FEAT NICOLA

J'aime bien l'eau. Je sais pas pourquoi. J'aime bien. Je m'y sens bien. J'aime bien. Les cheveux plaqués sur les yeux, je songe à ça. Au fait que l'eau est mille fois plus fascinante que la terre, ou le feu. Même si c'est l'air que je préfère. L'eau, ça reste pas mal. C'est vital et mortel en même temps. C'est fascinant. Imageant mes songes, je m'enfonce dans le lac, paupières étroitement closes, souffle coupé et l'abdomen pressé par l'étau de l'eau. Je suis une fée, un fé, je devrais même pas aimer ça. Mais en vrai, j'adore l'aspect que ma lumière a sous l'eau. C'est pas un loup-garou, ou un vampire qui pourrait faire ça. Un loup tout mouillé et barbotant dans la flotte, c'est pas super glamour, comme image, si ? Alors que moi, si je parviens à canaliser la lumière, je brille. C'est super génial. Mais la vérité, c'est que je suis loin d'être aussi spirituel. Enfin, en général. J'aime me baigner pour le simple fait de barboter dans la flotte, justement. Tester mon apnée, éclabousser voire noyer en traître les téméraires s'approchant trop de moi, chasser un poisson. Et comme il se trouvait que n'étaient prévus cette semaine ni entraînements, ni duels, je n'avais rien de mieux à faire que de traîner et m'amuser autant que possible. Donc j'étais là. Au lac, pas loin de la tente que j'avais quitté quelques heures plus tôt et que je ne pouvais déjà plus encadrer. Dormir en tente me dérange pas spécialement, mais ces foutus morceaux de tissus symbolisent une pré-aventure qui ne m'intéresse pas. J'veux le luxe, les dortoirs, la baston ! bordel de merde ! Cela dit, il était temps de remonter. Si quelqu'un passait par là, il penserait sans doute que j'suis en train de me noyer, voire de me suicider. Je perce alors la surface du lac, m'ébroue comme un clébard, ou plutôt, comme un loup. J'suis où ? Il nous faut une seconde avant de retrouver nos esprits, à mon sens de l'orientation minable et moi. Puis, finalement, je baille, et me laisse partir sur le dos, moi, Patrick l'étoile de mer. Il fait vachement beau, en plus. Putain, j'suis bien.

C’est le troisième jour qu’ils sont ici. Et faut dire que ça commence un peu à lui taper sur le système à Nico, les tentes, le campement, tout ça. Il aime bien être installé, lui. Alors aujourd’hui encore il s’active assez tard, pour raccourcir au maximum le temps perdu dans le reste de la journée. Mais s’il a envie de râler un bon coup, Nico se calme de suite quand il voit le soleil qui rayonne dehors. Soleil. Ca fait un + un direct dans sa tête. Il sort les lunettes, le short, c’est bon il est prêt à bronzer. Eh ouais, c’est un gars du soleil lui. Trois rayons même pas et il devient direct le mec le plus heureux au monde. Une vraie pile électrique. Alors il fait un peu le tour du campement, pour tcheker les différents candidats qui traînent par là. Il distribue des salut, des tapes amicales, des « eh t’as vu le soleil de ouf ! » à tout va. Trop cool, se dit Nico. S’il fait beau comme ça tout le temps il est certain qu’il va bien avancer dans l’aventure. Ca lui donne une force, un truc, voilà, un truc de malade. Il va peut-être faire une danse du soleil, ou alors prier le soir pour que le truc là-haut qui gère la météo soit clément avec lui. D’ailleurs, y’a peut-être un candidat qui a un pouvoir dans le genre. Hm. Va falloir passer tout ça au rayon x. Nico sautille presque, en allant vers le lac. Il reluque à droite à gauche quelques meufs qui passent. Il ajuste ses lunettes de soleil, enfile ses mains dans les poches de son short. Un signe de tête ici et là. Nico mate un peu le ciel, il sourit, il rayonne. Un vrai gamin à qui on donne une sucette après une longue journée à l’école. Il est heureux. Alors ouais, quand il arrive sur la rive du lac il se pose pas plus de questions. Il lâche ses affaires, son tshirt ses lunettes, garde juste son short de bain. Et ni une ni deux il se jette dans l’eau. Y’a personne autour, il file un peu comme un enfant, il court, court, splash. Ca éclabousse partout. Ah et tiens, si. Y’avait peut-être quelqu’un en fait. Nico sort la tête de l’eau, il se frotte les yeux et rabat ses cheveux en arrière. Tiens, c’est le mec de l’autre jour, le seul mec qui lui a paru vraiment cool en arrivant sur la plateau du prime. « Serafin, c’est ça ? » qu’il lance déjà alors qu’il le rejoint en quelques mouvements de bras. Il sourit Nico, il est assez content d’avoir l’occasion d’échanger deux trois mots avec le fé. Ouais, c’est bien ça, non ? C’est un fé. Il brille de partout. « Moi c’est Nico ! » Et puis il s’amuse un peu avec l’eau, à faire des petits jets avec ses mains, comme quand les baleines crachent l’eau de l’espèce de trou qu’elles ont sur la gueule. « Eh cool la lumière là ! » C’est vrai, c’est vraiment stylé il trouve Nico. L’apparence que ça a un fé dans l’eau. Il en est presque jaloux. Lui il est juste palot à s’agiter comme une andouille. Mais il l’a peut-être dérangé ? C’est vrai qu’il avait l’air d’être tranquille à faire la planche. Tant pis. Ils sont aussi ici pour socialiser un peu, pas vrai ? Nico il kiffe parler.