Je ne saurais pas dire si je suis réellement heureuse de rester encore ici pendant deux semaines. Non, parce que, si j’étais sortie vendredi soir, j’aurais pu reprendre une vie à peu près normale, parce qu’ici, c’est l’horreur, vraiment. Je baise à peine. Vraiment, hyper, hyper peu. Limite, je suis sûre que la vieille catin de fée baise plus que moi. C’est obligé. C’est pas humain de baiser aussi peu. Avant, quand j’étais occupée, que j’avais un truc en tête, vous voyez, quand j’avais peu de temps quoi, je baisais à peine deux fois par jour ! Mais alors là ! C’est déprimant de tirer son coup aussi peu. Bref, je déprime, donc, et j’ai même pas trouvé une seule bouteille d’alcool, je suis sûre que c’est à cause de Cordelia ça, qu’ils ont tout caché pour qu’elle ne sombre pas dans sa détresse. Et quand je déprime, j’ai envie de baiser (sans blague) et ça me déprime encore plus parce que JE NE TROUVE PERSONNE. J’erre dans les couloirs depuis tout à l’heure, et c’est limite désert. Jusqu’à ce que je croise Adonis. « ENFIN ! DIEU MERCI ! » je m’écrie, parce que j’étais à deux doigts du désespoir là. J’empoigne son t-shirt pour le tirer dans .. ah bah, la bibliothèque. « vu l’intelligence de certains ici, j’imagine qu’aucun d’entre eux ne foutra les pieds là. » donc, on est seul. Et y’a intérêt. Parce que si Sullivan se ramène à nouveau avec un seau d’eau, il repartira pas vivant, le mec.

Visiblement, il a pas l’air bien déçu, Adonis, que je le traîne avec moi comme ça dans la bibliothèque. Faut dire que depuis le temps qu’on est supposé baiser, hein. Pour un peu qu’il ne se soit tapé personne depuis le début du jeu, voyez, limite s’il ne doit pas être plus en manque que moi. Enfin je sais pas trop. Enfin, je m’en fiche un peu je crois aussi. Visiblement, on est sur la même longueur d’onde : le premier candidat qui passe cette porte se fera tout bonnement démonter la tronche. Il ferme même la porte à clé, j’avais pas fait gaffe, qu’on pouvait faire ça, hm. Enfin, ceci dit, j’me demande si ça empêchera quand même certains candidat d’entrer, j’suis sûre que y’en a qui peuvent quand même se démerder pour déverrouiller la porte, voyez, m’enfin, faudrait vraiment le chercher, et je doute qu’ils soient aussi chiants que ça, quand même. Quoi que. Ouais, non. Quand même. Bref, je m’assois sur une table, je balance un peu mes jambes, il se retourne, reste adossé à la porte, je le quitte pas des yeux, mais je ne bouge pas non plus. « bon, alors… » je lève les yeux au ciel, faussement excédée. « je t’attends, moi. » bah ouais.

Il ne vient pas, non, il se contente de sourire. Ah, ouais, quand même. Et je dois lui donner envie de venir. Je fronce les sourcils. Merde, alors. Je n’avais pas prévu de devoir lui donner envie. Voyez, dans ma tête, il en avait tout autant envie que moi. Je suis presque tentée de lui dire d’aller se faire voir, s’il ne veut pas de moi, et de me barrer. C’est que ça reste quand même un homme, Adonis. Et devoir faire un quelconque effort pour un homme, pire, quand ce même homme me le demande, voyez, ça me plait pas des masses, l’idée. Sauf qu’il est sérieux, là. Je suis un peu coincée, du coup. J’essaie de foutre toutes mes pensées dans un coin de ma tête, voyez, de me concentrer sur lui, et pas sur mon envie de lui en foutre une, là, d’un coup. J’suis prête à parier qu’il ne comprendrait même pas pourquoi, en plus, ce serait franchement con de se prendre la tête pour si peu, hm. Alors, je déboutonne mon chemisier, j’essaie de prendre un peu mon temps. Mais bon, moi, prendre mon temps, voyez.. Donc je redescends de la table pour aller vers lui, le chemisier déboutonné, mais pas enlevé. Mes mains se posent sur sa nuque, j’approche mon visage du sien. « parce que tu n’en as pas envie ? »

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