Des lettres, encore des lettres. On peut pas aller chercher des croissants tranquille sans qu’y’est des foutues lettres qui se ramènent. Une certaine Moira serait « in love » de ses yeux et de son joli fessier bombé. Mademoiselle Nancy voudrait tâter ses abdos et partager un bonbon crocodile avec lui. Non mais oh, on se calme, hein. Je déchire avec rage le papier, les enveloppes avec. Puis j’fais un truc hyper classe aussi, je rassemble ma salive pendant quelques secondes avant de cracher dessus avec le son gracieux qui l’accompagne. Voilà, ça colle bien, c’est bien dégueu. Personne ne les lira comme ça. Sans attendre je balance le tout du bout des doigts, par la fenêtre du couloir. Bam, sur la tête du vieux chauve. Il émet une sorte de beuglement. Il a pas l’air humain, lui. Pardon monsieur.. chose, c’était une urgence. Voilà, c’est fini. Je souffle puis entre dans l’appart. J’retrouve Nico derrière l’ordi. J’prépare un p’tit café et un thé pour accompagner les croissants. J’allais l’appeler pour qu’il me rejoigne dans la cuisine quand je croise son air flippé. « Euuh Nico, ça va ? » Je fronce les sourcils. Au final, je décide plutôt de ramener les croissants et les boissons sur le bureau. Il doit regarder un film d’horreur ou un truc du genre, voyez. Je m’installe à côté. Il joue à un jeu vidéo, Slender, je lis sur la boîte. Une lettre. Là, à côté du clavier. Je fais mine de basculer en avant, voilà du café, une grosse tache de café. Parfait. « Aaaah, pardon. Tu l’avais pas lue encore ? » J’attends son approbation, c’est que j’avais repéré qu’elle n’était pas encore ouverte, sinon ça servirait un peu à rien. « Bon, j’crois qu’elle est illisible maintenant, j’vais la jeteaaaaaaaah » Y’a un type qui est apparu d’un coup sur l’écran, dans le petit rond de lumière de la torche, un type avec une cravate rouge. J’en lâche l’enveloppe sur le sol. « C’est pas l’jeu où faut trouver des pages, là ? J’peux essayer ? » Sado Maia bonjour. J’me cale entre ses bras au passage puis clique sur play.

Ce matin, plein de bonne volonté, je me réveille à une heure tout à fait respectable. Je devais travailler sur un plan d'archi à rendre à mon prof dans quelques jours. Le genre bien casse-couille, prof vieux de 175 ans qui te fout une note de merde même si tu t'es buté comme un dingue. Alors voilà, faut comprendre, je suis moitié motivé. Je chope mon critérium et commence des calculs sur un brouillon. Quatrième ligne j'me goure, j'comprends plus, ça me soule. En plus j'ai pas encore pris mon café et Maia est sortie. J'suis tout juste sorti de la douche et en général on s'attend pour prendre le petit déj ensemble. Hm. J'commence à mater ce qui traîne sur le bureau. Une lettre. Mouais. J'observe l'enveloppe, j'la repose sur le côté. Rien d'important. Puis j'tombe sur cette boite. C'est un mec à la fac qui me l'a prêté. Un bon geek pro des maths qui me fait bien marrer. Il m'a garanti que ce jeu c'était "d'la balle". Mieux qu'le théorème de Pythagore. Ouais. J'installe, j'clique, j'm'assois confortablement, encore à moitié endormi. Ok je suis pas rassuré. J'ai même pas lu ce que je suis censé faire. Alors je chope la boîte et je lis rapidement. Mh. Bon, je vais voir hein. L'écran est tout noir, j'avance grâce à la lampe torche. Je stresse putain. La porte s'ouvre. J'tourne vaguement la tête pour sourire à Maia avant de reporter mon attention sur l'écran. " Hm. " j'dis comme ça. " Attends j'suis en pleine mission là " ouais bien sûr. Je la sens qui s'approche. Je sens aussi l'odeur des croissants chauds et du café, d'un coup j'suis hyper réveillé. J'lâche la souris un instant et me tourne vers Maia. Elle s'agite et recommence à parler de la lettre quand " OH PUTAIN " j'm'écarte de l'écran. Bordel de jeu de merde. Maia s'approche, elle mate l'écran, veut jouer. J'fais un signe d'approbation avant qu'elle s'installe et j'la serre un instant entre mes bras. Elle prend le contrôle de la souris alors j'avale une gorgée de café et je mords dans un croissant " Hm marfi " que j'dis, la bouche à moitié pâteuse, les yeux rivés sur l'écran, tandis que je mâchouille la viennoiserie. C'est la meilleure, mon petit sucre d'orge. Ha ha j'me marre à la pensée de ce surnom. Mais ça dure pas longtemps. " Va par là " j'dis, en lui indiquant un coin de l'écran. Musique stressante bordel. " Oh putain oh putain oh putain " je murmure. Je déglutis, ma main se serre sur son bras. " Ce jeu de merde me stresse à un point " je sais pas pourquoi, mais ça prend aux tripes et impossible de décrocher. " Làààààaaaaaaaahh bordeeeel ".