Sérieux, ça va pas être possible plus longtemps que ça, là. Leur histoire de roupiller collé-serré avec des nanas. Encore, je serais dans la tente des mecs, je râlerai pas trop (pas du tout, en fait), mais, merde, des filles, partout, qui sont encore plus chiantes la nuit que le jour. Déjà, y’a des meufs qui ronflent fort. « Cordelia ton visage est la preuve que dieu existe » et après, y’a Cordélia, aka la meuf qui parle dans son sommeil. Enfin, je l’aime bien. Pour l’instant. Mais elle dort dans le « lit » à côté de moi. Genre, à deux centimètres de moi, en fait. Forcément, elle parle d’elle, et de son sublime corps, et de sa sublime personne, et c’est à vous foutre des complexes de l’entendre se balancer des fleurs même endormie. Alors, j’ai décidé que ce n’était plus possible. Je me suis levée, j’ai tiré ma couette (enfin, le machin qui nous ont foutu sur les choses qu’ils appellent « lits ») et je suis partie de la tente, genre, pour aller dans le château. Mais en fait, vu qu’il fait nuit, j’ai du mettre un gros quart d’heure pour rentrer. C’est marrant, de se balader comme ça, couette sur les épaules, dans le château. Encore plus marrant quand on a pas été foutu de trouver la lumière. En fait, je crois que je ne sais pas du tout où je suis. Dans des escaliers, à priori. Merde. Ce serait peut-être pas le bon endroit pour y foutre le campement, niveau confort et tout, parce que bon, si pioncer entre deux nanas, c’est pas cool, pioncer dans des escaliers non plus j’imagine. OHPUTAINY’AQUELQUECHOSEY’AQUELQU’UN. J’suis pas folle, ça m’a percuté, oh putain, oh putain. Je reste immobile, et je crois que je prie pour que la chose s’en aille fissa. Et je sens un truc sur mon épaule. Une main, j’imagine. Je sais pas si c’est une chose rassurante ou pas. Non. Sans doute pas. Imaginez que c’est la vieille fée. Genre, me retrouver seule avec elle, je crois que ça me ferait flipper, imaginez qu’elle veuille baiser, ce qui serait pas étonnant vu sa tête de mamie en manque, mais faut pas déconner, moi, des trucs comme ça, ça m’glace le sang hein. Et puis là, mon sang se glace genre véritablement quand l’autre main se pose sur mon sein, et je laisse tomber ma couette dans les escaliers, style, trop choquée/surprise/cequevousvoulez. Imaginez que ce soit un laideron boutonneux avec des mycoses qui me touche. Oh mon dieu. Ou le fomme, comme dit Cordélia. Oh mon dieu. Je suis à deux doigts de la crise cardiaque. Je reste muette. Et l’autre personne parle. Déjà, c’est un mec. Tant mieux, à la limite, parce que se faire à moitié peloter par une meuf, euh, non, merci. J’espère que c’est pas Ange, pitié, pitié, pitié. Gênant, carrément ouais, encore, ça aurait pu être agréable si c’était volontaire et si je voyais sa tête, vous comprenez, mais là, c’est pas le cas. Soit. Mon identité, ouais. « Fauve ? Et toi ? » selon sa réponse, je suis à deux doigts de lui sauter dans les bras de soulagement ou de crier à mort, je sais pas trop.