On est quel jour ? Mardi. J'aime pas le mardi. Non je déconne, j'aime bien. Par contre je déteste le dimanche. Personne n'aime le dimanche de toute façon. En plus ça finit pas en "di" alors c'est pas un bon jour. Bref, on s'en fout et puis on est mardi alors y a pas de problème, c'est pas comme ci on était dimanche. Aller j'ai assez cogité sur les jours de la semaine. Il faut que je trouve de l'occupation maintenant. Je pourrais emmerder quelqu'un, jouer à un jeu ennuyant, sauter par-dessus bord. Wouah, j'ai trop de choix. Je ne sais plus où donner de la tête, olala. En réfléchissant je finis mon chemin à côté de mats. Pour le coup ça me donne une idée, je vais monter tout en haut et risquer ma vie, yeah. Ouais je sais, c'est une idée stupide, mais la peur n'évite pas le danger. Je crois que c'est ce qu'on dit. Enfin j'ai entendu ça quelque part. Aller Pipper on sort ses biscotos et on grimpe. Je commence à grimper et je me retrouvais rapidement. Enfin au bout d'une demie heure parce que j'avais pas très bien compris comment j'allais faire pour monter, il m'a fallut un temps d'adaptation. Me voilà en haut. Maintenant je fais quoi ? Bah je sais pas moi. Je vais rester comme une courge ici je crois. Oh mais attends c'est qu'il y a quelqu'un pas loin. Oh, mais je me sent moins seule moi d'un coup. De loin elle est canon, de près aussi remarque enfin je pense. Donc logiquement ça doit être une sirène. On est les plus belles. Parce qu'on le vaut bien. Bref, je me dirige vers elle. « Salut toi ! » dis-je avant de basculer et de manquer de finir écrasé comme une crêpe au sol. Heureusement je me rattrape sur la fille. « C'est pas passé loin, j'ai cru que j'allais vivre mes dernières secondes. » ajoutais-je sur un ton tragique. Je reporte mon attention sur la jeune femme. « Moi c'est Pipper et toi ? » Elle est trop belle, j'ai envie de la manger tout cru. Pas que je sois cannibale c'est une expression. Puis je m'installe à côté d'elle en mode casual. Je suis comme ça moi, rien ne me gêne ni ne me fait peur. Je continu d'admirer la beauté de la jeune femme, j'aimerais trop être comme elle. Elle est ma nouvelle idole.

Déjà un jour et demi de passés depuis le prime, sur ce bateau. J'crois que tout ça commence à me plaire. J'ai bizarrement parlé avec pas mal de monde. Sans trop entrer dans les détails, sans me dévoiler, mais de façon courtoise, pour montrer la meilleure facette de moi. Ou pas. Demain, c'est le jour de clôture des entrainements, je crois bien. J'ai hâte et suis anxieuse à la fois. Plus hâte quand même. De voir comment tout ça va se dérouler, si je vais m'en sortir mieux ou moins bien que les autres. Cela nous permettra sans doute d'évaluer plus ou moins les capacités et faiblesses de chacun. Si je peux m'entraîner au fond de la salle, ça m'arrange. Je suis toujours au fond des salles, tout le temps. Dans les cabines, le lit qu'on m'a attribué est le dernier, et je n'ai pas de duo. Tant mieux. Dans la salle de repos, j'ai commencé par me poser au fond, pour ne pas me faire déranger, même si ça c'était avant que la magie des lieux ne fonctionne pas en ma faveur. Tant mieux. Alors, si demain je peux m'entraîner, seule, à l'abri des regards inquisiteurs de tous, et exercer mes dons en toute tranquillité, ce sera aussi tant mieux. En fin de compte, l'adage on n'est jamais mieux servi que par soi-même me sied parfaitement. C'est la pensée qui traverse mon esprit tandis que je finis de me hîsser au sommet d'un des mats du bateau pirate. La vue de là-haut est imprenable. Le vertige, moi ? Laissez-moi me marrer deux secondes. L'océan est mon domaine, que ce soit vu d'en haut ou en son sein, je le connais par coeur. Tandis que les autres vaquent à leurs occupations, je trouve un peu de quiétude en hauteur. Un mouvement brusque manque de me faire tomber mais mes réflexes me sauvent la mise. Visiblement, je ne suis pas la seule qui ait eu cette idée. De monter là-haut, j'veux dire. « C'était moins une. » je renchéris, faisant les gros yeux. Dotée d'une mémoire visuelle assez remarquable, je me rappelle parfaitement comment se prénomme la seule bridée de l'émission. Mais ça, je ne lui dis pas. Ne pas révéler ses atouts fait aussi partie de ma stratégie. « Saana. » je réponds, baissant légèrement la tête pour la saluer. Pipper est une sirène, inutile de parier là-dessus. Je reconnaitrais mes compatriotes entre mille. « Tu es déjà partie nager ? » Mes yeux se posent sur l'eau qui nous cerne. Mais pour l'heure, je n'ai encore décidé si je veux faire d'elle une adversaire ou une alliée.

Bon c'est pas tout, c'est génial de monter sur le mat et tout ça, mais si c'ets pour se retrouver comme un gland tout seul c'est moins bien. Forte heureusement j'avais trouvé de la compagnie. Décidément j'avais de la chance. Il y avait quand même peu de chance de croiser quelqu'un en haut du mat. Enfin s'il y avait des chances, mais pas tant que ça, je crois. En fait on s'en fout. En plus je manque de me casser la gueule, quelle idée de venir ici. Saana. Elle est belle et elle a un joli prénom. J'ai envie de pleurer tellement je veux être comme elle. Il y a pas de doute c'est une sirène cette fille et même si ça en est pas une ça en est une quand même. Parce que j'ai décidé que c'était comme ça. Elle me demande si je suis déjà partie nager en désignant la mer. Je regarde la mer en restant silencieuse quelques secondes. Puis, je me tourne vers Saana. « Non. » dis-je en regardant une nouvelle fois la mer. « Non, je préfère vivre comme un humain j'aime bien pouvoir marcher, acheter des pantalons tout ça tu vois. » Ouais parce que vous n'imaginez pas la première fois où j'ai mis un pantalon. J'avais l'impression de découvrir le saint Graal. Un truc de malade. Bref, je préfère donc marcher, y a même pas besoin de réfléchir à la question. « Et toi alors ? Tu y es allé ? Tu viens souvent dans le monde humain ? » dis-je en faisant des guillemets avec mes mains. Ouais, parce que humain c'est si on veut. Enfin peut-importe. Je lui fais un grand sourire avant de rajoutais. « T'es trop belle. » Il fallait que je le dise sinon je pourrais pas dormir ce soir. Puis au moins c'était dit, je voulais pas garder ça pour moi. Je me devais de lui dire. Puis, je disais la vérité après tout. Enfin, elle allait peut-être se sentir gêner ? Oh puis zut moi je vais droit au but.

Personnellement, je n'ai pas pu attendre une seconde avant de me jeter à l'eau. Au sens figuré mais aussi au sens propre. A peine étions-nous montés sur le bateau que je me débarassais de mes vêtements pour plonger dans l'eau salée qui est la mienne. Si Pipper était bel et bien une sirène comme je le supposais, cela m'étonnait qu'elle n'en ait pas fait de même. Certes, le monde "humain" était plus qu'attirant à mes yeux et, y passant une bonne partie de mon temps, je comprenais bien les créatures aquatiques qui aimaient passer du temps la tête hors de l'eau mais, dans ce cadre, je ne me voyais pas faire autrement. « Sirène, hein ? » je demande confirmation, un sourire délicat aux lèvres. Cette fille me parait mignonne, la balance penche de plus en plus en sa faveur. « Je te comprends. » j'ajoute. « L'océan est parfois ennuyant même s'il est plus gavé de ressources qu'on ne l'imagine. » C'est une experte qui parle. Comme chaque lieu que je suis amenée à rencontrer, je l'ai étudié dans ses moindres recoins. Autant dire que l'océan magique n'a plus aucun secret pour moi et ce, depuis bien longtemps déjà. Depuis que je suis enfant, même. Même si cet endroit n'a de cesse d'évoluer. « Disons que je partage mon temps à parts égales entre l'eau et la terre ferme. Ça me permet de rester au courant de tout, tout en étant attachée à mes racines, à ma maison. » Je baisse légèrement la tête et une mèche de mes cheveux s'envole. « Ça me parait important. De garder des liens avec là d'où l'on vient. »  Nos origines font de nous qui nous sommes, après tout. Elle me dit que je suis belle. L'autre jour mon partenaire m'a fait en quelque sorte la remarque inverse, mettant l'accent sur ma maigreur. « Adorable.. » Je le pense vraiment, comme tout ce que je dis. Cette fille me touche, je crois bien que je vais la prendre sous mon aile, elle me parait fragile, et me donne envie de la protéger.

Je n'avais pas mis beaucoup les pieds dans l'eau ces derniers temps. Malgré que je sois une sirène ça ne m'attirait pas beaucoup. Je préférais marcher sur terre. En fait j'y retourné quand j'étais un peu obliger ou pour voir mes parents, une fois tout les trois deux mois et encore ils ont qu'à venir eux. Je demande à Saana si elle y est allé. Vu sa réponse elle a l'air de beaucoup aimer l'océan, tout mon contraire. Je reste scotché à ses paroles. Elle arrivait à faire la part des choses, à autant aimer le monde terrestre que celui aquatique. En plus elle est belle. En gros elle est parfaite. J'aimerais bien pouvoir être comme elle. Quand elle me dit que c'est important de garder des liens avec l'endroit d'où l'on vient, je baisse la tête. On peut dire que ça demande réflexion. Puis, tout d'un coup je lui dis qu'elle est belle, je le pense vraiment et j'aime bien dire ce que je pense. Enfin pas tout, si les gens savaient tout ce que je pense ils auraient peur. Enfin, elle a l'air de bien recevoir le compliment. Du coup je me rapproche d'elle pour l'enlacer. J'aime bien faire des câlins aux autres sauf à ceux qui sont méchants, eux non ils ont pas le droit. Je la garde dans mes bras alors que je reprends la parole. « Je le pense vraiment. » dis-je en lui souriant. Puis je jette un coup d’œil en bas. Il y avait des gens qui nous regardé. En temps normal je leurs aurais demandé ce qu'ils voulaient, mais pour le coup ils peuvent pensé ce qu'ils veulent. Je suis bien avec Saana comme ça. D'ailleurs je me retourne vers elle. « Oh désolé. » dis-je en la lâchant. J'étais trop tactile parfois. « Tu as déjà fait des rencontres ici ? Un avis sur les gens ? » J'étais curieuse de savoir même si je préférais toujours me faire mon propre avis.

Autant de spontanéité et de douceur me surprendra toujours. Je m'attendais à voir débarquer une petite boule d'énergie lumineuse, mais jamais je n'aurais pensé que celle-ci renfermait tant d'affection. Elle est vraiment adorable. « Dis-moi tu as quel âge Pipper ? » Il m'est impossible de la situer sur une échelle d'âge, bien qu'elle semble à mes yeux relativement jeune. Je pose sur elle un regard protecteur, prenant garde à ce qu'elle ne se casse pas la figure une seconde fois, et pire, plus gravement cette fois. Même si sous nos pieds se trouve l'océan, qui sait où une mauvaise chute peut mener. Il ne faut pas oublier qu'il y a le navire de l'autre côté. Toujours aussi spontanée et câline, la petite bridée se penche vers moi pour m'enlacer. J'ai vraiment plus d'autre mot à la bouche qu'adorable. Ça change des autres participants grognons ou avec un balai dans le derrière. De mon bras libre qui ne me tient pas au mât, je la serre un peu plus fort, je pense que les gestes sont parfois plus intenses que des mots. « C'est vraiment gentil. » Tant de gentillesse d'un coup parait limite anormal, dans ce monde de brutes. Aussi, j'en viens à me demander si ce n'est pas une stratégie de sa part et si elle ne fait pas ça avec tous les participants. Je m'écarte un peu d'elle, avant de me résigner. Non, je ne pense pas, elle parait vraiment trop gentille pour ça, mais sait-on jamais. La méfiance est mon plus gros défaut, je le sais, j'ai du mal à faire confiance. Mais un câlin n'a jamais fait de mal à personne. « Oui, j'ai parlé avec quelques personnes. J'ai pas accroché avec grand-monde.. Enfin, ça, j'ai l'habitude, c'est sans doute moi qui suis spéciale. » Je baisse les yeux. « Je trouve quand même que d'une façon générale les gens ne se rendent pas compte de la chance qu'ils ont de participer à cette aventure. » A croire que tous les candidats sont des gosses de riche prenant tout pour acquis et ne profitant même pas des bons moments.

N'empêche on voit super loin en haut, ici. Je n'avais remarquer en montant, j'étais bien trop occupé à ne pas tomber. Heureusement que Saana était là sinon j'aurais fini en crêpe. Je lance un coup d’œil vers l'horizon. La mer et encore la mer. On ne voyait que ça, je n'irais pas jusqu'à dire que ça me rends malade, mais j'aimerais bien voir un peu de terre, même un petit ilot ça me va. Je me retourne vers Saana quand elle me demande mon âge. « Vingt-deux ans. » On me dit souvent que je ne les fais pas. Généralement on me donne plus dans les dix huit ans et je peux comprendre. « Et toi ? » Saana avait l'air d'avoir le même âge que moins enfin je ne pouvais pas vraiment dire, mais je pense qu'elle a dans les vingt deux ou vingt trois ans. J'espère que je me trompe pas. Je lui souris. Je l'écoute me répondre à ma question. En me relevant j'essaye de me mettre dans une position où je serais plus à l'aise pour parler. Je fais quand même gaffe à ne pas tomber. Accessoirement j'ai du mal à resté en place. Elle ne s'entendait pas avec beaucoup de monde ? Je trouvais ça bizarre parce que moi je l'aimais bien alors que je venais juste de la rencontrer. En même temps je suis assez sociable et j'aime presque tout le monde. « Tout le monde à des bons et des mauvais côtés il faut savoir accepter les deux. Peut-être que tu ne montre pas assez tes bon côtés. En plus je suis sur que tu en as plein. » Je me rapproche d'elle toujours en faisant attention parce que mourir aussi jeune ça serait quand même dommage. « Vas y essaye de sourire. » Un sourire ça pouvait rendre certaines personnes contente pour la journée. Parfois je vais dans la rue et j'offre des ballons. Tout le monde aime les ballons. « Je suis bien d'accords certaines personnes devraient se montrer plus heureuses d'être ici. Puis honnêtement c'est sympa on s'amuse bien. » Je repars me coller contre elle en posant ma tête sur mon épaule. Si je pouvais je resterais comme ça jusqu'au soir. Enfin jusqu'à ce que j'ai trop faim en fait. Je ne sais pas si je dérange Saana. Je pense pas, mais j'espère que je ne la dérange pas.