Je m’emmerde. Disons-le, y’a facilement moyen de mourir d’ennui dans ce château, quand on ne se raccroche pas désespérément aux autres candidats. J’ai bien récuré les chiottes avec la brosse à dents de la ventouse, recouvert le rouleau de papier cul des toilettes du sous-sol de Nutella –désolé boutonneux-, glissé une photo polaroïd de la gueule de Tyger en train de baver dans la poche d’une veste jetée sur le canapé, mais maintenant, j’ai plus grand-chose à faire pour m’occuper. Alors je décide de me rendre dans les vestiaires pour faire l’inventaire des vêtements les plus hideux que les candidats ont trimballés avec eux, parce qu’avec Cosby en compétition, il doit y avoir des pépites d’or. Du coup je fouille un peu partout comme un malpropre, jetant régulièrement des coups d’œil en direction de la porte pour éviter de me faire surprendre par un intrus. Je déniche notamment une magnifique petite culotte de mamie que j’identifie comme celle de la ventouse –déjà vue en situation réelle-, un pull de laine tricoté par la grand-mère du boutonneux qui en a une collection impressionnante, un truc pour les grosses qui appartient probablement à bobonne pour se rajeunir de quelques années, des chaussures au talon plus haut que le mont Everest, et surtout, mon préféré, un pantalon au motif léopard pour homme. Je suis en train d’admirer l’horreur en ricanant tout seul, ayant disposé les vêtements sur le banc pour reconstituer un corps humain afin d’immortaliser tout ça avec mon appareil photo, quand j’entends la porte qui s’ouvre. Je suis aussitôt exposé devant le bûcheron qui me mate avec circonspection. « OH PUTAIN, désolé je trouvais juste ton pantalon tellement beau que je voulais te le voler. » Je me marre de nouveau, parc que ce truc me semble un peu trop large pour appartenir aux trois autres gringalets du dortoir.

Je venais d'aller courir. J'avais enfilé un short et un t-shirt et j'étais parti, motivé, à aller courir, faire mon tour de jogging. J'avais commencé par longer le bord du lac puis finalement je m'étais décidé à repasser dans le grand hall et à emprunter la descente vers la ville pour pouvoir aller me défouler dans le parc. Je n'ai pas croisé grand-monde, c'était l'heure de midi, tout le monde devait être à table à ce moment-là. La montée fut plus dure mais j'ai de la condition physique et de l'endurance alors bien vite j'étais au château, trempé de sueur en mode winner, mâle viril qui a sué, j'adore. Je trottine jusqu'à mon dortoir, histoire de me diriger vers les douches mais avant ça je passe par les vestiaires histoire de choper une serviette pour aller à la douche, j'ai mis la dernière en mode « attente d'aller à la lessive ». J'pousse la porte des vestiaires et tombe sur Sullivan qui.. j'aurais dit à première vue fait les poubelles, mais c'était plutôt fouine dans les placards des autres. Je fronce les sourcils, j'te jure que s'il a retourné mon armoire avec mes affaires dans le but de me voler quelque chose, il va se retrouver dans le mur. Il se fout à rire, devant un pantalon léopard parmi d'autres immondes pièces de « mode », et invente qu'il voulait me voler mon pantalon. Mh, mon pantalon bien sûr. « Mec, le jour où j'enfile ça, promets-moi de me tuer » je lâche, agacé. Franchement, on dirait un peu un gamin là. Puis je switche mon humeur du moment en mode gamin aussi. Après tout, autant s'amuser. J'sais pas j'ai une envie là histoire de lui faire regretter sa parole débile, j'le chope et je l'envoie sur le lit en mode bagarre de gamins, genre t'as vu comme t'atterris comme une loque sur le lit, genre j'suis le meilleur et t'as l'air con. Je me mets à sourire, en plus, parce que j'suis en sueur. S'il est chochotte, il va pas aimer jouer avec un mâle qui a sué pendant deux bonnes heures. Ca ajoute du piment à l'histoire.

Regardez-le faire son innocent le bûcheron, n'importe quoi. Je n'gobe pas son histoire, mais c'est demandé si gentiment que je ne peux m'empêcher d'accepter sa requête. « Compte sur moi. » Quel bon ami je fais, n’est-ce pas ? Ok, donc il ne me reste plus qu’à demander à bobonne de convaincre le bûcheron d’enfiler ce truc, et HOP, un candidat de moins. Parce que j’imagine que si je lui demande gentiment, j’ai peu de chance d’être exaucé. Mais le gars me prend subitement en traître, m'envoyant valser au bout du lit comme une merde. OH VAS-Y, il fait quoi là ? « Ah ouais, t’es comme ça toi. » Je me redresse sur les coudes, faisant glisser mon regard sur les draps. « Attends c’est le lit de qui là ? Parce que je baise pas sur le lit de la ventouse, c’est trop gore. » Ouais, c’est évident qu’il a envie de me choper. Si j’avais su que les motifs léopard l’excitaient autant, je les aurais utilisés avant. Et puis je me mets à rire comme un con, parce que je crois bien que je ne suis pas crédible. Non ouais, je sais très bien qu’il n’a aucune envie de me sauter, j’ai entendu parler de l’échec cuisant du gars bizarre qui a abandonné l’aventure. Bien sur avec ma gueule de beau gosse irrésistible j’ai plus de chance de succès, mais bon. En plus, c’est pas lui qui s’est démerdé pour atterrir à poil sur moi lors des derniers duels ? Oh ouais, si ça s’trouve … Bref, je profite de ce petit moment de flottement pour tirer sur son bras glissant, l’obligeant à se pencher vers moi. Puis je lève mes pieds que je plaque contre son torse, le faisant basculer en avant sur le lit au-dessus de ma tête. Il exécute une magnifique roulade avant de se retrouver sur le dos comme une étoile de mer. Alors je lui saute dessus avant qu’il ait le temps de répliquer, m’étalant sur lui en glissant mon bras droit sous sa nuque, et ma main gauche contre sa joue. Quiconque pénètre dans cette pièce jurerait que je suis en train de lui faire un gros câlin, mais en fait je suis carrément en train de lui tordre le cou et le bras droit. Il doit d'ailleurs commencer à suffoquer. « Tu schlingues mon gros loup. » J’avais même pas remarqué avant, mais collé à lui là, je peux plus trop y échapper. Je n’sais pas vraiment ce qu’il vient de faire, mais le gars est tout transpirant et dégage l’odeur typique du mâle absolu. Limite excitant. Ou dégoûtant, au choix.

J'ai toujours bien aimé taquiner et chercher les gens, les ennuyer, les emmerder. J'ai des muscles du coup je gagne souvent. Mais là, en l'occurence, Sullivan possède un bon paquet de muscles aussi. En fait ça va être le combat des gros mâles qui se chamaillent avec des tentatives d'attaque dignes de moineaux. Sérieux, ça va être ça. J'viens de l'envoyer sur le lit histoire de faire la bagarre. Bon, évidemment, autre chose lui passe par la tête un court instant mais j'ai bien compris – du moins j'espère – qu'il faisait genre. Non mec j'te pousse pas sur le lit pour te faire l'amour. Puis il parle de la ventouse, mouais, je relève pas vraiment. J'compte pas le sauter de toute façon, je pense qu'à mon regard maintenant joueur il l'a compris. Même si mes sourcils sont passés un instant en mode wtf. « J'compte pas te la mettre dans le cul mon ange, c'est pas vraiment ma tasse de thé. » Je balance un sourire en mode colgate. Puis j'éclate de rire vu la gueule qu'il tire. Il me fait passer au dessus de lui, en plantant ses pieds sur mon thorax. Je m'étale sur le lit en mode grâce divine. Puis il se jette sur moi, je pense à une trêve vu qu'il se couche totalement sur moi en mode rapproché. Ok câlin peut-être ? Vu la douleur lancinante de mon bras, non visiblement pas. Je parviens à ouvrir ma gueule, à caqueter des dents en mode avertissement avant de lui choper l'oreille. Seule chose à proximité, je mords un bon coup, il me relâche. « Désolé d'avoir fait du sport. Ca sent le mâle, j'ai cru comprendre que t'aimais ça. » Moi cherche-misère ? Non juste curieux de savoir si les rumeurs sont vraies. Profitant de ma petite réplique déconcertante alors qu'il m'a lâché après la morsure, je pousse son torse de mes deux mains positionnées sur ses épaules et il se vautre sur le sol. Le lit est à moi, territoire conquis. Maintenant réponds, bougre.

Ouais c’est bien ce qu’il me semblait, il n’a pas envie de faire joujou de cette façon. Dommage. Pour lui hein. Je lui rétorquerais bien qu’il n’a aucune chance de me la mettre dans le cul, histoire que les téléspectateurs éventuellement intéressés ne se fassent pas de fausses idées, mais passons. Du coup je poursuis sa bagarre entre loups super virils qui se font autant de mal que des gamins s’attaquant à coups de pichenettes dans la cour de récré. Limite un môme avec un lance pierre serait plus dangereux que nous. Déjà il y a le lit pour amortir notre chute, le bûcheron faisant presque l’avion pendant son vol plané, et en plus on ne choisit pas forcément les prises les plus violentes. Une poussée de torse, un câlin, on a déjà connu plus efficace. Aussi je cherche à gagner l’avantage en l’étouffant discrètement, parce que les trucs vicieux ça me connaît, mais le loup pue la mort et ça me déconcentre vachement. Limite j’ai les hormones qui se réveillent, ou alors c’est une envie de vomir, je ne sais pas bien. AÏE putain, il me mord l’oreille le con ! Je déteste qu’on me touche l’oreille, c’est la partie sacrée de mon anatomie, la zone défendue, le saint graal vous voyez. Alors je le lâche instantanément, parce que ça me stresse au plus haut point, et il en profite pour me faire un sous-entendu histoire de tâter le terrain. De toute façon, je pense que je suis grillé depuis ma précédente phrase. « J’aime ça ouais, quand c’est avec moi qu’on fait du sport. » Parce que la transpiration c’est toujours mieux de la produire que de la subir. Et si t’es le seul en nage, faut commencer à t’inquiéter. Bref, on ne va pas épiloguer sur la question, et il m’éjecte du lit comme un malpropre par une nouvelle poussée de ses bras sur mes épaules. Bâtard. Je m’écrase lourdement sur le sol avant de laisser échapper un grognement de mécontentement. S’il croit qu’il va s’en tirer à si bon compte, c’est bien mal me connaître. Je me relève calmement en époussetant mon jean, parce que les femmes de ménage de l’émission –soit les candidates- ne sont pas très efficaces ces derniers temps. « Bon, je te propose une trêve, c’est vraiment puéril. » T’as qu’à croire … Je m’installe innocemment sur le bord du lit, assez loin de lui, attrapant la culotte de grand-mère de la ventouse entre mes doigts avant de me jeter sur lui une nouvelle fois, lui filant un coup de genou dans les côtes pour l’obliger à ouvrir la bouche, le sous-vêtements de la sorcière plaqué sur sur son visage. « Allez, dis Aaaaah, fais pas ton timide. » Que je lui demande comme si j’étais son médecin.