Nico tourne en rond cette après-midi. Il a passé deux heures fourré à la bibliothèque pour chercher quelques infos sur le calendrier lunaire et tout ce genre de trucs là. Son cerveau s’est un peu mis en standby avec le coucher du soleil faut croire, parce qu’il s’est arrêté au moment où il fallait compter les jours, les quartiers de lune tout ça. Il s’est dit qu’il verrait plus tard. Après un bon café. Le garçon se lève donc du grand fauteuil ou il était avachi et salue rapidement les autres candidats qui traînent dans le coin. Il sort dans le couloir et le longe jusqu’à atteindre les grands escaliers. Là, du haut, il jette un coup d’œil vers le bas. Juste histoire de voir s’il y a du monde qui traîne dans le coin. Il n’y voit pas grand-chose. Nicola se mord la lèvre. Bon, qu’est-ce qu’il lui reste à faire ? S’entraîner peut-être. Ca serait une idée pas mal. Il va aller faire un footing autour du lac tiens, histoire de prendre l’air aussi un peu. Et puis à coup sûr les salles d’entraînement sont encore occupées à l’heure qu’il est. Le garçon file rapidement dans son dortoir pour enfiler un jogging et des baskets adaptées et puis il retourne à l’escalier. Coup d’œil à gauche, coup d’œil à droite. Non, ce n’est pas raisonnable Nico. C’est méga haut quand même. Il descend quelques marches. Cinq, six. Dix, peut-être. Et puis il jette un nouveau regard par-dessus la rampe. Ca va. C’est plus si haut maintenant. Deux mètres peut-être. Un peu plus sans doute. Nico sourit avec ce regard du gamin qui s’apprête à faire une bêtise. Mais c’est plus fort que lui. Depuis qu’il l’a vu cet énorme escalier de marbre, il n’a qu’une envie. Il tapote des mains et puis s’assoit sur la rampe. Ni une ni deux, il lâche tout appui et se laisse aller, ses paumes glissant sur le marbre de l’escalier. Et bordel ça va vite. Ca va tellement vite qu’il n’a pas le temps de vraiment se rattraper lorsqu’il se sent basculer en arrière. Ses mains tentent désespérément un sauvetage in-extremis en s’accrochant, mais c’est trop tard, il se sent déjà tomber. « Aaah bordel » qu’il s’entend jurer. Boum. Nico pense voir la lumière blanche, mais au lieu de ça il entend une autre exclamation. Il ouvre un œil, puis l’autre. Il est étalé par terre, à moitié sur le sol froid. Son corps le lance de partout, mais ce qui l’inquiète surtout c’est cette silhouette à ses côtés. « Désolé désolé » qu’il lâche, un peu affolé, encore complètement dans les vapes du choc avec le sol. Il se porte une main sur le derrière de la tête, là où son crâne a percuté le sol. Quel abruti putain. Il se mord la lèvre pour se focaliser sur une autre douleur et puis se tourne enfin pour chercher à comprendre qui il a percuté. Sans blague, il a l’impression de voir des petites étoiles qui tournoient autour de sa tête, comme dans les films. C’est très bizarre. Mais il reconnaît Yasmine. La vampire à qui il n’a jamais eu l’occasion de parler depuis le début de l’aventure. Putain les vampires il aime pas trop ça, est-ce qu’elle va vouloir se soulager les canines sur lui ? « Ca va, pas trop de mal ? » Qu’il finit par rajouter, en s’éloignant. La pauvre elle a pas du le voir arriver. Lui non plus d’ailleurs, il n’a rien vu arriver. Il finit enfin par se relever, une main sur le bas du dos, une autre sur son crâne. Il sourit, un peu gêné, et puis lui tend sa main gauche pour qu’elle se relève à son tour. Il en a marre de passer pour le con de service, bordel.

Il est rare de me croiser en pleine journée dans la château. C'est même la première fois que je fais. Et si je le fais, c'est qu'une urgence me presse. Fantomatique, je traverse les couloirs de long en large, une longue traîne me suivant partout. Je porte une cape, qui couvre entière mon corps. Des pieds à ma tête, protégée et masquée par un large capuchon barrant mon visage en son milieu. Je ne vois pas bien, mais c'est la seule manière pour moi de ne pas être brûlée par la lumière déclinant peu à peu. Tout le reste de mon corps, quand a lui, est enveloppée sous une couche épaisse de vêtements et une robe, noire, m'assurant de ne pas brûler au niveau de mes pieds et se terminant sur mes poignets fins. Pour finir, des gants protégeaient mes doigts et remontaient jusqu'à mes avant-bras. Je ne suis que trop prévoyante. Malgré tout ça et malgré la fin d'après-midi, je sens ma force me quitter peu à peu. J'avance lentement, ne fait pas attention à ce qui se passe devant moi. « Aaah bordel » J'entends une voix qui s'exclame bizarrement, au pied de l'escalier où je me trouvais. Je n'ai pas le temps de soulever légèrement ma capuche que je tombe, poussée par une grosse masse. Il parle encore, mais je ne l'entends pas, je ne peux pas. Ma cape s'est légèrement détachée de mon cou et a laissé la lumière atteindre au niveau de mon cou et du bas de mon visage. « Aaaaaaaaaaaaaaaaah » Un long cris de douleur s'échappe de ma bouche tandis que ma peau, blanche, commence à se consumer par le petit faisceau de lumière encore présent ici. J'ai encore tous mes esprits, et attrape directement le bout de tissus pour me protéger le visage. Je ne m'énerve que très rarement, on va dire que ça n'a été plus de peur que de mal. Moi qui n'ai peur de rien en temps normal : mais la lumière m'effraie comme une petite bête devant un prédateur. « Vas t'en ! » Que je lui crache, toujours sur le coup du choc et de la peur. Mon visage est toujours caché par le tissu, que je soulève doucement pour le regarder. Il me propose sa main, mais je la décline d'un petite mouvement de tête. Non pas que je ne voulais pas son aide. Je la voulais d'une tout autre manière... « Est-ce que mon visage... » Je ne continue pas ma phrase, j'espère qu'il a compris. Est-ce que mon visage n'est pas trop amoché. Est-ce que je ne suis pas trop brûlée ? « Aides-moi à... Remettre ma cape s'il te plais » Je lui demande, car je ne pourrais jamais le faire seule.