J’ai jamais descendu les centaines de marches qui me séparent de la ville avec autant d’empressement, parce que j’ai une putain d’envie de Nutella qui me démange depuis trois jours et que cet abruti de boutonneux les planque Dieu sait où pour sa consommation personnelle. Etant donné notre dernière conversation, je me dis que me pointer comme une fleur pour lui demander de me filer un pot serait mal venu, et bien que l’idée de le torturer jusqu’à ce qu’il m’avoue tout me traverse l’esprit, je préfère autant éviter tout contact de peur de succomber à sa mignonitude. Du coup j’ai l’idée d’aller voler les courses, même si ce n’est pas à moi de m’en charger cette semaine, et voilà que je me retrouve bientôt planté aux abords du parc, prêt à tremper ma cuillère tout spécialement empruntée au château dans la pâte à tartiner. Sauf que des cris d’hystérie m’arrachent de ma contemplation et attirent mon regard vers le nabot qui … Eh mais il fait quoi le salaud, il est en train d’allumer des meufs ? Je crois bien qu’il vient d’emballer une pauvre innocente là. Mais en apercevant sa main qui se faufile jusqu’au visage de la fille qui crie son prénom, je comprends que c’est plutôt l’inverse. Je me marre quelques secondes, profitant du spectacle en cherchant quelqu’un du regard histoire de partager ce moment, mais je rends rapidement compte que je suis totalement seul. Alors du coup je me résous à lui porter secours, parce que c’est ce que je fais depuis le début de cette aventure : sauver les princesses en détresse. Je m’approche assez rapidement de la barrière après avoir lâché les courses, attrapant le candidat par le bras pour l’extirper des bras de ses fans en délire avant qu’il se fasse engloutir. « Oh, arrête de draguer mec. Tu veux te faire castrer par Fauve avant même d’avoir trempé ton biscuit ? » Je le taquine un peu en l’éloignant. Ouais parce que j’ai bien pigé que le Nico elle se méfiait de lui un peu, genre touche pas à ma pote. Vu l’opinion qu’elle a des mecs, c’est pas étonnant. Enfin pour moi le nabot il fait autant flipper qu’une huître sur le plan sentimental, je peux sentir d’ici son aura de naïf en puissance. Limite c’est plutôt pour lui que j’ai peur moi, le pauvre serait capable de se faire dévorer tout cru. A moins qu’il cache vraiment bien son jeu, mais je l’imagine mal frapper Maia ou aller choper la voisine. Après je me plante peut-être hein, mais bon. J’ai sûrement raison, étant donné qu’il essaie d’échapper à un groupe de meufs hystériques prêtes à lui sauter dessus. Honnêtement, quel mec normalement constitué ferait ça ? Si ça ne tenait qu’à moi, je me jetterais dans la mêlée et je les laisserais me déshabiller. « Si tu veux je me sacrifie pour leur offrir mon corps, et pendant ce temps tu t’échappes. » Je sais, je suis trop généreux. Et puis là je me tourne vers les nanas qui tendent leur bras vers nous, esquissant un geste de recul. OH BORDEL, les meufs sont de vrais thons, je les avais mal regardées moi. Et tout d’un coup, le film porno se transforme en film d’horreur, genre 28 jours plus tard. « Suis-moi mec, je connais le coin. » Je lui lance en m’engouffrant dans une ruelle adjacente au parc. En fait j’ai aucune idée de l’endroit où je vais, mais je me dis que si je fais semblant de maîtriser la situation, ça arrivera vraiment. Faut avoir la foi qu’on m’a dit un jour. Sauf que voilà, on se retrouve bientôt le nez planté dans un mur : cul de sac. MERDE, je gère pas trop là. Et les nanas avancent plus menaçantes qu’un groupe de zombies affamés de chair fraîche en ricanant, continuant de nous mitrailler avec leur appareil photo. Aussi j’attrape une pelle posée contre la devanture d’un magasin fermé, la jetant en direction de Nico. « N’oublie pas, vise la tête. » Puis je croise mes bras sur mon torse. Ah non moi je vais pas me salir les mains, j’ai des fans qui seraient déçues de voir comment je traite leurs semblables. D’ailleurs j’espère sérieusement qu’elles sont plus jolies que ça, sinon je vais vraiment déprimer en sortant d’ici. Quitte à mourir, autant que ce soit étouffé par une bombe de calendrier érotique.  

Spoiler:

De vraies sangsues j'vous jure. Plus jamais il sortira du château. Ces meufs sont malades. Outre le fait que, non, contrairement à ce que pourrait penser Sullivan (d'après sa gueule), c'est pas agréable de se faire sauter dessus par un groupe de meufs quand on n'a rien demandé, faut dire que celles là étaient franchement pas jolies à voir. Non pas que ça l'intéresse, hein, le Nico, mais bon disons que du coup y'avait un pourcentage de trucs désagréables assez élevé d'un coup. Bref. Sullivan a beau se marrer et blaguer et tout, il reste quand même à une distance de sécurité. Et il a bien raison. Non parce que les groupies continuent de piailler comme de vraies petites poules. Donnez leur du scotch par pitié. Il réagit pas franchement à la remarque sur Fauve, parce que ça lui passe un peu au-dessus de la tête tout ça. Il est encore un peu trop inquiet par la bande qui s'approche. " Vas-y j't'en prie tu vas voir comme elle maîtrise bien le suçage de lèvres. " Et il commence même un peu à pousser Sulli vers la bande. Tiens, ça le fait marrer d'un coup, de voir la gueule du loup se décomposer. Ah bah ouais hein. On fait moins le malin quand on se rend compte qu'on vient de proposer son corps à un mélange de thon en boite et pâté pour chien. Au moins ça a le mérite de le faire bouger. Il propose de filer dans une ruelle. Ouais bonne idée. Toujours garder un périmètre de sécurité d'au moins 5 mètres. Enfin il comprend pas trop pourquoi ils retournent pas au château, mais bon. Why not hein. Ce serait marrant de les semer sur ces rues dalleuses. Elles vont galérer avec leurs talons et leurs mouvements d'empotées. Bref. Nico tarde pas à suivre le pas de Sullivan et ils ont beau marcher vite, leur fuite s'arrête bien trop tôt. Cul de sac. " Ah ouais j'vois qu'tu maîtrises bien le plan de la ville. " qu'il siffle à moitié. Bien ouej Sulli. Bon c'est la merde elles suivaient au taquet en plus les meufs. C'est quoi ça, elles ont un radar intégré ? " Ca s'trouve elles nous ont collé une puce. " Et il fait genre il fouille sur son tshirt au cas ou hein. Mais Sulli lui refile une pelle. Euh ouais. Enfin il comprend la référence et se marre un coup. " Bah vas-y bouffe leur la tête toi, ça doit être dans tes gênes de loup. " Il pose le bout de la pelle par terre et s'appuie un peu dessus. Genre trop blasé voilà. Long soupir. C'est pas un film, ils vont pas non plus péter une porte pour aller faire coucou à un habitant qui boit le thé. Bon. Elles sont là de toute façon. " Une photo et on se casse. " Il serait bien tenté par l'idée d'utiliser son pouvoir, mais ça ferait franchement une mauvaise pub. Du coup il sort un sourire colgate, Nico. Et il appuie son bras sur l'épaule de Sulli, en mode wesh poto. Pose de ouf, ils sont les rois. Puis quand les meufs sont plus proches... " A trois on court. " Et bam il commence à faire signe avec ses doigts.

Spoiler:

J’ai  la désagréable impression de tourner la nouvelle saison de The Walking Dead à mon insu. Parce que quand j’entends « suçage de lèvres », ça ne me dit rien qui vaille. Et puis soudain, j’imagine la ventouse au milieu du tas, parce que forcément, ce verbe me fait penser à elle … Ce sont peut-être ses amies ? WARK, vas-y je me tire en direction d’une ruelle, une idée qui plaît visiblement au nabot puisqu’il m’emboite le pas. Enfin il a l’air de se poser des questions, peut-être qu’il n’a pas confiance en mon sens de l’orientation légendaire. Et il a raison le gars, parce que notre fuite se transforme rapidement en traquenard. Oups. Ouais ça va hein, il n’a pas protesté quand il a vu dans quelle direction je m’engouffrais, ce qui signifie qu’il n’est pas meilleur que moi. Et là genre, il émet l’hypothèse d’un traceur et  je me marre. « Ouais enfin à la limite elles n’ont touché que toi. » C’est clair, mais je crois qu’il va falloir qu’il arrête de jouer aux jeux vidéos. Enfin maintenant qu’il a une meuf, il va bien être obligé de réduire sa consommation des Sims et animaux. Du coup je lui propose une option tout à fait alléchante, soit leur défoncer le crâne à coup de pelle, mais il s’en sert pour s’appuyer dessus et j’ignore si c’est parce qu’il n’a pas pigé mon allusion ou s’il n’a aucune intention de s’exécuter. Roh, contrariant le gars, je lui offre une chance de briser son image de naïve petite licorne qui chie des arc-en-ciel pour adopter celle de tueur de zombies super cool, et il crache dessus. Enfin je ris un peu quand il me renvoie la balle, il essaierait pas de m'envoyer en prison ? « C’est pas classe de bouffer la tête des gens, moins qu’un beau coup de pelle tu vois. » Je mime le geste comme un golfeur professionnel en me disant que lui aussi il a un pouvoir, et pas des moindres. En plus ce serait fait ni vu ni connu. Mais il rend les armes face aux suceuses de lèvres, prêt à concéder une photo. « On devrait  peut-être se rouler une pelle du coup, pour les déboussoler tellement qu'elles en oublieront de nous  poursuivre ? » Ouais bah je tente le coup hein, on ne pourra pas me reprocher de ne pas essayer. C’est uniquement pour respecter la parité dans mon tableau de chasse, parce que cinq filles et trois garçons –oui oui je compte Ange parmi les mecs, trop généreux-, c’est un peu déséquilibré. Je me dis que si j’arrive à choper le nabot, j’aurais plus qu’à sauter sur le bûcheron pendant son sommeil et hop, égalité. Bref, j’ai pas l’impression qu’il soit chaud bouillant parce qu’il commence à sourire comme une pou-pouffe, comme bobonne pendant les primes où elle est nominée en fait. Moi je me contente de leur offrir un haussement de sourcil de séducteur, et on a sûrement l’air de deux potiches là, à poser pour la photo. « Vas-y on a l’air con là. » Je tiens quand même à souligner. Puis le gars semble comprendre que c’est peine perdu, et qu’on a l’air de parfaits crétins pour rien du tout étant donné que les filles se rapprochent dangereusement. Enfin à la limite leur cible prioritaire c’est le nabot, non ? C’est sur lui qu’elles ont bondi, du coup peut-être que je peux m’en sortir tout seul moi. Mais bon, ceci est une mission de sauvetage, alors si je reviens sans rien, c’est un peu un échec. « Je prends à droite, la meuf aux nichons gonflés à l’hélium. » C’est la moins moche, alors je me dis que si elles parviennent à nous coincer au moins je serais assailli par la plus baisable. Et finalement je me mets à courir avant même qu’il n’achève son compte à rebours. Je détale entre les nanas sans respecter mon plan, fonçant dans le tas comme un requin excité par la vue du sang. En fait j’arrache l’un des appareils photos de l’une des groupies en tapant dans la main de l’autre, l’objet s’écrasant sur le sol. « Oups, pardon Morticia. » Parce qu’elle est habillée comme une gothique. Et je poursuis ma course jusqu’au parc en me planquant entre deux buissons, faisant de grands signes en direction du nabot pour qu’il me rejoigne. Je reprends mon souffle quelques secondes en guettant par-dessus les feuillages. « Je crois qu’on les a semées … » Je signale en allumant inconsciemment l'appareil photo que j'ai dérobé à l'autre cruche, une photo de deux personnes en train de ... OH PUTAIN ces gens sont en train de baiser ! Si si je vous jure, la nana s'est prise à poil en train de se taper un mec, oh la lose. Alors je me tourne vers Nico pour guetter sa réaction de puceau, genre peut-être que ça le traumatise intensément. « Ok alors ça, c'est l'étoile de mer tu vois, la position classique. Je te conseille de commencer par là au début, tente rien d'acrobatique pour te la péter. » Je lui explique comme un professeur de mathématiques à ses élèves, désignant les fesses du gars de mon index.

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Il a pas l'air chaud à l'idée de leur bouffer la cervelle avec sa grande gueule de loup. Dommage. Nico affiche une mine un peu contrariée. Sans blague. Ca fait un peu trop le malin hein. Lui aussi il sait jouer au golf ouais. Au mini-golf. Et il a jamais gagné une partie de sa vie. Mais c'est un autre détail. Donc ouais il attrape la pelle et fait genre le mouvement avec un air de BG et tout, histoire de satisfaire les fantasmes de tueurs de zombies de Sullivan. Mais quand les meufs sont trop proches il lâche la pelle. Comprenez, ça ferait une mauvaise pub quand même. Maintenant qu'ils sont aux portes de la finale il a pas franchement envie de se faire traiter de psychopathe. Enfin. C'est peut être à Sullivan qu'il devrait donner un coup de pelle ? Parce que le mec a franchement proposé qu'ils se roulent une galoche. Ah ah. Ouais. Non. " Garde ta langue pour Fauve, j'crois qu'elle est sérieusement en manque ces temps-ci. " Ouais non parce qu'on passera sur le fait que la meuf fait des bruits chelou la nuit quand elle dort... Rien que cette pensée ça le fait marrer un peu le Nico. C'est parfait, pile poil quand les flashs se déchaînent. C'est ça d'être un mec stylé, tout est question de timing. Enfin vas-y que Sullivan insiste sur le fait qu'ils ont l'air cons. " Pas plus qu'en s'enfuyant dans un cul-de-sac t'sais. " il siffle, en continuant de sourire. Mais la stratégie est déjà prête et d'un coup il voit Sullivan partir en courant. Le mec a peut-être des problèmes d'oreille interne, parce qu'au lieu de foncer vers Absinthe bis, il se la joue autos-tamponneuses. Bon. N'empêche que quand il entend le petit piaillement des minettes Nico se dit que c'est le moment de foncer. Et ouais il suit le chemin tracé par Sullivan, lâchant quand même un petit clin d'oeil au passage. Genre voilà toujours être présentable. Question de notoriété. C'est dommage d'être en de si mauvais rapports avec ses fans. Parce que voilà fans = votes. Et même si les meufs étaient des sangsues, ça jouait toujours en sa faveur. Tant pis. Il rejoint Sullivan et se cale un peu à son tour, genre pour reprendre son souffle. Trop de sport là les gars, il avait prévu une aprèm posée et au lieu de ça il se retrouve en mode course-poursuite. Enfin y'a le loup qui s'agite à ses côtés et se marre comme un con. Du coup la curiosité de Nico est un peu piquée à vif, comprenez. Il tourne sa tête vers Sullivan qui tient un appareil photo entre ses mains. Oh merde il l'a piqué aux connes là ? Il est prêt à dire que c'est pas cool et tout, Nico, mais y'a le loup qui lui montre l'écran. Ah bah merde alors. Un cul. Ah tiens. Il peut pas s'empêcher de se marrer, du coup il entend qu'à moitié Sullivan lui parler de positions et tout. " C'est la gothique en plus putain. Vision d'horreur. " Ouais il a jamais vraiment kiffé ça les meufs gothiques, Nico. Un peu trop barrées à son goût. Y'a un couple de jeunes qui passent à côté d'eux en les dévisageant. Heey. Nico fait un petit sourire, en se redressant un peu, genre pas du tout intéressé par le contenu de l'appareil photo. Mais y'a un truc qui l'interpelle un peu. Trois quatre flics qui sont en train de parler à des meufs plus loin. " Sulli..." il murmure un peu en tapotant le loup dans les côtes. " C'est pas la Morticia là ? " Pointage d'index pas discret du tout. Mais si c'est vraiment ce qu'il pense ça sent pas bon. " J'propose qu'on bouge l'air de rien. " Genre ils ont rien à voir dans cette histoire. Ils sont méga clean et tout. Nico réajuste ses lunettes de soleil et il regarde encore en coin la police pas trop loin. Bon vas-y faut bouger. et vu que Sullivan a pas l'air méga réactif - genre les loups sont réputés pour leurs réflexes ? tu parles - il lui chope le bras et commence à marcher tranquillement. Il repère un bar droit devant, nickel. Il ouvre la porte et avance jusqu'au fond de la salle. Okay c'est quoi cet endroit tout sombre là, il voit rien avec ses lunettes. " Vas-y, pause bière. " Enfin, en espérant qu'ils soient pas rentrés dans le bar gothique de Morticia t'sais. 

Comment ça Fauve en manque ? Bah c’est pas comme si j’avais pas essayé de la satisfaire hein, mais l’autre fois elle était plutôt réticente. Le problème avec elle c’est qu’elle a dû mal à accepter de re-baiser le même type. Deux fois c’est déjà le mont Everest, alors trois, je galère à mort. Enfin c’est bon à savoir quand même, histoire d’être certain qu’elle sera un peu coincée par son désir. Si elle ne trouve personne de nouveau, elle va peut-être finalement céder à la tentation. Faut que je retienne le Tigre prisonnier dans le cachot jusqu’à nouvel ordre. Et puis le bûcheron surtout, parce que crois qu’ils n’ont toujours pas concrétisé. Bref, je pense un peu à autre chose là, comme à ma fuite à travers le groupe de thons. Il faut être rapide, efficace, et HOP. On les a trop feintées avec brio ces grosses vaches, elles ne pourront plus nous retrouver là, c’est mort. On est tellement bien planqués derrière ces buissons que même Superman avec sa vision de malade serait incapable de nous repérer. Et puis soudain j’oublie notre course poursuite comme j’ai oublié Fauve un peu plus tôt, constamment déconcentré comme un gamin de trois ans, trop absorbé par les images d’horreur de deux parfaits inconnus en train de s’envoyer en l’air. Bizarrement le nabot il se marre, enfin je me dis qu’il doit passer pas mal de temps sur Youporn du coup ça le choque pas plus que ça. Je me demande s’il ne s’est pas foulé la main, je veux dire la solliciter depuis toutes ces années … Bref, je m’évertue à essayer de déceler du vernis à ongles noir sur la gonzesse pour savoir s’il s’agit bien de la gothique, aussi je ne me rends pas compte de la scène inquiétante qui se déroule quelques mètres plus loin. Je pousse simplement un petit « Quoi ? » quand le gamin m’interpelle pour me parler encore de Morticia. « Ouais ouais je crois bien qu’elle a un tatouage de diable ici … » Je parle toujours le nez planté sur l’appareil, désignant sa cheville en premier plan. Sauf qu’en relevant la tête, je constate qu’il parle de la réalité, suivant son index du regard. MERDE. « Vas-y je peux pas me faire choper par les flics, je suis en conditionnelle. » Non c’est pas vrai, mais j’ai déjà entendu ça dans un film et j’ai toujours rêvé de sortir cette phrase. En plus c’est crédible je suis sûr, et j’adore raconter des conneries. Du coup bouger me semble être une bonne idée, mais il ne faudrait pas que je m’enfuis avec l’appareil en main, ce serait idiot de garder une preuve juste pour pouvoir mater plus de clichés pornos. Je n’ai pas le temps d’effacer les photos de nous, alors je frappe l’objet plusieurs fois contre le béton pour le rendre inutilisable, ce qui me prend quelques secondes qui exaspèrent le nabot. Il s’impatiente le gars, il me tire carrément le bras et je me laisse docilement conduire vers un magasin qui se révèle être un … bar ! « T’es un génie mec. » Que je dis en souriant de toutes mes dents. Je me sens vachement plus léger, d’un coup. « Attends mais on a le droit d’être ici ? » Je scrute les environs, l’air inquiet. « La mémé va pas être contente, et je préfère encore subir les hurlements hystériques des fans que la colère de la vieille. » Putain si elle apprend en plus que la police nous cherche pour vol et destruction d’appareil photo, c’est trop la merde. A la limite je me servirais de ma nature de loup-garou pour excuser mon geste vous voyez. « Je croyais qu’on pouvait accéder qu’au pressing et au dépôt. » J’en suis quasiment sûr en fait. « Oh putain, les courses. J’ai laissé les courses dehors pour te secourir. » Je dis au gars en faisant rouler mes yeux dans mes orbites. Je vais me faire défoncer par les candidats en plus, s’ils apprennent qu’ils ne vont pas bouffer de la semaine. Heureusement que la fée vorace est partie. Je me rapproche de la fenêtre, guettant les silhouettes qui s'agitent à travers le plexiglas. « Putain, c'est là que Fauve a de la chance. Pourquoi elle a pas eu l'idée de devenir cambrioleuse professionnelle d'ailleurs ... Faudrait lui suggérer. » Je lâche en songeant que ce serait une vraie bonne idée. « Sinon on va récupérer les courses et quand on passe devant eux tu bousilles le cerveau des meufs comme ça elles vont pas nous signaler à la police et on se casse ? » Ouais c'est bien ça comme plan.

Bon le gars est encore complètement fasciné par le cul de la Morticia là. Il lui en faut peu sérieux, parce que du peu qu'a vu Nico, y'a pas de quoi se rincer l'oeil. C'qui le fait chier surtout c'est le manque de réactivité de Sullivan. Il a beau essayer d'attirer son attention, le loup continue de se marrer comme un con. Super la coopération. Il a pas envie de se taper un casier, Nico. Surtout pour une connerie du genre. Déjà qu'il est certain que ça va pas être simple de retourner à la fac avec ce passif du jeu, mais si en plus il est au centre de scandales envers ses fans... Ah bah Sullivan se réveille. Il gueule qu'il est en conditionnelle et tout. Ah bon ? Nico le dévisage un instant. Gros mytho ouais. Il a peut-être un caractère de casse couille, mais Nico le voit mal s'attirer des emmerdes avec les autorités. Le mec est complètement en kiff sur les valeurs des meutes de loup et tout. " Ouais parce que t'as déjà bouffé la cervelle d'une meuf avant, c'est ça ? " Ca expliquerait un peu sa réticence précédente. Bref, il se marre et est soulagé quand Sullivan lâche l'appareil. Ouais, enfin un truc censé. Il écrase le machin par terre et ils peuvent enfin se bouger. Bam, petite ruelle à gauche. Il se presse un peu quand même, parce que c'est pas si facile d'échapper aux regards des gens quand on est 24/24 à la télé. Faudrait pas que d'autres meufs se mettent à gueuler en leur direction et attirent le groupe précédent. Du coup les voilà dans le bar. C'est à la limite du sinistre, mais en même temps voilà, il est un peu plus de 15h, c'est pas vraiment l'heure de la bière dans un pub. Nico se cale contre un mur en attendant qu'ils décident quoi faire. Ouais bon il est peut-être un peu tôt mais il cracherait pas contre une petite pinte lui, jamais. Sauf que le sourire du loup dure pas longtemps. Il commence déjà à déblatérer soixante mille trucs à propos de la Vieille, de leur périmètre autour du château et machin machin. " Ah bon ? " C'est pas franchement la première fois qu'il se retrouve à dépasser les limites, Nico. Faudra peut-être qu'il fasse un peu plus gaffe dorénavant. " Bon bas vas-y on bouge. " Ouais parce qu'autant tout seul il paraît pas bien méchant, autant Sullivan est carrément dans le collimateur de la Vieille. Et il a pas franchement envie d'attirer l'attention de la folle sur lui, Nico, juste parce qu'il s'est retrouvé à traîner avec son objet sexuel préféré. Il commence déjà à marcher vers la sortie. Y'a Sulli qui gueule qu'il a lâché les courses. " Oh putain. Faut absolument qu'on aille les chercher, la Vieille est carrément capable de nous faire crever de famine. " Il se marre un peu n'empêche. Quelle situation de merde. " En plus c'est la pleine lune bientôt, non ? J'veux pas finir en steak tartare... " Ouais c'est Maia qui lui a dit. Et avec l'entraînement de la veille il est bien trop conscient de ce que peuvent faire les loups. Alors des loups garous sous l'influence de la lune n'en parlons pas. Bref, après un regard vers Sullivan il ouvre la porte. Ouais y'a moyen d'user son don. Il est pas trop chaud pour ce genre de plans d'habitude, Nico, mais est-ce qu'ils ont le choix ? Hochement de tête. Mission commando. Ils tournent au coin de la rue et aperçoivent au loin le petit groupe de taleur. " Fais chier, elles lâchent pas l'affaire ces sangsues. " Ouais il avait espéré qu'elles se soient déjà cassées quoi. " Bon on se sépare. Chope la bouffe, j'm'occupe d'elles. On s'retrouve plus loin. " C'est qu'il a besoin de se rapprocher un peu, le Nico. Sinon ça va être chaud de bousiller leur cerveaux. Déjà qu'elles sont plusieurs, si en plus y'a cinquante mètres qui les séparent... Il laisse Sulli partir et longe un peu le mur, lunettes bien enfoncées sur le nez et tête un peu baissée. Quand il n'est plus trop loin il se concentre sur les ventouses afin de leur faire oublier la raison de cet attroupement. Ouais. Ca semble plutôt marcher parce que pour l'instant elles ont pas réagi. Il passe en longeant le petit groupe et adresse un petit sourire à une des meufs qui le regarde, un peu paumée. Eh eh. Allez, maintenant c'est le moment de reprendre le jogging, Nico. Parce que pas sûr que l'action du don marche longtemps. Ah y'a Sulli au loin. Ils lui fait un signe. Tout est under control. A priori.

Voilà qu’on est sacrément dans la merde. Sérieusement, on se retrouve comme deux cons coincés par des fans, recherchés par les flics, dans un endroit où on n’a pas le droit de se trouver, en ayant perdu les courses. Tout ça à cause de lui quoi, à la base. Moi j’étais tranquillement en train de voler du Nutella, et si ça s’trouve un crétin a déjà piqué la bouffe. J’ai vu des clodos traîner dans le parc, fais chier. J’aurais jamais du vouloir me la jouer prince charmant, en plus je pourrais pas le choper du coup ça m’a servi totalement à rien. C’était par pure charité, une bonne action gratuite, le genre de trucs qui ne m’arrive jamais. Et je comprends maintenant qu’il est plus intelligent de ne pas chercher à jouer les héros par bonté d’âme. Parce qu’au final, tu te retrouves dans la merde toi aussi. Enfin en même temps ce n’est pas comme si ce genre de situations n’étaient pas habituelles pour moi, c’est juste que pour une fois je n’en suis pas à l’origine. Finalement, ‘bisounours’ était mal adapté pour décrire le gars au menton en forme de cul. Je l’ai vu lorgner en direction du comptoir, et les bisounours ne boivent pas d’alcool. Bref, on s’en branle là, pourquoi je divague là-dessus, c’est fou le manque de concentration dont je peux faire preuve parfois. Puis le candidat semble d’accord avec moi, on doit se barrer d’ici et surtout récupérer les courses si on ne veut pas mourir de faim avant que l’aventure se termine. Parce que les autres ne se gêneraient pas pour nous dévorer s’ils apprenaient qu’on est responsables de cette absence de nourriture. Enfin lui il pense surtout aux loups, d’ailleurs je me demande s’il dit ça comme ça, ou si c'est parce qu'il a déjà eu l'occasion de voir le bûcheron ou sa louve d’amour à l’action. « T’as raison ouais, ça te fait pas flipper d’ailleurs, de bisouiller une louve ? » Non sérieusement ça m’intéresse, genre je suis un peu dans la même position que Maia pour le coup. Pour moi c’est juste inconcevable d’accepter l’amour de quelqu’un d’autre, et on a beau dire que je suis un parfait égoïste je crois que ce choix démontre que ce n’est pas toujours le cas. Je ne sais pas, peut-être qu’elle n’a jamais dépassé les limites, mais pour moi elle joue dangereusement avec le feu. Enfin passons, ce n’est pas trop le moment de discuter love story, aussi je me colle aux talons du nabot pour essayer de mettre notre plan à exécution. Et le gars me donne carrément des ordres. J'adopte l'air du mec outré une seconde genre, d’où tu me parles comme ça toi, mais bon il faut rester soudés pour le moment. « Tu me laisses pas là comme un con, hein ? » Non parce que j’ai comme un doute, vu les relations qu’on entretient lui et moi depuis le début de l’aventure. J’ai l’impression qu’il pourrait bien sauver sa peau en me laissant entre les mains de la police sans scrupules. Mais bon, il est censé être le gars super mignon super serviable de l’aventure quoi, alors j’imagine que pour son image il n’oserait pas faire un truc pareil même s’il en éprouve l’envie soudaine. C’est quelque chose que moi je pourrais faire sans en subir les conséquences, mais lui non, surtout aux portes de la finale. Bref, du coup je me taille vers l’endroit où les courses m’attendant sagement, et je pousse un soupir de soulagement en récupérant ma poche. Sauf que voilà, le pot de Nutella a disparu. PUTAIN JE LE SAVAIS ! Je vais pas réussir à en bouffer c’pas possible. Je grogne en dévisageant les passants, histoire de trouver le coupable, mais je n’arrive à rien d’autre que perdre un temps précieux à notre fuite. Je hurlerais bien à la foule que j’étripe celui qui ne me rend pas ma pâte à tartiner, mais j’ai peur d’attirer l’attention des flics et des groupies qui discutent toujours. Je cours en direction du nabot qui me fait de grands signes, espérant qu’il arrivera à contrôler la situation, sauf que voilà, je trébuche sur un caillou et me vautre à un mètre de Morticia. Merde. Du coup les policiers s’approchent de moi pour m’interroger sur mon état, et je marmonne une excuse bidon en me relevant. « C’est lui ! » La meuf me désigne de son doigt boudiné, aussi je tente une feinte en regardant derrière moi genre, elle parle pas de moi. Seulement voilà, il n’y a qu’un gamin de cinq ans qui tient un ballon de foot entre ses mains. Ah le bâtard. Du coup je lance un appel à l’aide silencieux au nabot qui se tient prêt à fuir. Vas-y me lâche pas ou je te tue. Il peut pas utiliser son pouvoir encore, non ? « Oui oui c'est moi Sullivan c'est bon, je suis grillé. Ah ah, ces fans alors je vous jure, on n'arrive pas à s'en débarrasser hein. » Je lance aux flics en espérant qu'ils se montrent compatissants, style elle ne parle pas du tout de son vol d'appareil photo. « D'ailleurs vous devriez leur conseiller d'arrêter de nous harceler parce que sinon je pourrais bien porter plainte.» J'essaie de retourner la situation vous voyez, souvent ça marche. Et puis je recule en direction de l'escalier, doucement, ni vu ni connu avant de me retourner pour rejoindre le nabot. Peut-être que ma menace de les attaquer en justice sur la base de harcèlement va porter ses fruits, parce que l'entends déjà demander à l'un des policiers si cette infraction existe réellement. Après tout ouais, on a agi en état de légitime défense.

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Il n'y a jamais vraiment réfléchi, à vrai dire, Nico. C'est qu'il ne voit pas les pouvoirs/créatures avant de voir la personne. Ca doit être un truc de loup ça, d'analyser direct la race. C'est pas un truc d'humains. J'veux dire. L'humain est par nature né sans dons ni pouvoirs. Du coup voilà. Il voit pas Maia la louve. Il voit juste Maia. Il hausse un peu des épaules. " Non. " Peut-être qu'il devrait s'en inquiéter, après ce qu'il s'est passé la veille aux entraînements. Et surtout avec la pleine lune qui arrive. Mais c'est pas vraiment son genre à Nico, de se méfier. Surtout pas quand il a commencé à s'attacher. Et c'est là qu'il se rend compte que le jeu a déjà eu une emprise sur lui. Avant d'arriver à GV il était le premier à flipper sur la méchanceté dissimulée des gens. Genre des humains qui abusaient trop d'un pouvoir, ou ce genre de trucs. Et maintenant non. Maintenant il contrôle. Il flippe plus. Ca le fait sourire un instant. C'est cool de se rendre compte de ça. Du coup il paraît un peu con avec sa réponse monosyllabique. Mais c'est dur de dire plus. Ils viennent pas du même monde après tout, ils ont pas la même conception des choses. Bref. Ils sont dehors. Ils calculent le truc. Sullivan accepte, non sans hésitation. Nico lui fait un petit hochement de tête, genre, t'inquiètes. C'est pas son style, de laisser les gens en plan. Même s'il les aime pas, ou quoi. C'est pas un traître. Et puis bon, c'est un peu Sulli qui l'a sorti de ses emmerdes avec les ventouses, ce serait vraiment salaud de le lâcher maintenant. Ouais. Ils s'éloignent, chacun prend son chemin. Nico guette un instant Sulli aller récupérer les trucs au parc, et quand il sent que c'est bon il fait son petit tour de passe passe. Il met en action son don, son pouvoir. Tout semble bien se passer. Le garçon jette un regard plus loin, aux portes du château. Il sera putain de content en les franchissant, aujourd'hui. Mais y'a un bruit de confusion qui s'élève non loin de là. Sulli s'est rétamé sur Morticia, apparemment. Putain mais quel con.  Il a l'air de s'en sortir avec deux trois beaux sourire, mais y'a quand mêmes les flics et meufs qui sont suspicieux. Fais chier. Nico se concentre à nouveau. Putain il est sûr qu'il pourrait être éliminé pour ça. Mais il fait pas grand chose, il essaie juste de les dérouter, le temps que Sullivan se barre de là. Le loup arrive. " T'as presque tout fait foirer. En fait tu la kiffais vraiment la Morticia ! " Ouais c'est ça. Le gars il a vu son boule et il a pas pu s'empêcher d'aller vérifier, tester la matière quoi. Bref. Il jette un regard aux courses. C'est cool, tout est là. Du coup il donne un p'tit coup d'épaule à Sullivan, du style allez, c'est parti. Mais là forcément la poisse s'abat encore sur eux. Y'a la poche de courses qui s'éclate par terre. " Oh merde nos courses. " Ouais parce que Nico se sent tout autant impliqué dans la mission courses maintenant. Ils ont vraiment l'air de deux galériens c'est pas possible. Bon. Il s'accroupit par terre et attrape les bouteilles de lait et d'autres trucs qui lui tombent sous la main. " J'te jure c'est le parcours du combattant cette mission course. Les autres devraient nous féliciter. " Ouais. Leur construire un temple, un truc du genre. " J'pense qu'il faudrait des statues de nous dans le château, en poses héroïques tu vois. " Et il bombe un peu le torse avant de se relever et de se mettre à marcher comme un équilibriste. Ca va, les flics ont pas l'air de rappliquer, mais il marche quand même à une allure rapide le garçon. Hm. Regard chelou de quelques personnes. Déviation. Les marches du château sont plus très loin. Ca devrait le faire. " Alors, ça fait quoi d'être un rescapé ? " Ouais, parce qu'il faut pas oublier que Maia a failli quitter le château à cause de cette histoire. Donc bon. Il sait pas trop comment voir les choses le Nico.  

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Ouais putain, c’est trop la merde, limite pire qu’avant. Coincé dans ce bar je me suis dit qu’on était au plus bas, mais je m’étais bien planté le doigt dans l’œil. Parce que je m’étale comme une baleine devant les flics et les fans éberluées. D’accord d’accord, j’ai trop de chance en ce moment c’est un truc de dingue. Non honnêtement, il ne fallait pas. J’essaie de les embrouiller avec de la poudre aux yeux un peu, hop, puis je rejoins le nabot en m’essuyant le front style ‘j’ai eu chaud aux fesses’. Je crois qu’il m’a aidé un peu, parce qu’elles me mataient avec un regard vide quand je suis parti. « Ouais c’est totalement mon style, les gothiques c’est des bêtes au pieu. » Je les imagine plutôt complètement tarées en fait, genre dans le trip sado-maso avec le cuir et les bougies. Bref, ne parlons plus de ça, j’aimerais autant reléguer cette journée au rang de ‘souvenir’. Sauf qu’elle ne semble pas vouloir se terminer, puisque la poche s’éventre et répand le contenu sur le sol. Je lance un regard désespéré au candidat, totalement halluciné qu’on puisse avoir une poisse pareille, et quand il parle de mission tout d’un coup ça fait tilt dans ma tête. « Attends, mais en fait c’était pas à moi de ramener les courses. » Oui à la base je voulais juste piquer le Nutella moi, mais maintenant, y’a même plus de Nutella. Enfin si on peut faire un peu flipper les responsables des courses de la semaine moi ça m’arrange aussi, ils vont croire que quelqu’un a volé le paquet. Après le gars il va peut-être avoir envie de me frapper, mais de toute façon on ne pouvait pas les laisser au milieu du chemin les courses. Et quand il parle de statues je me marre en l’imitant. Non mais moi ça fait longtemps qu’ils auraient dû me l’ériger avec tout ce que j’ai fait comme actes héroïques. J’ai sauvé une candidate d’une morsure et d’une chute mortelle, une autre d’un dragon, attends faut pas charrier. « Ouais toi tu serais un ange genre avec les ailes et l’auréole, et moi je serais un Apollon. » Bah oui, logique. « Ou un Hercule. » Au choix, en fait. Je me baisse pour ramasser les derniers cartons, histoire de faire un peu semblant d’aider, puis je fourre ça dans mon t-shirt avant de commencer à grimper les marches. Putain, ça va être long, heureusement qu’il y a le nabot pour me tenir compagnie. Ouais enfin sauf que là il met un sujet un peu fâcheux sur la table … « Tu veux dire, qu’est-ce que ça me fait d’avoir failli être éjecté par ta copine, qui plus est un membre de ma race, en plus d’avoir été responsable du départ d’une des seules personnes de ce château qui était vraiment sincère ? » Ouais c’est carrément de ma faute si elle a dû quitter l’aventure. Bon ok je présente la chose de telle façon à ce que ce ne soit pas hyper flatteur pour la louve, mais si j’avais été à sa place je l’aurais sans doute jartée sans aucun scrupules. Je ne suis pas du tout rancunier, et encore moins dans ce contexte où c’est le but de se tirer dans les pattes pour décrocher la victoire. « Ben écoute ça me donne encore plus envie de vous botter le cul ! » J’esquisse un large sourire en riant un peu. Ça par contre c’est vrai, j’ai bien l’intention de me donner à fond pour les derniers duels. Je vais me battre jusqu’à la mort, celle de mon adversaire de préférence. « Et toi, tu le sens bien ? Genre, t’étais vraiment là pour gagner ? » Non parce que bon, il n’a pas l’air d’un mec super hargneux et tout, qui cherche à prouver au monde qu’il a des couilles. « J’ai juste l’impression que c’est pas vraiment ça que tu cherchais. » Je lui lâche, parce que de toute façon maintenant cette information ne peut plus me servir à grand-chose. « En fait t’étais là pour perdre ta virginité avoue. » Je me marre en lui filant un coup d’épaule, mais bon je déconne quoi. « Ça a fonctionné alors ? » Non non, j’essaie pas du tout de lui faire cracher le morceau.  

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Plus ils montent, plus ils parlent, plus Nico se demande ce qu'il pense de Sullivan. Enfin. Ouais le mec est pas si méchant que ça, il le fait même presque marrer. Mais quand même. C'est bizarre à quel point ils sont pas sur la même longueur d'onde. Et c'est pas une question de différence d'âge ou quoi. C'est caractériel. Y'a une crevasse entière qui les sépare, et ça Nico le ressent à fond. Pourtant c'est relax avec lui. Ils ont beau avoir enchaîné les emmerdes, ils sont finalement là à grimper les soixante mille marches qui mènent au château, sans soucis. Le garçon relève même pas quand l'autre signale qu'il était pas de corvée courses aujourd'hui. C'est ça qui le fait un peu tanguer, Nico. Le mec est complètement imprévisible. Il se sent un peu écrasé, à côté. M'enfin. Passons, hein. Ils sont déjà en train de s'imaginer les statues. Il sait pas franchement si ça lui plait, d'être un ange. D'ailleurs. " Non non j'veux pas être un ange ça me rappelle trop l'autre là. " Sous entendu, le mec meuf chelou qui les a quittés vendredi soir. " Eh, toi qui lui a roulé une galoche. Faut que tu tranches le débat. C'est un mec ou une meuf ? " ouais parce que ça devrait se ressentir à la langue, non ? Genre fougueux ou pas, tous ces trucs là. Ca le fait doucement marrer, Nico, de se rappeler du grand loup en train de rouler une pelle à Ange devant tout le monde. C'est qu'il avait même fait durer le truc hein. A croire qu'il y a un peu pris son pied. " T'as des goûts chelou. Morticia, Ange... Sérieux tu t'imposes des défis ? Genre des catégories, avec des objectifs, et une fois que tu les as emballés c'est bon tu les rayes ? Laisse tomber je t'ai cramé. " Il voit bien Sulli marquer ses petites croix dans un calepin, le soir avant de pioncer. Ouais. Mais ça dévie sur le sujet élimination là. Et la tournure de phrase de Sullivan lui plait pas franchement. C'est qu'il est presque en train d'accuser Maia, ouais. " T'es un vieux mec. " qu'il dit, un peu en soupirant. C'est pas méchant, c'est même dit sur le ton de la rigolade. Mais quand même. " Les meufs se sacrifient pour toi et tu trouves quand même le moyen de râler t'sais. " Hm, il hoche la tête, faussement contrarié. Mais finalement Sullivan se lâche. Ouais, botter le cul. Normal. Nico se pince les lèvres en haussant un sourcil. " Si tu crois que ça va être aussi simple mon gars. " Ouais, il se marre aussi. En vrai il s'en fout, Nico. Il sent bien qu'il fait pas le poids face à tous ceux qui restent. Mais bon, quitte à se battre, autant le faire jusqu'au bout. C'est bien ça que lui a appris Golden Valor, non ? " Bah non. " Il hausse les épaules. " Tu penses vraiment que y'a beaucoup de gens qui arrivent ici et se disent cash, convaincus, 'jvais gagner' ? " Lui ça lui paraît complètement improbable. " Ouais non les gens font leurs grandes gueules, mais au final ils flippent tous je crois. C'est normal, j'imagine. Enfin je sais pas vous, mais nous les humains on a difficilement le mental de warrior terminator tu vois. " et il continue à se marrer un peu, le Nico. Y'a Sulli qui raconte des conneries à côté. " Putain c'est ça t'as tout compris. T'es bon pour jouer au Cluedo là. J'proposerai à Tyger qu'on t'invite la prochaine fois. " Ah ouais parce qu'ils adorent jouer aux jeux de société, les deux zigotos. Ceci dit, Nico ne répond pas volontairement à la question. Faudrait pas trop qu'il prenne la confiance le Sullivan, et qu'il croie qu'il l'a dans la poche. " T'es dans une meute toi, non ? Ca doit te changer un peu, j'imagine. J'ai du mal à imaginer des loups garous se foutre devant la télé tous les soirs à 19h pour tcheker leur petite émission de télé-réalité. " Une pause. C'est que ça essouffle cette montagne de marches. " Ce monde est complètement dingue. "

Spoiler:

La conversation dérive sur un terrain glissant, parce que le Nico n’a pas l’air super heureux de la tournure de ma phrase à propos de sa petite louve. Il a mordu à l’hameçon direct le gars, c’est vrai que titiller un type sur sa copine c’est pas franchement l’idée du siècle. Aussi je me contente de hausser les épaules en évitant de mettre de l’huile sur le feu, parce qu’il me semble qu’il a bien compris que je disais ça en déconnant. Maia l’avait joué stratégie et ce n’est pas moi qui suis le mieux placé pour lui faire la morale. Non, au contraire je salue l’effort, mais le nabot a peut-être compris que sa meuf n’est pas aussi bisounours qu’il l’avait imaginé. Enfin elle a quand même voulu sauver ma peau, j’imagine que jouer les bitchs c’est juste une façade derrière elle se cache finalement. Du coup le nabot ne répond pas tout à fait à ma question et je sens qu’il évite soigneusement de m’en dire trop. « Ben écoute si tu viens pas ici en te disant que tu vas gagner, je comprends pas pourquoi tu fais cette émission. » Je dis ‘tu’ sans m’adresser à lui en particulier, mais pour parler de tous ceux qui se disent ça en général. C’est comme commencer un jeu de société sans avoir envie de niquer tes adversaires, ça ne sert à rien de jouer du coup, si ? En plus y’a tellement d’inconvénients, comme te mettre à nue devant des dizaines de caméras, que la victoire c’est le seul moyen de te dire que t’as bien fait de venir. Du moins c’est comme ça que je le ressens, mais j’imagine qu’il y a plusieurs points de vue. La preuve, il a l’air de penser autrement. « Y’a qu’en étant convaincu de pouvoir gagner que tu vas faire ton maximum et que tu regretteras rien. » Parce que si tu te contentes de flipper en te disant que tu vas perdre, tu n’vas pas faire tous les efforts nécessaires. J’crois bien avoir tout donné depuis le début de l’aventure, et ça sera ma consolation en cas d’échec, même si c’est clair que je vise la première place et que je serai cruellement déçu de me la voir passer sous le nez. « C’est comme dans la vie en fait, si tu pars perdant tu seras un perdant. » Ouais ça marche souvent comme ça, à moins que t’ais une super bonne étoile et que tout te tombe dessus par magie. Parce que je ne suis pas arrivé là où j’en suis en attendant le cul vissé sur une chaise qu’on vienne m’offrir toutes ces choses. Non, je me suis bougé, je l’ai mérité. Et je me suis dit : ‘je vais y arriver’, comme je me dis : ‘je vais gagner’. Bref, je comprends ce qu’il veut dire, style tout le monde n’a pas la même assurance. Mais ils devraient, parce que la vie c’est une jungle. C’est peut-être malheureux, mais c’est comme ça. Enfin ça m’intéresse d’être confronté à des gens qui pensent totalement différemment, et pour le coup je ne suis pas déçu. Je veux dire, ça a plus d’intérêt que de discuter avec quelqu’un qui acquiesce à tout ce que tu dis. Et finalement il essaie de détourner la conversation sur moi sans me donner d’indice quant à l’évolution de sa relation avec la louve. Rah, zut. Bon, j’aurais essayé au moins. Je lui souris en notant qu’il commence à s’essouffler, et j’aurais presque envie de le traiter de vieux papi. C’est vrai qu’à ce niveau là les créatures sont légèrement avantagées. « C’est vrai que ça me manque, cette sensation d’appartenir à un groupe. » J’ai beau être un peu un solitaire, ils sont quand même toujours là, autour de moi, une immense famille sur laquelle tu peux te reposer en cas de grosses emmerdes. Et surtout il  n’y a qu’avec les membres de ma race que je peux me lâcher et être vraiment moi-même, parce que je n’ai pas peur de déraper et que je ne passe pas ma vie à les repousser. Ici c’est différent, mais je ne vais pas non plus m’étendre sur le sujet. « Je suis à peu près certain que personne ne regarde la télé, tu sais ils ont tous genre six gosses –l’angoisse-, alors ils ont autre chose à faire. » Puis je marque une pause. « Y’a bien mon cousin qui passe ses journée à glander, lui à la limite … SALUT JULIAN ! » Je le salue, au cas où, et puis je lui fous bien la honte au passage. « Enfin t’as de la chance que Maia soit une mordue, si t’avais dû te faire accepter par toute sa famille et tout, c’est toujours le bordel quand l’un d’entre nous ramène quelqu’un qui vient de l’extérieur. » Parce que d’après ce que j’ai compris de notre conversation, elle n’appartient à aucune meute. Mais peut-être que je me trompe. Je n'espère pas, sinon je viens de lui foutre un gros coup de pression. « Je dis pas que t’es un type qu’on n'aime pas, mais je crois que c’est pesant pour certains, un peu comme pour un mec dans une famille de femmes. » Où le gars se sent castré. C’est un peu pareil pour un humain dans une meute de loups quoi.

Spoiler:

Ouais non ils sont pas vraiment sur la même longueur d'onde. Et pendant un instant Nico se demande si ça vaut vraiment la peine de s'expliquer. Parce que c'est Sullivan, parce que l'entrée du château n'est plus si loin et parce qu'il n'a pas envie de déborder en racontant sa vie. Pourtant c'est chaud de s'expliquer sans empiéter sur sa propre histoire. Surtout pour Nico. Qui a une tendance terrible à être bavard. C'est qu'il aime bien se justifier. Il aime bien pouvoir expliquer ses arguments jusqu'au bout. C'est une manie assez fâcheuse, mais c'est comme ça qu'il est. Il a beau aimer la solitude, dès qu'il est en compagnie de quelqu'un il a besoin de s'exprimer à fond. Grand méchant loup, ou pas. " Non mais - " Il se mord la lèvre et inspire un coup. " Tu peux arriver ici sans nécessairement viser tout de suite la victoire. " Il réajuste un instant la bouffe qu'il tient entre ses bras croisés. " Surtout que face à d'autres personnes on se laisse vite écraser. Regarde toi, regarde moi. J'ai beau être conscient de mon pouvoir, face à un loup qui a toujours vécu dans un monde magique, qu'est-ce que tu veux que je pense ? " C'est plus simple de parler d'eux, l'exemple est concret et réel. " Nous les humains on débarque, pour la plupart. On maîtrise à moitié notre pouvoir. " Et encore. " Toi t'as toujours été un loup, t'as toujours été confronté à cette condition t'sais. Moi mon don il s'est développé peu à peu. Et pendant longtemps j'ai même voulu l'étouffer. J'sais pas, j'avais pas envie de porter ça tu vois ? Je voulais juste être normal. " Il se mord la lèvre. Ca l'embête un peu de se dévoiler comme ça. Mais ils sont à un stade de l'aventure ou ce genre d'informations ne jouent plus vraiment. Au tout début, il n'aurait pas été aussi sincère, de peur qu'on se serve de sa faiblesse pour le pousser à se rétracter d'autant plus. " J'pense qu'on n'arrive juste pas avec la même soif de victoire. Toi tu l'as depuis le départ. Moi elle s'est juste construite en chemin. Ca n'empêche que j'ai sorti les griffes aux duels et que je vais continuer à en faire de même. J'ai des trucs à me prouver. " Il se marre doucement. Ouais super, Nico. Moulin à paroles ça y'est. Mais faut comprendre, ça fait plaisir de parler avec quelqu'un d'aussi différent. Déjà parce qu'ils n'ont pas le même âge, et ça joue un peu sur leur vision des choses. Et puis parce qu'ils sont différents de par leur nature. " J'ai pas la prétention d'être sur la première marche du podium. Mais tu vois j'suis déjà putain de content. Parce que je suis arrivé en demi, et c'était pas franchement gagné. " Il hausse un peu des épaules. Ouais, c'est aussi simple que ça. Il s'en branle un peu de gagner Golden Valor. Il a déjà gagné tout ce qu'il pouvait chercher. La confiance en soi. La manière de maîtriser sa peur des pouvoirs. Et s'il a toujours un pincement au coeur quand il repense à l'entraînement, à l'apparition de l'image de sa soeur, ça n'empêche qu'il se sent déjà victorieux Nico. Y'a pas que ça, y'a pas que la victoire. C'est con mais au final ce jeu ça a aussi été une certaine leçon de vie. Et ça lui a permis de faire des rencontres assez dingues. Genre, Maia. Ouais. Maia, une louve. L'espèce qui l'effrayait le plus avant d'entrer dans le château. Il se prend à sourire quand Sullivan parle à son tour de son espèce. Ouais ça doit être bizarre de se retrouver seul dans un château. D'accord, y'a d'autres loups. Mais bon. " Du coup par rapport aux autres loups tu te sens comment ? Genre je sais pas, Atropos elle avait sa meute aussi. Y'a une rivalité ? Ou alors justement ça vous pousse à être plus proches ? " Ouais non c'est que ça l'intrigue cette histoire de meutes. C'est pas franchement évident à comprendre pour le simple humain qu'il est. D'un côté ça le soulage un peu ce qu'il raconte Sullivan. Parce que non, ils ont pas été menés à parler du post-GV avec Maia. Mais maintenant qu'il s'est attaché ça le ferait franchement chier de devoir la quitter pour une histoire de famille ou de race. " Vous êtes grave sectaires, en fait. " Il dit ça en souriant. C'est pas franchement une critique, mais ça l'hallucine un peu. Et puis il se souvient du prime avec les questions d'Histoire du monde magique. Les guerres et tout. " 'Fin bon j'imagine que c'est normal. Chaque espèce son histoire hein. " Il fait une pause un instant. C'est que le soleil tape fort quand même. Quelle idée de foutre trente mille marches pour retourner au château.

Spoiler:

Je me demande un instant si le gars ne va pas balayer mon avis d’un doigt d’honneur ou d’un soupir désespéré vous voyez, genre quel pauvre type. Mais il est bien plus intéressant que ça, puisqu’il décide lui aussi de m’exposer ses arguments. Et en fait c’est un peu flippant, parce que je me rends compte que plus il parle, plus on se ressemble. Et qu’en vérité il a une vision tellement erronée des choses que ça sert forcément son hypothèse. Parce qu’il est à dix mille lieues de s’imaginer que les créatures sont loin d’être aussi fortes que ce qu’il semble penser. Un loup-garou n’est pas invincible. Nous sommes justement le meilleur exemple qu’il aurait pu choisir pour former un contre-argument à ce qu’il est en train de me dire, parce que maîtriser notre forme animale est l’une des choses les plus complexes de notre nature. Surtout pour moi. « Je ne me suis jamais transformé. Pendant les entraînements ou pendant les duels. » Je me contente de dire comme si cette simple phrase pouvait tout expliquer, comme s’il pouvait comprendre tout ce que je refuse de détailler. Parce que je n’ai pas l’intention de m’étaler sur cette chose qu’on a en commun, ma volonté d’écarter ce que je suis de peur de ne pas réussir à contrôler mon loup. Contrairement à lui, j’ai eu beau me trimbaler avec toute ma vie, je n’ai jamais réussi à prendre le dessus. Et en fait je ris parce qu’il ne se rend pas compte à quel point il a tort de penser ça à propos de nous. C’est clair que ça m’a bien servi puisqu’il m’a sans doute craint beaucoup plus qu’il ne l’aurait dû, et au final j’ai réussi mon coup. J’ai réussi à lui faire croire que j’étais supérieur à lui, qu’il n’était qu’un humain insignifiant, et ma façon d’agir y a probablement beaucoup contribué. « Tu pars sur une idée de base qui est fausse, du coup tout ton raisonnement part à la flotte. Regarde Ragnarok, elle a toujours vécu avec sa magie et pourtant tout ce qu’elle veut c’est être normale elle aussi, parce qu’elle est beaucoup trop dangereuse pour les autres et pour elle-même. » Je prends un autre exemple que moi, parce que si vous pensez que je vais avouer que j’aimerais ne pas être l’esclave de la lune, vous vous foutez le doigt dans l’œil. Et pourtant c’est le cas, mais j’ai appris à vivre avec. J’ai appris qu’être un loup-garou qui ne maîtrise pas son pouvoir c’est être condamné à rester cloîtré dans sa meute. Je l’ai accepté, et j’en ai joué. « Je ne crois pas que la volonté de vaincre soit une question de race. » Parce qu’au final on part tous sur un pied d’égalité, et en vérité je suis probablement plus désavantagé que lui, contrairement à ce qu’il croit. « C’est simplement un état d’esprit. » Ce qu’il dit, quelque chose qui s’est construit en chemin pour lui. Quelque chose que n’avait pas ma partenaire qui était pourtant une sorcière de naissance, ce qui prouve que la différence de nature importe peu. Quelque chose que j’ai depuis le début parce que je me suis convaincu que la première place était à portée de main. C’est une attitude, une façon de penser. On peut se ressembler à un point qui fait peur, et pourtant avoir un raisonnement totalement différent. Ça me fait sourire, et je me dis que Nico a vraiment tout gagné en venant ici, que c’est sa victoire à lui. De la confiance, une meuf, c’est quand même pas mal vous voyez. J’avais espéré que ça changerait quelque chose pour mon loup, mais ça n’avait pas été le cas, alors maintenant tout ce qu’il me reste c’est de les écraser. Je continue à monter les marches en lorgnant sur les courses, repérant un paquet de gâteaux que j’éventrerais probablement une fois arrivé en haut de ces interminables escaliers. Mais je n’ai pas le temps de fantasmer trop longtemps sur la bouffe puisque le nabot semble particulièrement intéressé par ma race. En même temps, il va falloir qu’il se documente sur le sujet le gars, s’il veut comprendre sa nouvelle chérie. Je le soupçonne d’essayer de me soutirer discrètement des informations. Aussi je laisse échapper un sourire en haussant les épaules. « Si tu les rencontres seuls, ça te rapproche. Y’a peut-être une rivalité mais ça reste respectueux tu vois. Alors que si tu tombes sur une bande de loups c’est différent, ça peut rapidement mal tourner. » Un peu comme deux bandes de jeunes qui se disputent un territoire vous voyez. Alors que s’ils se parlent de façon isolée, leur appartenance commune à un groupe de délinquants va créer une empathie qui les rapproche. Et puis je le regarde en me demandant où il en est maintenant avec les loups-garous, parce que visiblement ça ne le fait pas flipper, c’est ce qu’il m’a dit dans le bar. « Tu devrais avoir peur tu sais. » Je lui dis en détournant le regard, continuant à grimper les marches. Ce n’est pas pour briser son idylle, mais je ressens ça un peu comme un devoir, de le mettre en garde. Je ne connais pas Maia en particulier, mais je connais trop bien les loups pour savoir qu’il devrait rester méfiant. Parce que même si elle ne le veut pas, elle pourrait lui faire beaucoup de mal.

Spoiler:

C'est vrai. C'est vrai qu'il n'a jamais vu Sullivan se transformer. Il repense d'un coup à son premier duel, Nico. Leur premier duel. Le loup avait réussi à garder sa forme humaine tout le long, contrairement à Adonis. Nico avait interprété cela comme un choix stratégique. Il n'avait jamais réellement songé au fait que ceci vienne d'une réelle volonté de ne pas se transformer. Parce que ouais. Sulli lui lance ce regard qui veut en dire beaucoup. Qui veut dire clairement, tu te trompes mon gars. T'as tord sur toute la ligne. Et Nico est pas sûr d'apprécier cela. C'est difficile d'admettre son erreur lorsuqo'n est autant convaincu de sa théorie. Il est arrivé au château en considérant les créatures comme les réels dangers, les personnes à abattre. Et au final Sullivan essaie de lui faire comprendre le contraire. Putain, c'est vrai que l'exemple d'Amarok est bien. Et ça lui casse la tête, Nico. Il a l'impression de voir un peu ses repères se briser. Le jeune homme se mord la lèvre tandis qu'il repense au visage de la métis. Il repense à leurs premières discussion, leur départ du prime. Ce moment où ils s'étaient tous les deux clairement avoués qu'ils flippaient à l'idée d'affronter cette aventure. Pourtant il est là. Il se tient debout à monter ces marches. Parce que lui a encore le droit de retourner au château. Parce qu'il est au seuil de la finale. Parce que cette peur s'est peu à peu dissipée. Effacée par une envie de se dépasser. Et putain ça lui semble tellement irréel. " T'as des nouvelles d'elle ? " qu'il se laisse échapper. C'est qu'il se sent bizarre, d'un coup. Comme s'il réalisait tout le chemin parcouru. Et que cette simple idée l'effrayait à nouveau. C'est peut-être con, mais maintenant qu'il a grandi, il a à nouveau tout à perdre. Et c'est clairement flippant. Est-ce qu'en sortant de Golden Valor il y aura une rechute ? " Mais c'est pas possible, d'être toujours aussi déterminé. Aussi confiant. " Non, sans blague. Le mec a la carrure du gagnant. " Surtout que j'sais pas. Tu t'en prends clairement plein la gueule depuis le début. Rien qu'avec les disputes avec les autres et tout. " Les blagues de Cordelia et Eukleia, par exemple. D'un point de vue extérieur ça peut être marrant, mais vu la pression que semble se mettre Sullivan, ça a pas du lui plaire autant. Allez pas croire. Il prend pas parti, Nico. Il adore les deux filles, et il s'est bien marré à voir Sullivan et Tyger ridiculisés devant les caméras. Mais y'a un moment où il n'est plus question que de s'amuser. " Plus tu veux gagner, plus tu te fous la pression, plus n'importe quel petit truc prend un enjeu considérable. C'est ça que je trouve con. Tu fais le mec qui se prend pas la tête, mais je suis sûr qu'au fond t'es le plus compliqué d'entre nous. Enfin, peut-être qu'on est au même niveau. " il finit, en se marrant. C'est qu'il l'apprécie, Sullivan. Ils ont peut-être des caractères diamétralement opposés, mais ça fait un bien fou d'avoir quelqu'un avec qui discuter aussi spontanément. C'est juste une question de respect. Le genre de trucs que certains semblent avoir oublié dans cette aventure. Il n'est clairement pas du style moralisateur, Nico, mais ça le rend dingue que certains en oublient un instant qu'ils sont à la télé. Et que la télé n'est pas un aparté au monde. Ils baignent bel et bien dans la réalité. Une réalité plus fictive, certes, mais où les valeurs restent les mêmes. On dirait parfois qu'il sont au sein d'un ballon trop pressurisé sur le point d'exploser. Qu'est-ce qu'il aimerait avoir une aiguille et pouvoir faire péter le truc, Nico. Relâcher la pression. C'est pour ça sans doute qu'il se sent plutôt bien là. Parce que mine de rien cette sortie, aussi mouvementée soit-elle, lui a permis de se relaxer un peu. Il traîne limite volontairement des pieds. Histoire de profiter de cette discussion. D'autant plus qu'elle se détourne à nouveau vers les loups garous. Il hoche la tête, Nico. Ouais, il voit bien ce que Sullivan sous-entend. De toute façon on dit toujours qu'il faut se méfier du groupe. Dans n'importe quelle situation, l'individu seul n'est rien. C'est le groupe qui peut détruire. Ca a toujours été comme ça. Dans les régimes dictatoriaux, dans le film la Vague. Bref. Il se materait bien un petit film un de ces quatre, le garçon. Ca va faire longtemps. Cette pensée l'aide un peu à se détourner des derniers mots de Sullivan. Par rapport à Maia. Il sent un instant son coeur s'emballer. Oui, il le sait très bien. Mais c'est pas franchement évident. " La pleine lune. Ca vous change, complètement ? " Est-ce qu'ils sont conscients de quelque chose ? Nico repense à l'entraînement de la veille. Evidemment, elle était sous le contrôle du pouvoir de Cordelia, mais ça n'empêche qu'elle l'a attaqué sans réfléchir. Sans scrupules. Déchargeant toute sa violence de louve sur lui. Et les traces sont encore luisantes sur son corps. Comme par réflexe il sent les griffures et morsures le brûler. Le garçon braque son regard vers sa main encore blessée et secoue un peu la tête. " Je sais pas franchement ce que je suis censé faire. Ca me semble tellement irréel. " Que d'un coup un humain se transforme, abandonnant sa conscience humaine pour la pulsion animale. Les portes du château. " J'ai pas envie d'avoir peur d'elle. " C'est con, dit comme ça. Mais ça lui paraît franchement pas sain comme idée. Il déglutit un instant. Merde, il se sent comme un gosse. Et ça lui plait pas. Non bordel ça lui plait pas du tout.

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