feat absinthe

C'est ouf quand j'ai décidé de faire un tour dans le château, il y a personne. Tu m'étonnes qu'après je cause à personne. Les couloirs sont vides, à croire qu'ils sont tous réunis dans le parc, à jouer à cache-cache. Tant pis, je ferais la fiesta toute seule moi. Genre en mode forever alone, j'ai pas d'amis, donc je me procure des petits plaisirs en solitaire. Genre prostipute pour soi-même, ça existe ça ? Bref. Je décide donc de faire ma petite party improvisée toute seule dans la salle surprise qui se trouve à l'aile nord du niveau 2 du château.

Ce qui est classe dans cette salle, c'est qu'elle est magique. Citez moi un truc d'ailleurs qui n'est pas magique. Je ne demande qu'à voir. Juste pour avoir créer ce magnifique château, je crois que j'aime la Vieille Fée. En fait non. Elle est mal-baisée. Nous faire dormir dans des tentes... Sans douche.. Mon dieu, c'est genre Koh-Lanta en vrai. Pour en revenir à la salle, je disais qu'elle était magique et fichtrement confortable. D'ailleurs, le plafond imite un éclair d'été. Ca va foutre l'ambiance, comme une boule à facettes. Allez bouge ton cul, bouge ton cul. Lève les bras en l'air, fais un roulé-boulé sur les fauteuils, déhanche toi comme une déesse. Le problème, c'est que je ne m'attendais pas à me retrouver en face d'une blonde, aussi belle qu'une fée, qui me regardait incrédule, une fois ma figure exécutée. Merlin aide moi.

Oh. Un cul.

Oh un cul qui bouge. Oh un cul inversé.

Oh un cul à l’endroit.

Oh un cul super sonic. Oh un cul super ferme.

Oh. Un. Cul.

Ton horizon actuel se résume à deux lobes fessiers apparus dans ta vie depuis dix secondes trente, montre en main. Tu ne peux tout simplement plus penser (bon, ce n’est pas comme si tu le faisais déjà avant, mais disons que c’était une option, certes abstraite, mais qui t’était encore accessible). Toutes tes pensées (soudainement bien hormonales) concentrée sur l’exploration anatomique que tes pupilles s’éclatent à faire sur les courbes massives de la rescapée du Cirque-du-Soleil.

Ton Dieu. C’est impossible. La Prophétie (parce qu’il devait nécessairement avoir une Prophétie).

Vous êtes sœurs de fesses.

-Et, genre, heu… Tu fais ça au lit aussi ou bien… ?

Absinthe. Toute la grâce et la finesse du monde. Etiquetées made in china, bourrées de colorant artificiel et aux dates de péremptions dépassées.

-Parce que, si c’est ça, bah, moi, chui cliente, hein… Fin, j’dis pas que t’es une prostipute, encore que ça m’étonnerait pas, fin, j’veux dire, tu vois, t’es genre trop bonne, et trop ferme, mais genre, même si vu l’odeur, t’es pas une fée, donc, genre, t’as trop le matériel pour faire fortune, tu vois… Enfin, je veux pas te baiser, là… Enfin si… Mais voilà quoi.

Un truc à dire. Un truc intelligent. Et poétique. Et philosophique. Qui rattrapera toute la merde que t’as pu dire.

-T’es bonne.

Et dire que c’est de la fierté qui se peint sur ton délicat visage de tête à baffe.

-Absinthe. Enchantée. Genre. Vraiment.

Une blonde se tient face à moi. Une blonde sacrément bien foutue. Une fée. Pour être aussi bonne, elle ne pouvait être qu'une fée. Les fées c'est des bonasses. Et pourtant, je peux vous dire que jusque qu'aux dernières nouvelles, je ne suis pas lesbienne. La femme ressemble étrangement à la Fée Clochette, version "je suis sexy et je le sais car je suis une fée. Respect this, bitches."

« Et, genre, heu… Tu fais ça au lit aussi ou bien… ? » Quelle drôle de façon d'entamer une conversation. Elle n'a pas l'air d'avoir toute sa tête. La vue de mon corps de rêve se trémoussant a du mettre ses ovaires sur le minuteur avant explosion imminente. Elle a l'air complétement atteinte et miraculeusement tarée, et je crois que je l'aime déjà. Je m'apprête à lui répondre tandis qu'elle reprend : « Parce que, si c’est ça, bah, moi, chui cliente, hein… Fin, j’dis pas que t’es une prostipute, encore que ça m’étonnerait pas, fin, j’veux dire, tu vois, t’es genre trop bonne, et trop ferme, mais genre, même si vu l’odeur, t’es pas une fée, donc, genre, t’as trop le matériel pour faire fortune, tu vois… Enfin, je veux pas te baiser, là… Enfin si… Mais voilà quoi. » Wow que des compléments. Et la blonde résume en une phrase ce qu'elle a voulu me dire depuis déjà cinq bonnes minutes : « T'es bonne. » Et elle enchaîne en se présentant. Absinthe. Son prénom commence pas un A comme le mien. Un vrai petit moulin à paroles. Incroyable. Omg, c'est un siiiiiigne.

Je lui lance un sourire que je veux colgate et répond avec un haussement de sourcil : « Généralement, les mecs ne se plaignent pas de mes petites danses sexy au lit. Ils réclament même que je leur fasse des galipettes pendant l'acte. Ils ont pas tous la chance de sauter une rescapée de cirque. » Je ris franchement avant de reprendre : « Toi aussi t'es bonne. Vraiment et extraordinairement bonne. T'es une fée en fait. T'sais que t'as des airs de la fée Clochette. Vous auriez pas des liens familiaux par hasard ? Je demande au cas où tu pourrais me faire rencontrer Peter. » Je me dirige à ses côtés et la regarde du coin de l'oeil. Les fées sont des putains de bonasses. Absinthe pourrait se présenter pour la couverture du prochain Fogue, magasine où tu peux mater les fées à volonté. Ou même se présenter pour les élections de Miss Magique 2014. Celle de cette année est pas forcément la plus belle. Avec ses cheveux tye & die rose fluo/vert fluo. C'est bon pour aller se suicider.

Je met mon coude sur son épaule en mode je galère comme une grosse et décrète naturellement et merveilleusement mon petit nom: « Moi, c'est Artemis aka Arté. » Je matte un instant son cul avant de froncer le nez et de faire une petite danse de pingouin façon tatin : « GOSH. ON A LE MEME CUL MEUF. ON A LA MÊME MERE DE CUL. »

Une rangée de dent s’aligne devant tes yeux. Leur blancheur immaculée est limite suspecte quand on pensait aux conditions d’hygiène dans lesquelles l’espèce de tas fripé aux pulsions dictatoriales vous avait balancé. Enfin. Ce n’était pas exactement ce genre de mystère que tu voulais absolument résoudre. Fallait pas te prendre pour Scooby Doo, toi. A partir du moment où ça te plaisait, tu étais prête à croire à n’importe quoi. Et d’autant plus quand le mystère était emballé dans un joli emballage de seins et de fessier parfait.

Ton regard retombe inévitablement dessus.

-Généralement, les mecs ne se plaignent pas de mes petites danses sexy au lit.

-Tu m’étonnes.

-Ils réclament même que je leur fasse des galipettes pendant l'acte.

-Genre, tu te fais des fétichistes des justaucorps sexy et des chapiteaux ? Ils te demandent genre de t’habiller en clown-SM, tout-ça ?, t’exclames-tu, oubliant carrément que tu avais un peu passé pour une obsessionnelle du salto-arrière à peine une demi-seconde plus tôt.

-Toi aussi t'es bonne. Vraiment et extraordinairement bonne.

-Je sais, admets-tu avec la simplicité de l’évidence.

-T'es une fée en fait.

Tu laisses ton épaisse bouche s’ouvrir grand.

-Han, mon Dieu ! Mais comment tu le sais ? Genre, je sais, moi, chui Absinthe, donc chui trop bonne, tu vois, mais, genre, c’est vraiment juste pour ça ? T’es pas genre une petite stalkeuse ? Parce que, bah, moi, j’aime pas les stalker… Enfin, les stalkers gentils, je dis pas… Mais, généralement, bah, ma maman, elle m’a dit que c’était des méchants… Et moi, j’aime pas les méchants. Parce que, les méchants, bah, ils sont laids. Parce qu’ils sont méchants, tu vois ? Donc, bah, c’est le Mal…

Tu regardes autour de toi, toute stressée.

-T’es pas méchante, hein ?

- T'sais que t'as des airs de la fée Clochette. Vous auriez pas des liens familiaux par hasard ? Je demande au cas où tu pourrais me faire rencontrer Peter.

Tu plisses tes paupières, troublée. Tu ne sais pas très bien si elle vient de t’insulter ou pas.

-Clochette ? Genre… Cloche ? Genre… un instrument de musique ? Genre, moi, tu vois, bah, chui Absinthe, donc, genre, chui pas un truc inanimé… Enfin… Je crois…

Tu sens un truc sur ton épaule.

Oh. Un coude.

- Moi, c'est Artemis aka Arté.

-Ar… té ? Genre… Arté ? Han. J’aime ton prénom. Y’a que deux sylla… la… beuh… Genre… C’est pas compliqué, tu vois, genre, je pourrais genre presque l’écrire !

Petite victoire.

Soudain, l’instant Révélation.

- GOSH. ON A LE MEME CUL MEUF. ON A LA MÊME MERE DE CUL.

-T’AS REMARQUE. T’AS REMARQUE. ON EST SŒUR DE CUL. ON EST SŒUR DE CUL. GENRE… BWAH, QUOI.

Tu lèves tes bras au ciel, prête à partir dans une incantation cheloue mêlant sacrifice de chèvre toy et démon de la cellulite.

Puis t’arrêtes soudain.

-Nan, mais, moi, j’ai ma maman, mais, genre, j’la partage pas, hein. Parce que, ma maman, c’est la meilleure, genre, tu vois, elle m’a eue toute seule… Genre. Comme-ça. Elle était seule. Puis on était deux. Pouf. Comme-ça. Genre comme les suppléments gratuits dans les packs de Coca Zéro… Donc, tu vois, genre, ça peut pas être ta mère de cul, parce que, bah… Je dis nan.