SWANN

Mes mains hurlent de douleur. Quel abruti je fais à me lancer dans une tentative inespérée de grimper à la corde. Un petit coup d’œil en bas me convainc tout de même de poursuivre puisque jusqu’à preuve du contraire je ne maîtrise pas la lévitation. Je continue de grimper en serrant les dents et en tentant d’oublier mes paumes sans doute à présent effleurées. Dans un dernier effort je tire sur mes bras pour grappiller encore plusieurs centimètres de hauteur et je me laisse enfin tomber sur l’une des plateformes qui jonchent les mats. Je me penche légèrement, j’admire le pont mesurant ô combien je suis fort d’être parvenu à monter jusqu’ici pour finalement distinguer une silhouette juste en dessous. Je plisse les yeux, espérant amèrement que l’autre crétin d’en bas ne m’a pas vu galérer pour parvenir où j’en suis. Mauvaise idée, très mauvaise idée de montrer ses faiblesses maintenant. J’avais à peu près réussis à faire illusion lors de l’entraînement commando organisé quelques jours auparavant par la vieille fée, bien que chaque marche était devenue un véritable calvaire tant je souffrais ensuite de courbature au moment de lever une jambe. Je me pare de mon sourire étincelant habituel, dents apparentes comme il le faut pour que le jeune homme se rende bien compte de la forme physique dans laquelle je suis, absolument pas en train de me retenir de cracher mes poumons en manque de souffle sur le bois de la plateforme. « Coucou en bas ! » je me force à lancer joyeusement, plein d’assurance. « Besoin d’aide pour grimper ? » je propose en mode gros connard déguisé qui veut imposer sa supériorité sur ses concurrents. Je suis si détestable parfois…