Ce soir encore je ne peux m’empêcher de maudire mes camarades de cabine, j’vous assure les ronflements c’est juste insupportable, si ce n’était que ça, mais non, il y a aussi ceux qui parlent dans leur sommeil, Reno par exemple, je ne sais pas de quoi il rêve très exactement mais il pousse des cris assez étranges… comment vous décrire la chose ? Hum. Ce n’est pas comme s’il était apeuré non, c’est plutôt des cris de plaisir… Des gloussements… Puis il répète sans cesse un prénom féminin, j’crois que c’est celui de son binôme, la sirène au physique de thon. Sanana banana quelque chose. Avant de tous les assassiner dans leur sommeil, je sors de mon lit, enfile un short et un débardeur (la tenue la plus habillée que j’ai porté de la semaine) et pars à l’aventure, explorer le bateau. Je connais le pont par cœur alors cette fois je décide de me pencher sur l’intérieur du navire. La mer semble être déchainée, je tangue, zigzague, trébuche. A la base j’ai du mal à tenir sur mes deux jambes alors si le bateau commence à bouger, comment voulez-vous que je tienne debout ?

Sans vraiment savoir comment je me retrouve au plein milieu d’une pièce glauque, un compartiment isolé situé sous le niveau de l’eau. L’ambiance est plutôt sombre, la petite cellule située contre le mur en face de moi n’arrange pas la chose. C’est ici que l’on devait emprisonner les personnes jadis, au temps des pirates. Je m’apprêtais à m’asseoir lorsque j’entends la porte de la pièce se refermer. Ok, je dois avouer, j’ai un peu peur, on ne voit pas grand-chose dans la pénombre « HELLO Y’A QUELQU’UN ? » Je m’écrie en toute discrétion. « J’vous préviens, je suis fort, baraqué, j’ai une voix sublime et je suis très musc… » Je me retourne et tombe nez à nez avec une jeune femme que j’ai croisé lors du prime. Logique si c’est une candidate. Bref, j’hurle comme une fillette. Un cri strident, aigu, à l’opposé de la virilité. « AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH » Je reprends mes esprits. « Fais plus jamais ça, nom d’un plancton j’ai failli y laisser mes écailles. »

Dans la nuit de mercredi à jeudi, le sommeil avait décidé de se faire la malle. Le bruit de treize filles dormant ensemble avait poussé la jeune fille à s'échapper, trop irritée par chaque micro son qui résonnait que plus fort. Depuis quatre jours, elle avait beaucoup exploré, découvert; mais dans la culture humaine, il était toujours question de se surpasser, d'aller plus loin, comme Robinson Crusoë. Naturellement, elle savait que l'exploration était loin d'être finie. Elle était si loin des plaines que jadis elle appelait maison. Elle portait un short léger avec un tee-shirt tout con, violet ou bleu foncé elle ne pouvait dire dans la couleur étrange de la lune se reflétant sur la mer agitée. Pas très rassurée d'être qu'une petite marionnette pour cet grand océan, la jeune humaine se rétracta dans le bateau, à la recherche du jamais vu. Elle s'enfonçait, toujours plus profondément. Puis, il n'y avait plus qu'une porte en face d'elle.
Celle-ci était déjà entre-ouverte, Beha y pénétra d'un pas léger. Mais, aussitôt, une voix surgit -Hello y'a quelqu'un? Dans le noir sombre la jeune fille n'apercevait personne jusqu'à ce que la voix reprenne de plus belle -J'vous préviens, je suis fort, baraqué, j'ai une voix sublime et je suis très musc.. La voix s'était rapprochée jusqu'à être audible à seulement quelques mètres. C'était le brun, le triton, de souvenir. Ou pas? Le temps d'une seconde, l'homme avait déchaîné un cri des plus stridents. Puis, il reprit avec des expressions les plus étonnantes les unes que les autres. Avec l'heure, et cette mini-peur bleue, Beha n'avait pu s'empêcher de lâcher une rire, un vrai rire qui venait du coeur pour une fois. -Hey, non pas de soucis, t'inquiètes. Le bruit des vagues résonnait dans la petite caisse qu'était cette pièce. -J'suis Beha. J'arrivais pas à dormir, mais comme toi je suppose. Tu veux traîner un peu? Faire le temps passer? Elle contractait sa nuque, jusqu'à pencher de quelques centimètres sa tête, en attente d'une réponse. En quatre jours de jeu, elle n'avait pas vraiment eu l'occasion de parler au bel homme, mais il s'était bien fait remarquer au prime et semblait avoir plus d'une blague dans sa poche. Le contact du fer rouillé avec sa main frêle lui semblait étonnamment doux, comme si tout n'était qu'une autre illusion parmi tant d'autres.

Olalalalala je crois que je suis passé très près de la crise cardiaque. J’viens aussi (accessoirement) de prendre la honte de ma vie en criant comme une fillette apeurée  devant… Une belle jeune femme. Elle va m’prendre pour une mauviette c’est super. Le bruit des vagues résonne dans la petite caisse, le bateau bouge un peu, je tangue, je suis obligé de m’appuyer contre la paroi pour ne pas tomber. « Faut pas s’méprendre, j’ai crié parce que … Hum, j’avais un poisson chat coincé dans la gorge… » Je tousse un peu. « Je n’ai pas du touuut eu peur non, du tout… Dis j’ai l’air convainquant là ou pas ? »  Je bombe quand même le torse pour mettre en valeur mes muscles. J’lui sors un beau sourire histoire qu’elle reste hypnotisée par ma beauté. Elle est belle dis-donc. J’crois que mon entre-jambe est en train de s’affoler comme lors du dernier prime. Dans l’obscurité elle ne remarquera rien du tout t’façon. « Oui, j’ai un peu de mal à dormir parmi tout ces gens, dans l’océan c’est beaucoup plus simple, il n’y a pas de bruits, le tout est très silencieux. Puis mon lit d’algues en coquillage est vraiment plus confortable. J’trainerai avec toi avec plaisir, je ne peux pas refuser une si bonne compagnie ! » Ouais, habituellement je ne reste qu'avec Willy l'hippocampe et Janette la crevette, fréquenter une humaine, ça m'changera un peu. 

Beha ne sortit pas un mot après le mini-monologue du triton. Il parlait beaucoup, au contraire de la jeune fille qui pesait tous ses mots. Elle souriait, révélant ses belles dents blanches qu'on ne pouvait pourtant pas apercevoir dans la noirceur de la nuit. -Oui, et j'ai eu plus peur que toi, t'inquiètes. C'était un mensonge plus gros que le bateau en lui-même, mais après tout, elle s'en fichait. Passé deux heures du mat, Beha était dans une autre dimension, à moitié chez elle, à moitié dans une autre réalité. Les muscles du jeune homme sortaient en évidence et dévoilaient un corps de dieu. Beha ne put s'empêcher de regarder en détail ce buste d'athlète -il était tard, et sombre, personne n'allait la juger. -Cool, allons explorer alors? Elle fit des premiers pas à tenter de chercher un trésor perdu. Elle aurait bien fait apparaître de la lumière, mais illusion étant illusion, elle n'allait pas trouver ce qu'il y avait, mais ce que son esprit voulait y voir. Le triton avait beau être rempli d'atouts plus merveilleux les uns que les autres, ce n'était certainement pas une lampe vivante. -Alors, tu viens des océans? Genre, tu es né là-bas, grandi là-bas et tout? Beha aurait aimé parler du dessin animé disney, du château sous l'eau, mais elle garda sa langue dans sa poche. La culture humaine ne devait pas forcément être bien vue autour d'ici. -J'ai toujours rêvé d'être une sirène, ça semble si merveilleux. Un sourire se montra sur son visage tandis qu'elle continua son chemin vers les profondeurs.

Bon, c'est déjà ça, elle même avoue avoir été plus effrayée que moi. Enfin, j'espère qu'elle est sincère, j'sais pas, peut-être qu'elle dit ça pour ne pas froisser mon ego. Il vaut mieux que j'évite d'y penser. J'crois qu'elle est en train de me mater la coquine. Je reconnais les signes, c'est ce que je fais la plupart du temps. Ce petit regard insistant après que j'ai bombé mon torse... Hum. Je pense que je lui fais de l'effet. En même temps, c'est normal, je suis un triton. Le contraire serait une surprise.
« Allons-y ! Comme je suis galant, je te laisse même passer en premier... » Non ce n'est pas du tout parce que j'ai peur d'avancer dans le noir, pas du tout. J'veux juste lui montrer quel gentleman je suis. Puis ça me permettra de fixer son fessier sans qu'elle puisse s'en apercevoir. Finalement, je ne suis pas si stupide que ça ! Elle me demande d’où je viens de quel océan tout ça. La meuf se pose un peu trop de question si vous voulez mon avis... C'est étrange. « Je viens d'un lointain petit récif situé près de la barrière de corail, c'est beau là-bas. Un monde en paix et en harmonie ou les huîtres copulent avec des oursins et les requins sont végétariens. Les seules personnes antipathiques sont les gros thons. Il y en a beaucoup sur ce bateau d'ailleurs si tu veux mon avis.  » Je souris en continuant à avancer. Apparemment Beha à toujours rêvé d'être une sirène. « C'est pas grave, un jour je t'emmènerai avec moi visiter les fonds marins, je pourrais te montrer l'endroit ou je cache mes beaux coquillages comme ça. Faudra juste faire attention à ce que tu ne te noies pas, ce serait dommage non ?  » Ok, on avance dans un endroit de plus en plus sombre, j'attrape la main de Beha histoire de ne pas la perdre de vue. On pourrait s'perdre non ? « Toi alors t'es qui tu fais quoi ? J'veux tout savoooir ! » J'ajoute, enjoué.

Les rêves de Beha étaient indéfinis. Incomptables, tant il y avait le choix. Cependant, être une sirène en avait fait parti une fois. Brièvement sûrement, mais ce n'était pas un mensonge, ou alors, c'était peut-être un mensonge à omission de ne pas dire que c'était son rêve à six ans? Qu'importe, une fois dit, on ne pouvait pas retourner en arrière si facilement. La description des lieux par Milo semblait simplement merveilleuse. Et merveilleuse avec aucune ironie, ni dédain, ni rien, mais au sens du terme le plus pur qui soit. D'ailleurs, Beha n'était surprise qu'à moitié par l'histoire des thons. Elle sourit, bien qu'il soit sûrement trop sombre pour se rendre compte de quoi que ce soit. Mais après toutes les questions indiscrètes qu'elle avait demandé au beau triton, elle n'avait aucun choix mais d'être honnête avec ce dernier. Elle sourit au dessein qu'elle s'était imaginée dans sa tête, la manière de lui dévoiler son don. Il ne lui fallut qu'une demi seconde pour le faire partager à Milo -oui, c'est très pratique de montrer ce qu'on veut, quand on veut.
Ils étaient sous l'eau. Près de l'Australie, dans le décor exact de la barrière de corail dont l'humaine avait vu un reportage il y a de ça quelques mois. Milo avait une queue de sirène, mais cette fois ci, Beha aussi. En deux impulsions, cette dernière avait réalisé un tour autour du brun, allant au dessous, en dessus, sur les côtés, à vrai dire, partout où sa queue l'emmenait. Le rouge du corail se mélangeait que trop bien au bleu de la mer et au jaune du sable. L'harmonie était là, et un des rêves d'enfance de l'humaine avait été exaucé. Elle donna un coup d'oeil furtif vers Milo. -Mon pouvoir, c'est ça. Je te montre ce que je veux. Cependant, je peux te montrer seulement ce que j'imagine, donc, décris moi ce que tu souhaiterais voir, et tes désirs seront mes ordres cher Milo. La définition était assez large, elle en disait assez, sans en dire trop. Deux coups de nageoire vers la droite, et elle attrapa une étoile de mer qu'elle glissa dans ses long cheveux bruns. Heureusement que le triton n'avait jamais eu la chance de voir Ariel la petite sirène, de cette manière il ne jugerait pas toutes les similitudes avec le dessin animé.

Je lui demande quel est son pouvoir, j'étais loin d'imaginer qu'elle allait me le montrer, comme ça, en image... J'étais il y a quelques minutes dans l'endroit le plus paumé du navire de Golden Valor, me voilà maintenant sous l'eau, dans le décor exact de la barrière de corail, avec la superbe sensation de pouvoir à nouveau bouger ma nageoire et nager au milieu des poissons. Beha est à mes côtés et c'est... une... Oh mon dieu. Une sirène « Mais... Comment est-ce possible ? » Je reste planté quelques secondes devant elle, la bouche grande ouverte, elle est magnifique, la plus belle des sirènes que j'ai pu rencontrer jusqu'à présent. Je n'arrive pas à la quitter du regard, je ne peux m'empêcher de la fixer, la voir dans mon élément me rend tout chose. Si j'avais encore mon entre-jambe à l'heure qu'il est, elle serait sûrement émoustillée comme jamais. Je ne sais pas si je suis en train de rêver alors je me pince, tout simple si réel. Je laisse échapper un  « Woooooooooow » devant une Beha métamorphosée qui tourne autour de moi. « Comment tu fais ça ? C'est maaagique » J'ai des étoiles dans les yeux, comme si je découvrais pour la première fois la beauté des fonds marins.   La réponse à ma question arrive très vite. C'est son pouvoir. J'suis épaté, je ne savais pas que les humains pouvaient faire des choses si... étonnantes. Je l'attrape par la main et l'entraîne avec moi dans les profondeurs, slalome entre les rochers et termine ma course devant un mur de corail. « Aheem, laisse moi réfléchir ! Premièrement, j'aimerai bien te voir en petite tenue mais si je te demande une chose pareille tu risques de mal le prendre... Si j'te demande de faire apparaître les blondes que j'ai vu en couverture du magazine « les filles de playboy » tu risques de trouver ça un peu déplacé aussi alors... On pourrait, voler dans les nuages, un peu comme des … GOÉLANDS ! »

Beha lâcha un léger rire à la requête de Milo. Elle l'aimait bien, ce triton. Il avait ce quelque chose d'authentique. Il ne mentait pas, ou bien ça se remarquait à trois kilomètres. Il respirait l'honnêteté, la gaucherie des gens un peu trop gentils. Des qualités que trop rares dans le monde humain, mais qu'il incarnait avec une certaine perfection. Elle lui aurait montré tout ce qu'il désirait, s'il avait un peu insisté; mais Beha alla directement au but comme à son habitude. Elle attrapa sa main et le guida vers la surface, ils allaient vite, tellement vite. Lorsque la surface fut atteinte, la jeune humaine resserra légèrement l'étreinte de sa main dans celle de Milo et continua de donner des coups de nageoire dans le vent, et ça marchait: ils volaient. Puis, une fois arrivés au niveau des nuages, la brunette lâcha la main du jeune homme pour aller s'adosser contre un nuage. Des goélands arrivaient pour saluer le jeune homme. Ils volaient en cercle, chantant leurs airs marins. Il fallait dire que la vision, là maintenant, c'était plutôt paradisiaque. Même Beha pourrait se laisser aller à ce genre de rêverie. Des sirènes qui volent, non mais vraiment: le pied! Beha était même incapable de dire quoi que ce soit, tellement elle était laissée sans voix. À la place, elle fut apparaître dix petites angelots. Toutes des bombes sexuelles aux gros seins, celles qu'elle avait vu dans un vieux playboy; elles avaient aussi des petites ailes dans le dos, des grosses boucles tombaient sur leurs épaules, et toutes portaient des robes blanches légères. Beha observait les réactions de Milo pendant tout le manège, c'était toujours ce qu'elle préférait quand elle dévoilait son pouvoir: les réactions. Puis, elle fit disparaître les filles et les goélands pour profiter de la simplicité des nuages et de la vue. -Ça fait tourner la tête hein. disait-elle d'une voix cristalline.