Lundi après midi, toujours rien de bien intéressant à faire depuis le prime je me sens très seule, disons que j’ai perdu mes deux acolytes Maia & Fauve, je passe la plupart de mon temps avec elles et ce depuis le début de l’aventure. Elles ont toutes les deux été mises aux oubliettes pour avoir manqué de respect à la vieille chouette, madame la fée qui aime apparemment faire chier tout le monde avec ses états d’âme. Fauve s’en sortait mieux que Maia, elle était enfermée avec Sullivan depuis vendredi, elle allait enfin pouvoir se taper quelqu’un, depuis le temps que son entrejambe la démange. Je suis certaine qu’elle apprécie la situation d’ailleurs, un garçon et une nymphomane notoire coincés dans un lieu clos pendant des jours et des jours, ça ne peut finir qu’en partie de jambes en l’air, le contraire serait étonnant, à moins que Sulli soit un adepte des saucisses, qui sait tout est possible. Vous voyez certaines personnes sont accroc à la cigarette, d’autres à l’alcool, Fauve elle sa véritable addiction c’est le sexe, cette fille ne pense qu’à ça H 24, elle est pire qu’un adolescent pré pubère ou qu’une chatte en chaleur, elle est du genre insatiable et depuis une semaine elle n’avait rien eu à se mettre sous la dent, elle commençait même à reluquer Ange, pour vous dire. Bref j’ère en ce lundi comme une âme en peine dans les couloirs du château avec pour seule compagnie ma grâce naturelle et ma sensualité débordante, j’ai perdu gout à la vie, je n’arrive même plus à me moquer des lèvres d’Eukleia, de la vulgarité de Vixy, de la stupidité d’Absinthe, de l’haleine de chacal d’Atropos… Je suis une épave. C’est à la limite du suicide que je me rends avec un panier plein de cup cakes dans les oubliettes ou Fauve est en train de se ronger les ongles pendant que Sullivan dort recroquevillé sur le sol telle une loque. « Fauve ma petite chérie, tu me manques tellement, j’apporte de la nourriture, j’ai utilisé mes pouvoirs sur un camera man pour qu’il prépare ces petits gâteaux, bon je ne sais pas ce que ça donne mais je dois dire que c’est plutôt appétissant. Au fait, Maia va bien elle te passe le bonjour, je crois qu’elle commence à devenir folle toute seule là haut, quand je suis allée la voir ce matin elle délirait à propos d’une souris appelée Cunégonde… Il est grand temps que vous sortiez d’ici je me sens tellement seule au milieu de ces lépreux... Bon sinon raconte moi, tu as réussi à te taper le Sullivan, son engin est aussi petit qu’on le dit ? » Je sors ensuite une bouteille de vodka de mon sac. « J’ai ramené ça pour vous, pour faire passer le temps rien de tel qu’une bonne cuite... Bon elle est déjà un peu entamée, j’ai eu soif sur le chemin. »

Alors déjà que le temps était assez long dans cette émission (à mettre sur le compte des bien trop nombreux gros cons chiants de cette émission) j’vous raconte pas comme c’est pire, quand vous êtes enfermée dans un trou à rat. Enfin, si, j’vous le raconte, c’est carrément l’enfer, entre l’autre qui passe son temps à roupiller, et moi qui gueule les trois quarts du temps pour qu’un candidat se ramène et m’tape la causette (le pire, c’est que ça réveille pas Sullivan, j’sais pas comment il fait le gars) le temps est long, vachement long, et encore, j’me faire deux-trois machins avec le loup, mais Maia, j’me demande ce que ça doit donner pour elle, sérieux, pour un peu qu’elle soit aussi mal aimée que nous, la pauvre, ça doit être la solitude totale. Jusqu’à ce que Cordelia arrive. Mon dieu. Une déesse, oui, oui. Je l’aime. Et elle a de la nourriture. Je l’aime encore plus. Elle se tape un monologue, comme toujours, ça va que c’est elle, ce serait quelqu’un d’autre qui l’ouvrirait, j’aurais pas la patience d’écouter jusqu’à la fin. Peut-être parce que j’en ai un peu rien à foutre des autres, je sais pas trop. « Tu me manques aussi, et Maia, la pauvre Maia, j’espère que les autres candidats viennent la voir ! Elle devient tarée à ce point ? Mais c’est pas humain ! Pitié, ne me dis pas qu’elle dort seule, il doit encore plus geler qu’ici ! J’espère au moins que Bo lui tient compagnie toutes les nuits, c’est son binôme, merde, c’est pas parce qu’il est gay qu’il doit se comporter comme un véritable enfoiré en la laissant seule ! J’ai hâte de sortir d’ici, tu peux pas savoir ! Encore, ça va, y’ des gens qui viennent nous voir et qui nous ramènent de la nourriture, mais, tu parles, ils sont là pour Sullivan, c’est blasant, y’avait même la meuf à la tête de bébé écrasé, affreux ! » faut que je me remette de mes émotions de ce matin, vous comprenez. Et puis, je me rappelle qu’elle dort avec Ange. « Pitié, dis moi qu’Ange t’as pas touchée quelque part ! » un type qui veut devenir une femme ne peut être qu’un sacré pervers dégueulasse. « Et les vampires ! Oh mon dieu ma pauvre, tu peux venir dans notre chambre quand tu veux ! Même prendre la place d’Artémis, elle sert à rien, et je crois qu’elle est lesbienne, je te jure, je peux pas dormir avec une lesbienne, elle va forcément vouloir me toucher et tout, et ce sera dégueulasse, je veux pas me faire tripoter par une meuf, sérieux, ça va pas être possible ! » vodka, vodka, vodka, j’attrape la bouteille, j’en bois une longue gorgée, et ça réchauffe, et ça fait du bien, je jette un coup d’œil à Sullivan, comme je suis pas trop une chienne, je lui en proposerai bien, mais le mec, il roupille comme pas possible. « T’as raison, faut qu’on prenne une cuite, là, tout de suite, ça me fera oublier ce trou à rat ! » j’en rebois une gorgée, parce que, d’un coup, j’ai hyper soif, voyez. « Dis moi que t’as démonté l’autre du prime, hein ! » ouais, m’semble que Cordélia s’est un peu fritée avec des meufs, j’espère au moins qu’elle les a démontées.

Fauve me fait quand même de la peine dans cette cellule, la pauvre ne ressemble plus à rien, elle a le teint pâle, le visage fatigué et pourrait ranger des courses dans les poches qu’elle a sous les yeux. Elle parle de moi en me rabâchant que je suis trop bavarde mais elle aussi en tient une couche. « Ouais Maia est en train de devenir complètement ravagée, Bo est passé la voir il me semble, moi aussi j’essaye de lui tenir compagnie, d’un autre côté je n’ai pas vraiment hâte qu’elle revienne… Disons que je dors à sa place tu vois… » Dis-je en sifflant. « Eukleia est passée vous voir ? Quelle charmante visite dis-moi ! Tu devais être aux anges ! Cette fille fait tout pour attirer l’attention sur elle, pire que moi. Ce que vous êtes en train de vivre est assez traumatisant comme ça, elle pourrait s’abstenir d’en ajouter une couche en ramenant sa face décomposée » Je parle en oubliant la présence de Sullivan, le gars dort comme une masse anyway. Je sors de mon sac une trousse à maquillage et je fais signe à Fauve de s’avancer un peu. Je la maquille en continuant à faire la conversation. « Ange, je ne le laisserai même pas me toucher avec un bâton, crois moi je prends mes distances. » Ouais moins je le vois mieux je me porte, malheureusement je vais devoir le voir souvent, il dort à quelques lits du mien. « Je ne me souviens même plus à quoi ressemble Artémis, la fille est un vrai fantôme. Lesbienne ou pas, elle est inutile. » Artémis fait partie de ces candidats invisibles, dommage que Fauve soit associée à elle. « En ce qui concerne le prime crois moi cette biatch ne perds rien pour attendre. Vixy même si elle a complètement ruiné ma robe, je l’apprécie cette petite, elle a un grand potentiel, on devrait l’inviter à participer à nos réunions secrètes si tu vois ce que je veux dire. » Plus on est de fous plus on rit. Une fois le maquillage de fauve terminé je lui arrache la bouteille de vodka des mains pour en prendre une gorgée. « A ta santé ! Dommage que Sullivan ne soit pas réveillé il aurait pu se saouler avec nous. » Je regarde le loup dormir, il bave un peu d’ailleurs je m'approche de lui et profite de son sommeil pour lui passer un peu de rouge à lèvres. « Il est si belle comme ça... Mon dieu j’ai une idée.. » Je rigole, l’alcool me monte à la tête. « Nan je ne vais pas oser quand même.. » Je repars à rire de plus belle devant une Fauve plus que perplexe. « J’ai jamais essayé de persuader quelqu’un endormi, c’est vraiment très tentant… » Je m’approche de Sullivan doucement, prenant soin de ne pas le réveiller. Ma voix se transforme en une voix assez grave et plutôt rauque. « Quand tu te réveilleras tu auras une envie folle de masser les pieds de Fauve et hum… Sans savoir pourquoi et sans t’en rendre compte tu entameras un strip tease, comme si c’était normal » Je rajoute ensuite… « T’auras aussi envie d’étriper Eukleia… Pas de la tuer hein, juste de passer tes nerfs sur elle ». Je reprends ensuite ma place aux côtés de Fauve retrouvant ma voix habituelle. « Voilà si ça marche et j'ai des doutes là dessus, tu sauras vraiment si son engin est aussi petit qu’on le dit. L'avantage c'est que jamais personne ne se souvient d'avoir été contraint à quoi que ce soit... »

Je suis en train de pioncer tranquillement quand une voix suraiguë me sort de mon sommeil. Wow, ça va pas de bavarder comme ça à côté de quelqu’un qui roupille ? Je grogne un peu sans même ouvrir les yeux, genre ‘ta gueule’, mais ça n’a pas l’air de fonctionner. Je crois bien que c’est bobonne qui est venue rendre visite à sa grande copine, parce qu’elle parle de la meuf enfermée sur le toit. Et franchement, je crois bien qu’il n’y a qu’elle et la folle du cul qui pourraient bien avoir eu envie de mettre fin à sa solitude. Et puis ça continue à jacasser, gniagniagnia. Insupportable. Du moins c’est ce que j’imagine avant d’écouter attentivement leurs paroles. Attendez là, elles sont en train de cracher grave sur les autres candidats, non ? Roh les garces ! En même temps elles n’ont pas tort sur beaucoup de point. J’apprends par la même occasion que Bo est gay –même si je dois vous avouer que je n’ai aucune idée de qui est ce mec-, et qu’elles surnomment la ventouse ‘tête de bébé écrasé’. C’est méchant quand même, je me trouve bien gentil à côté, avec mon surnom mignon. Et tout le monde y passe : Ange, Eukle again, Artémis –ok là je suis d’accord, c’est qui celle-là ?-, Vixy –je retiens qu’il faut se méfier de blondie-. Et puis elle n’a plus rien à dire, alors cette garce me fout son rouge à lèvres sur la tronche, non mais elle veut mourir ou quoi ? La salope. J’dois bien avouer que c’est drôle quand même, si j’avais été à sa place je serais mort de rire. Sauf que là, c’est moi la pauvre poupée qu’on maquille à son insu. Un peu comme le pokémon avec son feutre là, Rondoudou. Y’a que moi qui connais ? Ok, laissez tomber bande d’incultes. Je m’apprête à lui choper la main et l’immobiliser pour lui dessiner une jolie moustache, sauf que je l’entends préparer une connerie. Elle va me désaper dans mon sommeil ? Je n’imaginais pas qu’être coincé dans cette pièce minuscule avec deux nymphos pouvait se révéler aussi angoissant. Et puis finalement, elle lâche la bombe. Oh mon dieu, mais pincez moi ! Je rêve, quelle salope, quelle salope. Même moi j’suis pas aussi mesquin, c’est pour dire. Elle a de la chance que ce soit dans mon intérêt de faire le mort, et en fait j’ai peur que son truc fonctionne quand même. Non non c’est pas possible, parce qu’elle a bien dit ‘quand tu te réveilleras’. Bordel, j’ai rarement été aussi content d’être réveillé moi. Masser les pieds de la folle du cul encore, c’est pas la mort –j’crois pas qu’elle pue des pieds-, mais jouer les chippendales et hurler sur la ventouse ne sont pas en tête de ma liste des choses à faire. Je crois que mon sourcil tressaute quand même, mais j’essaie de ne pas bouger. En fait plus j’essaie, plus je sens que j’ai du mal. Pourtant j'y arrive plutôt bien, aussi je tends l'oreille pour la suite de l'épisode.

Maia ravagée, mon dieu, pour vous dire, je flippe moi, quand j’entends ça, enfin, imaginez que ça lui reste à vie ! C’est vrai quoi, moi encore, ça passe, mais elle, ça doit être drôlement traumatisant de vivre ça ! Imaginez qu’elle ne s’en remette jamais véritablement, la pauvre chérie ! Inadmissible. Et Cordélia qui lui prend sa place au lit, sur le moment, je la fusille du regard, genre, et la solidarité féminine, t’en fais quoi ? C’est dégueulasse d’en profiter pour mettre le grappin sur Bo ! S’il n’est pas vraiment gay, j’estime que c’est à Maia de se le taper en première, elle le mérite. Enfin, tant pis, je passe là-dessus. C’est pas la fin du monde, vous voyez. Elle me parle d’Eukleia, j’hausse les épaules. « C’était surtout difficile de la regarder sans avoir envie de lui demander si ses lèvres lui font pas mal, je sais pas, j'ai toujours peur que ça explose, d'un coup. » je sais pas, des trucs aussi gros, si c’est pas de la chirurgie, elle le fait peut-être exprès, genre, une espèce de grimace volontaire, j’en sais rien. Je vais pas non plus dire à Cordélia que j’ai rien contre elle, pour son caractère, tout ça, je sens qu’elle serait pas franchement prête à l’accepter. Bref, Cordélia m’arrange un peu la face avec du maquillage (doux jésus je ne l’ai jamais autant aimée) et je lui réponds. « J’espère bien que tu prends tes distances avec lui ! Et puis, je te conseillerai de surveiller tes affaires, je sais pas trop, il serait capable de te voler ton rouge à lèvres, un truc comme ça. » genre, pour lui ressembler. Je sais pas, ça se trouve il est obsédée par Cordélia, et ça va tourner comme dans un mauvais film d’horreur. « J’espère qu’elle est aussi un fantôme dans le dortoir des saphir, ça m’arrangerait franchement de ne pas avoir à dormir avec elle, tu vois ! » quoi que si elle dort pas dans le lit prévu, j’me demande où est-ce qu’elle peut pioncer, donc ça casse un peu le peu d’espoir que j’ai. « Ah, Vixy était là aussi, un peu avant toi ! C’est vrai qu’elle a l’air plutôt sympathique. Et puis, j’pense que c’est elle qui a pris l’initiative de ne pas nous laisser crever de faim, donc tu vois, tout de suite, ça la rend vachement cool. » Et vas-y qu’elle m’arrache la bouteille des mains, limite, je vais grogner comme Sullivan a fait cette nuit (je vous jure, il a grogné pendant son sommeil, je sais pas si c’est un truc commun aux loups, enfin) et Cordélia s’approche de lui. Hm, j’sais pas si c’est une bonne idée, enfin. Autant la laisser faire son truc hein. Elle lui met du rouge à lèvres, et j’explose de rire, et heureusement que y’a pas de miroir ici (genre, je vais encore lui passer le mien, ça va pas non) comme ça, il s’en rendra même pas compte. J’sais pas, s’il s’en rend compte à son réveil, vous pouvez être sûr que ça va me retomber dessus sinon. Elle explose elle aussi de rire en évoquant une autre idée. Je m’approche un peu, histoire de savoir de quoi il s’agit, parce qu’honnêtement, là je capte pas grand-chose. Elle veut le persuader d’un truc. Me masser les pieds. Oh mon dieu je meurs. Un strip tease. Oh mon dieu je meurs une nouvelle fois. Etriper Eukmachin. Oh mon dieu je. Non rien. En fait je m’en fous de ça. Hm. Et elle revient vers moi. Je jette un autre regard au type. « J’ai hâte de voir ça sérieux ! » elle a franchement de la chance avec son pouvoir. Pensez-bien que pouvoir devenir invisible ne sert globalement à rien. « Le pauvre, quand même, t’es affreuse ! » ouais, t’es, pas nous hein, juste elle, même si ça m’fait bien marrer, haha. « tu devrais aller persuader un type de tenir compagnie à Maia h24 en haut, ne serait-ce que pour lui tenir chaud, d’après Vixy il fait vachement, vachement froid là où la vieille … la vieille l’a foutue. Attends ! Repasse-moi ça ! » Oh mon dieu je suis en train de devenir une grosse ivrogne comme Cordélia, je viens de lui arracher la bouteille aussi rapidement qu'elle avec moi, et j'en bois de nouvelles gorgées. « ce serait sympa que tu nous en ramènes assez pour tenir le coup jusqu'à mardi. le temps passera plus vite avec quoi. » traduction, ramène en encore, et évite de les boire en chemin.

Fauve me parle de persuader quelqu’un de tenir compagnie à Maia, « Ouais quelle merveilleuse idée dès que je remonte je vais persuader la vieille fée de lui tenir compagnie jours et nuits » Si seulement je pouvais la persuader de me réserver une suite royale dans les hauteurs du château… Le paradis sur terre. Bref elle m’arrache la bouteille des mains, je la lui laisse volontiers, j’ai bien trop abusé de l’alcool depuis le début de l’aventure… Ca aide à surmonter le stress mais il y a de grandes chances pour que vous finissiez alcoolique. Je retourne à côté de Sulli qui est toujours allongé sur le sol comme une épave. Cette fois j’amène la trousse à maquillage avec moi. Je vais profiter de son sommeil pour le transformer en Ange, juste pour qu’il puisse se mettre à la place du travelo pendant un moment. Je sors mon plus beau vernis rose, prends la main de sulli et commence à l’étaler tranquillement sur ses ongles. « Je crois qu’il va me détester quand il sera réveillé… » Je le regarde fixement « C’est qu’il est vraiment pas mal le Sullivan hein ! Limite je regrette de pas être à ta place » Je marque une pause. « Nan faut pas abuser quand même. » Une fois la main gauche terminée, je m’attaque à la main droite. J’étale, j’étale puis je remarque que le loup qui semblait endormi jusqu’ici ouvre les yeux pendant une fraction de seconde avant de froncer les sourcils. Il murmure quelque chose dans sa barbe, il semble agité, c’est comme s’il se retenait d’exploser. Serait-il en train de faire le mort pour écouter notre conversation ? Je m’arrête net, je retourne vers Fauve et lui glisse à l’oreille. « Je crois que notre ami est réveillé »… Je prends une profonde inspiration, je sens que ma voix se modifie encore en cette voix grave & rauque. « Faut pas prendre de risques… On ne sait jamais... Sullivan tu vas oublier tout le mal que Fauve et moi avons dit sur les gens du château… Pour le strip tease, ça compte toujours… » Je m’arrête un instant. « Quand tu seras sorti des oubliettes tu mourras d’envie d’embrasser le garçon qui te tape sur les nerfs... C'est quoi son nom déjà... Ah oui... CALISTE! Puis je ne veux pas un petit bisou non, je veux que ce soit fougueux, endiablé, plein de passion et avec la langue, bien entendu. » Une façon pour moi de me venger s'il faisait semblant de dormir.

J’attends tranquillement que les ragots reprennent, limite impatient, mais bobonne semble se concentrer sur mon cas. Putain, elle n’a pas bientôt fini cette garce ? La meuf me peint carrément les ongles avec du vernis à ongles. DU VERNIS ?! Elle m’a pris pour sa poupée ou quoi ? Elle a beau remarquer que je suis un beau gosse –genre elle n’avait pas fait gaffe plus tôt-, j’ai juste envie de lui éclater le crâne contre le lavabo. J’entrouvre les yeux légèrement en fronçant les sourcils, parce que cette odeur ça m’agresse gravement les narines. Aussi je regrette presque d’appartenir à la race des lycans et de posséder un odorat aussi délicat. « Salope … » Je ne peux m’empêcher de grogner entre mes dents en apercevant le rose sur mes doigts. Bobonne ne paie rien pour attendre … Sauf qu’en fait, je viens carrément de me grille, et quand je l’entends affirmer que je suis réveillé je sens le coup foireux arriver à des kilomètres. Pourquoi elle respire fort comme ça, ça pue un peu non ? Je me prépare à me jeter sur elle pour l’empêcher de parler, mais je me rends compte que je n’ai pas vraiment le temps pour ça, aussi je m'enfonce les index dans les oreilles –plus efficace que des mains simplement posées dessus-, hurlant à la mort. « BOBONNE JE VAIS BOUFFER TON NEZ TORDU TU VAS RIEN CAPTER A TON MALHEUR. » Ouais parce qu'il a une bosse son nez, qu'elle ne croit pas que personne n'a remarqué que son chirurgien l'avait un peu loupée. Sauf que je retire mes doigts comme si je venais de me faire électrocuter, parce que je comprends que je suis en train de me tartiner les oreilles de vernis à ongles. ARRRK, dégueulasse. « CHIER. » Je vais la tuer cette blondasse, croyez-moi. J’ai aucune idée de ce qu’elle vient de dire, mais je vois sa bouche fermée et je me précipite vers le lavabo pour retirer cette merde Barbie avant que ça s’incruste. Parce que j’aurais pas l’air con moi, à demander du détergent à une candidate du château –ouais, parce que je suis convaincu que c’est avec ça qu’elles se nettoient le vernis-. Sauf que sa vilaine voix se fait entendre, d’ailleurs je me demande pourquoi elle prend ce ton chelou pour hypnotiser les gens. C’est un peu comme les filles qui sont possédées dans les films d’horreur, et bientôt elle va me traiter d’enculé. Mais non, elle se contente de m’ordonner de … Oh putain elle n'a pas osé la … la … Pourquoi elles me regardent comme ça les meufs, avec ce petit air satisfait sur le visage ? Merde, ça n’sent pas bon. J’ai pas réussi à la feinter avec mon bouchage d’oreille ? « Putain, dis-moi ce que t’as fait sale garce. » Je m’approche de bobonne, l’air menaçant, la toisant d’un œil particulièrement mauvais. Je déteste ça, avoir l’impression de servir de marionnettes. Rien qu’à ce mot je frissonne, bordel je DETESTE les marionnettes, ça m’a toujours fait flipper à mort.

Je suis tranquille en plein fourberie, sur le point de persuader Sullivan de faire quelques bêtises –pas très graves hein, c’est plutôt drôle qu’on se l’avoue- quand il se lève d’un coup comme si y’avait le feu dans les oubliettes. Bon c’est bien ce que je pensais, le bougre nous espionne depuis le début. Je ne vais pas m’arrêter en si bon chemin, je continue de parler en espérant que mon pouvoir agisse sur lui lorsqu’il se met à hurler comme un perdu en se bouchant les oreilles « BOBONNE JE VAIS BOUFFER TON NEZ TORDU TU VAS RIEN CAPTER A TON MALHEUR. » Pardon ? Mon nez tordu ? Non mais il se prend pour qui lui avec son égo démesuré et sa coupe de merde. S’il pense que c’est en me parlant de cette manière que je vais arrêter il se plante les doigts dans l’œil. Sullivan se précipite vers le lavabo pour se laver les mains. Maintenant qu’il peut m’écouter mon pouvoir va se révéler plus qu’efficace, s’il ne m’a pas entendu lorsque j’ai mentionné le strip tease, l’histoire du baiser est toujours d’actualité. Une fois mes ordres terminés, Sullivan ne se souvient plus de quoi que ce soit, signe que tout a marché comme sur des roulettes, lorsqu’il sortira des oubliettes, il se jettera sur Calliste comme prévu. J'ai hâte. « Putain, dis-moi ce que t’as fait sale garce. » Il s’approche de moi d’un air menaçant, le gars est prêt à me sauter au cou pour m’égorger. Je me lève, le sourire en coin. « Arrête la parano mon chou, mon pouvoir n’a pas marché tu avais les oreilles bouchées tu te souviens ? » J’essaye de détendre l’atmosphère. Je lui tapote l’épaule. « Allez calme toi, après tout tu nous écoutais comme une grosse fouine ! Je suis désolée pour le rouge à lèvres, le vernis et la persuasion. » Je m’approche de la trousse à maquillage pour en sortir une lingette et du dissolvant. « Tiens tu auras plus de chance de l’enlever avec ça. » Je retourne prêt de Fauve et ramasse la bouteille de vodka. « Arrête de bouder et viens te saouler avec nous, personne n’est mort, faut savoir faire preuve d’humour dans la vie, relax ! J'ai amené des petits gâteaux si tu as faim »

Je me rends compte que Cordelia, elle a pas la même définition de solidarité entre copines que moi, parce qu’elle parle de la vieille morue qui tient compagnie à Maia, hm. Alors qu’elle pourrait en profiter pour que Maia ait une compagnie agréable, d’un type, vous voyez, et plus, si jamais, enfin, ce serait sympa pour elle, j’trouve ça injuste qu’elle soit seule là-haut pour lui tenir ne serait-ce que chaud, voilà, c’est dit. Elle commence à déballer son vernis rose pour l’étaler sur les ongles de Sullivan, et j’étouffe un rire, jusqu’à ce qu’elle me dise qu’il est sans doute réveillé. Ah, sérieux, et il reste calme comme ça ? Putain. Le gars sait limite mieux garde son sang-froid que moi. Ah, ouais, non, en fait, le type vient de se foutre les index dans les oreilles, et j’me dis que ça doit franchement être dégueulasse, avec le vernis absolument pas sec, et entre la voix carrément flippante de Cordélia qui veut persuader Sullivan de se foutre à poil et de sauter sur Calliste, et Sullivan qui hurle comme pas possible, j’bois une autre gorgée de vodka, voilà, c’est chaud, c’est bien, et ils font du divertissement, genre, le truc parfait, vous voyez. Et puis, maintenant, j’peux pas m’empêcher de zieuter discrétos le nez de Cordélia, pour voir s’il a vraiment un truc pourri, vous voyez. Bref, elle lui dit de se calmer, tout ça, que ça n’a pas marché, mais j’imagine qu’il faudrait être drôlement naïf pour y croire, vu son air ravie, à la Cordélia. Elle s’excuse pour s’être servi de Sullivan comme d’une poupée, genre, elle est sincère, tsais, en tout cas, j’suis pas désolée de m’être foutu de sa gueule personnellement, hm. Elle lui sort carrément une lingette, et je me dis qu’elle est probablement trop généreuse, parce que m’a m’aurait fait bien marré de le voir galérer à enlever tout ça seulement avec un peu d’eau, vous voyez, mais booon. Et là, elle prend la bouteille de mes mains pour la tendre à Sullivan, je la regarde genre, t’es sérieuse là, et puis, je me dis que vu c’qu’il va avoir envie de faire à l’autre connard (calliste quoi) il mérite bien d’en avoir le droit un peu, vous voyez. D’ailleurs, j’aimerais pas franchement être à sa place, au pauvre garçon, limite, je compatis pour lui, vous voyez, mais bon, c’est pas mes emmerdes. Et puis, honnêtement, je donnerais tout pour voir la scène. Bref. Du coup, je me rabats sur un cupcake, genre, morfale, mais en fait, ils ont commencé à me faire de l’œil depuis quelques minutes, vous voyez, et sauf si Cordélia décide de m’arracher le cupcake des mains pour le refiler à Sullivan, j’imagine que ça devrait bien s’passer, hm.