La célébrité lui allait à ravir. Ou presque. A vrai dire, presque pas. Eukleia revenait toute essoufflée de la ville où elle avait dû essuyer une cohue de gens auxquels elle avait dû offrir des sourires enjoués tandis qu’ils l’empêchaient clairement de respirer. Elle avait signé un bon nombre de papiers et cela allait des tickets de métro aux papiers de sandwichs dégoulinants. Elle ferait bien d’aller se désinfecter les mains, rapidement. En attendant, elle avait juste besoin de reprendre son souffle. Elle s’assit dans la petite cour où la fraîcheur était salvatrice. Elle se souvint soudain que quelqu’un avait glissé quelque chose dans sa main en lui promettant que cela ne pourrait que lui faire du bien. Elle fouilla dans sa poche et en ressortit la petite poche que l’homme lui avait offert. Elle renfermait ce qui ressemblait fortement à une tête de weed. Ouah. Les gens étaient pas mal généreux, à croire que la célébrité avait tout de même ses avantages. Pourtant… Quelque chose clochait. Cette tête était… violette. Une sorte de violet presque brillant qui ne présageait rien de bon si vous voulez mon avis. Il était tout à fait possible qu’un téléspectateur envieux de ses jolies fesses et de ses instants de gloire ait voulu l’empoisonner. Ou bien n’était-ce qu’une punition pour un jour avoir voulu coucher avec Sullivan ! Tiens, en parlant du loup, le voilà qui pointe sa – petite – queue. « Hey Sullivan, tu reviens de la ville ? » Ouais c’était des banalités qui se faisaient entre habitants d’un même château, d’autant qu’ils étaient censés avoir enterré la hache de guerre donc elle devait bien faire quelques efforts. « J’ai failli mourir étouffée dans une des rues de la capitale, tout le monde en voulait à mes fesses. Je les comprends, m’enfin tout de même. » Elle sourit en pointant la place à côté d’elle comme pour proposer à Sullivan de s’assoir à côté d’elle. Avant de se demander pourquoi diable elle avait fait ça. Tant pis. Il fallait bien faire ami-ami à présent qu’ils avaient décidé d’arrêter de se taper dessus. Et elle devait bien faire le premier pas non ? Bon. « Mais un des gars dans la foule a été assez généreux, regarde ce qu’il a déposé dans ma main » Elle lui montra le petit sachet rempli d’herbe violette. « Tu crois que c’est fumable ? Ou que ça va m’empoisonner ? » Elle se mordilla la lèvre. Peut-être que Sullivan y connaissait quelque chose. « Tu ne veux pas, en parfait prince charmant que tu es, faire mon cobaye ? Histoire que je vois si tu tombes raide mort après avoir tiré une latte de ce… truc. On sait jamais, ça se trouve des gens en veulent à ma peau. » Bien sûr, il allait dire non, mais cela ne coutait rien d’essayer de le convaincre.

Ces petites virées en ville deviennent de plus en plus pesantes. Pour l'instant j'en profite pour faire le beau et m'attirer le maximum de voix, mais ça commence sérieusement à me taper sur le système. C'est donc complètement vidé que je débarque dans la cour pour me retrouver nez à nez avec la ventouse. Ok, merde. Enfin, je ne sais plus quoi penser maintenant. Elle me fait signe de m’assoir à côté d’elle, et je trouve ça tellement surprenant que je regarde par-dessus mon épaule pour m’assurer qu’elle s’adresse bien à moi. M’enfin elle a quand même prononcé mon prénom, donc à priori … Je m’installe sur le sol de la cour en appuyant mon dos contre le mur, esquissant un léger sourire pendant qu’elle me raconte ses mésaventures. « Ça m’étonne pas qu’ils aient été obnubilés par tes fesses, c’est un peu comme bobonne avec ses seins. » Sous-entendu elles sont aussi grosses que les obus de la poupée gonflable. Ouais bon, je ne vais pas arrêter de faire des vannes parce qu’on enterre la hache de guerre non plus, faut pas charrier. En plus elle comprendra peut-être que cette comparaison est flatteuse, étant donné l’attrait des deux oranges de bobonne. Mais je crois qu’elle ne fait pas vraiment attention, le nez planté sur une sorte de … putain c’est de la beuh ça ? Je rapproche mon visage de la chose qu’elle me montre avant de percuter. Oh putain le petit salaud, je me demande qui lui a filé ça mais le gars est un vrai pervers. Parce que truc c’est pas vraiment vraiment pour planer. Enfin, ça dépend comment on voit les choses. Disons que c’est une sorte de gingembre effet puissance dix. Ouais, on lui a refilé un aphrodisiaque à la ventouse, carrément. A croire que certains sont pressés de la revoir passer à l’action avec le gros loup tatoué mal rasé. Ou alors c’est parce qu’elle n’y met pas assez du sien, et qu’ils veulent voir une meuf vraiment en chaleur, comme Fauve. Pourtant dans la cuisine sa prestation était quand même torride. Bref, je m’égare, voilà que j’ai l’esprit rempli de saletés maintenant, pardonnez-moi mon Dieu. Je me retiens de ricaner sérieusement, parce que sinon elle risque de piger qu’il y a un truc louche, et je me dis que je pourrais peut-être en profiter un peu. « Oh mais c’est … » Je me contente de lâcher pour attiser sa curiosité. Puis je me mordille la lèvre d’un air envieux avant de la regarder style, oh le truc de malade que tu tiens dans tes mains. Puis je lui arrache son cadeau avant de me relever vivement, la narguant en esquissant un sourire victorieux. « Quand c’est violet comme ça c’est de la putain de pure. La meilleure que tu peux trouver … » Je dis ça en fixant la chose que je tiens entre mes doigts. « En plus t’es pas obligée de la fumer, c’est comme les bourgeons. » Je la retourne dans tous les sens avant de lever le nez vers elle. « Merci. » Je dis simplement avant de me barrer comme un voleur. Sauf que voilà, je fais semblant de me prendre les pieds dans une dalle mal agencée et je me vautre comme une merde, le cadeau de la candidate m’échappant des mains. Oh zut, quel maladroit …

Bon, prenons cette histoire de fesses et de seins pour un compliment. Après c’en était peut être un ? Elle en doutait fort, mais elle évitait d’être touchée par de telles remarques désobligeantes – surtout venant de la part de Sullivan qui, elle le savait, la trouvait incroyablement bonne. (Oui, exactement). Le jeune garçon paraissait assez intéressé par ce que venait de lui montrer Eukle. Elle le vit ouvrir des gros yeux, tout surpris de voir qu’un homme inconnu avait glissé ceci dans la main de la sorcière mais cette dernière était loin de deviner pourquoi il y avait tant d’étonnement – et d’amusement – dans son expression. A vrai dire, c’était tout bête à dire, mais elle ne se doutait de rien. Bon, si peut être un peu, étant donné que Sullivan en faisait quand même des toooonnes pour lui faire comprendre que cette chose était bien intéressante. « Hé ! » lança-t-elle, quand elle le vit prendre sa ‘beuh’ et tenter de s’enfuir avant… hé mais il l’aurait pas fait exprès là de se ramasser ? Nooon, Eukle, cela n’aurait pas de sens. Hum, il valait mieux être prudent avec les dires de Sullivan, voilà bien une chose que la sorcière avait fini par apprendre depuis le début de l’émission. Elle se leva et arracha le petit sachet de la main de Sullivan, faisant mine que rien ne clochait dans toute cette histoire – parce qu’après tout il y avait bien 50% de chance que rien ne cloche, elle était peut-être tout simplement parano. « J’ai jamais entendu parler d’une race pure de beuh qui serait violette… cela me semble un peu tiré par les cheveux, Sullivan, mais soit. » Elle sortit des feuilles et son paquet de tabac et entreprit de faire un collage. « Tu m’as l’air bien impatient de gouter à cette petite merveille, n’est-ce pas ? Vas-y, je te fais la faveur de le fumer avec moi. » Ouais, dans tous les cas, elle préférait le fumer, c’était tout d’abord bien plus convivial, et au moins… elle pourrait faire en sorte que cela soit Sullivan qui tire la première latte. Hum, oui, bonne idée. Elle verrait bien comment il réagirait quand elle lui tendrait la chose enfin roulée. « Bon alors t’essaie de récupérer des voix en montrant tes fesses aux passants ou tu fais ça de manière plus chaste ? » Parce que connaissant Sullivan… il était prêt à tout.