Je me lève comme si je n'avais pas dormis et seulement fermé les yeux. Je me lève avec lenteur pliant mon corps mince. Je quitte le lit de camp et passe un gilet sur mes bras nus. Toujours en pyjama je me dirige vers le château qui ne nous est pas encore accessible en entier. Je cligne des yeux et je me retrouve dans la hall, comme ça. Comme par enchantement. Ce mot me tue, ce mot me crispe. J'en perd la gravité et je me retrouve allongée sur le tapis, j’emmêle mes doigts dans sa matière douce et duveteuse. Qu'est-ce que je fais ici ? Mon dieu, je vais mourir. Mes yeux reste ouvert, ne voulant pas se fermer et prenant la forme d'un o bien rond. J'aimerais pouvoir me téléporter chez moi. Ou avoir un double astrale ? Je crois que je peux créer un double j'ai vu ma cousine le faire. Non même pas en rêve. Je fais l'ange dans le tapis scrutant le plafond que je ne saurais détailler, puisque je ne le regarde pas vraiment je me contente de planter mon regard sur sa surface sans en connaître la couleur ou la matière. J'entends des pas je crois, ou peut être que ce sont les battements de mon cœur ? Peut être. Je roule sur le coté et me met en position assise de manière nonchalante. Mes cheveux bouclés repose en cascade sur mon dos. En tailleurs, ma main gauche vient servir s’appuie à ma tête tandis que j'ignore sans le vouloir la demoiselle qui fait tinter ses hauts talons. « Chaussures. » Je dis un peu perdue ne entrant en contact visuel avec ses pieds. C'est trop bizarre de dire ça, je devrais dire autre chose pour combler le vide intersidérale qui prend place dans ma boite crânienne. « Elles sont belles. » Je formule sans savoir à qui je parle, n'ayant pas encore eu de contact visuel avec sa frimousse.

Eukleia avait pensé que l’ennui ne serait pas de mise une fois lancée dans Golden Valor, pourtant au bout du deuxième jour, il semblait vouloir s’imposer. Elle s’était levée assez tôt pour faire le tour du propriétaire, il était vrai que cette grande maison faisait rêver mais, une fois entièrement visitée, elle laissait les habitants sans activités. Du moins était-ce le cas pour Eukleia. Elle n’avait plus qu’à se rabattre sur la découverte de ses congénères pour se distraire. Elle avait revêtu des habits assez simples ce jour-là, mais avait misé sur des chaussures qu’elle trouvait très élégantes. Il n’était pas question de paraître hideuse devant les caméras, non mais j’vous jure. Et il semblait qu’il n’y aurait pas que les téléspectateurs qui seraient sensibles à la beauté de ses chaussures. Il y avait aussi une… Quoi ? Mais qu’est-ce qu’elle faisait par terre celle-là ? Oh merde. Les producteurs devaient être d’humeur rieuse quand ils avaient accepté cette folle furieuse qui semblait ne pas avoir dépassé le stade animal. Elle ne ressemblait pourtant pas à un loup, mais elle aimait bien la fourrure du tapis aux pieds d’Eukleia qui esquissait une grimace. De loin, la sorcière observa l’énergumène s’asseoir en tailleur les yeux toujours rivés au sol. « Elles sont belles. » marmonnait la folle, parlant des chaussures d’Eukleia, sans même daigner lever les yeux. « Mais qu’est-ce que tu fous par terre ? Fallait pas tant abuser de la bibine hier soir, chérie. » Lança la sorcière. Eukleia se demanda un instant si elle devait relever la demoiselle et ce qu’il restait de sa tête. Mais elle se ravisa : elle n’avait pas envie d’être couverte de vomie si jamais l’énergumène se prenait à rejeter son déjeuner sur ses vêtements. Elle ne pouvait pas non plus faire semblant de ne pas l’avoir vue et déguerpir. Quoiqu’elle le puisse, étant donné que la folle n’avait même pas vu son visage. Mais elle restait plantée là, attendant la réponse de la jeune fille. L’ennui disparaissait déjà.

Jolis pieds je ne sais pas à qui ils appartiennent, mais je les complimente. Je les regarde comme si c'était à eux que je m'adressais, comme s'il n'y avait pas une suite à ce corps. Seulement des pieds, pas de de chevilles, pas de mollets, ni de jambes encore moins de buste ou de tête. Seulement les pieds. Ça parait étrange je le sais, enfin moi je ne trouve pas ça étrange mais souvent l'on qualifie ma façon d’agir d'étrange surtout quand je me sens tellement perdue, tellement effrayé que je n'ai pas d'autre choix que de m'enfermer dans un monde où l'on parle aux pieds. Et dans ce monde ils répondent. « Mais qu’est-ce que tu fous par terre ? Fallait pas tant abuser de la bibine hier soir, chérie. » Non c'est pas ce que ces pieds auraient répondu, ils sont jolies et raffiné. Non ils m'aurait demandé mon prénom peut être, je ne sais pas... Mais en tout cas je sais qu'il ne m'auraient pas associé à une espèce d'alcoolique. Alors je lève les yeux doucement et fait apparaître ce corps, ces chevilles fines, ces longues jambes qui me semblent interminable, ce buste, ces bras, ce cou et ce jolie visage orné d'une bouche ravageuse. Oui elle, cette bouche pourrait dire ce genre de chose. Encore par terre, j'amorce un sourire qui ne trouve pas de fin, qui s’essouffle aussi vite qu'il est venu. « Que dirait ma mère si elle me voyait saoule ? » Que je lui demande sans pour autant réfuter sa thèse sur mon supposé alcoolisme. J'ai l'habitude, c'est soit ça, soit la folie. Je crois que je préfère l'état d'ébriété. Alors je ne lui fais pas remarqué que je suis parfaitement sobre, que je ne bois guère plus que de raison, que je suis simplement moi et qu'en plus de ça je viens de complimenter ses chaussures. D'ailleurs elles me semblent moins belle avec des chevilles, des jambes, un buste et une tête.

Eukleia observa la jeune fille qui venait, très lentement, de lever son visage un peu matte. Un silence s’installa durant un court instant, puis l’inconnue s’exclama : « Que dirait ma mère si elle me voyait saoule ? » pourtant, la sorcière se rendait bien compte que cela sonnait faux. Toute à sa réflexion, elle s’assit à côté de la jeune fille qui parut alors immédiatement surprise. Elle lui scruta les yeux, le teint. Sans un mot. Puis enfin, elle dit : « J’ai beau être extrêmement egocentrique, je vois bien que tu n’as pas bu une goutte d’alcool, toi. » Un nouveau silence venait alourdir l’atmosphère, alors Eukleia enchaîna : « Qu’est-ce qui t’arrive, au juste ? ». Ce genre d’attention était rare de la part de la sorcière. Elle demandait peu souvent aux gens comment ils allaient mais, face à cette jeune fille matte de peau, sa curiosité était toute décuplée. Elle avait beau fixer le visage de l’inconnue, elle ne décelait aucune trace d’ébriété ou même… de folie. Même si aux premiers abords, cela aurait été ce qui aurait sauté aux yeux. Mais une fois la première impression passée, on se rendait compte que la jeune fille n’était pas folle. Seulement complètement perdue.

hj : désolée c'est super court...

Je veux pas la bernée, je veux juste pas me justifier. Je crois que c'est bien un truc que je déteste devoir me justifier, je l'ai fais bien trop souvent dans ma vie. Amarok pourquoi tu fais ça, pourquoi tu fais si, pourquoi pourquoi toujours pourquoi. C'est lassant de devoir répondre toujours aux mêmes questions. Juste parce que la réponse convient pas aux interlocuteurs ça veut pas dire que je vais la changer. Elle s'assoit près de moi, ce qui m'étonne lourdement. Je pensais qu'elle m'aurait peut être snobé pour aller hydrater ses lèvres. Je suis pas moqueuse je les trouve belle ses lèvres mais elle doit usé beaucoup de sticks à lèvre. Cette question commence à m'obséder je crois que je vais lui demander... plus tard. « J’ai beau être extrêmement égocentrique, je vois bien que tu n’as pas bu une goutte d’alcool, toi. » Je lui souris presque timidement, pourtant je ne le suis pas... timide. J’acquiesce d'un signe de la tête. Oui pas d'alcool dans le sang, pas dans le mien en tout cas. « Qu’est-ce qui t’arrive, au juste ? » Elle me demande comme ça. Je suis surprise, je m'attendais pas à ça. Non pas du tout. Je reste sans voix trente seconde avant de dire une connerie. « Je me demandais combien de stick à lèvre tu utilise dans le mois ? » franchement dis comme ça je suis carrément fière. C'est une bonne question, je pense pas être la seule à me la poser. Elle va croire que je suis méchante un truc comme ça ? « C'est naturel ? » Elle va croire que je crois que c'est une accro au botox. « J'aime bien c'est charnu. » Elle va croire que je la drague. « Sinon c'est quoi comme marque de chaussure ? » Elle va croire que je suis fétichiste. Mince, je suis dans la merde là. Sourire.

hj: t'inquiète c'est parfait.

Le hochement de tête que lui offrit la jeune femme conforta Eukleia dans l’idée que ses veines n’étaient pas imbibées d’alcool. La drogue n’y était pour rien également, ses pupilles étant les plus normales du monde. Pourtant, quelque chose ne tournait pas rond. La sorcière sentait de la faiblesse derrière ce corps pourtant canon. Et Eukleia détestait la faiblesse. Les gens qui s’apitoient sur leur sort étaient les personnes les plus insupportables à ses yeux. Elle préférait même à ceux-ci le p’tit loup d’opérette qui avait voulu faire son show le soir du prime. Au moins, il ne se plaignait pas lui, et tentait par-dessus tout d’avoir ce qu’il voulait. Cependant, elle n’était pas certaine que c’était réellement de la faiblesse qui se trouvait sous la peau de la jeune fille ne face de ses yeux. Du moins, il semblait évident qu’elle n’avait pas vraiment envie de se plaindre puisqu’elle écarta vite la question qu’Eukleia avait posé. L’inconnue se concentrait maintenant sur les lèvres de la sorcière. Elle était quelques peu insultante mais Eukleia ne s’en énervait pas. Il y avait dans sa voix une telle innocence que ces remarques n’apparaissaient même pas comme blessante mais plus… amusantes comme celles d’un petit enfant qui posent des questions sans très bien les comprendre. « Bien sûr qu’elles sont naturelles, qu’est-ce que tu crois ? Et pas besoin de stick, elles se passent très bien de baume. » Rétorqua Eukleia avant d’enchaîner. « Les gens croient souvent que mes lèvres ont été refaites et un candidat m’appelle déjà la botoxée. Mais c’est parce que vous ne vous fiez qu’au premier regard, c’est ça qui est affligeant. » Elle disait cela avec un sourire. Elle ne sentait pas du tout prise en défaut, elle expliquait seulement des remarques qu’elle entendait souvent dans son quotidien et qui ne la blessaient plus depuis bien longtemps. « Pour mes chaussures, c’est du sur mesure : crées spécialement pour moi et offertes par un fils à papa millionnaire qui avait compris que je ne jurais que par les grandes marques. Mais je ne suis pas en droit de te révéler la marque de ces chaussures exceptionnelles… » répondit-elle avant de lui souffler. « Des louboutin, chérie. Des louboutin ! » Bon, ok. Elle se contredisait en lui révélant tout de même cette marque, mais elle ne pouvait jamais vraiment se retenir. C’était son côté chic qu’elle n’aimait pourtant pas chez les autres. Elle savait que c’était trop bling-bling et que les gens trouvaient en elle de la superficialité en raison de son apparence vestimentaire. Mais elle s’en fichait bien. « Il n’a eu le droit qu’à un baiser sur la joue le pauvre ! Je suis cruelle par moment. » ajouta-elle avec un clin d’œil. « mais on ne m’achète pas, ça c’est certain... sûrtout quand on a une tête de mollusque - et c'était son cas. ».

Je sais pas pourquoi je lui pose toutes ces questions. Pas pour être méchante ça c'est sûr, je veux juste savoir, ça m'intrigue. Je trouve que ça la rend vraiment belle, parce que ça la rend différente. Alors non je veux pas être méchante c'est plus une sorte de compliment, quand un truc me fascine c'est que je trouve ça beau. J'aime pas les trucs moches. J'ai un peu peur qu'elle me foute une baffe ou qu'elle use de sa magie. Parce que maintenant que je la regarde, je sais que c'est une sorcière. Habituellement les sorciers ne m'apprécie pas. On verra bien pour elle. Mais vu comment je pars ça risque compliqué. « Bien sûr qu’elles sont naturelles, qu’est-ce que tu crois ? Et pas besoin de stick, elles se passent très bien de baume. » Bizarrement elle me répond avec calme. Je préfère ça. Elle a dut comprendre que je ne voulais pas la blesser. « Les gens croient souvent que mes lèvres ont été refaites et un candidat m’appelle déjà la botoxée. Mais c’est parce que vous ne vous fiez qu’au premier regard, c’est ça qui est affligeant. » C'est marrant, les gens ils pointent du doigt ce qu'il y a de plus beau chez une personne. Ce qui la rend original. « C'est de la jalousie. » Pour moi c'est simplement ça. Quelqu'un qui dit qu'elle est une botoxée ne le pense pas forcément. Essaye simplement de s'en convaincre parce que ce serait vachement dingue que ce soit naturel, qu'elle soit si belle naturellement. « Pour mes chaussures, c’est du sur mesure : crées spécialement pour moi et offertes par un fils à papa millionnaire qui avait compris que je ne jurais que par les grandes marques. Mais je ne suis pas en droit de te révéler la marque de ces chaussures exceptionnelles… » Je suis impressionné là ! Moi mes chaussures c'est des trucs bien basiques et rarement avec talons. J’aimerais quand même savoir c'est quoi la marque ! « Des louboutin, chérie. Des louboutin ! » Oooh ! Je ricane légèrement, je trouve ça super. « Magnifique! » J'aurais presque envie de les toucher. Mais je n'en fais rien. Ensuite elle me raconte un peu son histoire avec le mec qui lui a offert ces chaussures, elle l'aurait remercié avec un bisous sur la joue. Parce qu'il ressemble à un mollusque. C'est possible de ressembler à ça ? « Pourquoi tu as accepté le cadeau alors ? » Je lui demande un peu perdue. Pour moi si la personne te plaît pas tu lui fais savoir en lui rendant ses cadeaux non ? « Quel genre de mollusque ? » Huître ?

Elle avait beau être parterre à côté de cette inconnue un peu étrange, Eukleia ne se sentait pas mal. Elle aimait d’ailleurs bien discuter avec la jeune fille qui semblait d’une gentillesse un peu maladroite. Heureusement que le côté maladroit était présent car la sorcière avait généralement beaucoup de mal avec la gentillesse pure dont certains vous recouvrent par kilo. Ca a un côté dégoutant. Mais là, le décalage était présent : gentillesse dans ses paroles comme lorsqu’elle déclara : « C'est de la jalousie. », mais à cela s’ajoutaient des questions étranges que personne ne pose. Et pour cela, Eukleia aimait bien la demoiselle – et cela allait devenir encore plus important lorsqu’elle apprendrait qu’elle est une sorcière, elle aussi ! En attendant, elle essayait de trouver une réponse à la question que venait de lui poser la jeune fille. Il est vrai qu’elle ne s’était jamais elle-même posé cette question. « Peut-être… parce que je suis un peu égoïste et que j’aime bien les cadeaux hors de prix ? Aussi parce qu’il me semble qu’un cadeau ne se refuse pas. Heu… Surtout des Louboutin, tu ne crois pas ? A vrai dire, je ne sais pas. » Encore une fois elle devait apparaître comme une gamine pourrie gâtée par ses parents. Si seulement cela avait pu être vrai. Mais ce n’était pas le cas. Eukleia commençait à partir dans des pensées un peu noires, se rappelant son enfance et ses relations avec ses parents quand la jeune fille la rappela à la réalité avec une question des plus drôles. « Quel genre de mollusque ? » A cela Eukleia répondit : « Du genre mollusque avarié. C’était pas fameux, y avait l’odeur qui allait avec la face un peu écrasée d’une huître maltraitée. » Elle sourit.

J'aime pas trop tourné autour du pot en faite. Si j'ai envie de dire un truc je vais le dire même si c'est la dernière des conneries ou le plus mignon des compliments. Dès fois c'est cool, mais d'autre on me regarde comme une folle et on m’engueule alors que mes intention étaient pure et louables. Ici j'ai fais les deux et pourtant tout va bien, elle est pas si terrible qu'elle en a l'air. Alors je prends mes aises et je lui pose une question peut être trop personnel, je sais pas. J'ai pas trop de limites niveau questions. Je pourrais lui demander de quelle couleur est sa culotte juste par pure curiosité. « Peut-être… parce que je suis un peu égoïste et que j’aime bien les cadeaux hors de prix ? Aussi parce qu’il me semble qu’un cadeau ne se refuse pas. Heu… Surtout des Louboutin, tu ne crois pas ? A vrai dire, je ne sais pas. » Je ne pense pas que ce soit de mauvaises raisons enfin de compte. Après tout je sais pas j'aurais peut être accepté moi aussi si un mec ultra riche me courtisait à coup de paire de chaussures de luxe. Je lui souris, une forme d'approbation. A vrais dire je suis un peu passé à autre chose entre temps. J'aimerais me faire une idée de la tête de ce gars, j'ai jamais rencontré de gars qui ressemble à un mollusque, je crois. « Du genre mollusque avarié. C’était pas fameux, y avait l’odeur qui allait avec la face un peu écrasée d’une huître maltraitée. »  Mon visage se fronce en signe de dégoût. Il devait être horrible. « Tu lui as quand même fait un bisou! » Je lui dis presque horrifié, elle aurait du se contenter d'une petite tape sur l'épaule ! « Tu aimes être ici ? » Je lui demande alors histoire de faire un sondage, j'imagine déjà qu'avec Nico on doit être les seuls pas très à l'aise ici.

La jeune fille soulevait un point assez drôle en effet. Eukleia se demandait alors comment elle avait pu retenir sa bile de manière à déposer un baiser sur l’hideuse joue du mollusque en question. A croire qu’une paire de chaussures hors de prix nous aide à décupler nos forces… Elle sourit. « Tu as raison, j’étais très courageuse à l’époque. » Celle dont elle ne connaissait pas encore le nom semblait pourtant la comprendre sur certains points et il était intéressant de pouvoir parler de choses et d’autres avec une fille qu’elle venait à peine de rencontrer. Cependant, Eukleia resta un peu au dépourvu quand la demoiselle lui demanda si elle se plaisait ici. Elle passa sa main dans ses cheveux et s’offrit un petit temps de réflexion avant de répondre : « J’avoue que pour le moment ce n’est pas l’extase. J’attends avec impatience que l’aventure commence réellement parce que je m’ennuie déjà. » Elle marqua une petite pause avant de continuer : « C’est aussi que les personnes qui ont été selectionnées ne sont pas spécialement intéressantes. La plupart se prennent pour des divas, d’autres pour des Dieux sans faille et, à vrai dire, c’est assez exaspérant. Je savais que je n’étais pas venue ici pour me faire des amis, mais je ne me doutais pas que la médiane intellectuelle serait aussi basse. Enfin, bref. » Elle se stoppa. Elle ne savait même pas pourquoi elle déballait tout cela. Il faut savoir une chose sur Eukleia : elle adore parler d’elle, de ses passions, de ses envies, parce qu’elle aime avant tout que l’attention soit tournée vers elle ; cependant, elle n’aime pas réellement s’épancher et s’étendre sur ses sentiments et ses impressions comme elle venait de le faire. Elle a besoin d’exister, voilà tout. Mais cela ne nécessite pas l’expression de ses sentiments. Elle était partie dans ses pensées. S’en rendant compte, elle tourna son visage vers celui de la jeune fille et lui sourit. La chose était close. Du moins, l’espérait-elle. Eukleia changea de sujet : « On ne s’est même pas échangé nos prénoms ! » c’était vrai ça, dis donc. « Moi c’est Eukleia, sorcière ! » Elle aimait bien mettre en avant, sinon ses origines – vous remarquerez qu’elle ne parle jamais de son passé -, sa race. « Et toi ? Ton nom ? Tes aptitudes ? » cela ressemblait à une demande de CV tout ça, mais tant pis. Elle avait bien envie de le savoir – et ce n’était pas souvent le cas. « Et… qu’est-ce que tu en penses, toi, de cette aventure ? »