça, en fait. Ils peuvent bien dire ce qu’ils veulent, après tout. Bref. Ce que je fous là. Euh, me battre, peut-être ? J’sais pas, je suis pas venue m’inscrire dans un club de tricot. Il ajoute que j’ai pas l’air ravie. Il a pas du m’voir avec Cordélia et Maia, je sais pas trop, parce que je m’amuse assez avec elles, enfin. Du coup, je sais pas trop quoi répondre, là, vous voyez. « Je suis là pour botter le cul des hommes, moi. Et toi ?» voilà, hop, c’est fait. J’ouvre une porte, au hasard, que dalle, c’est bête. Ils ont vraiment disparu, c’est le coup. « Peut-être que la vieille est dans le coup. » j’ai encore du mal à ne pas dire la vieille mal baisée, mais ça vaut mieux quoi, j’ai pas envie de retourner en bas, perso, encore moins toute seule, vous voyez, déjà qu’avec Sullivan, c’était franchement horrible, mais alors toute seule. « Nicola. T’as quel âge, dis-moi ? » Et puis, j’entends un bruit un peu plus loin, et je me dis que ça doit être les autres candidats (non parce que, c’est vrai que c’est désert, et je commence à trouver ça chelou hein, donc ça me rassure un peu) et j’attrape la main de Nicola. « LA-BAS ! » je me mets à courir, pour ouvrir une autre porte, et y’a rien, de chez rien, alors que y’avait du bruit, alors, je regarde quand même dans la pièce, style, ils se marrent peut-être à se cacher, ces enfoirés, sans lâcher la main de Nicola.