Je me cache je crois. J'ai un mauvais pressentiment je ne sais pas ce qu'il va se passer aujourd'hui ou peut être demain mais je ne le sens pas bien. Alors je me cache je reste coincer sous la tente en tailleur sur mon lit de camp recouverte de cette fine couverture avec laquelle je dors. J'ai peut de devenir parano ici. De commencer à voir des choses qui n'existent pas, à entendre des voix qui sont dans ma tête. Je ne sais pas, je ne crois pas que cet endroit peut être bon pour moi. Y a de la magie partout. Tout le monde te défis du regard et bientôt on nous demandera de se battre. De se battre bon sang ! Je me suis jamais battu. Cette pensée me pétrifie. Je suis pas une mauviette, je crois... C'est que je suis novice moi. Ici y a pratiquement que des gros durs qui passent leur temps à utiliser leurs pouvoirs, leur vitesses, leurs crocs ou leurs griffes. Bon sang qu'est ce que je fais la dedans. Je me met en position allongée et me roule en boule dans ma couverture. Image totalement pathétique, je peux entendre sifflé une caméra qui ne manque pas un millimètre de ma position fœtale. Il est dix heures bien passées, personne n'est là, tout le monde est parti à la découverte de ce lieu qui sera notre quotidien pour au moins deux semaines. Prions pour que je suis toujours en vie d'ici là. Je ne l'ai pas entendu. Mais je sens la couverture se tirer avec violence, se frottant à ma peau. J'ai pas le temps de me redresser que je me retrouve embarquer par mon partenaire, sa main serrant mon poignet. Il me traîne vers je ne sais où. Je me fais balader sans pouvoir faire quelque chose. Je pourrais certainement, mais je ne le fais pas. Je n'ai aucun instinct de survie je crois. Il marmonne quelque chose à propos d’entraînement ? Mais non.... Je crois que j'ai un sacré black out parce que je me retrouve dans la salle d’entraînement alors qu'il y a quelques secondes j’effleurai à peine le sol de la cours. Il me lâche enfin. Il me regarde comme s'il attendait quelque chose de moi. Ses explications on dut se perdre elles aussi. Je m'attache les cheveux pour me donner une constance ou je ne sais pas trop. Je frotte le sol de ma basket droite nerveusement. « Tu voulais me montrer quelque chose ? » Je me risque à dire totalement paumée, pauvre de moi. Qu'est ce que je fais là !?

Il ne s’est pas écoulé vingt-quatre heures que ma partenaire a déjà disparu. Envolée. Et étant donné son état de la veille, je me demande un instant si elle n’a pas formulé le souhait de quitter l’aventure. J’interroge les candidats que je croise sans succès, visiblement tout le monde se moque bien de l’endroit où se trouve Ragnarock, et je ne peux pas les blâmer pour ça. Elle n’a pas fait une entrée particulièrement remarquée, et je vois bien que la plupart des personnes interrogées m’observe d’un œil vide, ce qui signifie qu’ils n’ont pas la moindre idée de qui est cette fameuse Ragnarock que je cherche désespérément –je ne suis pas non plus certain de leur fournir le bon prénom, mais peu importe-. Quand même faut pas abuser, elle est canon cette gamine, vous n’allez pas me faire croire qu’avec tous ces ‘crèvent de faim’ personne n’a repéré la seule créature exotique du casting. Et le malheur, c’est que je ne trouve pas non plus le nabot qui aurait sans doute pu me renseigner –quoiqu’il m’aurait peut-être menti, puisqu’il n’a pas l’air de me porter dans son coeur-. Bref, après avoir vérifié que sa valise était toujours dans le hall d’entrée, je prends la peine de réfléchir deux secondes avant de refaire le tour du château. Vu le malaise qui l’a submergée, elle est probablement tapie dans un coin en train de pleurnicher sur son triste sort, peut-être même de se faire du mal avec une lame de rasoir. Pitié, faites qu’elle ne soit pas suicidaire en plus d’être empotée. Mais la salle de bains est inaccessible, alors ne reste plus que les tentes, l’unique endroit où elle est certaine d’être seule puisque tous les autres candidates n’avaient probablement qu’une envie : sortir de cet endroit puant. Et effectivement, je la trouve recroquevillée dans sa couverture comme une gamine effrayée qui vient de comprendre que les vampires existent pour de vrai –ou comme un clodo en plein hiver, au choix-. Je soupire en faisant rouler mes yeux dans leurs orbites, m’approchant de sa silhouette frêle et délicate pour arracher cette protection qui lui procure probablement une sensation de bien-être qui lui fait défaut depuis son arrivée. Puis j’attrape son poignet sans lui demander son avis, la traînant de force jusqu’à la salle d’entraînement. « J’vais t’entraîner moi, s’il le faut. » Je murmure entre mes dents, plus pour moi-même que pour elle, avant de la planter sur le sol glissant. Puis je croise les bras sur mon torse, étudiant ses gestes nerveux qui pourraient me ravir si elle n’était pas ma partenaire. Elle se hasarde alors de sa petite voix hésitante. « C’est plutôt toi qui va me montrer quelque chose. » Je rétorque un peu brutalement. Je plonge mes yeux bleus dans les siens, histoire de sonder son regard trouble, m’interrogeant sur l’authenticité de son comportement. Mais soit elle mérite la palme d’or de la meilleure actrice, soit elle est véritablement terrorisée par cette aventure. Et je crois avoir l'air légèrement excédé, aussi je tente de radoucir le ton de ma voix. « T’es au courant qu’on va devoir se battre, non ? Tu comptes faire quoi exactement, parce que je suis à peu près certain que la position fœtale n’est pas une technique d’art martial. » J'essaie de déterminer la catégorie à laquelle elle appartient. Pas louve, je l'aurais senti. Pas vampire non plus, son épiderme dégage trop de la chaleur. Certainement une humaine, reste à savoir si elle possède un don ou agite une baguette magique.

Mais qu'est-ce qu'il a, a me secouer comme ça ? Je suis pas en sucre mais j'ai pas sa force qu'il arrête de me balancer à droite et à gauche sans me laisser le choix. Je n'aime pas ça, je devais pas être assez caché. J'arrive dans la salle d’entraînement comme par enchantement. Je n'ai pas le temps de regarder autour de moi pour voir comment est cette fameuse salle d’entraînement, je sais juste qu'il s'agit d'une salle d’entraînement. Qu'est-ce qu'il me veut bon sang ? C'est quoi ce regard étrange, il veut quelque chose je ne sens bien mais ?? Quoi ? J'ose demander s'il voulait me montrer quelque chose, nerveuse jusqu'à la plus petite fibre de mon corps. Je sais qu'il ne me veut pas de mal, je le sais. « C’est plutôt toi qui va me montrer quelque chose. » Qu'il me dit avec une telle brutalité que je recule d'un pas. J'ai conscience qu'il n'est pas bien tombé avec moi, que je vais pas pouvoir lui être d'une grande utilité, que je suis une sorte de boulet bien enchaîné à sa cheville. C'est ce qui m'avais donné la nausée hier, alors j'essaye de pas y repenser je veux pas qu'il me voit faible bien qu'il le sait déjà. Je veux pas voir ce regard déçut, dégoûté ou même carrément en colère contre la vieille fée de lui avoir foutu une petite fille dans mon genre. Il me regarde, il essaye de me fonder je peux voir qu'il tente de déterminer ce que je suis. Ce qu'il va pouvoir tirer de ma carcasse. Je soutiens son regard par pure curiosité, seulement pour voir ce qui se cache derrière ces beaux yeux. Mais ça me trouble, d'être sondé de cette façon, d'être presque mise à nue. J'ai envie de lui dire que je suis une sorcière qu'il arrête de me torturer de son regard. « T’es au courant qu’on va devoir se battre, non ? Tu comptes faire quoi exactement, parce que je suis à peu près certain que la position fœtale n’est pas une technique d’art martial. » Une me prend pour une débile ou quoi ? Je sais ce qui m'attends ici, je ne l'ai pas choisi alors qu'il me laisse le temps de m'adapter au lieu de me foutre encore plus de pression. Il a adoucit son ton mais je n'aime pas du tout ce qu'il me dit. Je me renfrogne un peu. Je vais pas bouder, mais je me referme un peu plus sur moi-même. Les bras ballants je le regarde essayant de faire bonne figure. Oh mais je pourrais me battre, suffit que je rattrape le retard que j'ai dans mon apprentissage des sorts et je pourrais être une très bonne sorcière. Il n'y a que ça dans ma famille de très grands sorciers. J'apprends vite. Je problème c'est que je ne veux pas être une sorcière ! « Faut pas sous estimer la position fœtale. » Je lui rétorque gentiment n'ayant pas envie de me justifier. « Je vais te décevoir, je ne sais rien faire. » Je lui informe prête à quitter la salle d’entraînement que je découvre que maintenant. Murs en verre, sol glissant, multiples accessoires d’entraînements. J'amorce un premier pas pour quitter les lieux.

J’essaie d’être sympa là, pas la peine de me sortir son petit air de gamine vexée avec la ride du front. En plus c’est déloyal, presque autant que si elle s’était mise à pleurer, parce que je résiste difficilement à ça. Visiblement, elle n’a pas aimé que je la traite comme la dernière des imbéciles. Cependant étant donné son attitude, il y a de quoi se poser de sérieuses questions. Parce qu’elle devrait plutôt être en train de jubiler à l’approche des duels, comme le bûcheron qui déclare de but en blanc qu’il est là uniquement pour nous dégommer. Je ne comprends pas comment quelqu’un qui s’inscrit à Golden Valor peut décemment me rétorquer ‘je ne sais rien faire’ avec ce petit air gêné en esquissant un geste vers la porte de sortie. Oh la, si elle croit qu’elle va s’en tirer aussi facilement c’est mal me connaître. « Hop ma jolie, tu crois aller où comme ça ? » Elle est mignonne. Je la rattrape par le bras pour la tirer vers moi, plantant de nouveau mon regard dans le sien, et tant pis si ça la fait rougir. J’hésite. Je me tâte concernant la technique à adopter, et je me demande un instant si c’est bien elle qui a passé ce fichu casting. Elle a une sœur jumelle dont elle a pris la place, c’est ça ? Finalement, après avoir sondé ses yeux sombres je plaque mes mains contre ses épaules et la bouscule assez violemment, étant donné ma force hors du commun autant dire qu’elle va probablement se casser la figure. « Si t’es pas capable d’être une partenaire efficace je vais te péter un bras tout de suite, histoire que tu remballes tes affaires et que tu évites de me tirer vers le bas. » Je l’avertis d’un air mauvais en m’emparant d’une barre de fer qui traîne sur le banc –sympa les outils de travail-, histoire de me montrer convainquant. D’après ce qu’elle a vu, elle n’est pas censée savoir que je bluff, et je pourrais parfaitement être assez dingue pour mettre ma menace à exécution. « Ça n'devrait pas être bien compliqué, étant donné que t’as l’air d’être aussi menaçante qu’un octogénaire en chaise roulante. » Et je m’approche de sa silhouette tremblante de nouveau, mes yeux prenant la teinte ambrée de ma forme animale. Au cas où le reste ne suffirait pas, la perspective de ma transformation éveillera peut-être son instinct de survie. Et là je ne vois qu'une seule issue à cette situation -en éludant celles qui ne me conviennent pas- : elle me montre enfin ce qu'elle sait faire, peu importe la sacrée claque que je risque de me prendre dans la gueule.

Il va laisser tomber, il v laisser tomber, il va laisser tomber. C'est ce que je me tue à me persuader. Mais cette boule dans la gorge ne laisse rien de bon à présager. C'était ça ce mauvais pressentiment. J'ai fais à peine trois pas qu'il agrippe une fois de plus mon fin poignet. « Hop ma jolie, tu crois aller où comme ça ? » Je suis tentée de lui répondre dans les tentes, mais il va prendre ça pour de l'insolence et je le vois déjà bine assez énervé comme ça pour en rajouter. Je tente de me défaire de sa pression mais vous imaginez bien qu'avec la force qu'il a j'ai aucune chance. Il me ramène vers lui et me regarde, me transperce de ses pupilles bleus. J'essaye de ne pas avoir l'air trop impressionné mais c'est assez difficile. Je connais les loups et j'imagine bien comment il va réagir là tout de suite. Ses mains sur mes épaules je ferme les yeux instantanément sentant que je vais me faire mal, ou plutôt qu'il va me faire mal. Il me bouscule, me pousse, je me casse la gueule et glisse sur quelques mètres tellement le planché est lisse. Il va pas bien ou quoi ? Il a pas le droit de faire ça, on est partenaire. Qu'il me soutienne au lieu de me forcer la main, de me menacer, de me pousser. Une mèche de mes cheveux s'est échappé de ma queue de cheval et me barre ma vision, séparant mon visage en deux. Toujours au sol je peine à me relever, j'ai souffle coupé.  « Si t’es pas capable d’être une partenaire efficace je vais te péter un bras tout de suite, histoire que tu remballes tes affaires et que tu évites de me tirer vers le bas. » Qu'il m'a dit. Je le crois, je le crois vraiment capable de me péter le bras. Ça me glace le sang sur le moment. Mais en même je me dis que non il peut pas faire ça. Pourtant il s baisse pour ramasser une barre de fer et se dirige vers moi à pas lent qui peuvent être plus rapide en un quart de seconde. Je dégage cette mèche de cheveux qui m'empêche de voir son visage. Maintenant je suis persuadée qu'il est sérieux. Mon cœur s'emballe. Qu'est-ce que je dois faire ?  « Ça n'devrait pas être bien compliqué, étant donné que t’as l’air d’être aussi menaçante qu’un octogénaire en chaise roulante. » Ma respiration s'emballe alors que toujours par terre je recule à l'aide de mes mains et de mes jambes. Il va me tuer. Je suis pitoyable là à ramper au lieu de me hisser sur mes deux jambes et faire quelque chose. Je peux faire quelque chose c'est juste que je n'en ai pas envie. « Tu me fais peur arrêtes! » J'essaye de lui crier, mais ma voix se casse. Peut être qu'il va avoir pitié qu'il va me laisser tranquille. Je crois que c'est là que je devrais me mettre à pleurer mais je ne pleure pas si facilement, j'ai peur facilement mais je ne réagis pas à coup de larme. Finalement je me décide à me lever, à le regarder droit dans les yeux. Mes jambes tremblent comme des feuilles. « Laisse moi, je veux pas te faire mal. » Je tente le tout pour le tout. Mais j'imagine qu'il ne me croit pas capable de lui faire mal. Je peux, je ne veux pas. Alors qu'il me laisse tranquille. Ses yeux, je ne n'avais pas vu qu'ils avaient changés de couleurs. Il va pas se transformer quand même, pas comme ça ? Mon cœur s'emballe encore plus fort, je crois que je serais capable de m'évanouir là tout de suite ! « Laisse moi! » J'hurle de toutes mes forces et bien malgré moi je sens le pouvoir s'imprégner de mon corps, je sens qu'au moindre débordement de sa par, je pourrais utiliser la magie, magie resté bien enfouie depuis près de deux ans. Je tente de me calmer, mais la peur chez moi à tendance à réveiller la magie, c'est comme ça que j'ai utiliser pour la première fois mes pouvoirs. Il ne peut pas me forcer la main ! Pas comme ça ! Je le déteste !

Elle a l’air carrément flippé la pauvre petite chose, tellement paniquée qu’elle essaie de m’échapper en rampant à reculons sur le sol glissant de la salle d’entraînement. Je ne prends aucun plaisir à la voir ainsi effrayée -retirez tout de suite l’étiquette ‘connard absolu’ que vous venez de coller sur mon front-, pour tout vous dire ma plus grande frayeur est qu’elle commence à pleurnicher en implorant ma clémence. Mais elle semble se ressaisir à mon plus grand soulagement, reprenant pied pour me faire face, ou du moins c’est ce que je m’imagine avant de percevoir ses jambes fluettes qui s’entrechoquent. Un vrai cas désespéré. Elle dit bien un truc qui m’interpelle et qui donne naissance à une cascade de questions dans mon esprit, mais c’est déjà trop tard. J’ai entamé ma métamorphose animale, et je sens déjà mes instincts primitifs qui refont surface tandis que le bras qui tient l’arme métallique se soulève dans les airs. Merde, une simple coloration des iris et je perds le contrôle, c’est exaspérant. Et alors que je détaille sa silhouette terrorisée de mes yeux jaunes, je suis tiraillé entre la bête avide de victoire méprisant la faiblesse de la brune, et l’humain compatissant, touché par la fragilité de sa partenaire. Je perçois les battements de son cœur qui s’accélèrent dangereusement et son cri fait pencher la balance. Mon bras se détend subitement pendant que mes yeux retrouvent leur bleu naturel, posé sur la boule de nerfs prête à exploser à tout instant. Je peux aisément sentir qu’elle est à deux doigts de me donner ce que j’attends, et pourtant ça ne me paraît plus juste de lui extirper son pouvoir ou sa magie contre son gré. Parce que je viens de me souvenir des paroles de la vieille peau à propos d’une sorcière qui ne s’assume pas, aussi je fais le lien assez rapidement avec la situation dans laquelle je me trouve. A tous les coups, c’est elle. Parce que dans son regard je déchiffre une peur inadaptée, une peur trop envahissante pour que j’en sois le seul responsable. Cet effroi vient de l’intérieur, provoqué par l’idée même de devoir faire démonstration de ses capacités. Et j’ai compris qu’elle et moi on avait une chose importante en commun : la crainte d’utiliser ce qui nous différencie des autres. C'est ce lien intangible entre nous qui efface toute exaspération de ma part, toute incompréhension liée à son comportement. Je soupire en lâchant la barre qui s’échoue sur le sol dans un bruit sonore avant de me risquer à réduire la distance qui sépare nos deux corps à néant. Doucement, sans geste brusques, histoire qu’elle comprenne que je ne vais pas la blesser. Je glisse mon bras droit autour de son cou et pousse légèrement sa tête pour la blottir contre mon épaule, dans l’étreinte fraternelle que j’utilise toujours avec ma sœur pour la calmer. Et aussi parce que j’imagine que de simples mots ne suffiront peut-être pas à engager le processus inverse. Si elle se maîtrise aussi bien que moi je viens de prendre une bombe nucléaire dans mes bras, mais je ne suis pas du genre à m’encombrer de probabilités. « Excuse-moi. » Je murmure au creux de son oreille avant de me décoller d’elle, histoire que personne n’ai le loisir de me surprendre dans cette situation embarrassante -ouais quand même, j'ai mes limites-. « Pourquoi tu as si peur de t’en servir ? » J’imagine qu’elle va comprendre, du moins si j’ai bien identifié son problème. Sinon elle va sûrement me prendre pour un abruti, mais ça ne me changera pas beaucoup des autres candidats. A-t-elle blessé quelqu’un involontairement ? J’en sais rien moi, mais il existe forcément une raison solide à une telle frayeur. Et je la sonde de nouveau de mes yeux clairs, c'est quelque chose que je ne peux pas m'empêcher de faire.

Je crois bien que j'ai autant peur de moi que j'ai peur de lui là tout de suite. Je ne veux pas que ça se passe comme ça. Je suis pas stupide je sais qu'un jour où l'autre je vais devoir utiliser mes pouvoirs, mais pas comme ça. Pas parce que mon partenaire se donne l'idée de me terrifier pour avoir ce qu'il veut. Je n'avais pas pensé que ça pouvait se passer comme ça. Je m'étais dis que ça arriverait lors d'un duel. Je tremble comme une feuille c'est pitoyable. Je connais bien comme ça fonctionne les transformation de loups, c'est imminent. Je perds un pas une miette parce que malgré moi je veux être en mesure de me défendre, de pouvoir anticiper. Faut croire que je suis pas totalement à la masse ici. Je contrôle plus rien, ma respiration est en berne je crois que je vais m'évanouir, ou pire exploser un truc comme ça. Maintenant debout je peux sentir le pouvoir s'insinuer en moi, un truc que j'ai jamais appris à contrôler parce que selon ma mère j'ai voulu faire mon original en refusant de pratiquer. Ma poitrine se soulève comme une dingue, je crois qu'elle va s'ouvrir si je continue de respirer de cette façon, si mon cœur continue de s'emballer. Il lâche la bar de fer et pourtant ça me rassure pas. Pire encore il a la bonne idée de s'approcher de moi, lentement mais sûrement. Je recule d’à peine un pas. C'est la guerre dans mon cerveau, y a les partisans du 'faut le brûler ce fou furieux' et puis les autres qui pensent qu'il a comprit. Alors ne sachant que faire je finis par arrêter de reculer, l'observer s'approcher de moi, déposer sa main sur l'arrière de ma tête et m'approcher de son torse en une étreinte. Un quart de seconde je pense qu'il veut me briser le cou et après je m'abandonne totalement. Je relâche mes muscles, balance mes bras autour de mon corps, essaye de me défaire de ses crampes qui picotent dans mes mais à force de serrer les poings. « Excuse-moi. » Je garde les yeux bien ouvert, ils traduisent encore la frayeur qu'il vient de faire, a cela on ajoute cet éternel regard perdu. L'étreinte prend fin trop vite à mon goût mais je ne me plaindrait pas à ce sujet. « Pourquoi tu as si peur de t’en servir ? » La question. Et donc il attend une réponse qui va sonner comme une justification dans ma bouche, j'ai tellement honte. Je sais que je devrais pas, mais à force de m'entendre dire que je suis une lâche, une bonne à rien, que je devrais avoir honte et bien j'ai honte maintenant. Je m'écarte un peu me mordant l'intérieur de la joue. Je crois que je lui dois bien ça non ? Une explication en échange de ma vie sauve. « On devrait peut être s’asseoir si je dois tout t'expliquer. » Je lui dis en regardant le parquet, honteuse, beaucoup trop honteuse. D'un geste lent je m'assoies, j'attends qu'il le soit à son tour pour commencer le récit de ma vie. « Je suis une sorcière. » Je lui révèle d'abord, histoire qu'il ne doute plus entre humaine doté d'un don extraordinaire et sorcière qui s'assume pas. Je frotte mes paumes entres elles. « Dans ma famille tu vois, y a eu des sorcières de dingue. De très très grandes sorcières. Ma mère elle est super forte ! Mes tantes aussi. Mais y a aussi une très grande part d'ombre dans mes racines. Tu vois ? Y a des sorcières elles étaient super forte mais aussi super vilaine ! Je crois bien que l'une d'entre elle, une de mes ancêtres à déclencher une des nombreuses guerre qu'il y a eu ici. Bref. » Je me gratte l'arrière du crâne, fronçant le nez comme une gamine, la gamine que je suis. « Je suis fille unique, mais j'ai une cousine que j'adore. De mon âge. Pendant que moi je refusais de pratiquer la magie, elle au contraire elle faisait que ça avec grand-mère. Et puis elle est tombé sur un vieux grimoire d'initiation à la magie noire. Et boum on l'a perdu. » Je me gratte le nez, autant continuer à ce stade. « En faite, la magie noire ça attire beaucoup de monde tu vois, parce que on devient plus fort, plus puissant beaucoup plus vite que lorsqu'on utilise la bonne magie. Mais y a un prix à payer, faut être capable de la contrôler. Elle s'insinue en toi comme une maladie et si t'arrive pas à la contrôler, elle te bouffe de intérieure et t'en meurs. Ma cousine, enfin c'était comme une sœur tu vois. Elle a pas réussis à s'en sortir. » Je veux pas finir comme ça. Je ponctue l'explication par un sourire. Genre tout va bien. Mais en faite je sais pas du tout ce que je fais, j'ai pas eu d'apprentissage assez soutenu pour pouvoir contrôler ce qui grouille en moi. J'ai peur ouais.

Je me demande une seconde de quelle façon ma frêle partenaire va réagir, aussi je scrute soigneusement son regard pour anticiper toute réaction dangereuse pour mon intégrité. Mais elle semble se calmer, doucement, et me suggère de nous asseoir. Je l’observe une seconde, flairant un piège, puis finalement la rejoint en tailleur, mes genoux touchant les siens. Je décide de l’écouter attentivement, il paraît que malgré mon égocentrisme envahissant, je suis une bonne oreille. Son récit commence plutôt bien, entendre parler de sorcières très puissantes ça me fait limite exulter. Ça veut dire que la petite brune cache un potentiel sacrément prometteur, et que je ne me trompais pas à son sujet. Cela dit elle en vient rapidement à la magie noire, et honnêtement je ne vois pas immédiatement le problème. Tant qu’elle peut botter le cul de tous ceux qui l’emmerdent, c’est bien non ? Peu importe la façon, y’a que le résultat qui compte, comme j’aime à le répéter. Je la vois se gratter le nez en parlant de sa cousine, deux fois, aussi j’attrape sa main entre la mienne pour la poser sur son genou. Les lougs-garous on cette particularité de se montrer tactile, parfois trop, mais si elle n’aime pas ça elle n’aura qu’à m’envoyer chier. Je plisse les yeux à la suite de son histoire triste, comprenant mieux en quoi c’est un problème de pratiquer la magie noire. Si elle crève en échange de son exercice, le jeu n’en vaut pas franchement la chandelle ! C’est un peu comme proposer à un sportif de se doper pour quatre victoires en échange de sa vie une fois les médailles obtenues. Un pacte avec le diable, en somme. Et je n’ai aucune envie que ma partenaire se livre à ce genre de bêtises de sorcière, pas question qu’elle clamse entre les bras. J’acquiesce d’un signe de tête lorsqu’elle termine, lâchant un simple « Merci. » Merci de te confier à moi, merci de ne pas m’avoir réduit en poussière, merci de tant de simplicité. Je soulève mes doigts pour redessiner la ride de son sourire du côté droit, les sourcils froncés. « C’est pas la peine de feinter avec moi, de toute façon je te lis comme un livre ouvert. » Ouais, ça c’est parce que je suis un mec à l’intelligence supérieure voyez-vous, ça a ses avantages. C’est aussi peut-être parce que ses yeux disent tout le contraire de sa bouche, et que même un enfant de quatre ans comprendrait que ça la ronge depuis des années. « Mais si tu n’apprends pas à contrôler ta magie, c’est ta magie qui va finir par te contrôler. » Je laisse ma main retomber sur ses genoux, haussant un sourcil. « Un peu comme tout à l’heure. » Parce que je dois bien concéder qu’elle fait vraiment flipper quand elle s’y met, j’ai vraiment cru qu’elle allait faire péter la salle d’entraînement et moi avec. Peut-être l’aurait-elle fait d’ailleurs, si j’avais continué à la pousser à bout. « Ça fait partie de toi, tu ne peux pas t’en débarrasser en l’ignorant, parce qu’elle sera toujours là pour te rappeler qu’elle existe et qu’elle peut te bouffer si elle veut. » C’est marrant, j’ai l’impression de me parler à moi-même. Je plante mes yeux dans les siens pour ne pas qu’elle le fuit si ce qu’elle entend ne lui plaît pas. « Je suis certain que tu es assez forte pour résister à l’envie d’aller te frotter aux mauvaises personnes, tant que tu connais les limites à ne pas franchir, le risque est moins grand qu’en laissant ta magie à l’état sauvage. » Je serre sa main, peut-être un peu trop fort. « Un jour tu vas peut-être blesser quelqu’un sans le vouloir, et là tu seras vraiment mal. Tu ne crois pas ? » C’est presque angoissant de voir à quel point on se ressemble elle et moi, elle la sorcière qui refuse d’utiliser sa magie de peur de basculer du côté obscur de la force –fallait bien que je la fasse-, et moi qui limite mes transformations complètes dans la crainte de blesser de nouveau des innocents. « Toi au moins, c’est parce que tu n’as jamais essayé. » Je murmure, légèrement envieux. Parce que moi, j’ai tenté de dompter l’animal des centaines de fois sans succès. Quelques réussites sans doute mais jamais suffisamment pour me contenter, et jamais assez rapides.