Enervée, je quittais le duplex. Non seulement la fille au nom de félin ne m'avais pas ramené un verre pour me détendre ‘j’ai que deux mains’ qu’elle m’a dit. Tss, qu’elle aille s’en acheter une autre, il doit bien y avoir une boutique qui en vendent, qu’elle serve au moins à quelque chose. Mais en plus et ça c’était la blague du jour, on allait vivre comme des indiens jusqu’à la fin de la semaine. Il ne manquait plus qu'on se regroupe autour d'un feu en chantant des chansons paillardes. ET LA BOUFFE, quelqu’un y a pensé ? On ne va pas devoir aller pêcher les poissons du lac au moins ? C’est laid les poissons. Sans m’en rendre compte, j’avais pris un chemin me menant tout droit à la terrasse se trouvant derrière le château. Mon subconscient ma narguait ou bien ? Sans prévenir, je m’approche du mur de pierre du bâtiment et commence à le tâter de tout partout. Avec un peu de chance, je déclencherais un mécanisme ou un de ces foutus passages secrets, comme dans les films. Mais oui, c’est ça, c’est une sorte de jeu, ils ne vont pas nous laisser pourrir dehors, ils veulent qu’une âme intelligente (comme la mienne par exemple) vienne résoudre l’énigme qui ouvre les portes du château. C’est sûr, obligé, il n’y a pas d’autres solutions. A la longue je commençais à fatiguer et des gémissements de frustration parvinrent à mes oreilles, les miens. Je perds espoir et tombe à genoux devant le mur en soupirant, dans quel monde suis-je tombée ?

Vous devez certainement vous dire que si il y a bien un candidat qui jusqu'ici n'a pas cherché à se faire remarquer, et bien il s'agit de moi. Voyez, je ne suis pas de ceux qui prétendent être indispensables à une communauté, je suis même de ceux qui se plaise dans leur propre solitude, les cheveux au grès du vent, et les yeux dans les étoiles. Cependant si il y avait bien une personne pour qui je devais être présente, c'était bel et bien ma partenaire de jeu. Je n'avais pas réellement compris le principe de déroulement, à vrai dire, peut-être étais-je légèrement ici en touriste. Et puis de toute façon, je n'aimais pas vraiment parler de moi. Cela faisait maintenant quelques instants que je parcourais le jardin du château, ou du moins ce qui pouvait l'entourer. J'étais à la recherche d'une dénommée Maia. Et j'avais même un présent pour elle, du moins, si elle l'acceptait. Je n'étais pas du genre à forcer les gens à prendre un cadeau, ça non. Et c'est adossée contre un mur, un air désespéré trônant sur sa bouille de louve que je la retrouvais. Aussitôt, je m'avançais et lui tendais mon présent « Je t'ai fait un chat. » un chaton rose aux oreilles aussi longues qu'un fennec, la regardant avec ses grands yeux blancs. « Je suis un chat. » qu'il répétait même avec sa voix grave comme un rock, cassant clairement l'image de l'adorable petit matou qu'il pouvait renvoyer « Je me suis dit que tu n'aimerais pas qu'il soit banal. » je ne la connaissais pas, mais c'était toujours plus valorisant de dire à quelqu'un qu'il n'aimait pas les stéréotypes « Bon, je n'ai pas encore développé son personnage, alors il ne sait pas dire grand ch... » « Je suis un chat. »

Désespérée comme jamais, je quittais l’idée qui m’étais venue plus tôt. Il n’y avait aucun passage secret ou n’importe quel truc du genre qui me mènera aux douches ou encore aux lits. Je me tenais effondrée devant le mur et j’avais de la peine pour l’image que je devais renvoyer. Bondieu, vendredi soir, je ne quitte pas le lit qui me sera attribué, c’est qu’ils pourraient me le reprendre ces voyous. Je serais prête à me battre, à mordre, même si la peau fripée de la vieille fée ne doit pas être ce qu’il y a de meilleur à mordre, imaginez qu’un sale goût me reste dans la bouche tout au long de l’aventure… De légers bruits de pas fendirent le silence alentour. Je levais les yeux vers la personne en question, Bo, mon binôme. Je lui fis malgré moi un sourire désespéré. Il m’avait fait un chat qu’il disait. Surprise je dirigeais mon attention sur le petit animal qui se tenait devant moi. Il était tout rose avec de bien longues oreilles pour un chat, mais il était adorable. « C’est toi qui l’as fait ? Comment .. » Je fus coupée par le petit animal. Mes yeux s’écarquillèrent, je ne m’attendais pas à une voix aussi grave. Je ris. C’est fou, en à peine quelques minutes, il m’avait remonté le moral. Il me confia ensuite qu’il s’était dit que je n’aimerais pas qu’il soit banal. C’était bien vu, j'étais sincèrement touchée par ce cadeau. « Il est parfait, merci. Tu ne serais pas télépathe en plus de ça ? Parce que j’ai un chat chez moi, un vrai je veux dire. Je ne lui ai jamais réellement donné de nom d’ailleurs, ça change un peu tous les jours. » Souriais-je. Pourquoi lui racontais-je tout ça ? Je devais avoir l’air d’une enfant le jour de Noël, les yeux brillants, emprunts d’admiration aussi. Il ajouta qu’il n’avait pas encore développé son personnage et que c’était pour ça qu’il ne savait pas dire beaucoup de choses pour le moment. Il fut à son tour coupé par le petit chat, ce qui m’arracha un sourire. « C’est ça ton don ? Comment ça marche ? » Lui demandais-je fascinée. C’est que ça commençait à m’intriguer.