« Wooooow, c’est super beau ce truc…  Comment vous appelez-ça ? » Je demande autour de moi émerveillé par ce magnifique objet que je tiens entre mes doigts. « Ooooh… Je vois »  Je tente de me concentrer pour ne pas oublier le nom qu’un candidat inconnu vient de me donner. « Une brooosse à chiottes… BROSSE. A. CHIOTTES. » Je décompose, recompose le mot décortiquant les syllabes pour être certain de tout retenir. « On peut se coiffer avec ? ça ressemble étrangement à un peigne vous ne trouvez pas ? » Devant les moqueries de mes camarades je décide de quitter la pièce. Fuck. J’ai besoin de m’isoler un peu. J’me balade tranquille dans le bateau en short débardeur, une casquette sur la tête, mes rayban sur le nez. Ma styliste à fait un travail remarquable, au niveau vestimentaire j’arrive vraiment à me fondre dans la masse.

J’arrive en haut d’un escalier interminable. J’entreprends la descente en prenant soin de bien mettre un pied après l’autre pour ne pas tomber et me rompre le cou. Je me tiens à une rampe en même temps. Avouez ce serait quand même dommage que je me tue là, comme ça, si vite. J’suis maintenant dans la cale du bateau, un endroit  plutôt calme, une sorte de réserve ou l’on entrepose la nourriture et toutes ces choses nécessaires à la survie des occupants de ce bateau. Je fouille dans des cartons à la recherche d’algues. On ne sait jamais. « Maiiiiis eeeeh. » J’ajoute pour exprimer mon mécontentement quand au fait que je trouve absolument rien. Quelqu’un arrive, j’entends un bruit dans les marches. C’est Segen, la fille qui m’a fait découvrir les joies de l’érection. « Saaaalut » Promis cette fois je ne baverai pas. « J’tenais à m’excuser pour la dernière fois… T’sais, je ne contrôle pas très bien mon corps d’humain. Puis tout ce qui va avec... »

Segen assiste, impuissante, à la connerie de Milo. Il se pâme devant sa brosse à chiottes, manque de s’en servir pour se coiffer et il semble être l’homme le plus heureux de la terre. Alors la plupart se mettent à se moquer de lui et elle, elle se contente de lever une main pour la passer sur son front, un instant. Désespérée, sans doute. Ca ne serait sans doute pas bon de traîner de trop avec ce genre d’énergumène trop longtemps, ça risquerait par se retourner contre elle finalement. Et lorsqu’elle voit une grosse goutte tomber de la brosse, elle retient un frisson. Oui, ça la décide à carrément éviter le triton jusqu’à la fin de l’émission. Segen repose donc son bol vide sur la table et se décide à sortir de la cuisine pour se doucher et s’habiller. La salle de bain ne lui fait pas vraiment peur, à la guerre comme à la guerre, et elle finit par en sortir au bout d’une quinzaine de minutes, tressant sa chevelure rousse tout en marchant. Elle prend la direction du pont mais elle voit Milo passer non loin d’elle et prendre la direction de la cale. Elle fronce un instant ses sourcils. Ce ne sont pas ses affaires. Mais il est trop tard, ses pas la mènent jusqu’au début des escaliers interminables et elle finit par les emprunter à son tour. Elle entend vaguement une protestation de la part du triton et finalement elle arrive en bas et voit Milo se retourner pour lui parler. « Salut. » murmure-t-elle en redressant son regard sur lui, un léger sourire dessinant finalement ses lèvres en l’entendant parler. Il remet en place le sujet de l’érection lors du prime, la première fois qu’ils se sont vus, et la dernière aussi. Segen hausse légèrement ses épaules. Elle aimerait dire que ce n’est rien, parce que ça aurait pu passer comme tel sans l’annonce générale de Reno. « Si ça ne se reproduit pas, tant mieux. » Son ton est un peu froid, comme pour dissuader Milo d’avoir encore ce genre d’envie à son encontre. Ses doigts parcourent un instant l’une des caisses en bois et finalement elle se décide à le regarder à nouveau. « Tu fais quoi ici ? … Tu sais qu’il n’y a rien et qu’on pourrait t’enfermer là-dedans histoire d’avoir un peu de tranquillité en haut ? » Non, ce n’est pas une menace, une simple constatation, et derrière ça, il ya presque une légère inquiétude.

J'la sens quand même un peu froide avec moi, je peux comprendre, apparemment dans le monde des humains c'est quelque chose de très mal vu les érections en public. J'crois que Willy m'avait mis en garde là dessus, en même temps, ce n'est pas vraiment de ma faute vous voyez, j'suis habitué à copuler à la manière des sirènes, c'est beaucoup plus simple, il n'y a pas de long truc qui pend ni de boules qui vont avec. C'est assez déstabilisant, surtout lorsqu'il se dresse sans aucune raison valable. Hier par exemple je tentais de le calmer en lui parlant « Redescends mon petit, c'est juste des nichons, faut s'calmer » je lui répétais sans cesse, sans qu'il ne veuille m'écouter. Fredo c'est comme ça que je l'ai baptisé. Il en fait un peu à sa tête, là d'ailleurs je sens qu'il s'agite encore dans mon boxer mais ça va, pour l'instant je le maîtrise. « J'peux pas te promettre que ça ne se reproduira pas pour l'instant, je ne contrôle pas très bien la chose, enfin j'vais essayer c'est promis. C'est juste que t'es la fille la plus belle que j'ai croisé depuis que je suis arrivé dans le monde des humains alors faut croire que ça m'a fait de l'effet... » Je marque une petite pause.« J'dis pas ça pour te vexer... Faut pas le prendre mal... J'ai l'impression de mettre le pied dans l'oursin avec tout le monde ici...  » Je tousse, à cause de la poussière surement. Segen elle à l'air de s'interesser aux caisses en bois de très près. Je m'approche d'elle avec curiosité. « C'est quoi exactement ces trucs carrés ? Ça à l'air cooool, vous appelez ça comment ?  » Elle me demande ce que je fais ici, apparemment l'endroit peut se révéler dangereux. « Je... J'sais pas je cherchais un peu de tranquillité, j'serais pas étonné que quelqu'une m'enferme ici t'as raison, j'crois que les gens ne m'apprécient pas trop dans les parages...  »

Segen redresse vaguement son regard vers Milo lorsque ce dernier commence à parler et elle détourne un peu son visage pour dissimuler son sourire lorsque le triton dit qu’elle est la plus belle fille. Et rapidement, elle se reprend mentalement à l’ordre pour effacer ce sourire qu’elle juge idiot et finit par se retourner vers lui à nouveau, l’observant un instant. Un léger rire amusé s’échappe de ses lèvres lorsqu’elle l’entend et elle lève un peu les yeux au ciel. « Le pied dans l’oursin ? Je m’attendais plutôt à quelque chose comme la nageoire dans le coquillage. » lui confie-t-elle, le ton légèrement moqueur alors que Milo s’approche d’elle pour observer les caisses de bois à son tour. D’ailleurs il finit par l’interroger sur ces ‘‘trucs carrés’’ et Segen est déstabilisée un instant, elle a l’impression de parler avec un attardé ou alors un gamin de trois ans. C’est déconcertant. « Ce sont des… caisses en bois. Et ça n’a rien de bien cool, surtout celles-ci, il y a rien d’amusant là-dedans. » constate-t-elle, légèrement ennuyée de n’avoir rien trouver ici pour passer un peu le temps. Et ses yeux verts se posent un instant sur Milo en se disant que peut-être que si, finalement, elle avait trouvé quelque chose. Segen se met dos à une caisse en bois et croise les bras, observant le triton qui annonce que les candidats ne l’aiment pas beaucoup. « Pauvre chaton. » Mais les mots la font réfléchir un instant et elle finit par se rapprocher de lui avant de poser une main sur son épaule et, de l’autre, la passer doucement dans les cheveux de Milo, comme on ferait pour rassurer un enfant. « Ca va aller, de toute manière les autres candidats sont un peu idiots aussi, il y en a quelques uns qui sauvent le tout, mais ils sont vraiment rares. » Elle hausse légèrement les épaules avant de regarder le triton un instant. « Je pense que tu dois les… distraire… à t’émerveiller d’un rien. Enfin, au moins toi ça va, tu sais aligner deux mots correctement, c’est pas comme l’autre blondasse avec ses obus là. Son bégayement me donne envie de la transformer en sushis. » marmonne-t-elle plus pour une réflexion personnelle que vraiment à l’intention du jeune homme. Et pourtant elle reporte son attention sur lui et elle sourit un instant avant de se hisser sur la pointe des pieds pour souffler à son oreille un « Merci » avant de déposer un baiser sur sa joue et de se reculer de quelques pas. S’il ne sait pas pourquoi elle le remercie, ce n’est pas vraiment grave, elle sait que c’est pour ce qu’il a dit plus tôt.

« Oh mon dieu, t'as raison, j'commence à mixer les expressions marines avec celles du monde des humains. C'est mauvais signe tout ça. Si Clarisse m'entendait j'crois qu'elle n'hésiterait pas à me baffer avec sa nageoire. C'est une daurade, elle est très gentille. J'te la présenterai un jour si j'en ai l'occasion. Quoi que, j'suis pas certain que vous réussissiez à communiquer.  » Je m'approche d'elle pour lui demander ce qu'elle observe avec autant d'attention. Oh. D'accord. « Des caaaisses en booois. » J'articule bien et décompose le mot pour être certain de le retenir. « Ok, j'comprends pas encore très bien à quoi servent tous les objets qui croisent ma route mais j'suis sur que d'ici un mois ou deux je serai totalement au point. » Je souris encore niaisement devant le magnifique visage de Segen, qui, encore une fois, ne me laisse pas du tout indifférent. Je pourrais me perdre dans son regard des jours entiers, puis ses lèvres si pulpeuses, si seulement je pouvais les embrasser, là, tout de suite. Olalala, OK. Milo, on se calme, tu es à deux doigts de faire exploser ton boxer et ce n'est pas du tout le but de cette conversation. Elle semble compatissante. Elle s'approche de moi et m'appelle chaton. Je ne sais pas vraiment à quoi ça ressemble mais j'suppose que ça doit être aussi mignon que moi. Elle pose une main sur mon épaule et passe l'autre dans mes cheveux. Le contact de sa peau sur la mienne est comme un électrochoc, je sens un frisson me parcourir le corps et reste un instant planté devant elle sans rien dire, comme si j'avais un moment d'absence. Elle ne le remarque pas et enchaîne. « M...Merci. C'est gentil... Tu veux parler de Breiv c'est ça ? Elle n'est pas si méchante, c'est même tout le contraire, faut juste apprendre la connaître. Elle est timide. Je l'aime bien, on a exploré une grotte ensemble la dernière fois.  » Elle se pose sur la pointe des pieds et vient me souffler un merci à l'oreille avant de déposer un baiser sur ma joue... J'recule un peu confus. « Woooooow » J'ai l'air d'un gosse émerveillé devant ses cadeaux sous le sapin le matin du 25 décembre. Je soulève mon débardeur et me masse un peu le bas du ventre.  « C'est bizarre quand tu m'as embrassé j'ai senti une sensation bizarre juste ici... Comme si j'avais des papillons dans le ventre... puis, mon souffle s'est accéléré. Olalala, j'crois que mon cœur s'emballe.  » Je m'arrête une seconde et m'approche d'elle timidement. « Attends, je vais vérifier un truc si tu veux bien... » J'attrape sa main gauche et la positionne sur mon torse, contre mon cœur, puis vient l'embrasser à mon tour sur la joue.  « Là, tu l'as senti toi aussi ? J'suis anormal tu crois ?? »  

Segen écoute attentivement Milo parler de son monde, de Clarisse la daurade et tout ça et elle comprend peut être un mot sur cinq tellement il parle vite mais elle hoche la tête pour montrer qu’elle est d’accord. Elle pense avoir comprit le gros sujet du truc et elle penche légèrement sa tête sur le côté. « Ce sera notre secret, d’accord. » Le ton est un peu moqueur mais Segen a du mal à se défaire de ses anciennes habitudes, elle avait l’habitude d’être comme ça avec son frère sans que celui-ci ne le prenne mal, il était réellement le seul à pouvoir supporter son côté garce et moqueur sans rien dire. Heureusement que ça ne ressortait pas trop non plus, elle n’allait pas se couronner reine des biatch demain. Finalement la rousse relève son regard sur Milo lorsqu’il parle des objets du monde humain et elle hausse un peu les épaules. « J’ai bien vu avec la brosse à chiottes, c’était assez… comment dire… tu as tout fait pour creuser ta tombe face à certains candidats. » Elle-même avait eu la certitude que plus jamais elle n’adresserait la parole à cette étrange créature qui voulait se brosser les cheveux avec cet objet peu approprié, mais la voilà au final dans la cale à lui parler et même à l’approcher et le toucher. Segen finit par reporter son attention sur le triton lorsque celui-ci parle de l’autre candidate. Comment il a dit ? Elle a déjà oublié son prénom, tant pis. La voilà qui doit, à présent, se mordre la langue pour ne pas laisser une remarque quelque peu méchante au sujet de cette visite dans la grotte. L’humaine arrive à se concentrer en voyant Milo s’émerveiller sous son baiser et s’expliquer aussitôt en montrant son ventre. Par habitude, elle fronce un instant ses sourcils alors qu’un sourire attendris dessine ses lèvres. Mais c’est lui qui la prend de court en attrapant sa main alors que tout son corps se fige d’un coup, et elle le regarde faire en silence, souriant un peu sous le baiser. Segen finit par se reprendre en effaçant son sourire et elle relève ses yeux vers le triton. « Non, c’est normal, ne t’en fais pas. » Elle finit par se redresser comme avant pour atteindre son oreille, sa main gauche toujours posée contre le torse du jeune homme. « C’est encore mieux si tu poses tes lèvres sur les miennes. » chuchote-t-elle avant de se reculer et de laisser un sourire amusé dessiner ses lèvres. Mais elle s’échappe déjà de quelques pas, avant de se retourner vers les caisses, les observant à nouveau. Peut-être qu’il y avait des choses qu’elle n’avait pas bien vu avant et qui pourrait se révéler utile pour le reste du séjour sur le bateau. Lorsqu’elle voit une brosse à chiotte de rechange dans une des caisses, elle la prend entre ses doigts. « Eh Milo, tu veux te peigner ? » demande-t-elle, un petit sourire moqueur aux lèvres avant de reposer la brosse dans la caisse.

Je peux le voir dans ses yeux, elle en a autant envie que moi, elle aussi à l'air complètement perdue lorsque j'attrape sa main pour la déposer sur mon torse. Je viens déposer un léger baiser sur sa joue, j'sens encore cette sensation étrange, comme si j'avais ces putains de papillons dans le ventre qui s'agitaient tous en même temps. J'aime pas ça les papillons, c'est vicieux. Comme les planctons. Et les calamars. Un frisson me traverse une nouvelle fois le corps, lorsqu'elle vient me chuchoter à l'oreille. « C'est encore mieux si tu poses tes lèvres sur les miennes. » Hum. Je rougis, j'ai chaud tout d'un coup. Je reste planté devant elle sans savoir quoi dire, ni faire. Est-ce qu'elle me donne son autorisation pour... L'embrasser ? Genre pour de vraie ? Comme le font les gens qui s'aiment ? Je me masse un instant la nuque et fixe le sol alors qu'elle s'éloigne pour fouiller le contenu d'une caisse en bois. J'préfère ne plus croiser son regard pour l'instant. Elle en sort une brosse à chiotte et me demande si je veux me peigner. Une référence à la bêtise que j'ai dite ce matin aux candidats en me rendant dans les toilettes. Oui je pensais que c'était un peigne. Bref. Que ferait Willy dans ce cas précis ? Il me dirait sûrement de foncer. Je fais deux pas en avant vers Segen. « Donc... J'peux t'embrasser ? Genre, maintenant ?  » Je n'attends pas sa réponse en fait, je me laisse guider par mon instinct et l'attrape par la taille pour la serrer contre moi, déposant mes lèvres sur les siennes. J'ai l'impression que tout mon être est en feu, je me laisse un peu trop emporter par la passion je crois, je pose une main sur son visage puis la passe dans ses cheveux. Je lui mordille quelque peu la lèvre tentant comme je peux de prolonger cet instant magique qui ne devrait jamais se terminer. Je recule, brisant notre étreinte. Ma tête tourne, j'ai l'impression de flotter sur un nuage, je laisse échapper un . « Wooow. » en regardant Segen comme si elle était la huitième merveille du monde, mon cœur s'emballe. Encore.