Sortir de la propriété de Golden Valor faisait le plus grand bien à Eukleia, elle se mêlait à nouveau à des inconnus dans la rue, seulement pour un instant, le temps de se rendre au dressing. Il fallait dire que cela devenait particulièrement urgent, notamment pour la robe que barbie-vipère avait jugé bon d’asperger de champagne le soir du prime. Si Eukleia avait réussi, grâce à la magie, à enlever un maximum de la tâche qu’avait créé le liquide sur tout le bas de la robe, il était certain que seule une machine à laver en viendrait à bout. Elle s’était donc dirigée vers le pressing de la capitale magique, son linge ainsi que celui de quelques candidats de son dortoir, sous le bras, souriant aux passants qui – pour la plupart – la reconnaissaient sur leur passage. Il y avait une petite file d’attente pour déposer son linge, elle décida donc de s’asseoir dans un coin en attendant son tour. Les gens se tournaient vers elle et chuchotaient quelques phrases à leur voisin avant de se retourner, rougissants. Elle souriait comme elle le pouvait à ces voyeurs qui seraient sûrement la clé pour ne pas être virée de l’aventure si jamais elle était nominée. Une autre candidate rentrait à son tour dans le pressing, à croire que c’était le défilé Golden Valor ce jour-là : les spectateurs assidus présents à leurs côtés n’en pouvaient plus et devaient se tenir les mains pour pas leur crier « UN AUTOGRAAAAAAAAAPHE s’il vous plait ! » Pour éviter d’avoir encore à offrir des sourires, Eukleia se déplaça vers la jeune fille ; si elle était occupée avec quelqu’un d’autre les gens la laisseraient peut être tranquille. « Salut ! T’es bien Maia hein ? On a pas encore eu l’occasion de se parler, faut croire que le pressing nous réunit ! » lui dit-elle avant de chuchoter : « T’as vu tous ces voyeurs, on va avoir le droit à une observation gratuite et peut être à une signature d’autographes, le temps qu’on sera ici. Ça a l’air de bien marcher l’émission. »

A peine sortie de mon cachot, j'avais du pain sur la planche. Non parce qu'en plus de faire froid, là-haut c'est plutôt humide. Mes pauvres vêtements ne sentent pas franchement bon et j'avais toujours cette tâche affreuse sur ma robe beige, à cause de la fille que je savais maintenant binôme de Fauve. Le jour où je la reverrais celle-là... C'est avec presque tout le contenu de ma valise que j'attaquais les longues marches pour aller au pressing. Je les avais presque oubliées depuis ma quête de boutiques, vendredi dernier. Pas de Fauve dans les parages cette fois. C'est bien dommage, j'aurais bien fait en sorte qu'elle m'aide à porter tout ce que j'avais dans les bras. C'est avec étonnement que je vis tout le monde se retourner sur mon passage, chuchoter ou bien essayer de s'approcher. Les yeux écarquillés, je presse le pas, c'est qu'ils me faisaient presque peur tous qu'ils en sont. J'arrive donc bien vite au pressing. Il y a plus de monde que je le pensais, ça allait être long. Quelqu'un vient me parler. « Salut ! T'es bien Maia hein ? On a pas encore eu l'occasion de se parler, faut croire que le pressing nous réunit ! » Je me retourne. Oh, la fille à la tête de bébé écrasé contre un mur, ou de poisson, je ne me rappelais plus exactement des termes évoqués la semaine dernière au bosquet. Elle a l'air plutôt gentille comme ça, peut-être que Cordelia et Fauve y ont été un peu fort. « Salut, c'est bien moi. Tu es Eukleia si je ne me trompe pas ? » Je lui souris. J'avais entendu ce nom plusieurs fois au dernier prime, notamment lors de la répartition dans les chambres. Puis je portais mon attention sur ce qu'elle portait. Elle avait l'air d'avoir apporté les vêtements de plusieurs personnes et puis la robe qu'elle portait au prime, c'est vrai que Cordelia y avait mis sa touche personnelle. « Eh oui, j'ai eu quelques problèmes de robe moi aussi, une fille m'a carrément craché dessus. Ils ne comprennent vraiment pas la valeur des fringues dans cette émission » Puis elle me chuchote quelques phrases. « T'as vu tous ces voyeurs, on va avoir le droit à une observation gratuite et peut être à une signature d'autographes, le temps qu'on sera ici. Ça a l'air de bien marcher l'émission. » Han, mais oui, l'émission, c'est pour ça qu'ils nous regardaient tous comme des petits chiens en attente de reconnaissance. J'avais oublié que les habitants du monde magique et humain d'ailleurs, nous scrutent tous derrière leur petit écran. C'est vrai, moi j'avais avant tout participé pour l'argent, pas pour la notoriété, qui commençais à m'effrayer un peu d'ailleurs. « On devrait les faire payer quelques dollars de l'heure, c'est nul si c'est gratuit, surtout qu'on va rester un bout de temps ici vu le monde. » que je lui réponds sur le même ton. « Oh, quoi qu'on pourrait presque profiter de la popularité de l'émission et leur demander de nous laisser passer ? » Tant qu'à faire, si on devait être reluquées, autant qu'il y ait des avantages.

Maia l’avait également reconnue, à croire qu’Eukleia ne passait pas inaperçue – ça n’était pas pour lui déplaire, même si elle savait que Maia n’avait sûrement pas entendue que du bon la concernant, étant donné qu’elle fréquentait barbie-vipère alias Cordelia. La sorcière était bien décidée à la faire changer d’avis sur son cas – non pas qu’elle ait quelque chose à faire de ce que Maia pensait d’elle, mais elle savait que ça ferait bien chié Cordelia si la petite abeille venait à changer de camps. Pourvu que l’abeille en question s’affirme un tant soit peu. « Oui c’est bien ça. Ou bouche de mérou, comme ta grande amie apprécie de me nommer. » Eukleia offrit un clin d’œil à Maia pour lui montrer qu’elle ne lui tenait pas rigueur de fréquenter des bitchs pareilles. Elle espérait seulement que la demoiselle n’était pas du même rang : du moins, elle n’en avait pas l’air… c’était déjà ça. Il fallait que la réalité suive maintenant. « Eh oui, j'ai eu quelques problèmes de robe moi aussi, une fille m'a carrément craché dessus. Ils ne comprennent vraiment pas la valeur des fringues dans cette émission » Ca c’était clair. « Aaah, je vois que toi aussi tu as remarqué le magnifique traitement qu’a offert Corde-put… hum, Cordelia, à ma robe. C’était de la haute couture. Je suis bien d’accord avec toi, ils ne comprennent décidément pas ! Heureusement, nos taches ont des chances de s’enlever entièrement, c’est déjà ça. » Eukleia sourit en entendant Maia proposer une petite paye pour ces instants volés à les regarder. Après tout, tout travail se paie non ? Elles leur offraient du rêve, c’était bien suffisant pour être considéré comme un boulot digne de ce nom ! Plus intéressant encore la demoiselle ajouta : « Oh, quoi qu'on pourrait presque profiter de la popularité de l'émission et leur demander de nous laisser passer ? » « C’est que t’as de la suite dans les idées. On aurait dû se rencontrer plus tôt ! Ok, on procède comment ? » C’était pas que le panier de linge devenait lourd… mais presque. « Le truc c’est qu’au contraire, ils risquent de nous retarder. Si on commence à leur parler, ils vont nous assaillir de questions et de demandes d’autographes. Alors, on n’aura aucun moyen de déposer nos vêtements. On se fera même griller par ceux qui s’en foutent de Golden. » Et hors de question de se faire griller par ces ignorants. Il fallait un plan. Oui, un plan pour passer devant tout le monde, et alors ? Elles étaient candidates de Golden Valor, elles pouvaient bien se permettre ça.