J'ai toujours le malheur de me pencher un peu trop prêt, comme le ferait un Narcisse indolore. Invulnérable. Je ne suis pas invulnérable, l'eau est tout ce que je déteste. Non, je ne suis pas non plus un loup garou. Et je suis encore moins un de ces chats que l'on force à prendre une quelconque douche. Je suis un homme, et je n'aime pas l'eau. Je n'aime pas cette sensation d'avoir un liquide, aussi doux et pur soit-il, traversant ma peau, s'incrustant dans mes pores. Alors je me recule, d'un pas, puis de deux, et bientôt d'une vingtaine jusqu'à ce qu'un fameux bruit vienne m'interrompre. Une branche se craque sous mon poids. Je ne suis pourtant pas bien lourd. J'en viens à m'en vouloir. La pauvre. Peut-être est-elle déjà passée de l'autre côté. Toujours est-il que mon visage, d'abord surpris, puis finalement neutre se déposa sur un homme se tenant un peu plus loin, près du bassin. « Désolé, je suis sur mes gardes, question d'habitude » je cherche mais ne comprends pas. Je ne suis jamais sur mes gardes. « Adonis, mais Ado suffit. Et toi ? » je m'approche, mon corps vêtu d'une chemise blanche parfaitement repassée, d'une couleur éclatante ainsi que d'un pantalon noir, mes pieds quant à eux en sont nus. Je n'ai pas eu le temps de m'esquisser une paire de bottes. « Bo. » murmurais-je avant de me gratter la gorge pour éclaircir un peu plus ma voix « Et je suppose qu'il me sera difficile d'en raccourcir un bout. » je m'accroupis un instant prêt du bassin, avant de finalement y prendre place, mes pieds trempant dans celui ci, tout comme le bout de mon pantalon « Tu as des tatouages, ils me sont agréables. Tu es un loup n'est ce pas ? » je ne sais pas bien en quoi cela m'intéresse ou même me regarde « Je t'ai vu t'échapper cette nuit, je ne dors pas beaucoup. Tu comptes enlever tes vêtements ? J'aimerais admirer ton corps. » cela pourrait paraitre déplacé de la part d'un autre, mais était pourtant délivré avec une parfaite délicatesse venant de ma part.

« Content de voir que mes tatouages te parlent, disons que c'est une partie de moi. » il me semble gêné, alors que le tout me semble plus amusant qu'autre chose. Du moins autant que je peux l'être. « Oui je suis un loup, bonne déduction. Qu'est-ce qui t'a mis la puce à l'oreille, la pilosité peut-être ? Sache que certains loups sont totalement dépourvus de poils sous leur forme humaine. » j'hoche la tête simplement à l'écoute de ses dires, avant de finalement reprendre la parole « Ce ne sont pas les poils. Seulement l'odeur une fois la nuit tombée. Je dormais juste derrière toi. » mon sourire s'agrandit finalement. Je l'entends renifler un instant avant qu'il ne reprenne enfin la parole « C'est quoi ton pouvoir ? » j'hauche un instant les épaules « Je suis un artiste. » pas besoin de m'étendre cependant, et puis je n'en avais pas vraiment envie. Etait-ce grave ? Finalement je lui demande de retirer ses vêtements, dans le simple but de découvrir si il a d'autres éventuels tatouages. Ne voyez en moi aucune autre indiscrétion. « Si ça peut te faire plaisir » le jeune homme ne tarde alors pas à retirer son haut, et à bientôt faire subir le même sort à son bas, chose que je n'avais pas forcément suggérée. Mais bon, peut-être était-ce compris dans les pensées du loup. De toute évidence, cela ne me dérangeait pas vraiment. « La vue te plaît ? » dit-il alors en s'enfonçant peu à peu dans le bassin « Plutôt. » acquiesçais-je finalement « J'ai toujours trouvé le corps d'un homme magnifique, pas toi ? Le tien a quelque chose de puissant, de désirable. » et je ne disais pas forcément cela de part sa musculature développée « Le mien est plus frêle, plus fragile. J'ai toujours admiré ceux qui témoignent d'un certain charisme comme tu peux en avoir. »

« Un artiste ? » Oui, un artiste. J'étais de ceux qui idéalisaient un monde de part une simple pensée, un simple geste. Pas besoin de s'aventurer plus loin, n'est ce pas ? Le tout me semblait pourtant déjà bien clair. « J'ai du mal à comprendre. Quel genre d'artiste ? » mon regard se perd un instant sur la surface du bassin, avant de finalement remonter jusqu'au corps du loup, mes yeux s'arrêtant une fraction de seconde dans les siens avant de se détourner, un sourire s'esquissant sur mes lèvres « Le genre a pouvoir tatouer un corps. » ce n'était qu'un exemple. Un simple exemple. Je lui expliquais alors ma pensée sur le corps d'un homme avant qu'il n'y réponde « Je n'ai jamais vraiment réfléchi à la question. Certaines parties en sont magnifiques oui. » je sens une pointe d'amusement dans sa voix, ce qui m'amuse également. Je me doute bien de quoi il doit-être entrain de parler « Je suis content d'avoir un corps désirable et du charisme alors, ça n'pourra que m'aider pour la suite. » j'hausse les épaules, comme pour approuver, bien que je ne sais pas vraiment de quelle suite il s'agit. Peut-être devrais-je lui demander ? Non, je retiens encore un peu cette pensée pour moi, alors qu'il ne tarde pas à disparaitre sous l'eau, rejoignant quelques secondes plus tard la surface. « Un corps frêle peut être magnifique et avantageux également, sache-le » cela dépendait du point de vu. « Tu comptes me mater de loin pendant des heures ou tu vas me rejoindre ? » un léger rire s'échappe finalement de mes lèvres. Je me relève donc un instant, déboutonne ma chemise et la chasse de mon torse, avant de faire subir le même sort à mon pantalon. Je pense m'arrêter là un instant, il serait certainement inutile de tout enlever. Mes yeux remontant à ceux du jeune homme qui semble m'observer « Plus fragile. » que je répète en décrivant mon corps, là, debout sur ce rocher.

J'avais donc choisi d'ôter mes vêtements, me retrouvant de ce fait en simple boxer. Je ne me voyais de toute façon pas tout enlever, du moins pas maintenant, pas en cet instant. Peut-être étais-je pudique. Ou peut-être n'en avais-je simplement pas envie. Je crois qu'il s'agissait plus de la seconde option. Même si mon corps n'était pas aussi imposant que celui du jeune homme en face de moi, il est clair que je n'en avais pas honte. Chacun naissait comme il était, à partir de ça, il n'y avait pas à avoir honte de quoi que ce soit, humain, loup ou autre. J'étais humain, j'avais un corps d'humain. « Plonge donc, monsieur fragile, tu ne vas pas te casser un bras pour autant ! » je passe une main dans ma nuque, un léger sourire aux lèvres avant de finalement exécuter un plongeon d'une parfaite adresse. Je sens mon corps s'engouffrer profondément dans le bassin, glisser sur les moindres pores de ma peau et n'arrive pas à me décider de si j'aime cette sensation ou non. Là dessus je reste un court instant de plus dans les profondeurs du lac, le temps de retirer le dernier bout de tissu ornant mon corps. Je serais certainement plus à l'aise ainsi. Mon visage transperce à nouveau la surface du bassin, alors qu'une de mes mains vient ébouriffer un instant mes cheveux, l'autre se débarrassant de mon boxer, l'envoyant sur le rocher d'où je venais, et où mes autres vêtements se situaient. « Je suis presque certain que tu m'imagines plus posé que je ne le suis. » dis-je finalement en me retournant vers le loup. Je nageais un instant vers lui, afin que la conversation soit plus simple, me plaçant à une vingtaine de centimètres de son corps. « As-tu déjà touché le corps d'un homme ? D'un autre homme que toi, comme si tu en venais à vouloir sentir une quelconque sensation, sentir ton poux s'accélérer. »

« En effet, je ne t'imaginais pas si osé que cela. Je t'imaginais plutôt coincé du cul » j'arque un sourcil, un léger sourire s'esquissa sur mes lèvres, tel un filet d'eau sur du papier bulle. « Le mien oui je l'ai déjà touché. » finalement en un grand sourire il annonce « Et non je n'ai jamais eu envie de palper les couilles d'un autre homme, je trouverais ça un peu incongru. » mes yeux caressent un instant le ciel avant de redescendre vers ceux du jeune homme « Je ne parle pas de ça. » mais peut-être étais-je le seul à voir de quoi je parlais. Cette sensation que l'on éprouvait lorsque l'on frôlait l'interdit. Lorsque l'on savait qu'une chose ne devait pas forcément être, mais que l'on tentait le diable, jusqu'à aller lui rire au nez. Sentir son poux s'accélérer, son palpitant briser les chaines qui le retenaient. Je ne tarde pas à me reculer, chassant l'eau de l'avant pour que mon corps parte en arrière. « Je pensais que quelqu'un comme toi n'avait pas de limite, et aimait affronter le danger, briser les interdits. » mes pupilles émeraudes se perdirent un instant sur le bassin, pensif « Je ne suis de toute évidence, et comme toi, pas doué pour cerner les personnes. » je soupir un instant. Peut-être devrais-je partir au final. Je ne sais pas. Peut-être l'avais-je simplement idéalisé.

Ce n'était pas vraiment pour le faire céder en quoi que ce soit, à vrai dire, que je lui exposais mon point de vu. Non, de toute façon il n'y avait rien à comprendre. Rien à soutirer. Ce n'est pas comme si je lui avais fait une quelconque proposition. Cependant et alors que je m'éloignais, le jeune homme sembla soudainement se poser quelques questions. Peut-être sur lui. Peut-être sur moi. Toujours est-il qu'elles m'étaient adressées, mais peut-être cherchait-il également à découvrir un peu plus de sa propre personnalité. « Bo ? » je me stoppe ainsi dans mes mouvements, mes yeux revenant sur ceux du jeune homme à l'évocation de mon prénom. « Tu l'as déjà connu cette sensation ? T'as déjà touché un homme ? Où ? » qu'il me demande, avec toujours ce même sourire sur les lèvres. Ce sourire que je ne sais trop comment prendre. Si il s'agit de moquerie, ou bien si il est réellement sincère. J'avais mes doutes. « Oui. » soufflais-je en un murmure, plus parce que ma voix venait de s'absenter une demi seconde que volontairement. « L'endroit n'a pas grande importance. » Peut-être allait-il rire. Moi je trouvais cela normal. A vrai dire, bien que j'avais mes réticences quant au corps d'une femme, j'étais bien souvent attiré par un être plus que par son enveloppe « Des hommes, des femmes. Je suis un artiste, les terrains inconnus ne me font pas vraiment peur. » ma voix se veut douce, posée, avec ce même ton grave que j'aborde à chacune de mes paroles. « Que l'on soit d'accord, je ne t'ai rien proposé. Seulement si l'envie de me toucher et d'explorer tes limites te prend, je ne bougerai pas. » Mon corps n'est qu'un instrument, après tout.