Je me suis levée en avance ce matin, je n’avais pas spécialement envie d’attendre Judi depuis notre « altercation » même si nous sommes en bon terme maintenant je suis toujours un peu gênée en sa présence, pratique me direz vous puisque nous allons devoir nous entrainer… Ensemble. Je m’habille de façon sport, ce n'est pas une habitude de la maison mais je n’ai pas spécialement envie de ruiner une de mes robes. Je passe par la cuisine prendre un verre de jus d’orange puis je vais dans la fameuse salle d’entrainement du premier étage. En ouvrant la porte je découvre un immense champ avec des ballots de foins, c’est vraiment super sachant que je suis allergique, ça commence bien dites moi ! Je m’avance dans le champ essayant de repérer les endroits ou je pourrai potentiellement me cacher. J’entends alors la porte de la salle se refermer, je sursaute un peu avant de me retourner. Judi est là et il a vraiment la tête de la personne qui vient de se réveiller. « Je t’attendais chouchou ! » J’éternue. « C’est pas vraiment le décor dont je rêvais. » J’attrape de la paille et lui en lance dessus. « C’est nul pour aveugler les gens la paille… Bon, on commence ou pas ? » Je me positionne à quelques mètres en face de lui. « Vas-y déshabille toi ! » Dit comme ça j'ai plutôt l'air conne. « Je veux dire, déshabille toi pour te transformer, à moins que tu préfères déchirer tes vêtements, enfin c'est comme tu veux ! » En attendant la réaction du loup je m'étire un peu, faudrait pas se froisser un muscle.

J'étais paré à m'entraîner comme un fou ! Ha non nominé une fois ok, mais pas deux ça me gaverait. Le mot "parer" était faible. J'avais juste pris le temps d'enfiler un bas de jogging noir et blanc et un t-shirt à manches courtes, blanc avant de me diriger vers la salle d'entraînement. Il était huit heures, j'avais dormi trois heures voir moins alors autant dire que j'avais une tête à faire peur. Je pourrais toujours utiliser cela en tant qu'arme qui sait. Je me demandais bien ce que la vieille folle avait préparé cette fois-ci. Je montais doucement vers le premier étage y découvrant alors un vaste étendu jaune avec...de la paille. Oui, oui, il y avait limite que sa quoi. Je clignais des yeux en me réveillant petit à petit avant d'enlever la paille qui s'était déposée dans mes cheveux à cause de Cordélia. « Ils m'ont vraiment pris pour un fermier en fait » Encore une fois c'était un quartier que je ne visitais jamais. J'aurais au moins fait de nouvelles expériences entre les cités et les champs. En tout cas, combattre avec un adversaire qui éternue toutes les minutes ce ne sera pas chose facile. « Dit donc tu ne passes par quatre chemins » Sa demande avait été assez étrange, mais cela m'avait fait rire. Mes yeux changèrent alors de couleurs, mes crocs ressortaient plus jamais, mais ce n'était pas pour autant que je me transformais intégralement en loup-garou. Au lieu de cela, je me dirigeais assez rapidement vers l'une des nombreuses bottes de foins mises à notre disposition et d'une force inhumaine, je la soulevais avant de la jeter sur mon adversaire. Surprise ! Je me demandais comment elle allait réussir à se concentrer pour contrôler mon esprit tout en éternuant. Le rhum de foin était juste horrible. « Ou bien ni l'un ni l'autre » souriais-je fière de mon attaque surprise.

Judi se transforme devant moi, je dois avouer que c’est quand même très impressionnant, genre effrayant. Je recule de quelques mètres pour me laisser le temps de réagir en cas d’attaques. Je ne sais pas ce qu’il a prévu pour moi mais ça ne sent pas bon. Les loups sont très rapides et surtout très forts. Sans que j’ai le temps de crier gare il se retrouve derrière moi et soulève dieu seul sait comment un ballot de foin et l’envoie dans ma direction. Je n’ai pas le temps de l’éviter, frappée de plein fouet je sens mon corps se soulever dans les airs, emportée par le ballot et propulsée quelques mètres plus loin je retombe dans la paille sur le ventre. Mon corps est endolori, j’ai du mal à remuer les jambes, je reste là, allongée pendant une bonne minute, tentant de reprendre mes esprits avant de réagir. Je jette un œil autours de moi pour essayer de repérer le loup. J’appuie ma main au sol pour me relever, toujours sur mes gardes, on ne sait pas il pourrait surgir de nulle part. Je préfère ne pas lui laisser le temps de m’attaquer de nouveau. Je le repère alors, caché derrière un autre ballot de foin. Je m’approche discrètement faisant attention à ce qu’il ne remarque pas ma présence. J’utilise mon pouvoir. « Judi, je veux que tu reprennes ta forme humaine ». Cette fois pas de modification au niveau de ma voix bizarrement, croisons les doigts pour que ça marche. Je fais le tour du ballot et surprends Judi redevenu humain. Je lui donne un coup de pied afin de le faire trébucher avant d’ajouter. « Vendetta ! »

J'observais Cordélia traverser le reste de la pièce propulsée par l'énorme projectile. Je n'aurais pas aimé être à sa place ça c'est sûr. Je m'apprêtais donc à renchérir pour ne pas lui laisser le temps de se remettre de ses émotions, mais sans comprendre pourquoi, mon corps avait repris son apparence normale. Elle avait dû utiliser son pouvoir de persuasion sur moi et m'étais plié à ses dires sans même en apercevoir. Je m'étais donc retourné tombant nez à nez à elle. Son pied cognait de toutes ses forces sur moi afin de me faire trébucher. Pris de surprise, je sentais toute sa force s'abattre sur moi sans pour autant tomber. Mine de rien, elle avait de la force la demoiselle. Je reculais de cette dernière. Je ne déclarais pas forfait, pas déjà, je prenais juste mon élan. Après avoir assez reculé, je m'étais mis à courir, sautant alors sur un ballot de foin avant de me propulser dans les aires et cette fois-ci, de me transformer intégralement en un magnifique loup plus agile que jamais. Je retombais sur elle, sur mes quatre pattes, maîtrisant alors cette dernière pour ne plus qu'elle bouge. Je laissais ressortir tout doucement mes griffes afin de l'agripper pour ne pas qu'elle m'échappe.

Je rate mon coup, Judi ne tombe pas sur le sol, il recule seulement de quelques mètres. Le garçon est carrément à poil. Je n’y avais même pas pensé en lui demandant de reprendre sa forme humaine. Je ne l’aurai pas fait sinon, c’est plutôt une situation délicate vous savez, j’ai déjà assez donné avec Adonis la dernière fois. Si Fauve avait été à ma place je pense que le duel se serait transformé en partie de jambes en l’air. Cette fille ne peut pas dire non à un homme nu, même si ce dernier se révèle être un clodo. C'est surement pour ça qu'elle a couché avec Sullivan. Judi saute alors sur une botte de foin avec une agilité incroyable, il reprend sa forme lycanthrope se jette sur mon corps déjà affaibli par son attaque précédente. Ses quatre pattes sont posées sur moi, ses griffes sont sorties, je n’arrive pas à me défaire de son emprise, son museau est tout prêt de mon visage, je peux alors sentir l’odeur fétide de son haleine de loup. Un des inconvénients à se transformer en animal je suppose. « Judi, tu te trompes, je ne suis pas là, tu te tiens sur un amas de paille » Je n’ai jamais essayé de provoquer des hallucinations avec mon pouvoir, c’est peut-être le moment d’essayer. « Regarde là-bas » Je pointe alors une botte de foin « C’est elle, c’est Cordelia, attaque là »

Elle s'était à présent stabilisée. Je suivais des yeux son doigt, mes yeux devenant ronds comme des billes. Je clignais légèrement mes yeux de loup avant de lâcher tout doucement mon emprise. Mes griffes s'enlevaient tout doucement de la chaire de cette dernière, elle aurait sans doute de belles traces, mais ça guérira je ne me faisais pas de soucis là-dessus. La preuve, j'avais été très violemment blessé au niveau du flan la dernière fois et résultat, j'étais déjà sur pied ! Je laissais la demoiselle en plan, persuadé m'être trompé. Je me dirigeais donc en courant vers ce qu'elle était en train de me désigner avec son indexe, lui sautant alors dessus. Je ne mis pas longtemps à m'apercevoir que c'était de la paille que j'étais en train d'éparpiller avec mes pattes. C'était bien joué. Le temps de m'apercevoir de son mauvais tour, elle avait largement eu le temps de s'enfuir pour préparer d'autres attaques. Bien sûr elle n'avait eu que très peu de temps pour mettre en place un plan d'attaque, mais assez selon moi pour me mettre en position de défense. Je parcourais la salle en plissant légèrement mes yeux avant d'apercevoir une ombre loin dans ce champ. Je courrais dans sa direction avant de soudainement disparaître de sa vue -merci aux bottes de foins, mais surtout aux hautes herbes qui me permettaient de m'y cacher- Une fois derrière mon binôme, je grognais face à elle dans le but de l'impression. Mais attend, j'étais impressionnant ! C'était une évidence ! J'avançais pas à pas vers elle, la faisant alors reculer pas à pas elle aussi dans l'espoir de finir par la faire tomber sur le cul. J'essayais de tous jouer dans l'image que je pouvais lui divulguer et la peur que je pouvais lui transmettre.

Le loup se précipite sur la botte de paille et commence à la déchiqueter avec frénésie. Dieu que c’est con un loup quand même. Je suis plutôt fière de moi, j’ai réussi à provoquer une sorte d’hallucination, je ne savais pas jusqu’à ce jour que j’en étais capable, on apprend quand même beaucoup de choses sur nous en venant ici. Depuis que je suis arrivée dans ce château par exemple, j’ai appris que je pouvais très vite développer une dépendance à l’alcool – que j’ai arrêté – ou encore que je ne peux pas avoir de relations amicales avec des gens au physique atypique (les gens moches quoi) Cf : ma relation plus que conflictuelle avec Eukleia. Je me relève et cours loin, très très loin en espérant que Judi ne puisse pas me rattraper. Je manque de plus en plus de souffle et trébuche deux ou trois fois sur le chemin. J’ai des bleus de partout, des marques sur les bras, la poitrine en sang à cause des griffes de Judi. Cette fois l’entrainement est beaucoup plus éprouvant. J’espère ne pas y laisser la vie. Je suis entourée par de hautes herbes qui m’arrivent à la taille, je ne sais pas vraiment ou je mets les pieds ni comment je suis arrivée là mais j’avance quand même essayant de distancer mon binôme le plus possible. J’entends alors un bruit, je me retourne, les herbes autours de moi bougent, le loup est là caché, je peux entendre sa forte respiration et ses bruits de pas. Je reste immobile, apeurée, on se croirait dans un film d’horreur à petit budget. Je tente une nouvelle attaque, je n’ai pas très envie de me retrouver une nouvelle fois immobilisée au sol. « Judi… Tu … Hum » Je réfléchis, mais je ne trouve rien… J’improvise « Tu as l’impression d’avoir des tonnes de puces sur toi, tu ne peux pas t’empêcher de te gratter, cette sensation est insupportable, tellement insupportable qu’elle te paralyse. » Je profite une nouvelle fois de cette diversion pour courir à travers le champ, j’arrive prêt d’une clôture en bois que j’enjambe difficilement, réfléchissant à un moyen de neutraliser le loup pour de bon. Il faut que je le blesse avant que les effets de ma persuasion prennent fin.

Bon binôme était dans piteux état contrairement à la semaine passée. Cette fois-ci, nous donnions tous ce dont nous avait, nous devions redoubler d'efforts et c'était en enchaînant attaque sur attaque que nous pourrions progresser. Encore moi, je n'avais aucun pouvoir à maîtriser contrairement Cordélia. J'avais ma force naturelel, des réflexes, mon agilité en éblouir plus d'un et ma férocité à en faire pâlir plus d'un. Apparemment, tous ces petits détails que je possédais fonctionnaient à merveille et mon but était maintenant de ne laisser aucun quartier à Cordélia. Le moins qu'on pouvait dire c'était que je ne la laissais pas respirer. Et encore, son pouvoir de persuasion lui laissait de l'avance, mais je sentais que ses effets commençaient à diminuer. Ce devait être la fatigue. Je m'apprêtais à lui sauter dessus une nouvelle fois, mais impossible, je me trouvais paralyser. Je ne sais pas durant combien de temps je m'étais trouvé dans cette position, mais j'avais analysé dans les moindres détails l'itinéraire qu'elle avait emprunté pour me fuir. Ni une, ni deux, une fois libre je me mis à sa recherche en courant à toute vitesse. Je n'aurais jamais pensé que la pièce était aussi grande. Les hautes herbes volaient à mon passage et une simple ombre grise pouvait être visible, mais difficile à anticiper. Sorti de nulle part, je m'arrêtais après avoir fait un tour complet à toute vitesse au tour des jambes de la demoiselle ce qui lui faisait tourner la tête et perdre l'équilibre. Je reprenais à mon tour mon souffle, regardant Cordélia par terre. J'avais déposé mes deux pattes sur les cheveux blonds de mon binôme pour l'immobiliser. Si elle venait à bouger la tête, ça risquerait de lui faire mal. Mon but ? Qu'elle arrête de contrôler mon esprit avec sa tête.

Bon Cordelia, reprends toi ma chérie il est temps que tu arrêtes de te disperser et de courir aux quatre coins de cet immense champ. Cette course poursuite m’a essoufflée plus que jamais, je tuerai pour une bouteille d’eau à cet instant précis, mais je dois me concentrer avant que mon adversaire ne prenne le dessus. Il a l’avantage de pouvoir courir sans se fatiguer, pas moi. Je décide courir vers la droite, on ne sait jamais peut-être que la vieille fée à pris l’initiative d’installer une grange en plein milieu de cette interminable étendue de paille. J’ai été naïve de penser que je pouvais distancer le loup qui m’a visiblement rattrapé. Je n’arrive pas à le distinguer proprement, je vois juste une ombre qui se déplace très vite. Il tourne autours de moi, j’ai mal à la tête, je perds l’équilibre et tombe comme un cachalot sur le sol. Je n’ai pas le temps d’ouvrir les yeux que Judi se tient déjà au dessus de moi, ses pattes dégueulasses, pleines de terre posées sur mes cheveux. MES CHEVEUX ! Il peut s’attaquer à tout, mais pas ma magnifique chevelure d’or. Je dépense une fortune tous les mois pour en prendre soin. Golden Valor à peut-être pris ma dignité mais il ne me prendra pas mes sublimes cheveux soyeux. J’essaye de relever la tête mais c’est impossible sans arracher une mèche. Je bouillonne, croyez moi quand il va reprendre sa forme humaine le gars va souffrir, un coup dans les boules ça va lui remettre les idées en place. « PAS LES CHEVEUX JUDI, PUTAIN MAIS C’EST LA BASE » J’hurle toujours immobilisée au sol. « LACHE MES CHEVEUX » Trop énervée pour m’apercevoir que je viens d’utiliser mon pouvoir, Judi me libère Je donne alors un coup de pied au loup qui tombe sur le sol « ON NE TOUCHE PAS » un autre coup de pied « MES.. » puis un autre « CHEVEUX… ». Je suis tellement énervée que j’ai l’impression que ma force est décuplée. Je sais très bien que le loup est plus fort que moi et que dans quelques minutes il va se relever et m’attaquer de nouveau, mais tant pis.

On m'avait déjà prévenu que ne pas toucher les cheveux d'une fille était la base pour rester en vie, mais cette information m'était totalement sortie de la tête. J'avais l'impression que Cordélia était possédée maintenant. L'adrénaline lui avait décuplé sa force, assez pour me donner trois bons coups bien placés et me faire tomber en arrière afin de m'amocher et de me faire payer ce que je lui avais subir depuis tout à l'heure. J'avais beau être un loup, avoir une carrure plus solide que la norme, je n'étais pas insensible à la douleur. Je ne toucherais plus ses beaux cheveux longs et soyeux, j'avais compris la leçon. Allongé par terre, je me relevais fragilement sur mes quatre pattes me remettant tout doucement de la Cordélia surhumaine dont je venais de faire face. *Waou ! bah putain si j'avais su !* je ne savais pas si elle pouvait lire dans les pensées des gens et sincèrement j'espérais que non, car nous avions le droit à un minimum d'intimité dans ce château, mais je lui dirais personnellement une fois après avoir repris ma forme originale, que j'étais très impressionné par sa prestation. Au moins, nous étions quitte à présent. Elle certes plus amochée que moi de part mes griffes, mais je l'étais tout autant. Une certaine distance nous séparait tandis que je courrais vers elle sans me jeter dessus cette fois-ci, histoire de changer de technique, mais en faisant exprès de percuter Cordé en passant à côté d'elle lui donnant par conséquent un grand coup dans sa jambe me retrouvant à présent de l'autre côté. *retourne toi* pensais-je sachant bien qu'elle ne pouvait m'entendre.

Judi va finir par me rendre folle, il ne me laisse même pas le temps de reprendre mon souffle qu’il est déjà sur ses pattes, prêt à réattaquer. Inépuisable le loup. Cette fois il ne se jette pas sur moi non, il me percute en passant sur le côté donnant un gros coup dans ma jambe, qui fléchie après l’impacte. Je me retourne, le loup se tient face à moi, prêt à recommencer encore et encore, cette fois c’est trop, je n’en peux plus de ce duel interminable ! Je sens que je suis trop épuisée pour pouvoir utiliser mon pouvoir correctement mais je me concentre une dernière fois. « Tes paupières sont lourdes, la fatigue est en train de te gagner, tu es obligé de fermer les yeux » Le loup ne bronche plus, je m’approche de lui sournoisement, lui caressant le museau. « Quand je vais te le dire, tu ouvriras les yeux mais tu seras incapable de me voir » Devenir invisible est quelque chose que je n’avais encore jamais tenté espérons que ça marche. « Tu peux ouvrir les yeux » mon tour à l’air de plutôt bien fonctionner. Cette fois c’est moi qui tourne autours de Judi, qui ne sait pas où donner de la tête. Je me dirige vers la fameuse clôture que j’avais enjambé tout à l’heure. J’arrive en forçant un peu à y arracher un bout de bois assez lourd qui pourrait me servir d’arme contre le loup - qui ne semble toujours pas capable de me voir-. Il suit cependant mes pas avec son odorat développé

Je refusais de fermer les yeux pour m'endormir. Ce serait désavantageux pour moi, mais je n'arrivais pas à lutter. La demoiselle avait gardé ses dernières forces pour me jouer ce petit tour. Je ne tardais pas à ouvrir les yeux quelques secondes après, mais des secondes de trop puisqu'elle avait disparu de la circulation. J'avais beau tourner la tête dans tous les sens, chercher partout, pourtant je n'arrivais pas à l'apercevoir. Néanmoins, j'arrivais à sentir son odeur et à entendre du bruit non loin de moi. Ne me dite pas qu'elle pouvait devenir invisible maintenant ? Elle avait du complètement embrouillé mon cerveau pour que je me résous à ne plus le la voir. D'un pas méfiant, j'avançais tout droit faisant attention où je marchais. Ce n'était pas très rassurant de savoir qu'elle pouvait apparaître n'importe où et me mettre à terre. Je laissais mon instinct animal me guider, mais à vrai dire, cette fois-ci j'étais un peu perdu. Je n'avais aucune idée du nombre de minutes que pouvait durer ce sort, mais j'espérais que ce serait bien fini, car si j'avais bien horreur d'une chose, c'était de ne pas pouvoir contrôler mes propres choix.

Le loup semble me suivre à la trace, Judi possède plus d’un tour dans son sac décidemment. Si j’avais su que mon pouvoir me permettait de devenir en quelque sorte, invisible, croyez-moi j’en aurai vraiment abusé dans le passé. Jusqu’ici je ne m’étais servie de la persuasion que pour obtenir ce que je voulais des personnes qui m’entourent. Pour draguer par exemple, vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point c’est pratique, je n’ai pas payé un seul verre en soirée depuis mes seize ans. Bien sur j’ai fait aussi quelques bêtises mais je ne vais pas en parler ici, déjà que tout le monde me déteste. J’étais loin de m’imaginer que je pouvais avoir autant d’effet sur le cerveau de mes victimes, c’est une chose sur laquelle je vais devoir travailler. Les pouvoirs sont en évolution constante, qui sait ce que je serai capable de faire si je m’entraine tous les jours. « Je suis là Judi » dis-je au loup pour essayer de semer le doute dans son esprit. Je change de place. « Non je suis là en fait ». Les effets de la persuasion allaient bientôt cesser, autant que j’en profite encore un peu.« Mais tu es devenu aveugle! Bon laisse moi te montrer » Je ramasse le bout de bois que j’avais posé sur la paille et l’agite dans les airs avant de tenter d’assommer le loup avec.

Elle arrivait à la perfection à semer le trouble dans mon esprit ce qui m'énervait plus que tout. Au son de sa voix, je tournais ma tête à gauche, puis à droite, essayant tant bien que mal de repérer le son de sa voix et de capter l'emplacement exacte de cette dernière, mais c'était impossible étant donné qu'elle passait son temps à bouger dans tous les sens. Intenable cette fille, mais en même temps c'était le jeu. Je lui avais fait assez mordre la paille comme ça, je la laissais savourer sa demi-victoire, car sa persuasion finira par ne plus avoir d'effet sur moi et dans ce cas-là, le combat pourra reprendre de plus belle. Par ailleurs, j'apercevais un bâton. Un bâton dans l'air sérieusement ? Oui, elle avait précisé que je ne pourrais pas la voir, mais qu'est-ce qu'il en était des objets qu'elle tenait ? Eux n'étaient pas invisible. Et oui, le problème avec les pouvoirs c'est que ça demandait crucialement de précision. D'un coup de mâchoire, je m'emparais du bâton de Cordélia et le craqua en deux sous la puissance de mes crocs de loup-garou et de le jeter derrière moi. De part ce bâton, je savais à présent où elle se trouvait, mais faisais comme si je ne la voyais pas pour mieux éviter ses faits et gestes.

Je profite du fait que Judi ne puisse pas me voir pour reprendre mon souffle et admirer le paysage auquel je n’avais pas prêté attention jusque là. Le plafond de la salle d’entrainement avait laissé place à un magnifique ciel bleu ou l’ont pouvait distinguer facilement des nuages qui prenaient des formes assez étranges. Je me laisse aller quelques secondes avant de me remettre dans les conditions de combat. Je me tiens devant le loup avec UN bout de bois dans les mains, je tente de l’attaquer mais ce dernier s’en empare et le coupe en deux à l’aide de ses crocs. Doux jésus qu’il est violent sous sa forme animale le petit Judichou. Je ne sais pas où donner de la tête et sans le savoir, l’effet de la persuasion prends fin. Il faudrait que je pense à utiliser mon pouvoir un peu moins souvent sur Judi lors des entrainements car il a été prouvé que des lésions cérébrales peuvent survenir lorsque je contrains une personne trop souvent. Je n’ai pas spécialement pour but de le transformer en légume donc. Ne sachant pas que le loup peut maintenant me voir j’entame des pas de danse, tourne sur moi-même, gesticule bizarrement. Insouciante et me pensant à l’abri du danger je tourne autours de Judi qui ne décroche pas un seul regard, ce vicieux doit surement faire semblant de ne rien capter pour que je continue à me taper la honte, puis c’est au moment ou je me suis sentie le plus en sécurité que le loup m’attrape par la cheville avec ses crocs pour me tirer à une vitesse incroyable à travers le champ. Je me déplace sur la paille, ratissant le sol sur mon passage, j’essaye en vain de m’agripper à quelque chose pour qu’il arrête de me trimbaler comme un vulgaire sac, mon brushing est foutu, je suis épuisée, alors j’abandonne et contemple le beau ciel bleu, espérant que Judi décide d’arrêter.

J'avais une de ses envies de rire si seulement elle savait. La voir entreprendre une danse de la joie était tordant. Elle n'avait plus d'arme et la seule chose qui lui restait c'était son emprise sur mon esprit, mais plus pour longtemps. À présent je pouvais très bien la voir en train de faire des pas de danses assez étranges. Il fallait qu'elle cesse de tourner autour de moi, car cela m'irritait on ne peut plus. Dans un violent élan, j'attrapais la cheville de la demoiselle. Elle tombait de plus bel tandis que je traînais ce petit corps tout frêle dans les autres coins de l'immense champ. Elle devait être au bout de sa vie. Tellement, qu'elle avait cessé de se débattre, se laissant trimbaler de droite à gauche. Au bout de quelques longues minutes, je m'étais lassé de ce jeu et je préférais regarder les dégâts que j'avais causés. Même un balai à chiotte était bien présentable que Cordélia pour le coup. Si je venais à recevoir la facture de son coiffeur, il ne fallait as que je m'étonne. Une chance qu'aucune buveur de sang se trouvait dans les parages, car je pouvais apercevoir pas mal d'égratignure et des tâches rouges qui coulaient notamment le long de ses bras et à présent le long de sa cheville. Je pris la décision de reprendre ma forme humaine histoire de continer sur un combat un peu plus équitable si elle en avait la force. Jonché sur le sol, on aurait presque cru qu'elle était morte. Le temps qu'elle reprenne ses esprits, j'étais parti chercher mes vêtements qui se trouvaient un peu plus pour afin de me rhabiller. Si je venais à combattre nu se serait une fois plus un combat déséquilibré, car elle se trop déconcentré pour opérer à une quelconque stratégie. C'est au bout de quelques minutes que je réapparaissais. Elle était toujours par terre, à croire que le champ était un lit agréable. « Tu déclares forfait ? » Je la regardais de haut, le sourire aux lèvres malgré les quelques bleus que j'aurais sûrement ce soir.

Je suis dans un piteux état, j’ai des égratignures sur tout le corps, même mon visage est atteint. Imaginez que je finisse défigurée ou quelque chose dans le genre… J’espère qu’il y a une infirmerie magique ici, je ne vais pas attendre tranquillement que ça guérisse seul, il doit bien y avoir un sortilège pour me redonner ma beauté d’antan. Mes cheveux sont emmêlés dans la paille à force d’être trainée sur tout le terrain. Il va surement falloir une équipe de coiffeurs professionnels pour arranger ça, merci Judi pour cette magnifique balade. Je fixe le ciel bleu – ouais enfin le plafond quoi – puis le loup s’arrête, libère ma cheville et semble s’éloigner. Je ne prends même pas l’initiative de me relever, ni de bouger, les yeux toujours rivés au plafond. Je suis exténuée, je crois même que j’ai arrêté de penser, je reste là inerte, morte de fatigue. Je rêve de mon lit, d’une bonne douche, d’or et de caviar. « Tu déclares forfait ? ». Judi est revenu, plus humain que jamais et habillé de la tête aux pieds, il a du profiter de mon moment d’égarement pour récupérer ses affaires. « Déclarer forfait ? Non je prends juste une petite pause, là étalée dans la paille. » Dis-je avec un grand sourire forcé. « Sois franc avec moi, comment sont mes cheveux ? » Il n’a pas besoin de répondre, je comprends très bien vu l’expression désolée sur son visage. « C’est ce que je pensais… » Je n'ai même pas la force de fondre en larme ou de m'énerver. Puis j’ajoute. « C'est pas drôle t'aurais pas du te rhabiller ».

Je n'osais même pas répondre à sa question laissant juste échapper un sourire désolé. Je ne savais pas combien de tonnes de démêlant il lui faudrait pour récupérer ses anciens cheveux soigneux, mais quatre, cinq bouteilles ne seraient pas de refus. « En toute franchise ? Tu ne préférerais pas une paire de ciseau ? Cela ira plus vite » Elle pouvait à présent imaginer à quoi ils ressemblaient et je lui déconseillais fortement de passer sa main dans ses cheveux, elle ne pourrait même pas les glisser tranquillement sans croiser un noeud. « La vieille est super bien coiffée à côté de toi » Histoire de l'inquiéter encore plus. Non, non, mon but n'était pas de mourir ce matin. Je m'accroupissais à la hauteur de Cordélia pour mieux lui parler, car elle n'avait pas l'air décidé de bouger. Dure, dure la vie, surtout après un tel combat. Si avec ça nous ne gagnons pas les duels, je ne savais plus ce qu'on devait faire, car nous avions tous donnés aujourd'hui. « Ha ouais ? Et pourquoi ça ? » demandais-je curieux un petit sourire amusé aux lèvres. « Je voulais que tu restes concentré si on venait à continuer les combats »

« En toute franchise ? Tu ne préférerais pas une paire de ciseau ? Cela ira plus vite »Je suis à deux doigts de pleurer spontanément là. Je me répète mais cette télé réalité va finir par avoir ma peau, qu’est ce qu’on ne ferait pas pour avoir un peu d’attention, je vous jure. « La vieille est super bien coiffée à côté de toi » C’est quoi son but, m’achever là ? Non mais je vous jure les garçons alors, ils ne comprennent rien à la psychologie féminine. Me comparer à la vieille quoi, ce vieux fossile moisi bonne pour la décharge publique. « Je ne sais pas comment je dois le prendre là tu vois… » Je suis toujours allongée comme une masse dans la paille, je ne compte pas bouger, d’ailleurs je pense que Judi devra me porter pour me sortir de la salle d’entrainements, marcher dans cet état est inenvisageable. « Je crois que je vais rester ici, me reposer un peu, reviens me chercher dans une semaine ou deux. » Puis le loup s’accroupie à côté de moi. « J’aurai pu supporter un combat au corps à corps si tu étais complètement nu » Dis-je avec un air innocent avant d’ajouter. « Je crois que tu vas être obligé de me porter pour sortir d’ici, tu me dois bien ça, vu l’état dans lequel je suis.. » Un état pitoyable c’est le cas de le dire. « De te faute en plus de ça »

Comment elle devait le prendre ? À sa guise j'avais envie de lui répondre, mais ce n'était pas la peine de l'inquiéter plus que cela, elle avait déjà des envies de suicide. Elle pourrait très bien se laisser mourir ici, mais la vieille n'aura aucune pitié à la prendre par la peau du cul pour la faire déguerpir de sa salle d'entraînement. Je souriais aux paroles de Cordélia. Un combat au corps à corps, voilà qui aurait pu être intéressant et c'était une méthode que je n'avais encore jamais employé depuis le début des entraînements, mais c'était à tester un jour. Bien évidemment, je ne ferais pas de ses rêves une réalité, car j'aurais bien trop peur de me faire si je venais à faire ça nu, non pas que ça me dérange spécialement d'être dévêtit, je n'étais pas du genre pudique et il ne valait mieux pas l'être lorsque nous étions loup. Suite à sa requête, je m'approchais un peu plus de mon binôme et passais un de mes bras sous ses jambes, l'autres au niveau de son dos afin de la porter comme une princesse. Je tournais autour de moi histoire de m'amuser un peu, ou bien de l'achever un peu plus à voir. « Je suis trop gentil » Je soupirais me désespérant moi-même de mon surplus de gentillesse. « C'est bien parce que je n'ai pas envie d'avoir un mort sur la conscience » Je la voyais déjà se vider de son sang attendant tant bien que mal de l'aide. « On a intérêt de ne pas croiser des buveurs de sang si tu veux mon avis » Dis-je en souriant.