CORDELIA & JUDICAËL
14H30


C’était cool de pouvoir continuer de glander dans ce château après avoir été sauvé par le public. Je n’avais pas été stressé de toute la soirée, mais une fois l’heure fatidique approcher, j’avais sentit comme une étrange boule au ventre, surtout en voyant tout le monde se faire repêcher, sauf moi. Un gros poids c’était enlevé lorsque j’avais entendu mon prénom. J’étais donc heureux de pouvoir continuer cette aventure aux côtés mon binôme Cordélia dont je n’avais pas adressé plus que ça la parole depuis ce qui c’était passé dans la salle de bain. Je n’étais pas spécialement vexé, juste touché dans mon égo, mais je la détestais pas pour autant. En tout cas, elle et moi avions plutôt intérêt à tout déchirer durant les prochains duels et à s’entraîner comme des malades ! Assis sur ses grands escaliers de marbres, j’attendais que le temps passe muni d’une brique de jus d’orange que je savourais tranquillement mordillant la paille comme si je cherchais à me défouler sur elle. Ma concentration sur ce bout de plastique fut de courte durée puisque je ne tardais pas à déposer mes yeux sur Cordé. « Salut. » C’était le moindre des politesses que de lui dire bonjour quand même, je n’allais pas la snober, quoi que venant de moi ce ne m’aurait même pas étonné.

Je suis quand même heureuse de pouvoir me la couler douce pendant encore deux semaines. Il va absolument falloir réussir les duels cette semaine, je ne veux pas revivre la nomination une seconde fois. Mes ongles ne le supporteront pas, déjà que j’ai tué ma manucure en les rongeant cette semaine à cause du stress… Je n’ai pas adressé la parole à Judi depuis le fameux soir ou j’ai trop abusé de l’alcool, je me suis littéralement jetée sur lui dans la salle de bain le prenant pour Brad Pitt... J’ai vraiment honte de mon comportement, ce n’est pas contre lui hein je le trouve très mignon même si je suis plutôt du genre mecs musclés. Je décide alors après avoir mangé de partir à sa recherche dans le château. Je croise Maia qui semble apparemment l’avoir vu dehors. J’arrive aux marches de marbre, il se tenait effectivement là, mordillant la paille de sa brique de jus d’orange comme un autiste, c’est assez mignon je dois dire. Je m’avance doucement vers lui vraiment très gênée, il me lance un salut assez froid je dois dire, mais bon je crois que je l’ai mérité. « Salut Judichou ». Je pose mes jolies petites fesses à ses côtés. Lui tapotant gentiment l’épaule. « J’ai quelque chose à te dire ». Je me mords la lèvre inférieure, je déteste m’excuser, on dirait que les mots ne veulent pas sortir. J’évite son regard le plus que je peux. « Voilà, je m’excuse pour… Tu sais la dernière fois. Ma réaction… Ce n’était pas contre toi, du tout ! Je veux dire j’ai beaucoup apprécié le baiser. Toi aussi je suis certaine ! C’est évident. Je me suis sentie honteuse sur le coup, de t’avoir sauté dessus comme ça c’est tout. Tu dois me trouver pathétique... »

Nos regards ne se croisèrent pas plus cela. Je n'avais aucune envie de la regarder, trop concentré à triturer cette foutue paille pour passer mes nerfs. Il ne fallait pas me toucher dans mon orgueil ça pouvait faire de sacrés dégâts. J'avais beau échanger aucun contact visuel avec elle, je l'écoutais quand même d'une oreille attentive. Voilà qu'elle présentait ses excuses. Moi qui pensais qu'elle était du genre aussi fière que moi pour ne pas s'abaisser à cela, il faut croire qu'elle se sentait vraiment honteuse sur ce coup-là. « Oui je te trouve pathétique. » lâchais-je coup sec en toute honnêteté. Elle s'attendait à quoi franchement ? Que je la brosse dans le bon sens du poil ? Malheureusement, ce n'était pas aujourd'hui qu'elle me verra faire ça, ni dans un jour et encore moins dans trois ans. « Et si t'arrêtais de te bourrer la gueule ? Peut-être que tu te rendrais compte de qui t'embrasse et qui te tape non ? Enfin je dis ça je ne dis rien » Ce n'était pas une bonne idée de m'embrouiller avec mon binôme ainsi. Nous devrions plutôt être content d'avoir été sauvé par le public et nous avions plutôt intérêt d'être encore plus solidaire que jamais pour les prochains duels, mais mon caractère était parfois impossible à contrôler et pourtant, qui l'eut crut que je me comporterais aussi froidement avec Cordélia.

« Oui je te trouve pathétique. » Vlan, prends-toi ça dans la gueule Cordelia. Bon d’accord ces derniers temps j’avoue avoir été un peu une catastrophe ambulante pourtant ce n’est pas la peine de se montrer si méchant envers moi. Après tout, il a quand même eu la chance de m’embrasser alors que j’étais en petite tenue. Je ne sais pas pourquoi mais j’accorde de l’importance à ce que Judi pense de moi… La j’ai limite envie de me mettre à pleurer, je m’ouvre à lui, je m’excuse, ce que je fais très rarement, et lui reste impassible, froid, distant. Je tourne un peu la tête histoire qu’il ne puisse pas voir mes yeux imbibés de larmes. Merde mais pourquoi tu chiales Cordelia reprends toi. J’essaye de me contenir mais avec ce qui suit c’est quand même très difficile. « Et si t'arrêtais de te bourrer la gueule ? Peut-être que tu te rendrais compte de qui t'embrasse et qui te tape non ? Enfin je dis ça je ne dis rien » Il me traite de quoi là ? Alcoolique ? Salope ? Je ne me suis tapée personne moi ici contrairement à lui. Cette fois je fonds en larme pour de bon. J’arrive à encaisser les critiques et je me fous habituellement de ce que les gens pensent de moi, mais venant de quelqu’un que j’apprécie, du moins que je pensais apprécier c’est plutôt difficile. « Tu ne connais rien de moi, arrête de me juger ! J’ai pas de leçons à recevoir de toi merci, j’ai couché avec personne ici, tu ne peux pas en dire autant... Puis merde, laisse tomber » Je suis à deux doigts de partir, de le laisser là en plan, je me suis assez ridiculisé pour la journée, pleurer devant les gens c’est pas vraiment mon truc.

J'aurais pu m'attendre à toutes les réactions possibles venant de Cordélia, mais à celle-là. C'était bien la première fois que je voyais la demoiselle pleurer alors qu'en temps normal elle emmerdait les gens qui passaient leur temps à la critiquer. Je restais de marbre -comme les escaliers soit dit en passant- et regardais la demoiselle tourner les talons après avoir enchaîné suite à mes paroles plutôt trop...blessantes ? Je n'en savais rien je n'arrivais pas à mesurer le poids de mes dires. Je soupirai avant de me lever et de me tenir en face d'elle. « Non je ne laisse pas tomber Cordé, je suis juste un peu frustré ok. » J'avais baissé le ton fasse à la blondinette qui se trouvait sur les escaliers avec moi. « Faut pas pleurer Cordé... » Je me sentais assez d'avoir fait fondre en larme mon binôme, car je commençais tout juste à m'y attacher, peut-être qu'elle aussi ce qui expliquerait sans doute ses quelques larmes qui coulaient encore sur ses joues. Confiant, espérant que cette fois-ci elle ne me jette pas, j'essuyais ses quelques larmes à l'aide de mon pouce, esquivant un petit sourire qui se valait rassurant. « Je suis sûr que tu ne voudrais pas montrer aux autres que t'as pleuré, mais t'inquiète ça restera entre nous » J'échangeais un clin d'oeil avec la demoiselle pour lui faire comprendre que ce secret serait bien gardé.

Opération furtive. Tyger se positionne en haut des escaliers, couché par terre, il observe Cordélia et Judicaël mais ils ne peuvent pas encore le voir. Il a une mission, mais il lui faut une stratégie efficace pour la mener à bien. En même temps il écoute leur conversation, et se demande si c'est une bonne idée de venir déranger leur moment d'émotion. Non en fait à bien y réfléchir c'est plutôt bien pour l'effet de surprise, et peut-être qu'elle aura un peu perdu ses moyens. Il débouche déjà le pot de vernis et s'élance soudain dans l'escalier, pour débouler devant Cordélia. Il profite de sa surprise pour lui tartiner la joue de vernis rose pétant volé à Absinthe, a fait vaguement un T, mais on pourrait aussi dire que c'est un F ou un cœur même, enfin comme vous voulez il a pas le temps de rectifier ça devient chaud et il a pas que ça à faire. “ Salut Barbie ! ” lance-t'il genre pour justifier son attaque t'as vu. Il aurait bien envie de se barrer tout de suite, mais il doit réaliser la deuxième partie du défi. Il sort son ciseau et essaie de lui couper une mèche de cheveux, mais il arrive à peine à couper deux cheveux qui sont tout plein de vernis qu'il est forcé de battre en retraite parce que là ca va aller chaud pour sa peau s'il a une barbie féroce et un loup-garou énervé à ses trousses. “ Bon ben salut Ken et Barbie, content de vous avoir vus ! ” Il tente une cascade par dessus la rambarde de l'escalier et se casse à moitié la gueule mais parvient à s'enfuir.

J’étais prête à partir, m’en aller, le laisser là en plan sur les escaliers de marbre, j’étais bien trop vexée par ses mots même s’il y avait une part de vérité dans ses dires. Je me lève d’un pas déterminé pourtant Judi me rattrape. « Non je ne laisse pas tomber Cordé, je suis juste un peu frustré ok. » Il doit avoir compris qu’au fond je suis quelqu’un de sensible et que cette fois, il est allé trop loin. Je fais un pas en arrière, toujours énervée, s’il croit qu’il va s’en tirer si facilement il se plante. Je ne suis pas rancunière mais j’ai des limites. Je regarde autours de moi, vérifiant que personne ne soit témoin de la scène, je n’aimerai pas qu’un candidat me voit dans un moment de faiblesse. Je suis toujours décidée à lui hurler dessus, pourtant lorsqu’il s’avance vers moi et essuie une larme qui coule alors le long de ma joue avec son pouce, je ne peux pas m’empêcher de sourire. Je suis troublée, je viens de lui montrer une part de moi que je préfère garder secrète. Je ne peux pas me permettre d’être faible, surtout pas dans ce jeu. « Je suis sûr que tu ne voudrais pas montrer aux autres que t'as pleuré, mais t'inquiète ça restera entre nous » Encore heureux, déjà le mec me pousse aux larmes si en plus il va aller s’en vanter c’est que c’est vraiment la pire des ordures. « J’espère… » J’essuie tant bien que mal mon mascara qui commence à couler. « Je ne sais même pas pourquoi je pleure en plus » Ouais voilà essaye de te rattraper Cordelia. Je lève ensuite la tête vers le haut des escaliers et je remarque qu’un gars fonce sur nous à une vitesse folle. “ Salut Barbie ! ” Me lance-t-il en me tartinant le visage – et les cheveux – de vernis rose pétasse bon marché qu’il a certainement du voler à son attardée mentale de partenaire. Vous voyez le vernis ce n’est pas vraiment le problème, franchement j’aurai pu supporter. Mais là Tyger sort des ciseaux de sa poche et tente de couper une mèche de mes cheveux. Le gars vient de signer son arrêt de mort, on ne touche pas à mes cheveux, jamais, je déteste ça il n’y a rien de pire pour me pousser au crime que de s’en prendre à mes cheveux. Je n’ai même pas le temps de réagir qu’il est déjà parti comme un voleur, manquant de se rompre le cou en enjambant une barrière. Le vernis dégouline le long de mon visage. Immobile, je fixe le sol le regard noir et remarque qu’une mèche de ma chevelure blonde se trouve à mes pieds. Je ne peux plus contenir ma colère. J’hurle si fort que le château tout entier peut m’entendre. « MES PUTAINS DE CHEVEUX » Je me retourne dans la direction de Tyger qui continue de courir. « TU ES UN HOMME MORT SACHE LE ! PRIE POUR QUE JE NE TE RETROUVE PAS »

Au moins nous étions deux, je ne savais pas non plus pourquoi elle s'était mise à pleurer, mais avec ce qui s'en suivait, elle avait de parfaites raisons. Je m'étais éloigné de Cordélia, surpris par l'arrivée de Tyger sur les escaliers. Du vernis, une paire de ciseau, WHAT DOING HELL ? Est-ce qu'un action/vérité était en train de se dérouler au sein du château sans moi ? Sans que je sois au courant ? Car c'était tout simplement inconcevable, j'adorais trop ce jeu pour que ce soit le cas. Autre possibilité, Tyger était trisomique en manque d'intention. C'était dur de ne pas rire à la vue de la tête que Cordé tirait. Les filles et leurs cheveux je vous jure, ce n'était pas la mort non plus. Quoi que...je serrais les dents en entendant la voix stridente de la demoiselle. Mes oreilles quoi... « Et si t'allais plutôt lui casser les oreilles à lui qu'à moi ? » je me frottais les oreilles espérant avoir encore l'ouïe en bon état. J'arrivais encore à entendre les nombreux habitants parler, crier, preuve que le château était actif en ce dimanche après midi et surtout, plus que tout, que j'étais encore capable d'entendre. La mèche par terre était la raison de tout ce raffut et effectivement, ça c'était de la mèche. « Ne la laisse pas traîner, les filles sont assez mystiques pour en faire du vaudou » Le malade avait quitté la pièce aussi vite qu'il était venu, sûrement pour éviter de se faire tuer.

« Et si t'allais plutôt lui casser les oreilles à lui qu'à moi ? » Très bonne idée, croyez moi, ce Tyger ne va pas s’en tirer comme ça, je ne m’appelle pas Cordelia sinon. Si je suis bonne à une chose, c’est bien la vengeance. Je sors un mouchoir de ma poche et tente d’essuyer le vernis qui coule le long de mon visage avant de répondre à Judi. « Je crois que tu as tout à fait raison, il va souffrir, crois moi des têtes vont tomber. » Ce n’est pas possible de se retrouver entourer d’autant de boulets en un même endroit, il y a ici quatre ou cinq personnes à sauver, le rester est à jeter aux ordures avec la vieille fée. Judi fait ensuite une remarque sur la mèche de cheveux posée au sol qui pourrait potentiellement servir dans un rituel vaudou. Je me baisse pour la ramasser. Son épaisseur est hallucinante, c’est une mèche de compétition qu’il a coupé là. « Putain je vais le castrer » Et encore je trouve pas ça assez cruel. « Bon dieu il me faut un miroir» Je tapote l’épaule de Judi avant de remonter les marches direction le dortoir Rubis pour essayer de voir l’étendue des dégâts. « A tout à l’heure » Je lance avant de m’éloigner pour de bon

Je n'aimerais pas du tout être à la place de Tyger, car elle avait l'air d'avoir beaux projets pour ce petit et il avait plutôt intérêt de faire des enfants aux plus vite s'il en voulait, car bientôt il se retrouverait castré par la belle blondinette à cause de quoi ? D'une mèche de cheveux. Je regardais ce spectacle, amusé des nombreuses scènes hilarante avec tourner ma tête pour savoir si je ne trouvais un miroir pour me rendre utile face à elle, mais je décidais de ne pas proposer mes services, car je n'en trouvais pas tout simplement et il serait préférable de la laisser vaquer à ses occupations afin qu'elle prépare en toute sérénité -si possible- sa petite vengeance. Soit, je décidais aussi de partir de ses escaliers en marbre bien décidé de savoir ce qui se passait dans ce château, pourquoi il y avait des personnes qui agissaient aussi bizarrement. « A plus ! » répondis-je sans même regard Cordélia, avant de m'en aller de mon côté.

[SUJET TERMINÉ]