Show me a hero and I'll write you a tragedy.

Les entrainements commencent aujourd’hui et je suis encore plus motivée que d’habitude. Je dois absolument gagner des niveaux pour réussir les prochains duels, Sulli étant responsable de la répartition il a surement essayé de me caser avec un candidat assez fort, je vois le truc handicapant se profiler à l’horizon. Je me lève tôt afin de pouvoir profiter de la salle le plus longtemps possible. Le dortoir saphir est déjà vide, je ne sais pas ou sont passés les autres, surement en train de s’empiffrer dans la cuisine. J’enfile une tenue de sport et me dirige directement dans la salle entraînements du premier étage. Lorsque j’enfonce la porte avec mon pied je découvre un pont assez long suspendu au dessus d’une rivière qui ne m’inspire pas confiance du tout. J’ai le vertige, c’est malin. J’espère que je ne vais pas finir dans le vide comme la dernière fois lors du combat avec Ange. Je suis seule alors je ferme la porte et me place derrière attendant sournoisement que quelqu’un pointe le bout de son nez. La porte s’ouvre enfin, je me jette sur la personne en question sans vérifier son identité. Je me lance alors dans une prise de taekwondo dont j’ai le secret. Un blocage au niveau du bras, un coup de poing dans le plexus puis un coup de pied dans la jambe pour le/la faire tomber au sol. « HAHA ! Surveille tes réflexes ! »

Spoiler:

Autant Nico est plutôt content de s'entraîner avec les filles et Adonis, autant y'a quand même un truc qui le turlupine. Enfin. Voyez, elles lui ont annoncé comme ça l'air de rien que l'entraînement aurait lieu à 8h du matin. Très bien, Nico sera à l'heure - il aime pas faire attendre les gens - mais quand même. C'est méga chiant de se lever à l'aube. Surtout avec le pétage de câble de la vieille hier soir. Faut bien se remettre de ses émotions et tout. Bref. 7 heures, le réveil sonne. C'est le chemin de la croix. Il sent Maia bouger à côté de lui. Elle lui dit quelque chose apparemment, mais ça arrive pas jusqu'à son cerveau. " Hmmm ? " qu'il arrive quand même à formuler en un soupir. Il bouge un peu, s'approche de la jeune femme, entoure son corps avec son bras et puis referme les yeux. Prêt à se rendormir aussitôt. Mais il a à peine le temps de se laisser envoûter par Morphée que le réveil sonne à nouveau. " Fais chier. " Ils finissent par se lever. Tour à la douche. Nico enfile un short de sport et un tshirt avant de descendre en trottinant vers la cuisine. Y'a personne. C'est déprimant de prendre son petit dej aussi tôt. Sans blague. Il chope des fruits et fout tout dans le mixeur (les vitamines c'est très important) et fait griller quelques toast. D'autres candidats tardent pas à pointer le bout de leur nez. Nico sirote rapidement son smoothie et mord dans un toast avant de laisser sa place. Maia lui dit qu'elle doit passer il sait pas trop où avant de rejoindre l'entraînement, du coup il prend le chemin de la salle en solo. Motivé Nico, motivé. Un petit étirement, un bâillement, il se frotte les yeux et ouvre la porte. De toute façon à coup sûr les autres doivent encore être à la douche, ça lui laissera un peu de temps pour tcheker les lieux. Il fait quelques pas, mais à peine le temps de jeter un coup d'oeil au décor qu'il se fait attaquer. Prise de kung-fu où il sait pas trop quoi mais c'est trop rapide pour lui. Le garçon lâche un grognement quand il se retrouve par terre et il reste bloqué quelques secondes sur le sol. Ca y'est, il est épuisé. Y'a Cordelia qui se fout de sa gueule en plus. Nico lui fait une grimace avant de tenter un croche patte avec ses jambes, pour qu'elle se rétame à sa suite. " HAHA ! " Après quoi il se relève et court un peu plus loin avant de s'amuser un peu avec son don. Bam, Cordelia est paumée pendant une dizaine de secondes. En attendant il mate un peu par-dessus le pont. Hmm.

Bon, sérieusement, elles commencent à me gaver, Maia et Cordélia, a vouloir absolument me tirer du lit pour qu'on soit dans la salle d'entrainements à 8h. Y'a que moi qui trouve ça affreusement tôt ? Ouais, je sais, j'suis plutôt du genre marmotte à me coucher tôt et à me lever tard, mais bon, là, j'dois pas être la seule à trouver ça abusé, si ? Oh putain. Du coup j'traîne des pieds là, et j'arrive dans la salle où ils sont déjà tous j'imagine. Et je reste bloquée un petit moment. Ça va pas. J'ai UN PEU la trouille du vide. Déjà que la dernière fois, j'ai réussi à me démerder pour rester au sol, avec les ponts là. Mais là. Je suis en l'air. Déjà. Ça va pas, putain. J'sens déjà mon souffle qui s'affole là, j'suis obligée, j'le sais, si je fais pas ces putains d’entraînements, je me fais éjecter. Sauf que j'peux pas m'empêcher de penser au vide, là, parce que j'peux pas faire autrement que de le voir, et j'me sens pas à l'aise, là, ça m'étonnerait pas que le pont lâche, j'veux pas tomber, j'peux pas tomber, c'trop haut, ça va pas DU TOUT. J'vais pas me battre, c'est pas possible, putain, j'ai déjà les jambes qui tremblent là. Je ferme les yeux. J'deviens invisible. J'essaye de me calmer, mais, sérieux, j'en ai les larmes aux yeux, là. Je m'accroche au bord, mais ça tangue un peu, alors c'est pas du tout une bonne idée, j'finis le cul par terre collée à la porte, parce qu'au moins, la porte, elle bouge pas. Mais j'me dis que si quelqu'un ouvre la porte, j'me la prends par la tronche, et j'risque de tomber. PUTAIN. Je veux mourir. Tuez moi. Je vais mourir. Bon. Ca va. Ca va. Non, ça va. Mais si, ça va. Putain. J'vais tuer une salope de fée lyophilisée. J'me relève. Faut que j'fasse un truc sinon j'vais gagner aucun niveau. J'ouvre les yeux, un peu. Le vide. Putain. J'vois Maia. Elle est là. Devant moi. Elle m'a pas vue. Je lui saute dans le dos, pour la foutre à terre. Sauf que maintenant que j'suis allongée sur elle, j'veux plus me lever, parce que là, j'vois pas trop le vide, et c'moins flippant voyez, du coup, j'tente de la maintenir au sol, parce que c'est tout c'que j'suis en mesure de faire là.

Merde, je viens de mettre Nico à terre, je ne vais pas m’excuser non plus c’est les entrainements c’est comme ça, la dernière fois j’ai risqué ma vie sur la grande roue  alors bon. « C’est bon, ta virilité en a pas pris un trop gros coup, ça va ? »  Je lance avant de l’aider à se relever, mais là il effectue un croche patte et je me rétame comme un phoque sur le sol. Puis d’un coup, le trou noir, j’ai l’impression d’être amnésique, je suis troublée, je ne sais pas ou je suis, je crois que j’ai même oublié mon prénom, je tangue un peu, j’ai du mal à garder l’équilibre, je me tiens la tête et m’appuie contre la rambarde pour ne pas tomber à nouveau. Je regarde autour de moi, ce lieu est vraiment très bizarre. Je reprends mes esprits petit à petit. Je ne comprends pas tout de suite ce qui se passe, mais en voyant Nico admirer le décor d’un air amusé, ça ne fait aucun doute, il a utilisé son pouvoir sur moi. « C’est vraiment pas du jeu ! J’suis un peu agacée là je dois avouer. Fauve & Maia sont arrivées, elles commencent déjà à se battre apparemment. Je vais en profiter pour prendre le dessus dès maintenant. Je m’approche de Nico « Tu vas utiliser ton pouvoir pour neutraliser Maia & Fauve. » Je lui souffle l'ordre à l'oreille puis me place derrière lui pour profiter du spectacle.

Duh. Le réveil sonne, il n'est que sept heures. Oui, les entraînements, c'est vrai. « Bonjour » que je dis à Nico, la voix endormie. Impossible qu'il dorme encore avec le boucan que fait l'alarme. J'essaie de m'étirer un peu mais c'est dur, y'a le Nico qui s'agrippe. Du coup je me retrouve un peu comme une conne, les bras en l'air avec Nico qui m'encercle le corps. Bon, comment je fais ? C'est sexy ses petits bruits de protestation. Je pourrais faire plein de choses, là, mais j'suis coincée, ça me frustre un peu. Puis le réveil se déclenche à nouveau, faut croire qu'il aime ça, hein, faire du bruit. Du coup Nico se détache un peu, ce qui me permet de me remettre dans une position normale. On file rapidement l'un après l'autre sous la douche, puis on se prépare, Nico part devant. Nous prenons notre petit déjeuner, d'autres candidats arrivent entre temps. Puis alors qu'on décide de partir en direction de la salle d'entraînement, j'ai une idée. « J'vais chercher un truc je te rejoins » que je dis à Nico. Il doit bien y avoir un petit cellier par ici, ou quelque chose d'équivalent. Oui, voilà, je le trouve assez rapidement et charge un petit sac de munitions. Fruits, tubes de sauces d'accompagnement, les choux de Bruxelles aussi, personne ne les mange, qu'ils servent à quelque chose. Je sais qu'en théorie, aux duels il n'y a pas le droit d'apporter des objets, mais aux entraînements, c'est pas dit ! Je fonce donc vers la salle d'entraînements, histoire que Cordelia ne me tape pas sur les doigts pour avoir été en retard. J'ouvre la porte et wow, c'est haut. Un pont assez étroit, en hauteur, s'étend devant moi. Je me penche un peu vers le bord pour voir ce qui nous attend en bas, si on finit par tomber. Ça ne donne pas franchement envie, ces ''petits'' poissons qui sautent de temps en temps hors de l'eau. Fauve reste assise devant la porte, l'air terrorisée, tandis que Corde et Nico se prennent pour Jackie Chan. Bon, bon, bon. Je planque mon sac dans un coin, c'est même pas la peine qu'ils pensent à me piquer mes munitions, et en sort de la mayo et du ketshup. Un tube dans chaque main, je m'élance vers mes trois adversaires. « WAZAAAA » Je les mitraille de sauce chacun leur tour. Ils en ont partout, j'entends d'ici Corde gueuler parce qu'elle en a plein dans les cheveux, je me marre. Puis mes pieds se dérobent sous moi. La Fauve m'attaque, elle me saute littéralement sur le dos. On s'écrase sur les planches en bois. Je proteste et lui file des coups de fesses pour qu’elle jarte de là, mais elle reste collée. Ça tangue. Alors je décide d'en jouer, histoire qu'elle se bouge un peu de par-dessus moi et puis pour faire un peu flipper les autres aussi. Avec ma force de louve, je fais bouger le pont de gauche à droite. Je me sens presque comme Shrek avec ses trois petits ânes, voyez. Puis j'entends Corde parler à Nico avec une voix bizarre, ça sent mauvais, ça.

Putain, je vais tomber, c'est pas possible, j'crois qu'en fait, j'vais abandonner et me tirer d'ici, je peux pas là, je peux pas. Du coup, j'reste accrochée à Maia, style, ça me rassure un peu, j'sais pas trop, mais je le sens pas DU TOUT de la lâcher là.  Elle me donne des coups de fesses, et je kiffe pas du tout, hm. Allez, faut que j'me ressaisisse là. Sauf que j'suis qu'une putain d'humaine, merde, j'peux pas contrôler mes peurs comme ça, comprenez. J'étais pleine de bonne volonté là, à deux doigts de me relever style warrior, jusqu'à ce que je sente le pont qui bouge, qui bouge, et je suis presque sûre que ça n'est pas que dans ma tête cette fois, alors ça m'rassure pas du tout. "Maiaaaaaaaaaaaa" je râle ouais, mais je la lâche pas, au contraire, je l'agrippe encore plus. Et je la fais devenir invisible avec moi. Merde, c'était pas prévu, en fait. "attends, on peut tenter des trucs à deux contre eux !" je parle hyper vite, en fait, mais putain, ça va pas l'faire là. Et puis, j'ai l'attaque la plus chelou et conne du monde j'crois, mais j'me relève en tenant le t-shirt de Maia, qu'est invisible, et j'ferme les yeux, sinon, j'vais encore paniquer à mort, et j'me rue sur Nicola, en tenant Maia devant moi, voyez. Techniquement, il se ramasse donc Maia par ma tronche. Mais de son point de vue, il s'ramasse un truc, sans trop savoir c'que c'est. Style Maia = bouclier humain ouais.

Y’a la Fauve qui se met à hurler, c’était un peu prévu, mais j’pensais qu’elle allait se barrer, moi. Comme se diriger vers la porte, la claquer même et se barrer voyez, mais non, elle est encore là et c’est pire qu’avant au final. C’est limite si j’étouffe pas, en fait, tellement elle me serre contre elle. Elle panique complètement je crois, elle parle si vite que je capte que l’essentiel. Elle veut qu’on fasse équipe, bon, bon. C'est une bonne idée ça, on a toujours fait de bons combos. Puis on devient invisibles et je me retrouve projetée en avant, sur Nico. Noooon. C’est quoi cette attaque, c’est pas faire équipe ça. Je me sens trahie. Du coup je pousse sans le vouloir Nico vers le bord du pont, on manque de passer par-dessus. J’ai dû lui briser les tympans entre temps, tellement j’ai eu peur qu’on fonce droit vers les psychopathes de poissons, mais je l’attire finalement vers moi, le tirant par le short dans le sens opposé, histoire qu’on s’écrase sur le pont et pas à côté. Je souffle. « FAAAUVE C’ETAIT QUOI CA ? » que je m’énerve. Je chope le tube de mayo vide et lui balance avec force sur la tête, bam. Puis je me relève après avoir fait un bisou sur la joue de Nico. Le pont tangue encore un peu.

Ah bah merde elle a pas l'air ravie la Cordelia. Tant pis hein, c'est le jeu. Lui ça l'fait bien marrer de voir ses expressions de meuf perdue alone in the planet. Ha ha. Ah mais merde elle semble retrouver ses esprits. Et tiens y'a Maia et Fauve qui sont arrivées en même temps. Manque plus qu'Ado. Du mal à se réveiller le louloup ? Si c'est comme ça il retournera le tirer par la barbichette la prochaine fois. Bref. Maia leur saute dessus avec une attaque combo ketchup mayo. Baaaaah dégueu. Il fait un peu une grimace parce que voilà, à 8h du mat' quand vous venez de vous taper un smoothie bien frais bien sain bien tout, bah la sauce américaine là, bof bof. Il a à peine le temps de s'essuyer avec son tshirt que y'a Cordelia qui s'approche de lui. Hein quoi ? Ah bah ouais ça semble une bonne idée ça. Chacun son tour hein. Du coup il commence à fixer un peu Fauve et Maia, genre ça va l'aider à se concentrer et tout. Mais les deux finissent par disparaître. Fuck. Il tourne un instant sur lui-même, genre il a raté un épisode. Mais non non ça doit être le pouvoir de Fauve. C'est pas juste putain. Surtout que cette saleté de pont commence à tanguer énormément. Nico s'accroche aux rebords, fléchissant les jambes histoire d'être sûr de pas se rétamer par-dessus. Allez faut qu'il localise les deux, en se concentrant un max il doit avoir moyen d'atteindre leurs esprits quand même. Oui. Enfin. BAM. Y'a quelque chose qui le percute en plein fouet et il se retrouve projeté contre le bord. Il se retient in-extremis, voyant déjà dangereusement la surface de l'eau. " Bordel de... "  Mais en fait c'est Maia. Elle est plus invisible. Elle le retient et finalement ils arrivent à se stabiliser un peu. Ca doit être un coup de Fauve ça. Le garçon fronce des sourcils un peu tandis que la louve vient l'embrasser. Bon, ça va elle est pardonnée. " Fauuuuve ? " Il tente. Parce que bon elle a beau être invisible, y'a moyen qu'en l'appelant elle soit plus facilement attaquable avec son don. Genre elle doit pas être si loin que ça, non ? Nico fait quelques pas en arrière et puis il essaie de se concentrer sur l'esprit de Fauve. Ouais, dur dur sans pouvoir la localiser. Mais il tente quand même. Si ça marche y'a moyen qu'elle réapparaisse, parce qu'elle comprendra sans doute pas ce qu'il lui arrive quoi. Mais bon au bout d'un moment ça le soule de se concentrer sur du vide, du coup il tourne la tête et se focalise sur Maia. Ouais. Elle va être sans doute hors jeu pendant des dizaines de secondes, genre à pas trop comprendre pourquoi elle fait un trekking en pleine nature. Bon, ceci fait, il se sent un peu chelou. Il avait pas prévu de les attaquer toutes les trois d'un coup comme ça. Mine de rien, ça fatigue de neutraliser les mémoires des gens. Ca manque un peu de testostérone, de combat au corps le corps quoi. Il est où Adonis ?

Je suis furax, j’ai de la mayo dans les cheveux putain c’est dégoûtant sérieusement. Pas de bon matin comme ça, il y a rien de pire pour me mettre de mauvaise humeur.  On est quoi ? des gosses de quatre ans ? J’ai passé l’âge de jouer avec la nourriture. Fauve est totalement hystérique, la meuf est trop paniquée par le vide c’est juste impressionnant quoi, faudrait qu’elle essaye de se calmer un peu parce qu’elle risque de tous nous faire tomber si ça continue. J’attends que Nico exécute l’ordre que je viens de lui donner, c'est-à-dire, attaquer Maia & Fauve, mais les deux acolytes disparaissent. J’en peux plus du coup de l’invisibilité, toujours la même chose, qu’elle essaye d’innover un peu. Je recule, loin, loin parce que ouais, je préfère que ce soit Nicola qui se fasse attaquer en premier, j’essaye de sauver ma peau, c’est normal non ? Il se passe des choses bizarres, le pont tangue vachement, je me tiens comme je peux. Maia redevient visible et Nico se concentre pour l’attaquer. Je profite de ce moment pour me rendre aux côtés de la louve qui semble sonnée. J’attrape ses épaules et la secoue un peu, puis la regardant droit dans les yeux, je lui donne l'ordre suivant. « Reprends toi ! Nico & Fauve sont des monstres qui veulent notre peau, tu dois nous protéger Maia, transforme toi en louve et attaque les… Maintenant ! » Je recule, lançant un clin d’oeil à Nico… Il est dans la merde.

Je comprends pas trop ce qui se passe. Y’a Nico devant moi, qui me regarde. Il attend quelque chose ? Je sais pas, je sais pas du tout. Je fronce les sourcils. Et on est où là ? Pourquoi ça bouge de gauche à droite ? Oulala, ça bouge encore plus, pourquoi j’suis secouée comme ça et pas les autres ? Tiens, Cordelia. Elle me regarde, je la regarde, elle me dis quelque chose mais je m’en souviens déjà plus. Zut. Je souris, histoire qu’elle m’en veuille pas. Puis je secoue la tête pour reprendre mes esprits. Oui, voilà, ça y est je me souviens, les entraînements, le pont, les.. Mondieu. C’est quoi ces CHOSES ? Y’a deux gros tas de gelées vertes et boueuses face à moi, on dirait des vieilles mémés, avec le collier de perles et les boucles d’oreilles qui vont avec. Elles font des petits bruits douteux. Je recule. « Cordeliaaa, c’est quoi ça ? c’est moche, ça pue, c’est presque pire que la vieille peau » Sans pouvoir me maîtriser, je me change en loup après m’être déshabillée. Bon, comment je fais ? Si je fonce dedans, j’vais être recouverte de boue couleur vomi. Je peux même pas demander à Corde de se sacrifier, elle comprendrait pas, je ne suis plus sous ma forme humaine. Tant pis, je prends mon élan et saute sur la mémé la plus proche. Je lui fiche des coups de griffes, des coups de pattes, je mords, même. Tout est bon pour se débarrasser de cette abomination.

Merde. C'est quoi ce regard qu'elle lui lance Cordelia ?  Vu son pouvoir ça présage rien de bon. Ouais parce que Nico est à peu près sûr que c'est elle qui lui a demandé d'aller attaquer Maia et Fauve. Sérieux elle est dangereuse la meuf au final. C'est peut-être le pouvoir le plus vicieux de tous. Bref du coup il s'éloigne un peu, par réflexe. Mais elle parlé à Maia. Shit. Shit shit. Ca sent pas bon. Il se mord la lèvre et observe un peu la jeune femme s'éloigner. Ah bah voilà, c'est bien ce qu'il redoutait. Maia se déshabille et se transforme en louve. Mmmh. Il recule encore de quelques pas. Mais c'est chaud sur ce pont qui continue de bouger. Qu'est-ce qu'elle fout ? Oh non. Maia louve lui fonce dessus. Mais quelle conne Cordelia. Il essaie de se bouger mais finit par se rétamer sur le pont. Elle lui saute dessus et commence à le griffer. Nico se laisse échapper un cri tandis qu'il essaie de la repousser comme il le peut de ses bras. Mais c'est qu'elle mord et ça fait putain de mal. Elle est mille fois plus forte que lui en plus, après plusieurs secondes de tentative de repousse il sent ses bras faiblir et s'écraser sur le sol tandis que son tshirt déchiré laissé déjà apparaître des tâches de sang. Putain allez Nico. Il essaie juste de se protéger le visage et écope d'une morsure sur la main. " MAIA ! "  qu'il se laisse enfin échapper en un cri. Bordel allez, c'est comme si ce cri lui donnait un peu de force. Il se concentre sur l'esprit de la louve et tente de le perturber un instant. Juste histoire qu'elle prenne conscience de ce qu'il se passe. Et quand il la sent se calmer il se traîne un peu sur le sol pour se reculer. Putain de merde. " Mais t'es complètement malade ! " qu'il gueule un peu à l'attention de Cordelia tandis qu'il espère simplement que la louve a réussi à reprendre ses esprits face au pouvoir. Il enlève son tshirt et observe un peu les diverses marques de l'attaque en grimaçant un peu. Putain ça fait mal, il a limite envie de descendre à la rivière pour voir si l'eau fraîche soulagerait le tout. Après quelques secondes il relève le visage pour voir ce qu'il se passe autour. Il se sent pas ouf ouf mais bon il a un peu envie de rendre la pareille à Cordelia. Genre voilà, c'est bien le but de l'entraînement, elle lui en voudra pas hein (et puis faut dire qu'il est quand même un peu énervé). Oeil pour oeil dent pour dent hein. Du coup il décide de s'attaquer non plus à sa mémoire, mais à ses émotions. A coup sûr elle va se mettre à flipper comme pas possible là. C'est pas qu'ils sont à des mètres du sol mais bon... Au pire si elle a trop peur elle peut aller faire coucou aux piranhas. Il fait quand même un petit sourire pour faire passer le truc, et puis s'accroche à la barrière du pont, il a besoin de se reposer deux secondes là.

Elle crie la vieille mémé, ça me pousse limite à y aller encore plus fort, alors je ne réfléchis pas, je griffe. J'aurais peut-être dû me demander pourquoi Nico et Fauve ont disparu, pourquoi Corde m'aide pas à exploser les mémés, mais bon. Puis la gelée verte prononce mon nom, je crois presque reconnaître la voix de Nico, ça me perturbe un peu. Je diminue de plus de moitié mes coups, mais au final, je me dis que c'est encore un coup de la vieille, hein. Ça peut pas être autre chose, c'est trop tordu, mon Nico c'est pas un tas de boue. Puis plus rien, je sais pas ce que je fais là, devant cette mémé monstrueuse. Ça m'énerve, je me sens vraiment bête d'un coup. La chose recule, puis elle devient Nico. Nico c'était la chose ? J'écarquille les yeux. Il crie quelque chose à Cordelia, il lui dit qu'elle est malade, mais je m'en fiche, y'a plein de sang partout. Je panique. C'est pas moi qu'ait fait ça, hein ? J'essaie de me dire que y'a une part de ketshup, aussi. Faut pas oublier que je l'ai bombardé tout à l'heure. Mes yeux balayent très vite son corps, ses blessures surtout. La plupart sont des griffures. C'est définitivement ma faute. Je suis sous forme de loup d'ailleurs. Arg, je m'éloigne en courant un peu plus loin et redeviens humaine. Plus jamais je reprends ma forme de loup quand il est dans les parages. Je chope rapidement mes vêtements et m'habille en vitesse. Je n'ose plus parler. Je vais chercher mon paquet de choux de bruxelles, il est encore un peu froid, puis retourne vers Nico pour le lui proposer, peut-être que ça ira mieux, après. « J'suis désolée » que je lui dis. Je crois que je lui répète plusieurs fois, même. Puis je me retourne vers Cordelia et lui lance un regard haineux. Je me lève, me dirige vers elle avec détermination et lui fiche une droite en plein dans la mâchoire.

Comme prévu, Maia se transforme en louve et saute sur Nico avec violence. Un peu trop même, on se croirait dans un film d’horreur, elle le griffe, il y a du sang partout, il se débat, il hurle. Je peux pas regarder c’est trop, je ferme les yeux pour ne pas assister à ce meurtre. « MAIA STOP » je répète sans cesse, mais elle ne semble pas m’entendre ou me comprendre. Je ne sais pas pourquoi mais elle s’arrête enfin, le pauvre Nico est dans un sale étant son t-shirt n’est plus, du sang dégouline le long de son torse, j’ai vraiment merdé pour le coup. Je peux comprendre qu’il soit énervé contre moi, franchement il est passé à deux doigts de la mort. J’avance pour aller m’excuser mais les battements de mon cœur s’accélèrent, j’ai du mal à respirer, la boule au ventre, je crois que je suis victime d’une crise de panique. Je vois commence à voir flou, j’ai le vertige, je flippe comme jamais. Qu’est-ce que je fais ici, il faut absolument que je sorte de cette salle avant de tomber dans la rivière. Je m’agrippe à la rampe, j’e n’arrive pas à avancer, paralysée par la peur. «HEEEELP » Maia passe à côté de moi, elle est redevenue humaine, elle est allée chercher je ne sais quoi pour essayer de soulager la douleur de Nico. Je lui tends un bras en guise d’appel au secours. Après quelques secondes, je réussis à me calmer. La louve arrive dans ma direction, je peux voir la haine dans son regard. Je recule, bafouillant un peu. « D’a…d’accord. Je su…suis désolée »  Je jette un coup d’œil par-dessus mon épaule tout en reculant pour voir ou je mets les pieds. « On… On… on peut s’arranger. Si tu veux me frapper c'est ok, par contre tout mais pas mon beau visage. » sur ces mots, elle me colle la droite de ma vie. Je crache du sang, ma tête fait limite un tour complet. J'suis perdue. Elle enchaîne coup de poing sur coup de poing. J’arrive à les bloquer mais elle a trop de force. Elle est devenue incontrôlable, alors je lance un signe de détresse à Nico. J’essaye de la faire trébucher avec un croche patte mais j’échoue de peu. J’attrape  alors ses cheveux et tire comme si ma vie en dépendait si bien que j’en arrache une mèche. Maia hurle, elle est encore plus énervée. Je profite de sa confusion pour lui foutre une droite à mon tour, puis un coup de tête, elle riposte et me pousse avec violence contre la rambarde, je n’arrive pas à me rattraper, je sens mon corps se soulever et passer par-dessus bord. Je m’agrippe à la première chose qui passe par là : le gilet de Maia, l’entraînant dans ma chute. Je dégringole à une vitesse folle, j’hurle à m’en crever les poumons, c’est la fin, c’est la fin, je vais toucher la surface de l’eau et m’écraser comme une crêpe. Impact dans 3, 2… Je ferme les yeux… 1… Dans un bruit sourd mon corps pénètre l’eau glacée de la rivière  avant de s’enfoncer dans les profondeurs. Je suis sonnée mais j'arrive à reprendre mes esprits. Je bouge dans tous les sens pour remonter à la surface. Je ne vois pas Maia, mon dieu, si quelque chose lui est arrivé je ne me le pardonnerai jamais. Je jette un coup d'oeil rapide autour de moi pour essayer de l’apercevoir, je repasse même ma tête sous l'eau mais rien... Le courant est assez fort et si je ne réagis pas, je vais être emportée. Par chance je croise la route d’un rocher auquel je m’accroche, puis je sens quelque chose, là, sous l’eau, effleurer mes jambes, une fois, deux fois, trois fois. C’est le drame, un poisson énorme, moche, effrayant, menaçant s’avance vers moi. Je vais me faire dévorer... Quelle chance.

Putain ça devient la folie cet entraînement. D'la pure folie. Y'a Maia qui s'éloigne pendant qu'il se pose par terre, pour se reprendre un peu. Et dès qu'il lance son attaque à Cordelia il regrette. C'est con, ça va trop loin là. M'enfin il se mord la lèvre et ferme un instant les yeux, se posant contre la rambarde. Maia revient, paniquée. Elle s'excuse. Merde, ça lui donne mal au coeur de la voir s'excuser comme ça. C'est pas de sa faute. " Ca va ça va " qu'il s'entend murmurer alors qu'il essaie de croiser le regard de la jeune femme pour la rassurer. Mais il a même pas le temps de lui attraper la main qu'elle s'est déjà détournée. Et meeeerde. Pendant que Cordelia se reprend à peine de sa crise de panique, Maia s'approche dangereusement. " Maia ! " qu'il gueule, un peu plus fort. Mais non elle s'est déjà élancée sur Cordelia. Nico lâche un soupir tandis qu'il se relève, son paquet de choux de bruxelles surgelés toujours appuyé contre son torse. Il galère un peu dans l'immédiat mais il court aussi vite qu'il le peut vers les deux jeunes femmes qui s'arrachent les cheveux. Y'a Cordelia qui lui envoie un regard de détresse, mais il réfléchit pas, il pense même pas à user de son pouvoir. Et avant même qu'il ait le temps d'attraper le bras de Maia, c'est trop tard. Elles ont perdu l'équilibre et sont tombées toutes les deux. Le garçon lâche un cri qui semble résonner à l'infini. Merde merde merde. Il se penche en avant, voit Cordelia sortir la tête de l'eau, mais pas d'trace de Maia. Fuck. " Fauve ! " il dit quand même. Pour qu'elle se sorte un peu de sa crise de panique. Y'a quand même un problème majeur là. Il réfléchit pas et se hisse sur la rambarde avant de sauter à son tour. Heureusement que l'eau ça l'a jamais fait flipper. M'enfin ça n'empêche qu'une rivière glaciale ensorcelée... Le choc avec l'eau est brutal. Il sent le froid lui couper la respiration un instant et lui paralyser tous ses muscles. Lentement il ouvre les yeux et commence à agiter ses bras pour revenir à la surface. Le courant est fort mais réussit rapidement à s'accrocher à un tronc qui traîne par là. Cordelia a réussi à se sauver en s'accrochant à un rocher. Il essaie de lui faire signe de pas bouger pendant qu'il essaie de trouver la louve. Putain putain. Il a une idée, mais pas sûr que ça marche. Il tente de s'infiltrer dans son esprit, dans son cerveau, comme si ça pouvait l'aider à la localiser. Il sait pas trop si c'est ça, mais en tout cas il entend un mouvement plus loin qui attire son attention. Nico tourne la tête un peu dans tous les sens, il l'appelle, et puis finalement il la voit émerger. Bordel. Il lâche le tronc auquel il était accroché et commence à nager en direction de la jeune femme. Le courant, bordel, le courant. C'est pas le moment de lâcher. Ni d'avoir une crise d'hypothermie. Après un effort qui lui a paru durer des heures il arrive à rejoindre Maia. Rapidement il lui attrape la main. Elle a du réussir à lutter contre le courant grâce à sa force de louve. Lui par contre il boit un peu la tasse à force, faut dire. M'enfin après encore un effort ils arrivent à rejoindre le rocher de Cordelia. Elle a l'air paniquée. " Ca va vous deux ? " qu'il s'inquiète quand même. Plus jamais putain, plus jamais. " Faut essayer de grimper ! Parce que ouais lui aussi il commence à les sentir ces trucs chelous autour de ses jambes. Il s'accroche fort et ferme les yeux avant de se focaliser sur les esprits des deux jeunes femmes, histoire de leur donner un coup d'adrénaline, la force nécessaire à se reprendre, réussir à grimper, peut-être.

Le poisson a disparu, j’ai l’impression qu’il est du genre sournois, je m’attends à me faire bouffer d’une minute à l’autre. Je lève les yeux en direction du pont, Nico saute pour venir à notre rescousse. Quel homme ! Il n’a jamais été aussi sexy/viril que maintenant. Si Maia vient à périr dans la rivière je saute tout de suite sur l’occasion pour le consoler. Si vous voyez ce que je veux dire. Il faut savoir tirer profit, même des pires situations. Son plongeon est quand même pas mal, il sort la tête de l’eau et part à la recherche de la louve, toujours portée disparue. En deux minutes il l’a retrouve. Elle avait du mal à remonter à la surface. Je décide de faire quelque chose, j’utilise mon pouvoir pour persuader Fauve ou Adonis s’il est arrivé, de nous aider, en espérant qu’ils m’entendent. « AIDEZ-NOUS, ALLEZ CHERCHER UNE CORDE OÙ JE NE SAIS QUOI MAIS AIDEZ-NOUS » Le courant est de plus en plus fort, je m’agrippe de toutes mes forces au rocher, agitant mes jambes pour éloigner les bêtes qui s’en approchent. Ils me rejoignent pour s’accrocher aussi. Nico me demande si ça va. « Ecoute, oui, tout va bien, je pète la forme, à part les tourbillons d’eau, les algues dégueulasses et les poissons affamés tout roule comme sur des roulettes, je suis aux anges, c’est le plus beau jour de ma vie. » Je bois la tasse. Le gout de cette eau est abominable. Puis, alors que j'étais en plein désespoir j'ai comme une poussée d’adrénaline. En voyant le poisson revenir, je grimpe sur le rocher, tendant la main aux deux autres pour les aider. Je lance un regard noir à Maia, c’est de sa faute si on en est là. « Si on s’en sort, JE TE TUE ! »  

Ça va qu’il dit Nico, mais j’y crois pas vraiment, il doit pas être bien, là. Je détourne le regard lorsqu’il semble chercher le mien, j’assume pas du tout. Je comprends pas pourquoi j’ai été aussi loin, même pour une mémé en gelée, c’est vrai, au pire je me barre, je réfléchis, je reste derrière Corde. Voilà, ça marche très bien ce principe du je laisse les autres se sacrifier. Je souffle. La Corde est pas loin, je résiste pas et lui fiche une droite. Faut dire, elle m’as tendu la perche, hein en s’excusant, en me disant que je pouvais la frapper. Trop fort, je frappe trop fort, encore. Ça m'énerve, j’aime pas ça. Il faut croire que je pète un plomb. Le cadeau empoisonné de la vieille fée, la pleine lune qui arrive, puis ça, je crois que je ne me contrôle même plus. Que quelqu’un m’arrête que j’en viens à supplier, mais ça ne sort pas de ma tête. Alors je frappe à nouveau, elle bloque tous mes coups, je crois que ça me frustre, oui, j’ai envie qu’elle paye j’ai bien l’impression. Mais je l’aime au fond, Cordelia, alors ça m’énerve encore plus, je crois. Je sais plus. Puis elle réplique, tentative de croche pieds, puis elle me tire les cheveux, c’est trop. Je hurle, ça fait mal, puis on touche pas aux cheveux, c’est interdit. Est-ce que j’lui trifouille la touffe, moi ? Non.  Elle continue encore, après. Droite, coup de boule. Bam, bam. Elle commence à m’énerver sérieusement, plus de pitié, la folie envahit ma tête maintenant, je la pousse sur le bord du pont, avec force. Ce que j’avais oublié c’est qu’il tangue encore ce pont, encore plus depuis qu’on se fight, alors cette pouf trouve le moyen de tomber, mais c’est pas tout, elle m’entraine aussi. On aura tout vu. La chute est vertigineuse, nos cris se mêlent simultanément. C’est comme dans les films d’horreur, on crie aussi fort et aussi aigu, voyez comme le son est beau. Puis paf, l’entrée dans l’eau est telle une douche froide. J’arrive pas à remonter à la surface, l’eau m’entraine vers le fond, je sais nager pourtant, puis je comprends, ooh joli petit tourbillon. Je mets un peu de temps, suis à deux doigts de manquer d’air, mais finalement j’arrive à me sortir du piège grâce à ma force de louve. Je sors enfin la tête de l’eau en toussant un peu. Je suis calmée, je crois. Y’a Nico qui se précipite vers moi, qu’est-ce qu’il fait là ? Il n’a quand même pas sauté ? Je ne sais pas trop comment réagir, je suis à la fois contente et inquiète qu’il soit là. Je crois que je serais plus tranquille si je le savais en haut. Il m’attrape la main, il est tout froid. Je me colle à lui et frotte doucement ma main sur son dos pour essayer de le réchauffer. Puis on rejoint Corde ensuite, sur un rocher. Elle panique complètement, ça me désespère presque, toutes ses jérémiades. Elle crie aux autres qui sont toujours en haut, sur le pont, qu’il faut nous aider, envoyer une corde. « C’est vrai qu’ils vont finir par en avoir sérieusement besoin si tu continues de caqueter comme ça » Bon, c’est sorti tout seul, je suis encore énervée pour ce qu’elle a fait. Puis, j’ai remarqué qu’elle zieute pas mal Nico et je dois avouer que ça me plait pas du tout. Voilà que je la prend en flagrant délit de matage d’abdos, je lui lance un regard noir. Y’a un truc qui me tripatouille les pieds, dans l’eau, d’ailleurs. Ça commence à me faire flipper, alors je bats des jambes pour m’en débarrasser, arf, ça mord. Par reflexe, je choppe le poisson à l’aide de ma main droite et le balance d’un coup loin de mon pied. Bam, sur la tête de Cordelia, pardon. L’animal aquatique rebondit sur sa chevelure blonde puis retombe dans l’eau. J’espère qu’elle va pas se mettre à gueuler, y’a pas mort d’homme. Puis y’a Nico qui demande si ça va. Corde devient hystérique et débite un torrent de paroles. J’ai juste envie qu’elle arrête de se lamenter et qu’on sorte d’ici en fait. Nico propose de grimper, j’appuie son idée. « C’est sûr que c’est une meilleure idée que la corde. » regard entendu en direction de la blonde. « Je pense qu’on peut passer par-là » dis-je en pointant la forêt du doigt, y’a une branche assez solide qui pend au-dessus de l’eau. On doit pouvoir réussir à monter dessus, puis rejoindre le petit chemin. Ça sent la randonnée, j’suis pas vraiment fan, mais bon. Y’a Corde qui monte d’un coup sur le rocher et nous tend la main pour nous aider à monter, qu’elle est aimable, si elle lâche ma main, elle a plus de tête. Elle me lance un regard noir, d’ailleurs. Si on s’en sort elle me tue, qu’elle dit. Je souffle. « Il aurait peut-être fallu que tu t’entraines à rester en équilibre sur tes deux jambes avant de tenter l’aventure, hein. » Non mais, elle a sa part de responsabilité dans ce qu'il nous arrive, si elle le comprends toujours pas, je ferais en sorte qu'elle le fasse.

Spoiler:

Pendant qu'elles continuent à s'énerver l'une contre l'autre, Nico est plutôt focalisé sur le paysage qui les entoure. Il cherche des yeux s'il y a pas un moyen de remonter au pont perché là-haut. Putain c'est que c'est sacrément haut quand même. Maia et Cordelia ont réussi à monter sur le rocher. Tant mieux. Il essaie à son tour de grimper mais glisse un peu, ses muscles complètement engourdis par le froid. Heureusement il reçoit une poignée de main et ne tarde pas à les rejoindre. C'est quand même putain de comique. Ils sont là comme des cons au centre d'une rivière à fort courant, infestée de poissons voraces et d'algues empoisonnées, perchés sur un rocher. Super. Y'a bien Cordelia qui gueule à Fauve de leur descendre une corde, mais ça va pas marcher. " Laisse tomber elle était étalée sur le sol y'a deux secondes. " Genre grosse loque la meuf. Bref. Il lui lancerait bien un coup de boost mais à cette distance faut pas rêver. Maia et Cordelia continuent de se lancer des piques. Si en temps normal ce genre de trucs l'atteignent pas, là faut croire que ça le soule un peu Nico. Ils sont en train de perdre du temps à galérer pour rien plutôt qu'à s'entraîner. M'enfin. Il sent un frisson le parcourir et du coup il se colle un peu à Maia. Ouais. Elle semble voir le tronc d'arbre elle aussi. Faudrait juste sauter à nouveau dans la rivière et nager quelques mètres. La rive est pas si loin après tout. Et puis à travers la forêt doit y'avoir moyen de rejoindre le pont à nouveau. Bon. En attendant il se concentre à nouveau sur le cerveau des deux jeunes femmes et tente de les calmer. Manipulation d'émotions ON. Sérieux il commence à apprécier ce don de plus en plus. Quand il les sent un peu plus relax il indique le tronc. " On saute on nage jusqu'au tronc, on grime et on atteint la rive. Après quoi on avisera. " Faut un peu reprendre la situation en mains là, sérieux. Ca lui plait pas franchement de se jeter à nouveau dans la marre aux piranhas, surtout que ces conneries de bêtes sont attirées par le sang. Mais quitte à rester bloquer toute la nuit sur un rocher il préfère quand même risquer. Du coup il attend pas plus, se lève et replonge dans la rivière. Putain. C'est toujours aussi infâme cette eau glaciale. Il cherche le tronc d'arbre des yeux et s'en rapproche, luttant un peu contre le courant. Y'a un truc qui lui mord la jambe. Fais chier. Ces putain de poissons ont pas de cervelle, sinon il les aurait déjà mis KO à coup de don. Bref. Le tronc. Il s'y accroche d'un bras et réussit à se hisser dessus. Il teste un peu pour voir si c'est solide et puis s'assoit à califourchon. " Allez venez ! " qu'il gueule à l'attention de Maia et Corde. Il tend un bras, penché en avant, histoire de les aider à monter lorsqu'elles arriveront. Hmm. Il grimace en sentant sa jambe frôler une algue urticante. Ca crame ce truc c'est pas possible. C'est con mais il se sent coupable de toutes ces conneries. Il manipule encore un peu leurs émotions. Il aimerait bien, lui, se sentir relax, et avoir l'impression de faire un petit trekking en montagne. Elles lui en voudront pas, hein.

Elle se prend pour qui cette vulgaire vendeuse de chaussures pour me parler sur ce ton. Déjà je lui offre mon amitié alors qu’habituellement je n’aurais même pas pris la peine de donner l’heure à une fille dans son genre et en plus elle crache dans la soupe. Je ne sais pas si elle se rend compte qu’elle approche une star. Si elle croit que je vais prêter attention à ses petites réflexions, elle se plante le doigt dans l’œil. Elle me lance des regards noirs, elle n’a pas trouvé un autre moment pour le faire non ?  On est sur le point de se faire manger. Elle sort un poisson de l’eau pour me le jeter à la face. « VIEILLE MORUE » J’hurle instinctivement.  « Dis, chérie, tu veux pas retourner dans les profondeurs de la rivière non ? Je préférais limite quand tu étais en train de te noyer. » Je monte ensuite sur le rocher, Maia & Nico me suivent. La louve continue à m’attaquer. Je riposte. « Peut-être que si tu avais appris à contrôler tes pulsions de grosse louve sociopathe avant de venir ici on en serait pas là. » Genre elle essaye de me blâmer pour ce qui est en train d’arriver alors qu’elle est clairement l’unique fautive. Nico à une bonne idée, grimper sur un tronc d’arbre suspendu au dessus de l’eau pour rejoindre le rivage, le seul problème est qu’on doit passer par la rivière… Je suis prête à m’indigner mais je deviens très zen, bizarre pour la situation. « Ouais, pourquoi pas… »  Nico saute, il monte sur le fameux tronc, mais lorsque c’est le moment pour moi de sauter, je ne suis plus du tout zen, l’angoisse reprend le dessus. « TOI LA PREMIÈRE » Je donne un coup de pied dans les fesses de Maia qui  plonge la tête la première. Je me pince le nez et descends délicatement du rocher. J’utilise mon pouvoir sur elle parce que je suis tétanisée, impossible de nager. « PORTE MOI SUR TON DOS MAIA, PORTE MOI C'EST UN ORDRE! » Je m’accroche au cou de la louve qui avance tant bien que mal, elle boit la tasse, je crois qu’elle va se noyer. Whatever. Tant qu’elle peut me servir de radeau jusqu’au rivage. A mi-chemin, je me calme et retrouve une sensation de relaxation intense. J’ai limite l’impression de faire une petite balade sur un dauphin. J’sais pas si c’est la même chose pour Maia, mais moi je suis sur un petit nuage. Je grimpe sur le tronc avec l’aide de Nico et en piétinant celle que je considérais comme une amie. Pendant qu’il l’aide à faire de même je rejoins la forêt à la recherche d’un moyen de regagner le pont. « On va passer par la droite je pense… »

Morue, j’ai bien entendu morue ? « TRUIE » que je réponds, voyez la part d’adulte en moi. Quelle bitch, elle me sort qu’elle me préférait en train de me noyer. Je ne réplique même pas, moi qui la croyais mon amie, elle me déçoit beaucoup aujourd’hui. Il faut croire que c’est la journée des révélations. On monte sur le rocher. Je l’entends s’acharner. « La grosse louve sociopathe t’emmerde, elle n’a pas pu retenir ses pulsions par ta faute » que je lui dis méchamment. Qu’essayait-elle de faire à la fin ? J’allais repartir à l’assaut quand je reçois une onde positive, je ne sais d’où. J’aurais presque envie de prendre la Cordelia dans mes bras maintenant, voyez, lui faire un gros câlin, oublier tout ce qui s’est passé. Y’a Nico qui se colle alors finalement, c’est lui que je serre dans mes bras. Il est un peu froid mais ça fait du bien, puis je dois le réchauffer du coup. Puis il nous fait part de son plan pour aller dans la forêt, j’acquiesce, bonne idée. Je m’écarte et le laisse plonger le premier. J’observe ses gestes pour intervenir si jamais il rencontre un énorme psychopathe de poisson. Finalement tout se passe bien et il s’assoie à califourchon sur la branche et nous dit de venir. Bon, bon, bon, courage. J’allais lancer un regard à Cordelia pour lui demander si elle veut passer devant quand bam, elle me fiche un coup de pieds au cul, carrément, en criant un truc que je prends même pas le temps de comprendre. Je tombe comme une masse dans l’eau gelée. Ca réveille. J’allais vite nager en direction de Nico, parce que bon, j’ai pas trop envie de m’attarder ici, voyez, on sait jamais, mais je ne peux pas. Je sais pas pourquoi, j’avance pas. Puis d’un coup, y’a un gros poids qui s’écrase sur mon dos, du style grosse vache à lait. Je bois plusieurs fois la tasse mais n’essaie même pas de me débarrasser de la sale bête sur mon dos, normal. Le trajet est long et pesant. Enfin arrivée au bord, je n’ai pas le temps de me poser que j’me fais écrabouiller la tête dans l’eau. Je proteste, mais vu que ma tête est toujours dans les profondeurs, ça fait des bulles. J’ai la haine, là. La Cordelia a encore utilisé son don. Je refais surface et prends la main de Nico pour grimper. J’entends la grosse truie blonde dire qu’il faut qu’on aille à droite. Par pur esprit de contradiction et parce que j’avais envie de la faire chier un peu aussi, je réplique. « Non non, c’est mieux à gauche. » Je regarde un peu dans la direction que j’indique et je suis contente de voir que j’ai raison. Ça monte un peu plus qu’à droite, mais c’est aussi plus direct. Je la nargue un peu en faisant un petit mouvement de tête, ce genre de mouvement bien agaçant, voyez, à la ‘dans ton cul pétasse’. Sans attendre qu’ils approuvent, je commence à monter, faudrait pas qu’on fasse un détour pour l’autre blonde, non non.

Elles sont graves à se disputer continuellement là. Sérieux. Il a l'impression de faire face à un petit couple qui se chamaille pour un oui ou un non. Bref, là, assis sur le tronc d'arbre, il attend qu'elles sautent dans l'eau. Mais y'a Cordelia qui pousse Maia dans l'eau et ça lui plait pas franchement. Surtout avec ce qui s'ensuit. Il commence à être blasé par cette histoire, Nico. Tellement qu'il en oublie presque qu'ils sont en entraînement et qu'ils sont là pour se battre. Tout ce qu'il veut c'est sauver sa peau et aller foutre du désinfectant sur ses plaies. Bref. Il essaie de se calmer et prendre sur lui. C'est pas le moment de s'énerver. Une fois sur le pont tout ira mieux. Y'aura peut-être Adonis. Et puis Fauve. Ca prendra un autre détour. Maia galère avec Cordelia sur le dos. Quelle connerie. Finalement il attrape les mains des deux jeunes femmes et l'une après l'autre elles grimpent. Pas un mot tandis qu'il rejoint la terre ferme. Le jeune homme essore un peu le bas de son short qui lui colle désagréablement à la peau. Y'a Cordelia qui proposé d'aller à droite. Maia à gauche. Ouais. Il a quand même tendance à croire l'instinct de loup. Son regard se lève pour apercevoir la pente raide de la montée. Il pose un instant ses mains sur les épaules de Maia et puis lui emboîte le pas lorsqu'elle commence à grimper. Le garçon se mord un peu la lèvre pour pas trop penser à la douleur des écorchures. Il jette un coup d'oeil à sa main mordue et se pince un peu la peau avant d'arracher une feuille d'arbre. C'est bizarre mais ça le détend d'avoir quelque chose comme ça à triturer. Nico s'accroche à droite à gauche pour pas glisser. Ils continuent à avancer comme ça, silencieusement, pendant de longues minutes. Puis à un moment il entend quelqu'un commencer à râler. Ah non. Il se concentre sur Cordelia et essaie de lui faire oublier dans quelle galère ils sont. " Je savais que tu kifferais cette petite balade en forêt, Cordelia. " qu'il dit, un peu en se marrant. Il lance un petit regard entendu à Maia. Y'a le pont qui est plus très loin. Il s'agrippe à des racines pour monter plus vite. Ca glisse un peu mais finalement ils arrivent en haut. Putain. Enfin. Il a jamais été aussi heureux de monter sur un pont. Une fois en haut il jette un coup d'oeil à la rivière. Arf. Dire qu'ils étaient là-dedans. Rapide bilan des choses. Il file remettre son tshirt déchiré, mais c'est qu'il fait frisquet. " On est repartis ? " Ouais, il faut s'entraîner hein. Et vu qu'il peut pas se motiver lui-même, il essaie de motiver les autres. Même Fauve. Il tente de faire naître la compétitivité et l'adrénaline dans ses émotions. Puis Maia et Corde - qui doit avoir compris qu'ils sont pas vraiment en randonnée de plaisir en fait - aussi. Il s'enfuit alors plus loin en se marrant. Si elles sont motivées y'a moyen qu'il en oublie tout le reste aussi.

Maia sort de l’eau, la pauvre semble exténuée, je cache un sourire satisfait, je m’apprête à partir vers la droite lorsqu’elle se la joue diva/meneuse de groupe en partant vers la gauche. Quelle garce. Nico ne lâche pas un mot et décide de la suivre, normal, vous me direz vu qu’ils sont en « couple », je ne m’attendais pas à ce qu’il prenne ma défense de toute façon. On entame la montée d’une grande pente, j’ai l’impression de faire une randonnée au milieu des arbres, de la boue, des moustiques, des ronces. Ce n’est vraiment pas mon jour de chance. Je suis plus lunatique que d’habitude, en l’espace d’une seconde je passe du désespoir à l’euphorie. J’avance tranquille défiant la mauvaise herbe comme si je me promenais dans un champ.  J’arrive enfin sur le pont, les deux autres sont derrière moi, je boude. Fauve est toujours invisible, ou elle est partie j’sais pas, j’ai vraiment besoin de sa présence là. « Fauve, si tu es là, abandonne l’invisibilité. Oublie aussi ton vertige au passage, tu n’as plus peur du vide à partir de maintenant, c’est un ordre. » J’espère qu’elle m’entendra et stoppera son délire.  J’suis repartie là, j’ai envie de m’entrainer, motivée et tout, alors je me tourne vers Maia & Nico pour utiliser la persuasion sur eux. J’vais tenter d’embrouiller leurs esprits avec une petite illusion. Je ne maitrise pas trop ce tour alors j’ai besoin de pratique. Ma voix se modifie, grave, menaçante, rauque, j’ai l’impression d’avoir quelque chose coincé dans la gorge. « Vous entendez ces cris ?  Des corbeaux, des centaines de corbeaux sont en train d’arriver sur le pont. Ils vous attaquent !  Battez-vous pour survivre. »  Pendant que mes deux adversaires se débattent pour rien, je vais chercher un petit jus d’orange bien frais. J'ai soif.

C'est calme. Le silence absolu. Ils sont tous en train de se dévisager pour voir qui fera le premier pas. Nico commence à être fatigué, sans blague, il a hâte de pouvoir se caler sur son lit et dormir au moins quatre heures d'affilé. Il continue d'avancer sur le pont. Rapidement. C'est sans compter la voix de Cordelia qui s'élève. Il l'entend. Mais il ne saisit pas vraiment le sens de ce qu'elle dit. Le garçon balaye l'endroit du regard, à l'affût de la prochaine attaque. Pourtant rien ne vient. Y'a bien un bruit qui vient briser le silence, mais il ne comprend pas encore ce dont il s'agit. Il ne s'en préoccupe pas vraiment. Il commence à se poser un instant sur la rambarde du pont, pour reprendre complètement ses esprits. Pourtant, au bout d'un moment, le bruit se fait de plus en plus fort. C'est pas la fatigue, il se passe vraiment quelque chose. C'est dérangeant. Il tourne la tête et aperçoit un nuage noir qui s'approche dangereusement vite. C'est quoi, merde ? Il a pas ses lunettes, il voit pas si bien que ça. Nico fronce des sourcils, il force ses pupilles. Puis il comprend. Merde. Il se jette à terre sur le pont alors que les premiers corbeaux foncent sur lui. " Putain putaaain " Il déteste les oiseaux. Il déteste toutes les créatures qui ont des becs. Le garçon agite les bras, un peu recroquevillé sur lui-même, il essaie de se protéger, de les chasser. Merde, ces cons viennent lui attaquer ses blessures. Il lâche une plainte, gueule un coup, continue à donner des coups, se roule sur le dos, sur le ventre. Et puis alors qu'il se dit qu'il vaudrait mieux peut-être re-sauter pour s'en débarrasser, les battements d'ailes diminuent. Le bruit s'atténue. Il est pris d'un soubresaut, ouvre les yeux. Mal au crâne. Merde, c'était quoi ça ? Tout ce qu'il comprend c'est qu'il est allongé sur le pont, ses bras entourant son torse comme pour se protéger. Le garçon se relève peu à peu, encore déboussolé. Son coeur bat à une vitesse affolante. Il tourne la tête, cherche les oiseaux, mais rien à l'horizon. Pas même un bruit... " Vous... Vous avez vu ?! " il lâche, un peu hésitant. Maia a l'air aussi déboussolée que lui, mais Cordelia par contre est complètement tranquille. Elle boit un jus d'orange, un sourire amusé aux lèvres. Ah ouais d'accord. Nico se détend, il laisse retomber ses bras le long de son corps et enfonce ses mains dans ses poches, l'air un peu nonchalant. Lentement il marche vers la jeune femme. Puis, quand il n'est plus si loin, il tente de s'infiltrer dans sa mémoire. Lui aussi il teste un nouveau truc. Il veut lui rappeler cette sensation de chute. Celle qu'elle a vécu il y a pas si longtemps que ça. L'effroi. Il se concentre sur ce souvenir, et veut le faire répéter plusieurs fois d'affilé dans son esprit. Tant de fois, qu'elle aura l'impression de tomber à nouveau. " Tu tombes... " Il murmure, un peu amusé. C'est vicieux, mais il faut bien s'entraîner un peu, non ?

Je sirote mon jus de fruit tranquille en admirant le spectacle, Nico se jette sur le sol, hurle, se débat dans le vide, c’est vraiment trop beau pour être vrai. Maia fait de même, elle va encore plus m’en vouloir j’ai l’impression mais après tout, ce n’est pas comme si j’en avais quelque chose à foutre. Le jeune homme se réveille, il utilise encore son pouvoir sur moi. J’ai l’impression que le sol se dérobe sous mes pieds, mon cœur bat la chamade, je tombe, putain je tombe, je dégringole, je vais m’écraser, encore une fois. « NOOOOOON » je vais mourir, adieu. Puis en fait non. Je reprends mes esprits, je suis debout, sur le pont. C’est malin j’ai presque failli avoir une attaque. Je secoue un peu la tête et prends une profonde inspiration. Il veut la jouer comme ça. D’accord. Je vais tenter quelque chose d’inédit en espérant que ça marche. Ma voix angoissante fait son come back. Mode persuasion ON. « Je suppose, qu’il y a bien quelque chose qui t’effraie plus que tout au monde,  je me trompe ?  Très bien, ta plus grande peur va se matérialiser, ici, devant nos yeux. J'ai hâte de voir si tu vas réussir à la combattre... » J’suis pas sûre à 100% des effets de cette persuasion là. J’croise les doigts.

Ca marche. Elle flippe. Ouais bon. Il ressent presque un élan de culpabilité, Nico. Mais c'est le but du jeu. Maia semble toujours se débattre avec les oiseaux à côté. Ou non, il sait pas. Son regard se perd sur Cordelia. Elle se reprend. Réalise ce qu'il vient de se passer. Nico se fout un peu en position de défense. Il sait que c'est du donnant donnant maintenant. C'est dur d'attaquer deux fois de suite sans répit. Malgré l'entraînement, contrôler son don n'est pas toujours aussi évident. Il se mord la lèvre, en attendant la sentence. Mais rien ne se passe. Jusqu'à ce qu'il voie la porte s'ouvrir et sa soeur apparaître. Merde. Qu'est-ce qu'elle fout là ? " Sara ? " il murmure en s'approchant. Sourcils froncés. Elle a cet air mauvais. Celui-la même de quand elle l'a attaqué, quelques années auparavant. Nico se pose une main sur le torse, au niveau de son coeur. Pas une deuxième fois, non. " Je viens terminer le boulot. " il l'entend murmurer. C'est une hallucination, pas vrai ? Elle se concentre, il sent ses genoux fléchir. Black out. Il a mal au coeur. Il ouvre les yeux. Elle n'est plus là. Il a halluciné, pas vrai ? Pas vrai ? Mais aux regards des autres il comprend que non. Ca le rend malade. Son poing se serre tandis qu'il se tourne vers Cordelia. C'est allé trop loin là. A son tour il se concentre. Rien de très inventif, iil a trop la rage pour ça. Mais elle doit être perdue, complètement, brutalement, pendant quelques minutes.

C’est que je reste très conne en fait, je ne pensais pas que ça allait marcher le coup de la peur qui se matérialise. Mon pouvoir commence à se décupler, j’suis satisfaite mais aussi étonnée que Nico lorsque je vois la porte de la salle s’ouvrir et qu’une bombasse fait son apparition. Pas aussi bonne que moi mais elle se défend. Elle ressemble beaucoup au jeune homme d’ailleurs. Nico est livide, il se tient le cœur, j’ai l’impression qu’il va se faire une attaque ! J’ai beaucoup de remords là, j’assume pas du tout ce que je viens de faire. Elle se prénomme Sara, c’est tout ce que je sais car la scène ne dure pas très longtemps, Nico tombe au sol et la jeune femme disparaît comme elle est arrivée. Je ne sais pas vraiment comment réagir, je suis choquée, les yeux grands ouverts, j’essaye d’analyser ce qui vient de se passer mais je ne comprends rien du tout. Sa plus grande peur est une femme sexy ?  Nico est-il gay ? C’est une affaire qu’il va falloir tirer au clair. Il riposte, normal, je le mérite. Je perds une nouvelle fois l’équilibre, tombe sur le sol, je suis complètement perdue, je ne sais pas ce que je fais ici, comment je m’appelle, j’ai la tête qui tourne, une migraine atroce, la nausée et après quelques minutes de black out total. J’ouvre enfin les yeux. C’est de bonne guerre, mais il ne va pas s’en tirer comme ça. Je me lève avec un air de biatch, nouvelle attaque, tranquille. « Tu vois la rambarde ? » Je la pointe du doigt. « C’est Maia en fait et tu as une envie irrésistible de l’embrasser avec la langue, là, tout de suite. » J’suis une garce quand même.