Je me fais chier, en fait. Depuis tout à l’heure. Et y’a vraiment rien à faire, ici hein. Alors, moi, j’ai eu une idée, vous voyez, et je suis devenue invisible, et j’ai attendu dans la cuisine, voilà. Je sais pas, des fois qu’il s’passe des trucs intéressants. Mais en fait, y’a que dalle, et y’a personne qui vient, donc mon idée était un peu merdique, et je me fais tout autant chier. Jusqu’à ce que Sullivan arrive. Et reparte. Ah, ouais, d’accord. Le type vient dans la cuisine et repart aussi sec que ça. Normal, le gars. Bon, du coup, je le suis. Ce n’est pas que ça m’intrigue fortement, ce qu’il a à faire de ses journées, mais, je l’ai dit, je me fais chier. Il monte sur le toit. Ah, ouais, bon. D’accord. Je le suis toujours quoi. Et il va vers le bord. Non mais ne me dîtes pas qu’il a choisi pile ce moment-là pour se suicider hein. Je veux pas assister à ça moi. Et puis merde, j’ai pas franchement envie de mater le bord, hein, c’est pas que j’ai le vertige mais presque, tant pis, c’était une idée de merde, voilà. Je sais pas, j’espérais au moins qu’il fasse quelque chose d’intéressant, style, pourquoi pas se mettre à poil, vous voyez, mais non, que dalle. Du coup, je me tire. Enfin. Je voulais me tirer. Mais la porte, elle ne s’ouvre pas. Je vous jure, j’essaye, et rien, même en étant le plus bourrin possible, absolument rien. C’est un coup de la vieille mal baisée ça, je le sens bien, elle veut que j’assiste au suicide de Sullivan pour que j’ai des remords après, la salope, elle est vicieuse. « Merci hein ! » que je m’écris, toujours invisible. « Avoue, tu m’as captée, et tu m’as attirée sur le toit exprès ! » oui, oui, je suis parano, légèrement, style, il savait que la porte allait rester fermée, tout à fait.

J’ai faim. On dirait presque mon frangin à l’heure du goûter, qui se gave de Nutella comme l’autre boutonneux dès que l’aiguille s’arrête sur le quatre. Je débarque alors dans la cuisine dans l’optique de me préparer un truc super calorique comme une bonne femme en pleine dépression. Sauf qu’à peine planté devant le frigo, y’a l’envie de fumer une clope qui m’oppresse, aussi sournoise et imprévisible qu’une envie de pisser. Du coup je me dirige vers le toit non sans un détour dans notre dortoir pour piquer le premier paquet qui me tombe sous la main, m’approchant dangereusement du bord en attrapant un bâton de mort entre deux doigts. Sauf qu’en fait, j’ai pas pensé à prendre un briquet. Quel con. Ca fait tellement longtemps que j’ai pas fumé que j’en ai oublié le feu, et franchement ça m’agace. « T'as pas du feu par hasard ? » Je demande dans le vide, parce que mon ouïe de loup garou a perçu sans mal le bruit des pas qui m’ont suivi dans les escaliers. La folle du cul a beau être invisible, elle n’est pas pour autant moins discrète qu’un éléphant. Je ne sais pas si elle a entendu ma question, mais elle préfère s’acharner contre la porte du toit en maugréant quelques paroles à mon encontre. La pauvre fille a une force de mouche, aussi je la rejoins en soupirant avant de la pousser approximativement en posant ma main à l’endroit où elle est susceptible de se trouver. Je me heurte bien à quelque chose, mais je ne pourrais pas dire si je tâte son épaule ou ses petits seins, étant donné que la différence ne saute pas aux yeux. Et j’abaisse la poignée de toutes mes forces, et vu ma race c’est quand même pas mal, sauf qu’il ne se passe rien du tout. « Putain, mais qu’est-ce que t’as fait pour nous enfermer ? » Je lui jette un regard réprobateur en filant un coup de pied dans la porte, toujours en vain. « C’est pas moi qui était en train de te suivre de façon totalement flippante je te ferais remarquer. » Ouais, parce que bon c’est un peu elle qui me filait comme un détective privé, ou comme une meuf en manque de cul qui espère que j’aille prendre ma douche. « Super, on est censé faire quoi maintenant, compter les moutons ? » Fais chier, j'avais pas prévu que ma pause clope se transforme en journée inutile.

Putain de porte, je vous jure, elle ne bouge pas, rien à faire, et j’allais commencer à m’énerver sérieux, mais il pousse, pour essayer de l’ouvrir aussi, et il capte que ça marche pas. Et vas-y qu’il m’accuse, style, c’est ma faute, ça va ouais. C’est la vieille, je suis sûre. Je crois qu’elle a un trip bizarre, de vouloir nous enfermer tous les deux à chaque fois. Et il continue de parler, Sullivan, genre, je le suivais de façon flippante, mais n’importe quoi, c’était pas flippant, ça va hein, excusez-moi d’espérer qu’il fasse quelque chose d’intéressant, le garçon. Ou dise quelque chose d’intéressant. Genre, ça aurait été mieux, limite, de le choper en train de parler stratégie avec sa binôme. Mais j’ai jamais de chance, donc forcément, ça tombe au moment le plus chiant au monde, quand il ne fait strictement rien, et que je perds vachement mon temps. Et son regard, style, c’est vraiment ma faute, il abuse, le type, sérieux. C’est marrant, parce que vu qu’il ne me voit pas, je pourrais faire n’importe quoi, là, à la limite. Enfin bon. Je me décale pour me foutre contre le mur, à côté de la porte. Mais ça, en fait, on s’en fout, du coup. « Ouais, t’as raison, c’est à cause de moi si on est enfermé. J’ai demandé un service à la vieille truie. » merde, j’ai dit vieille truie. Quoi que ça passe peut-être mieux que mal baisée. « J’ai voulu m’assurer qu’on soit seul, tu vois, pour baiser, encore une fois, parce que moi, depuis, j’arrête pas d’y penser, je sais pas toi. J'ai même rêvé de toi, l'autre nuit, c'était carrément chaud ! Je te jure, t’étais tellement un bon coup, dans les oubliettes. Ça faisait longtemps que j’avais pas pris mon pied comme ça, sans déconner, je pensais pas que ça pouvait être aussi bon, moi, avec un loup. En plus, j’ai prévu le coup, tu vois, à fond, parce que je suis toute nue, là, pour gagner du temps. »

Je le savais, la nana a tout manigancé depuis le début pour se retrouver seule avec moi. Elle espère qu’on remette le couvert depuis notre séjour dans les oubliettes, parce qu’elle a pris le pied de sa vie. Tu m’étonnes, en comparaison avec l’autre loup pré-pubère y’a pas photo. On a la classe ou l'a pas j'ai envie de dire. Sauf qu’elle en fait un peu trop pour être crédible, et je me demande si elle n’est pas carrément en train de se foutre de ma gueule. N’empêche, je ne l’ai jamais entendu aligner autant de mots, mais j’imagine que si c’est pour parler de cul elle serait capable de tenir un discours de plusieurs heures ou d’écrire une encyclopédie en cinq volumes. Sauf que je ne finis que par retenir sa dernière phrase. Attendez, elle est sérieuse là, elle m’a suivi à poil ? C’est encore plus flippant que ce que j’imaginais en fait. « J’te crois pas. » C’est faux, je suis quasiment convaincu qu’elle est vraiment nue, étant donné ses pulsions sexuelles constantes ça ne m’étonnerait même pas. Du coup je me tourne vers l’endroit d’où provenait sa voix et commence à tâtonner, les bras en avant. On dirait presque un gars perdu dans le noir qui cherche la porte de sortie, ou un aveugle qui a perdu son chien. « J’ai jamais fait ça avec une meuf invisible. » Je me fais la remarque un peu à moi-même en songeant que ça doit être un peu bizarre, et je me demande si ça lui est déjà arrivé. Probablement … « C’est quoi, les astuces pour te faire apparaître ? » Je l’interroge, légèrement excédé de m’adresser au vide, et surtout désireux de savoir si elle a vraiment retiré tous ses vêtements. Sauf qu’il y a un truc assez étrange qui se produit, une fiente de pigeon se suspendant dans les airs. En fait, elle a plutôt été stoppée par un obstacle invisible, que je suppose être le corps de Fauve. Vu la hauteur, je dirais son épaule. J’observe le pigeon qui s’installe tranquillement sur le rebord quelques mètres plus loin, tendant le doigt en direction de son visage pour le toucher. « Vue ! Enfin j’ai eu un peu d’aide j’avoue. » Et je me marre en matant la merde d’oiseau qui l’a trahie. ARK, c'est dégueulasse.

Bref. Après mon quasi-monologue (faut dire que j’ai pas laissé le temps à Sullivan d’en placer une, tellement j’étais dans mon truc) il m’dit qu’il me croit pas. Sérieux, mec. Ok, c’est faux, à peu près tout c’que je viens de raconter. Mais quand même. Il pourrait me croire. Techniquement, pour le peu qu’ils sachent de moi, tous, là, ce ne serait ABSOLUMENT PAS flagrant de me voir tenir un discours pareil tout en étant sérieuse, vous voyez. Limite, je suis vexée, il devrait croire absolument tout c’que je lui raconte, vous voyez. « tu devrais, comme si j’étais du genre à mentir sur la baise. » merde alors. La baise, c’est ma bible. Ça commence par la même lettre. En plus. Bref. Je me dis qu’il a franchement l’air d’un con, à tâtonner dans le vide comme ça, ça me ferait limite marrer, vous voyez. Et il me raconte qu’il a jamais fait ça avec une meuf invisible. Faut dire qu’il a pas dû en croiser beaucoup hein. « Moi non plus hein. » bah ouais. Enfin. Pas que j’ai jamais fait ça avec une meuf invisible. Mais j’ai jamais fait ça en étant invisible. « enfin si, à moitié, une fois, mais c’était pas prévu. » ouais, mais je pense pas que ça compte vraiment. C’était pas comme si c’était volontaire, donc bon. Et là, il m’demande, en gros, comment faire pour que je devienne visible. Ouuuuh. Ça se voit qu’il en a marre le petit. Me demandez pas pourquoi, j’aime bien emmerder les gens, parfois. Genre, plaisir personnel. « Faut être gentil pour ça, tu vois, genre, très gentil. Donc c’est pas gagné. » le jour où Sullivan sera genre, le roi de la gentillesse, voyez. Je doute que ça arrive un jour quoi. Et là, j’sens un truc tout dégueulasse qui dégouline de mon épaule. Je regarde. Je suis à deux doigts de faire une crise cardiaque. Je regarde le pigeon. Je vais tuer un pigeon ce soir. Et puis, je me calme. J’enlève mon gilet. Je m’en fous, c’est celui de Maia, je comptais le lui tâcher pour le remettre entre ses fringues après – elle m’a bien déchiré mon haut, elle le mérite- mais je ne comptais pas sur l’aide d’un pigeon pour ça. Et genre, le type en profite pour toucher mon visage, t’as cru, mec. Je voulais pas être repérée aussi tôt, hm. « ok, j’ai triché, je suis pas totalement nue. » il a dû capter, en voyant le gilet avec la fiente dessus apparaître par terre. « mais je porte une robe. Et j’ai pas de petite culotte. Ça compense. » à mes yeux, ça compense carrément.

Ouais, si je dois jouer les gentils toutous ce n’est pas demain la veille que je vais la voir apparaître. Ah ces femmes, toujours à faire du chantage. ‘Si tu vas m’acheter des fleurs, tu seras bien récompensé’ et par ‘bien récompensé’ elles entendent acheter une paire de gants à ta taille pour faire la vaisselle. Genre c’est aux hommes que cette tâche ingrate incombe … Enfin bref, je constate que de toute façon elle m’a menti lorsque le gilet décoré d’une merde de pigeon atterri sur le sol à côté de ses pieds. Ok, quelle tricheuse celle-là. Je me disais bien que c’était trop beau pour être vrai. Mais elle tente de rattraper le coup lorsqu’elle perçois le contact de mes doigts sur sa peau. Comme si elle se trimballait sans culotte. C’est pour aérer tout ça ou bien elle se tient prête à se faire baiser à tout instant, genre ça fait une couche de trop à retirer et ça l’agace ? Remarquez là, je serais davantage susceptible de mordre à l’hameçon, parce que les folles du cul ont tendance à oublier ce genre de détails. Comme l’autre chanteuse blonde pour adolescents pré-pubères qui voulait nous faire croire qu’elle attendrait le mariage pour se faire sauter. Au final elle a fini toxico avec deux chiards, une photo de son anatomie placardée dans les tabloïds. Alors je quitte le visage de la candidate pour faire glisser mes doigts sur la peau chaude de sa cuisse, histoire de vérifier qu’elle ne me raconte pas encore des conneries. Un geste lent qui s’égare entre ses jambes en soulevant le morceau de tissu de sa robe –ça fait déjà un élément de vrai-, et qui s’arrête brusquement. « Ça devrait m’intéresser ? » Je l’interroge, haussant un sourcil en retirant ma main. « Parce que baiser deux fois la même personne, c’est un peu comme manger un plat réchauffé de supermarché. » Oui oui, je viens de la comparer à un plat réchauffé de supermarché. Et qu’elle ne me dise pas que ça lui avait même pas traversé l’esprit, c’est elle qui me parle de nudité et de petite culotte manquante. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que ce pigeon va définitivement se prendre la raclée de sa vie.

Voyez, moi, la situation, ça m’allait à peu près, avant qu’il ne décide de vérifier cette histoire de petite culotte lui-même. Et heureusement qu’il ne peut pas voir ma tronche, là, tout de suite. J’ai les yeux écarquillés, style ‘oh mon dieu mais qu’est-ce qu’il fait ce con’ alors que je sens très bien (trop bien même) sa main qui s’aventure sur ma cuisse. Non mais. J’étais pas sérieuse. J’étais vraiment pas sérieuse. Je pensais qu’il le capterait. C’était gros, quand même. Oh mon dieu. J’ose limite plus respirer, là, parce qu’il prend son temps, le con. Enfin, je respire quand même. Même si j’ai dû avoir une mini-crise cardiaque, voyez ? Je ne m’attendais pas franchement à ça. Et puis, ce serait con que je perde conscience, pour ne pas avoir respiré. J’suis sûre qu’il serait style ‘ouais la meuf je lui fais tellement d’effet qu’elle tombe dans les pommes tsais’ alors bon, vaudrait mieux pas hein, pour le bien de l’humanité toute entière, carrément ouais. Et il soulève un peu ma robe. Non mais faut pas s’gêner mec hein. Putain, on lui a jamais dit, à lui, que c’était UN PEU risqué de toucher une nympho comme ça, hein ? En fait, j’en suis à me demander s’il n’a pas capté que je me foutais de lui, voyez. Genre, il essaye de se foutre de moi aussi. Parce qu’il sait que je me fous de lui. Je devrais peut-être me foutre de lui en continuant de faire genre je ne sais pas qu’il se fout de moi et qu’il sait que je me fous de lui. Ça devient compliqué là en fait. Bref. Il s’arrête. Ah. Tant mieux. Enfin je crois. Et là, encore heureux que je sois invisible, vu la tête que je dois tirer. Il est sérieux le type ? Il est pas intéressé ? VRAIMENT ? Il enlève sa main. Hm. Bon, déjà, je me suis trompée, il a pas capté que je me foutais de lui. Et il ne se foutait pas de moi. Je sais pas trop si c’est pas pire, en fait. Et vas-y qu’il me compare à un plat réchauffé de supermarché. Quand même. Même si je comptais pas baiser avec lui, et que je suis plutôt d’accord sur sa vision de la chose (comprenez, un coup, comme ça, c’est plus tellement un coup comme ça si ça s’répète, voyez) ça va tout de suite moins bien quand le plat réchauffé tout dégueulasse, en théorie, c’est moi, dans l’histoire, là. Alors forcément, ça me coince un peu, là. « Oui, ça devrait t’intéresser. » non mais sérieux. Même si à la base, c’était pas le but. Il me fait chier là. Voilà. C’était pour rire, moi, hein. Non mais je vous jure. « sauf quand cette personne, c’est moi. » non mais oui, merde. Je suis Fauve, bordel. FAUVE. Je suis sous le choc, voilà. « parce que tu vas pas me faire croire que ça t’as pas plu. » dans les oubliettes, hein.

J’aurais voulu voir son visage sous l’assaut de mes doigts et de mes mots. Je suis le genre de type à interpréter les émotions dans le regard et dans les gestes, mais avec une femme invisible ça se révèle relativement compliqué. Alors je me contente de décortiquer ses paroles, puisque c’est la seule chose que je peux percevoir d’elle. Sérieusement ? Mon avis l’intéresse ? Oh oh, on dirait bien que j’ai touché une corde sensible, parce que si je me prends pour le roi du monde, elle s’attribue visiblement le royaume du sexe. L’aurais-je blessée dans son orgueil ? La possibilité que je ne la trouve pas désirable ne semble pas lui plaire, et que l'origine se situe lors de notre étreinte dans les oubliettes lui fait l'effet d'une mauvaise gifle. Intriguant. J’y vois là une manière tout à fait adéquate de prendre ma revanche sur sa langue de serpent. Du coup j’adopte l’air du mec blasé en haussant les épaules. « Beeeen ouais bof c’était pas non plus foufou quoi. Je me suis emballé parce que j’étais sérieusement en manque, mais bon. » Je m’éloigne un peu d’elle, faisant mine d’observer le magnifique paysage qui s’offre à nous. « Tu sais quand on est un loup garou on devient rapidement exigent, parce que les femelles c’est de la vraie bombe, des volcans en éruption. » Sous-entendu, contrairement à toi. Les mâles aussi d’ailleurs, soit dit en passant. Je raconte des conneries là, parce que j’étais tellement concentré sur elle que j’ai même pas pensé aux gosses susceptibles de se créer, aux MST, à toutes ces choses pourtant primaires quand tu t’attaques à une folle du cul. Pourtant Dieu sait que j’ai horreur des mômes. Et prendre un tel risque, ça prouve qu’elle était suffisamment compétente pour me faire perdre la tête. Mais bon, elle a l’air tellement vexée que je ne vais pas me priver d’une occasion de me venger de sa petite réflexion dans le bosquet auprès des autres biatchs. Genre, j’ai rien dans le pantalon. Bah tiens, si ce que je cache n’est pas à la hauteur, alors elle non plus. « Enfin, tu dois bien être bonne pour autre chose hein. Pas de quoi en faire une montagne. » Hop, couche finale, ne me remercie pas.

Je vais le tuer hein. A défaut de buter le pigeon, je vais buter le Sullivan. Techniquement, ça reste un animal hein. Sauf que y’en a un à plumes et l’autre à poils. Du pareil au même, grosso-modo. Avec son air blasé. Ah non mais. Ah non, non. Ça va pas le faire. Sérieux. Ça me donne limite envie de lui sauter dessus, là, pour qu’il comprenne son erreur. Mais faudrait pas, hm. Encore que je sois pas le meilleur coup de toute sa vie, tout ça. D’accord. Ça passe. Ce n’est pas comme si je m’étais tuée à la tâche pour qu’il prenne son pied comme il ne l’a jamais pris non plus. C’est vrai, j’avoue. Je voulais juste baiser, pas que ce soit le nirvana quoi, mais que ça me détende, hm. Mais quand même. UN BOF. Non mais. C’est inadmissible. Il s’éloigne. Je le mate (ses fesses, j’ai le droit merde) en me demandant si je peux le pousser dans le vide, là, comme ça. En fermant les yeux, je verrais pas le vide. Je ne flipperai pas. Ça devrait être faisable. Mais pour tentative de meurtre, j’me demande si ça vaut un enfermement jusqu’à la fin du jeu dans les oubliettes. Ou jusqu’à la fin de ma vie. Vaudrait peut-être mieux ne pas prendre le risque, en fait. Et il parle de loup de garou. Sérieux, le type. Style, une connasse velue peut être mieux que moi. J’hésite entre plusieurs trucs là. « non mais, je peux faire mieux hein » lui prouver que je suis mille fois mieux qu’une louve. « et puis merde, j’ai pas l’habitude de baiser un animal non plus. » ou alors l’envoyer chier un peu comme ça. Non mais c’est vrai. Je veux bien être gentille cinq minutes, mais les loups hein. Voilà quoi. J’ai déjà suffisamment dit qu’à la base, c’est pas mon trip. Encore plus s’ils s’imaginent que les loups valent mieux que les gens comme moi, hm. Bonne pour autre chose ? non mais. Bonne tout court, ouais. En plus, je sais pas s’il dit ça pour m’énerver, ou s’il est sérieux, vous voyez. Ca me gave dans les deux cas quoi. Et selon où il ment ou non, voyez, je sais pas trop quoi faire, entre lui arracher les yeux ou enlever carrément ma robe, hm.

Visiblement c’est un sujet qui lui tient à cœur, et j’imagine sa tête déconfite devant mon évaluation de sa prestation. A croire que les femmes peuvent se montrer aussi orgueilleuses que les hommes quand on remet en question leur capacité à donner du plaisir. Je fais mieux encore que l’énerver, je la pousse presque à me prouver le contraire et je trouve ça particulièrement amusant. Parce que capable de plus, ça reste à voir. Du coup, je n'éprouve pas vraiment l'envie généreuse de mettre fin à son tourment en lui avouant que tout ceci n'est qu'une manœuvre pour l'emmerder. A la place je m’approche de nouveau de l’endroit où elle est normalement adossée, posant l’une de mes mains près de son oreille en approchant mon visage du sien –enfin, espérons-le-. « Vraiment ? » Je lui souffle en haussant un sourcil. « Bah ça va commencer à en devenir une, d’habitude. Il te reste plus que le bûcheron pour faire un carton plein. » Et je ne crois pas si bien dire … Je suis conscient que ce n’est qu’une histoire de jours, parce que ces imbéciles m’ont réveillé dans les oubliettes avec leur conversation de gens sexuellement désespérés. Et quand on sait lire entre les lignes ça donnait quelque chose comme : la prochaine fois que la situation s’y prête, on baise. « Mais il est sûrement moins exigent stresse pas, dans sa forêt il doit pas en voir souvent des filles. » Je me demande un instant si elle n’a pas été engagée par la production uniquement pour faire grimper l’audience, et si ça s’trouve on lui a soufflé à l’oreillette d’insulter la mémé pour pouvoir l’enfermer avec moi dans les oubliettes. Et tout ça n’était qu’un gros coup monté. Bon après, je ne vais pas m’en plaindre, hein. Mais je me dis qu'ils n'avaient pas besoin de tout ce cinéma, alors je me fais probablement mes films. « Enfin t’inquiète pas, tu peux toujours essayer de compenser tes prouesses sexuelles médiocres en te faisant refaire les nibards. » Ouais franchement, y'a pas de quoi se mettre dans des états pareils. C’est elle qui m’a dit qu’elle en avait envie, non ? Elle va me frapper, je le sens. Et il faut dire que je le cherche un peu, en la provoquant avec mon visage tout près du sien, comme prêt pour une gifle magistrale. D'ailleurs ça commence à devenir un peu frustrant de fixer le mur.

Il me cherche, c’est pas possible autrement, hm. Non, parce que là, il me donne de drôles d’envies, vous voyez. Le genre d’envies qui ne seraient pas franchement raisonnables, hein. C’est-à-dire le pousser par terre, et me mettre sur lui, et lui baisser la braguette avec les dents, et lui offrir la plus belle pi. Enfin. Bref. De drôles d’envies. Mais j’arrive quand même à rester à peu près calme, je vous le dis, je suis hyper forte hein quand même. Et il me parle du bûcheron. Enfin d’Adonis. Il me semble. Ouais, bon, j’ai pas franchement envie de parler de mes prochaines baises avec Sullivan, en fait, je sais pas, j’ai pas non plus l’habitude d’étaler ça, encore moins avec des types, vous voyez. Mais il ne doit pas le capter, ça, parce qu’il continue en disant qu’il est sûrement moins exigent, et tout. Non mais je vous jure. Je comprends pourquoi Cordelia parle sans cesse de sa fameuse vengeance envers Sullivan, forcément, qu’on a envie de lui en foutre une un jour ou l’autre. Limite, je ne sais pas s’il le cherche pas, en fait, de se faire frapper, ou manipuler le cerveau par Cordelia, ou je sais pas trop quoi. Bref, du coup, je ne réponds rien. Tout à l’heure, parce que j’étais occupée à contrôler mes hormones (oui oui) et maintenant mon envie de lui en foutre une. Mes prouesses sexuelles médiocres. Je crois que je reste bloquée sur ça, en fait. J’crois qu’il parle de mes seins après. Mais je reste sur mot médiocre, moi. Et son visage, juste là. Et mon poing qui se resserre. Non mais. Je crois que je vais rendre service à l’humanité toute entière, là, même à lui, je suis sûre qu’il attend que ça, en fait, le type, ça doit être un maso. Je vois que ça comme explication. Et finalement, je fais ce qu’un bon nombre de gens ont déjà voulu faire : je lui fous mon poing, sans ménagement, hein, il le mérite amplement. Et au cas où, voyez, je me décale d’un mètre ou deux contre le mur. On sait jamais qu’il ait envie de répliquer, autant dire que je préférerais largement que ce soit le mur qui prenne plutôt que moi. « Bah alors, t’es pas excité là ? Je croyais que c’était c’que t’essayais de me dire moi, que t'aimais ça. » bah ouais, que j’étais pas assez bien pour lui, parce que son trip, c’est quand c’est plus violent et tout. Bref. Je bouge pas, mais je suis prête à me casser en courant si jamais hein. Même si je sais pas trop où je pourrais aller si la porte est toujours fermée.

BAM. Ok, c’est vrai que j’aurais pu m’attendre à un poing dans la gueule au vue de l’épisode dans les oubliettes avec le boutonneux, j’avais presque oublié que cette meuf était capable de tant de violence. Je pousse un grognement –témoin de mon mécontentement évident-, mais je constate avec un certain soulagement que je ne saigne pas. Heureusement pour elle. La vieille devrait l’enfermer une deuxième fois pour ce genre de comportement, parce que si j’avais su que c’était autorisé je ne me serais pas gêné pour péter le nez de quelques bouseux qui errent dans ce château. Enfin au moins les choses se sont emboîtées comme je l’avais imaginé, disons que notre relation a retrouvé un certain parallélisme. On a baisé, elle m’a frappé, c’est un peu comme ça que marche dans mon cerveau tordu. Mais ce n’est pas pour autant que je vais la laisser s’en tirer à si bon compte, parce qu’à tous les coups elle m’a dévié la cloison nasale la conne. Je l’ai entendue bouger, mais j’ignore si elle s’est décalée sur la droite ou sur la gauche, alors je me contente de baisser les yeux jusqu’à ce qu’elle se trahisse. Ce qu’elle ne tarde pas à faire en ouvrant son clapet. Sérieusement ? A quoi ça lui sert de s’échapper si c’est pour parler ensuite, il lui manque un morceau de cerveau ? Je ne peux quand même m’empêcher de sourire, le genre de sourire que t’as pas envie de voir sur ma gueule. « T’as pas idée à quel point. » Et j’avance d’un pas vers le son de sa voix en tendant mon bras qui touche son épaule. Je le décale rapidement en me plaçant devant elle, enserrant sa gorge entre mes doigts dans une étreinte suffisamment puissante pour l’effrayer, mais pas assez pour lui couper le souffle ou l’empêcher de parler –d’une petite voix, peut-être-. Puis je laisse pousser mes crocs tandis que mes iris ambrés fixe son visage invisible, tellement désireux de lire son expression de frustration que ça en devient une pour moi. Alors j’ouvre la bouche comme un vampire qui s’apprête à bouffer sa victime, genre je vais t’arracher la jugulaire et te laisser crever sur le toit, relâchant mon étreinte au moment où ma bouche se dirige vers son cou dénudé probablement marqué par mes doigts. Mais je ravale mes canines au dernier moment, ma morsure supposément bestiale et mortelle devenant un pincement de sa peau entre mes dents, presque sensuel. Ouesh, j’espère que je l’ai bien fait flipper cette salope. « Tu m’as menti. Encore. » Je lui souffle à l’oreille tandis que mon autre main s’est frayée un chemin jusqu’à sa hanche, titillant le morceau de tissu qu'elle avait soi-disant abandonné avant de me suivre. Puis je me détache de son corps en la plantant là, donnant un violent coup de pied dans la porte qui reste irrémédiablement fermée. CONNASSE.

J’ai pas idée à quel point. Non mais si. J’ai capté en fait, que c’était un maso refoulé qui savait pas comment dire « oh oui fais-moi mal » vous voyez. Finalement, je suis peut-être drôlement bonne pour cerner les gens. Non je déconne, quand même. Je me demande si je dois me mettre à courir, style, faire le tour du toit, quand je le vois arriver. Noooooon. Il est pas AUTANT susceptible que ça quand même. Si je voulais vraiment m’en prendre à lui, voyez, il aurait plutôt terminé comme Calliste. Limite, c’était un coup de poing gentil, voyez ? Et puis merde, je fais ça pour toutes les nanas qui auraient dû lui en foutre une un jour. Genre, Cordelia. Ou même Eukleia. Je me demande pourquoi elle ne l’a pas fait, d’ailleurs. C’était pour la bonne cause, ehm. Mais visiblement, il l’a pas capté, ça, que je me contentais de défendre toutes les femmes du monde (on va dire) parce que je sens sa main se refermer sur ma gorge. Et autant dire que je n’aime pas ça, du tout. Pas que ce soit atrocement douloureux. Mais l’acte, là, le geste. Ca me rappelle un de ces connards que ma mère aimait, y’en a eu qu’un, un type comme ça, heureusement qu’il n’est pas resté longtemps, celui-là. J’ai peut-être mon cœur qui me trahit, et qui s’accélère beaucoup trop. Ça m’énerve, parce qu’il s’en rend peut-être compte, de ça, et je suis presque sûre que c’est ce qu’il cherche. Je vois ses crocs, ses foutus crocs. Je devrais sans doute me débattre, à mort, ou au moins lui foutre mon genou entre les jambes, à défaut d’être réellement en capacité de faire autre chose. Mais je ne bouge pas, et je ne peux pas détacher mes yeux des siens, enfin, jusqu’à ce que je ne puisse plus les voir, ses yeux, parce qu’il s’approche de mon cou, la bouche carrément ouverte. Je peux me battre avec des hommes, moi. Mais des hommes à crocs, c’est pas pareil. Et c’est ce moment où je trouve quand même le moyen de me poser des questions connes, style, on peut en crever, d’une morsure d’un enfoiré de loup ? ou style, je vais devenir un loup, aussi ? oh putain. Je ne le supporterai pas, d’être pareil. Mais, ce ne sont pas des crocs, que je sens contre mon cou. Et j’ai chaud. Putain que j’ai chaud. Plus encore lorsque je sens à nouveau sa main, qui remonte le long de ma hanche, qui arrive jusqu’au tissu. Et je crois que je frissonne carrément, lorsque je sens son souffle sur moi. J’ai menti, c’est vrai. Et j’ai envie de baiser avec lui. Alors que je n’étais pas montée sur ce toit pour ça, à l’origine. C’était pour rire, les mensonges que j’ai pu lui dire. Ce n’était même pas pour lui donner envie, ou je ne sais pas trop quoi. Ça, je ne me le permettrais pas. Contrairement à lui. Parce que, pour faire balader ses doigts comme ça entre mes jambes, j’imagine que c’est ce qu’il a en tête, me donner envie. Et c’est vrai que j’allais peut-être clairement lui montrer qu’il a eu ce qu’il voulait en m’attaquant à ses lèvres. Jusqu’à ce qu’il se détache, aussi brusquement que ça. Et il comptait me laisser, visiblement, puisqu’il tente d’ouvrir la porte en lui donnant un coup de pied. Et je capte que je suis redevenue visible. Je ne sais pas depuis quand. L’enfoiré. Je n’en reviens pas. Il m’a prise pour Eukleia ou bien ? Sérieux ? A croire que c’est une habitude chez lui de laisser les nanas en plan après les avoir chauffées. Je ne joue pas à ça moi. Je n’aime pas ça. On baise, ou on ne baise pas. Mais on ne joue pas, je ne veux pas. Je le regarde. Il m’énerve. Quand je pense à ses doigts sur ma gorge, ça m’énerve. Quand je pense à ses doigts autre part, ça me donne terriblement envie de lui. Et je suis un peu partagée entre les deux, vous voyez. C’est pour ça que je fonce sur lui, et je le pousse contre la porte un peu brutalement, mais je crois qu’il la mérite assez, cette brutalité. Une main agrippant son col, qui serre fort, l’autre sa nuque, et j’attire son visage contre le mien, sans le lâcher, je veux pas le lâcher. Mes lèvres retrouvent les siennes, sans une once de douceur, parce que je n’ai pas franchement envie d’être douce avec lui, pas après ça, ma langue cherche la sienne, la provoque, pour lui donner un baiser enflammé, au moins autant que mon corps –on se demande à cause de qui hein- et qui témoigne bien trop ce que je peux ressentir, là, tout de suite.

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Bon bon, elle attend quoi pour me sauter dessus. Non parce que vous n’aviez tout de même pas cru que je faisais tout ce cinéma pour rien. Si ? Pauvres naïfs … Si j’ai glissé ma main sous sa robe en lui titillant la peau du cou, c’était bien pour éveiller ses hormones de chatte en chaleur. C’est vrai, c’était aussi pour lui donner une petite leçon, genre ‘don’t mess with Sullivan’. Déjà j’ai réussi à la faire apparaître de nouveau, c’est pas mal je trouve. Sauf que je n’allais pas me jeter sur elle comme un galeux, elle aurait bien été capable de me repousser. Et puis embrasser une femme invisible, ce n’est pas franchement évident. Non, c’est quand même plus la classe que ce soit elle qui vienne me chercher. Mêler la frustration et le plaisir, c’est toujours plus amusant, susciter deux sentiments aussi contradictoires. Et c’est infaillible. Enfin surtout pour elle vous voyez, elle est relativement prévisible. Tellement sensible que tu peux l’allumer rien qu’en lui soufflant sur l’oreille. Enfin je ne vais pas m’en plaindre hein, parce que contrairement à ce que je lui ai fait croire, je ne dirai pas non pour goûter à ses lèvres encore une fois. Et je ne tarde pas à être exaucé, parce qu’elle me plaque carrément sur la porte avant de me choper, dans tous les sens du terme. Mon t-shirt, mon cou, mes lèvres. Elle s’empare de tout, là, comme ça, et j’ai une putain de vague de chaleur qui envahit aussitôt mon corps. La conne, elle sait bien s’y prendre vous voyez. C'est un baiser plus rude que les autres, plus brutal. Mais non moins excitant, non moins passionné, et je me laisse progressivement consumer par le désir. Pourtant j'y mets fin en agrippant fermement ses cheveux, l'obligeant à se détacher de mon visage. Je fixe mes yeux bleus dans les siens -enfin-. J'aime ce regard, son regard. « Médiocre. » Je murmure en esquissant un sourire, reprenant le qualificatif qui a semblé lui déplaire. Aussi médiocre que l’autre fois. Bon quoi, bon à chaque fois. Je tire sur sa main pour l’obliger à me lâcher, la retournant entre mes bras pour plaquer son dos contre mon torse. L’une de mes mains garde son corps contre le mien d’une légère pression sur son ventre, tandis que l’autre s’applique à faire glisser la bretelle de sa robe sur sa peau nue. Délicatement mais rapidement, trahissant mon empressement. J’ai le souffle court et déjà l’envie d’elle me submerge. Mais je compte bien prendre mon temps. Un peu. Juste un peu. Mes lèvres s’attardent un instant à la base de son cou pour remonter jusqu’à sa mâchoire par plusieurs baisers brefs et légers, puis une morsure impatiente qui tire sa peau. Et mes doigts sur son bassin se faufilent à l’intérieur de sa cuisse, mes lèvres chatouillant son oreille que je mordille. Mais là y’a un truc qui me traverse l’esprit, parce que parfois, j’apprends de mes erreurs : j’ai rien sur moi quoi, à part un paquet de clopes volé. CHIER. Bon c’est pas comme si on n'avait jamais pris le risque, mais quand même. J’ose pas aborder le sujet, c’est pas trop le moment idéal quoi, mais ma main glisse doucement en sens inverse. Imaginez qu’elle ne prenne pas la pilule, comment tout mon monde s’effondrerait. Merde, ça va me refroidir là, si je pense à des gosses. En même temps avec le nombre de gars qu’elle doit se taper à la semaine, elle utilise forcément un moyen de contraception. Pas vrai ? J'ai besoin de penser à ça maintenant hein, vraiment. Enfin en même temps, on n'en a pas forcément besoin.

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Je crois que j’aurais pu le frapper à nouveau, à défaut de l’embrasser. Je ne sais pas, j’hésitais entre les deux en me précipitant sur lui. Mais j’ai dû faire le bon choix, je pense, vu sa façon de répondre à mon baiser, comme s’il n’attendait que ça, finalement. Ouais, ouais, je commence sérieusement à me dire que ma théorie sur le masochisme est vérifiée vous voyez. Enfin, je suis loin de m’en plaindre. Jusqu’à ce qu’il m’arrache de ses lèvres, en me tirant les cheveux. L’enfoiré. Je crois qu’il fait les deux, en fait. Sadomaso, voilà. Le même mot qui revient. Médiocre. Je le fixe, je ne peux pas faire autrement, et j’ai envie de le lui faire bouffer, son sourire, ou de lui en refoutre une, puisqu’il a l’air d’apprécier, voyez, si ça peut lui rendre service et lui remettre le cerveau à sa place par la même occasion. Médiocre. C’est ça ouais. De toutes manières, je n’ai pas le temps de répliquer. Ma main desserre sa poigne, à cause de lui, forcément, et je me retrouve bien rapidement collée à lui, mais dans l’autre sens, voyez. Et si la situation était à deux doigts de me déplaire, parce que j’aime autant choisir les choses, comprenez, ça change assez vite lorsqu’il fait tomber l’une des bretelles de ma robe et que je sens ses lèvres se poser contre ma peau, et j’en frissonne, comme une conne, de ce contact. Pire, je penche un peu la tête, pour mieux recevoir ses baisers, ma main se pose sur sa nuque, l’agrippe, comme pour l’encourager à continuer. Même si je sais clairement que ce n’est pas une bonne chose, de continuer. Parce qu’on a déjà couché ensemble. Et généralement, je n’ai aucun mal à me tenir à mon principe du « une fois c’est suffisant » vous voyez, parce que d’habitude, je ne revois pas le type, après ça. Forcément, ça facilite les choses, mais là. J’essaye de me rassurer un peu. Deux fois, ce n’est pas aussi terrible que trois, vous voyez. Et il n’y aura jamais de troisième fois. Promis. Problème résolu, ouais, ouais, on va dire. Je culpabiliserai après s’il faut, j’ai plus franchement envie de penser à ça maintenant. La faute à Sullivan. Des soupirs de plaisir s’échappent. C’est de sa faute, à lui, ça aussi. Avec ses lèvres qui savent exactement quoi faire, et quand le faire. Et ses doigts, la même chose. Comment voulez-vous que je ne couche pas avec lui une seconde fois avec tout ça ? Ouais, je ne vois pas, moi. Je sens sa main quitter lentement ma cuisse, j’en profite pour me retourner, prestement, pour lui faire face. Je préfère pouvoir le voir, moi. Ce n’est pas qu’il est atrocement beau, mais presque. Mes lèvres se posent dans sa nuque, descendent un peu sur son torse, embrassent sa peau, ou la mordillent, ça dépend un peu. Qu’il me ressorte le mot médiocre, après ça, bordel. Mais je rencontre bien vite son t-shirt. Forcément, ça ne me va pas trop. Alors mes mains attrapent le bout de tissu pour le soulever et l’enlever. Et c’est quand même mieux. Après ça, mes lèvres se reposent dans son cou. L’une de mes mains s’accroche à ses cheveux, tire un peu, et l’autre glisse le long de son torse, lentement, je prends un peu plus le temps de le découvrir, son corps, chose que je n’ai pas fait, la dernière fois, c’est vrai. Mais, faut pas croire, je n’oublie pas mon objectif initial, carrément pas, et ma main trouve bien vite son pantalon. Mes lèvres renouent avec les siennes, ardemment, tandis mes doigts dénouent le bouton, puis s’occupent de la braguette. Je suis presque sûre qu’il n’est plus franchement à l’aise là-dedans, vous voyez. Comme pour m’en assurer, je glisse ma main dans son caleçon. Baladeuse, la main, qui en profite pour offrir à Sullivan quelques caresses, je doute qu’il s’en plaigne, vous voyez. « Tu m’as menti, toi aussi. » ouais, parce que je ne dois pas être si médiocre que ça, vu ce que je peux sentir là-dedans.

Le qualificatif ‘médiocre’ n’est décidément pas adapté à la situation. Pas pour moi, sa main me priant silencieusement de continuer à couvrir sa peau de baisers en s’enroulant autour de ma nuque, son cou se pliant légèrement pour s’offrir davantage. Pas pour elle non plus, qui met fin aux divagations de mon esprit en faisant volte-face pour perdre ses lèvres sur mon torse et m’arracher un soupir. T-shirt. Ouais, c’est en trop là, tous ces morceaux de tissu. Je l’attrape dans mon dos pour l’aider à le retirer, plaquant ma tête contre la porte pendant qu’elle dévore mon cou, un feu brûlant réchauffant la moindre parcelle de peau qu’elle met au supplice. Bordel, c’est moi où elle a vraiment pris mes critiques au pied de la lettre ? Parce que j’ai l’impression qu’elle redouble d’efforts, et mes belles théories sur les plats réchauffés s’évanouissent. Baiser deux fois la même personne c’est toujours moins excitant, moins surprenant, du déjà-vu. La même peau, la même odeur, mais pas les mêmes sensations. Une pâle copie, un remake décevant. Et c’est surtout une mauvaise idée dans ce contexte particulier, qui nous met face à face en tant qu’adversaires. Mais il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis, paraît-il. Et je me vois mal la repousser alors que ses doigts errent du côté de la frontière entre la peau et le tissu. J’ai les yeux perdus dans le ciel et l’esprit réduit au silence par les caprices de mon corps, qu’elle éveille d’une caresse lente et aventureuse. Une agonie délicieuse à laquelle je succombe en attrapant sa nuque au moment où elle scelle de nouveau nos lèvres en un baiser exalté. Sans tenir compte de la réalité déplaisante, cherchant à satisfaire ce désir par définition déraisonnable. Que l’esprit ne contrôle pas, exacerbé par sa main qui m’effleure, trop bas. Beaucoup trop bas. Un râle de plaisir s’échappe de mes lèvres, délaissées par les siennes qui soulèvent un point commun entre elle et moi. « Depuis le début. » Je confesse dans un sourire. Et ma main remonte dans ses cheveux tandis que l’autre s’applique à faire tomber la bretelle persistante le long de son épaule. J’ai envie de la voir nue, de toucher son corps nu, de sentir sa peau nue contre la mienne. La robe glisse doucement et révèle des courbes sensuelles que je contemple un instant comme si je les découvrais pour la première fois, finalement retenue par les hanches. Déception. Frustration. Je fronce les sourcils, contrarié. Pourquoi s’arrêter à cet obstacle ? Mes yeux bleus scrutent le vêtement indocile, mes doigts écartant le tissu pour la faire tomber sur le sol avant de se perdre dans son dos. D’une pression soudaine je la colle contre mon corps, mon front se posant contre le sien et mes doigts se faufilant sous la culotte, redessinant la courbe de ses fesses. J’ai chaud, je brûle, je me consume à ce simple contact et ça ne me plaît pas. L’effet qu’elle a sur moi. Mes lèvres frôlent les siennes sans les embrasser, mes incisives tirant dessus, doucement, ma langue les goûtant, brièvement. Alors j’inverse les rôles et la fais basculer contre la porte qui nous résiste, reprenant l’initiative. J’aime autant mener la danse, sentir son corps fébrile à la merci de mes gestes, voir son regard me supplier, écouter son cœur s’affoler. Mes lèvres quittent alors les siennes pour embrasser sa mâchoire, sa clavicule, s’attardant sur sa poitrine avant d’explorer son ventre. Elles frôlent sa peau douce, s’arrêtant à la limite marquée par le sous-vêtement à regret. Une main accrochée autour de sa cuisse, l’autre glissant le long de son buste au gré de mes baisers. Et mes doigts arrachent presque le tissu qui la couvre encore avant que je ne me redresse pour m’emparer de ses lèvres, mes mains se refermant autour de son cou meurtri dans un baiser plus appuyé, plus désireux, presque impatient. J’ai envie d’elle. Encore. J’ignore si c’est une bonne ou une mauvaise chose, mais l’idée d’ouvrir cette porte est désormais reléguée dans une partie de mon cerveau qu’elle rend totalement inaccessible.

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