Je ne me sentais vraiment pas à ma place. Je n'avais rien d'une personne sociable, j'étais venue pour me battre et gagner, non pas pour m'intégrer au groupe et donc devoir faire connaissance avec la vingtaine de débile qu'on m'avait collé. C'était tellement ironique de ce dire que chacun faisait ami-ami alors que dans moins d'une semaine, chacun se battrait pour sauver sa propre place. Me concernant, je ne ferais de cadeau à personne, il en était hors de question, ça serait trahir la promesse que je m'étais faites pour retrouver Iris. C'est regardant d'un air absent les filles qui discutaient dans la tente que j'eus enfin l'idée de m'éloigner. Tout ce bavardage ne me ressemblait pas, je préférais encore abandonner l'idée de m'intégrer au groupe pour préférer passer une semaine totalement seule, tranquille. C'est donc vêtu d'un simple débardeur gris et d'un jeans que je pris la direction du château. L'air était froid, mais j'étais habituée à une telle température, mon propre corps ne dépassait pas les dix degrés et seulement en période de forte chaleur, alors qu'à la base la température corporelle d'un être humain atteignait en moyenne trente-sept degrés. On m'assimilait souvent au vampire, ce qui ne me dérangeait pas plus. J'aurais d'ailleurs préféré être un vampire, ça serait tellement plus simple pour moi de contrôler ce "don". Sortant mon paquet de l'arrière de mes poches, j'en chopais une au passage, attrapant mon briquet déglinguait et alluma ma cigarette. La flamme m'aveugla un quart de seconde, me faisant pousser un juron. Qu'est ce que je ne supportais pas le feu, ça m'horripilait de ne pouvoir vivre sans. Puis, je releva le regard instinctivement vers le bruit que je venais d'entendre. « Je ne suis pas encore un chien enragé, je ne mords pas. Tu peux t'approcher. » déclarais-je, alors, fermant les yeux une demi-seconde pour tirer sur ma clope.

Il s'agissait donc bien de mon binôme, je m'en étais douté à sa manière de toujours se pointer lorsqu'on l'attendait le moins. Je ne pouvais pas le repousser obstinément, il y a bien un moment où lui et moi allions devoir avoir une petite discussion. Mon moment clope était peut être le bon. Il me souhaitait un bon empoissonnement, ce qui pour la première fois depuis le début de ce jeu me fit esquisser un court sourire, avant de vite reprendre ma moue continuellement neutre. Il se tenait alors devant moi et mon regard suivait le moindre de ses mouvements, continuant malgré tout de tirer sur ma clope. Nous étions séparés par un épais voile de fumée, mais mon regard se voulait toujours autant envoûté par celui de mon partenaire. « Bon alors, prête pour tout ce qu'il va arriver ? » Première question que je trouvais enfin intéressante. J'avais l'impression que les autres étaient là pour se la couler douce, sans se rappeler du danger qui les guettaient, ce qui en soit serait déjà un avantage pour nous. Je continuais alors de le dévisager, sans trouver ça gênant de le regarder autant. Après tout ne dit-on pas que les yeux sont le miroir de l'âme. Je pourrais en apprendre beaucoup plus en le fixant ainsi, plutôt que de lui poser des questions bancales. Malgré ça, je fais réentendre ma voix pour la seconde fois. « Ne t'inquiète pas pour moi. J'espère juste que tu seras à la hauteur. » se n'était en rien des propos prétentieux, je me contentais simplement de lui faire comprendre que je n'étais pas là pour rire. « Je ne voudrais pas que tu me ralentis. » lui confiais-je alors, d'un air un peu plus détendu, moins sur la défensive.

Je pensais à cet instant précis que mon binôme aurait pu être bien pire. Il ne semblait pas chiant et c'était tout à son honneur, de toute manière, s'il aurait été autrement, il n'aurait surement pas fait long feu. J'étais aussi ravie d'être avec vampire qu'on ne comptait qu'au nombre de deux dans cette émission. Étant souvent comparé au vampire, j'en savais beaucoup dessus et donc, je savais donc tout les avantages qu'il pouvait m'apporter. J'entendis son petit gloussement lorsque je lui disais de ne pas me ralentir, il trouvait ça peut être drôle, alors qu'il avait une vitesse supérieure à la moyenne. Il répondu en faveur de ce que je pensais, puisqu'il me certifia que ce n'était pas lui qui me ralentirait. Continuant de le fixer alors qu'il me parlait, je tira de nouveau sur ma cigarette qui était presque entièrement consumé. Il me demanda alors en suite de justifier autant d'assurance de ma part et de confiance en moi. Alors que je tirais sur la dernière latte possible, un petit rictus se dessina sur mes lèvres. Je tira alors le mégot de ma bouche et appuya alors celui-ci encore allumé sur ma main. Je ne sentais rien, la glace qui sortait de ma main éteignit le mégot et me permit de l'éteindre sans me brûler, puis je le jeta un peu plus loin et m'avança alors un peu plus prêt de Keegan que j'attrapais par le t-shirt pour le faire avancer vers moi avec la force que j'avais et pouvoir atteindre son oreille, sentant ses bras aussi froid que les miens. « Je suis cupide, cruelle et sans cœur. Je suis là, car j'ai une raison très importante. Je suis prête à tuer quiconque pour atteindre mon objectif. Pour conclure, je garantis notre victoire, car je ne peux pas perdre. Satisfait ? » lui susurrais-je à l'oreille comme si tout ce que je venais de dire ressemblait à des mots doux. Finalement, je le lâcha avec un regard presque provoquant avant d'aller dans la direction opposé à la sienne. Je lui fis un signe comme pour lui dire au revoir sans lui jeter un regard de plus. Les choses étaient maintenant dites.