Je débarque dans la salle privée en baillant, les mains dans les poches de mon jean -ouais, je suis allé enfiler des fringues quand même-. Quand je pense que la folle du cul a baisé Cosby dans cette pièce, j’ai un frisson de dégoût qui grimpe le long de mon dos. MON DIEU c’est glauque, j’espère qu’ils ont changé les sofas, les tapis, le revêtement du dressing, essuyé la table basse, tous les endroits susceptibles d’avoir été la triste victime de cette scène digne d’un film d’épouvante. D’ailleurs je me demande qui aurait envie de sauter un gars qui se coiffe comme un clébard et se fringue comme un aveugle sans assistance. Elle est grave cette fille quand même, elle est prête à tout pour contenter ses hormones de chatte en chaleur, et ses prochaines cibles seront sans aucun doute le bûcheron –puisque j’ai ruiné sa première tentative- et le boutonneux –si elle décide de défier mes théories sur sa sexualité-. Je me demande si elle osera mettre la main sur le nabot une fois que Maia aurait fait tout le boulot pour l’adouber nouvel homme du château. Vous imaginez perdre votre virginité dans une émission de télé réalité ? Sérieusement, c’est un peu glauque ça aussi. Et là je me pose des questions, parce que je l’ai aussi tringlée Fauve, deux fois. Assurément son meilleur choix. Mais comme elle a l’air d’avoir un penchant pour les mecs sans aucun style … J’ai un doute qui me tenaille. Bref, je me vautre sur le canapé en oubliant ces considérations désagréables, fixant mes yeux sur le plafond. C’était pas un peu une idée de merde de coincer le boutonneux dans cette salle ? Ouais hein, carrément. C’est un peu comme si je lui disais : t’as 50% de chance de te faire découper en menus morceaux, et 50% de chance de te faire violer. En gros, y’a 0% de chance pour qu’il se pointe, à moins qu’il soit totalement suicidaire le gars. J’ai juste sauté sur l’occasion d’avoir une nouvelle opportunité de décortiquer son cerveau tordu, même si une voix au fond de moi s'égosille à force de me hurler de lâcher l’affaire parce que c’est évident qu’il est complètement déglingué du ciboulot. Un jour il appelle son lapin comme moi, et le lendemain il participe à ma castration publique en sirotant une Pina Colada. Je grogne en me tournant sur le côté, la tempe appuyée sur mon bras qui s’étend à moitié dans le vide, les jambes légèrement repliées. Je déteste rester sur ma faim, je déteste que la psychologie de quelqu'un échappe à mon analyse, et surtout je déteste son petit air de connard méprisant. Alors je ferme les yeux. Parce que bon, j’suis un peu crevé moi, j’ai pas l’intention de veiller comme un gamin qui attend le Père Noël non plus.

Me vl'a en train de faire les cents pas autour de cette maudite salle soit-disant "privée", à qui veut-elle bien encore faire croire qu'il nous reste un semblant de vie privée dans un château filmé vingt-quatre heures sur vingt-quatre et dans chaque recoins ? Je soupire, et jette un regard vers la porte de la salle, je sais qu'il est déjà à l'intérieur l'enfoiré, je l'imagine déjà en train de m'attendre, un sourire moqueur aux coins des lèvres et des envies de vengeances pleins la tête. Sérieusement, je lui ai fait quoi au gros loup ? - mis à part le coup du slip du prime - Je pense n'avoir rien à me reprocher ces temps-ci, au contraire j'me suis même dévoilé à lui sous un nouveau jour la dernière fois - bon le tonnerre a un peu aidé aussi - dans ce cas, pourquoi m'avoir choisi moi pour être cloîtré dans cette foutue pièce ? Nouveau soupire, ce n'est pas comme s'il était du genre facile à comprendre le blond. Enfin bref, quand faut y aller... je rattrape de justesse le petit Sulli qui semblait déjà prêt à se barrer dans le sens inverse - il a dû flairer l'odeur de Sullivan lui - et me décide à ouvrir cette foutu porte. Je pénètre au sein de la petite pièce en la balayant immédiatement du regard, je roule des yeux en découvrant le blond complètement affalé les yeux fermés et c'est tant mieux pour moi d'ailleurs, s'il dort il va pas me casser le couilles. Je me précipite donc sur le second sofa - que je prends bien soin d'éloigner du sien - et essaye de le déplier en vain. Je commence à m'énerver tout seul, transférant ma colère face à la situation vers ce maudit sofa puis je finis par soupirer et décide de claquer simplement du doigt pour qu'il se déplie. J'observe le résultat avec satisfaction et je n'attends pas une minute de plus avant de me désaper, ne gardant qu'un de mes célèbres boxers Hello Kitty où on peut lire "Hello don't touch my Kitty" et de me coucher, Sulli dans les bras. « Bonne nuit blondinet. » je lâche, l'air de rien, vu que je suis poli, moi.

IMPORTANT:

PUTAIN mais c’est quoi ce bordel ? J’ouvre un œil, mécontent, mes instincts de loup me poussant à me jeter sur l’intrus. Ce que j’aurais bien fait, si je n’étais pas encore à moitié endormi. Et là je découvre que le boutonneux a finalement décidé de se pointer, sérieusement ? C’est définitif : le gars est suicidaire. Et en plus il se ferait recaler des WMCA pour la place du mécano, parce qu’il a l’air aussi doué de ses dix doigts qu’un manchot. C’est pas possible d’être aussi empoté ! Et finalement un claquement se fait entendre, et je referme aussitôt les paupières, qu’il ne lui vienne pas l’idée de faire d’une pierre deux coups. Bah oui pourquoi s'emmerder comme tout le monde quand on peut se servir de la magie hein ? Je plisse les yeux pour capter ses mouvements –par précaution- et … OH MERDE, il se désape. Hm. Je devrais peut-être pas regarder, ça se fait pas quand même. Ouais. Non mais vous déconnez ou quoi ? J’ouvre grand les paupières là, je mate outrageusement le boutonneux. Ouais pas dégueulasse, pas aussi gringalet qu’envisagé, dos musclé, joli … PUTAIN C’EST QUOI CA ? Oh bordel, il est sérieux le gars avec son boxer Hello Kitty ? J’hésite entre pouffer de rire et lui passer la corde au cou –non, pas l’épouser-, en me demandant s’il est au courant quand même, qu’il n’a pas vraiment de « Kitty ». Enfin … j’espère. Oh merde, me dites pas qu’ils ont rempli le château de transsexuels et de travelos. Avec Ange et bobonne, c’est vrai que ça commence à faire beaucoup. L’horreur, si ça se trouve tout ça n’est qu’une immense machination pour me piéger, moi, parce que je suis le centre de l’univers. Puis il me dit bonne nuit. Enfin j’crois, parce que son lapin il est pas blond. Non mais il va pas s’en tirer à si bon compte le gars, maintenant qu’il m’a réveillé avec tout son bordel. Du coup j’attrape le briquet qui trône sur la table basse à côté des bougies –genre on va allumer des bougies, bande de connards- en me jetant sur le lit occupé par le boutonneux, lui arrachant son lapin des bras. Bon je me débats un peu avec lui d’abord, et je me retrouve un peu la gueule dans le coussin. Il sent bon. OKAY, complètement hors sujet. Et finalement je brandis mon trophée dans les airs en activant la flamme du briquet, la plaçant tout près de la patte du lapin qui prend une couleur mauve assez angoissante. « Je vais le faire cramer ton putain de lapin. » Ouais, je suis toujours un peu énervé par le dernier quartier, et rien que de voir sa gueule ça me donne des envies de meurtre. « A moins que tu me convainques d’épargner sa pauvre vie. » A comprendre : t’as plutôt intérêt à te mettre à genoux et implorer mon pardon pour tes saloperies.

Spoiler:

Je suis vraiment con, je suis vraiment vraiment con d'avoir pensé que ce salopard m'aurait laissé passer une nuit tranquille dans cette foutue salle. A peine ai-je fermé les yeux que cet enfoiré s'est précipité sur moi pour m'arracher mon lapin des mains - pour changer quoi - et pour couronner le tout, il a décidé de me sortir son air le plus menaçant pour me menacer justement - non Callou sans blague ? - de faire cramer mon lapin si je ne lui fournis pas une raison assez convaincante... Je soupire et lui lance le regard le plus blasé ever, j'ai bien envie de lui faire un doigt, là, tout de suite et de lui lancer genre "Et ça, c'est assez convainquant pour toi ?" je me mets même à sourire sur le coup en y pensant, enfin bref, je me décide finalement à repartit dans mon emmitouflage sans lui prêter davantage de contact visuel. « Premièrement et même si ça semble t'étonner, je te connais par coeur Sullivan et t'oserais pas faire de mal à un pauvre lapin sans défense et deuxièmement, ce dit lapin n'est pas vraiment sans défense, alors à ta place j'éviterai de l'attaquer parce que vu la teinte qu'il est en train de prendre ce ne sera pas à une banale morsure que t'auras droit. » voilà ce que je lui balance au visage, les yeux fermés, bien au chaud sous ma couette en attendant qu'il lâche mon animal qui reviendra bien vite me rejoindre. Je ne comprends vraiment pas ce type, pourtant, il avait l'air différent lui aussi ce fameux jour d'orage, mais je ne comprends pas pourquoi il se sent obligé de montrer le pire de lui pour effacer le souvenir du meilleur... de toute façon, pour moi c'est décidé, j'ai assez couru après cet enfoiré, je suis prêt à passer à autre chose.... quoi ? Un mensonge n'a jamais tué personne.

Spoiler:

Putain, il ose refaire son psy avec moi le connard, je le déteste. Genre il me connaît par cœur, il a vu ça où lui ? Ça fait à peine plus d’un mois qu’on se côtoie, aussi je doute qu’il soit parvenu à me cerner entièrement. Je laisse échapper un ricanement mauvais. « Moi peut-être, mais tu n’sais pas de quoi mon loup est capable. » Je balance d’une voix qui s’étrangle, chassant les images qui refluent. Parce que ma forme animale et moi sommes deux personnes radicalement différentes, une dissociation qui me permet de mieux le supporter. Si je décide de lever ce frein que je m’impose, particulièrement ce soir alors que le dernier quartier brille dans l’obscurité, je tordrais le cou de son lapin en une fraction de seconde, sans même réfléchir à la question de savoir si c’est bien ou mal ou s’il y aura des conséquences. Et j’observe la peluche vivante dont les yeux deviennent verdâtres, me faisant la réflexion que pourtant, les lapins garous, j’en n’ai jamais entendu parler. Est-ce que le garçon me prévient parce qu’il a déjà vu ce monstre à l’œuvre ? Qu’est-ce qu’il entend par : ‘pas une banale morsure’ ? Je soupire finalement en faisant glisser mon pouce dans le vide, et la flamme du briquet s’évanouit. Et en fait, sa réaction détachée et presque indifférente me calme de suite. Parce que je me dis que ma deuxième théorie est complètement fumeuse et que je me suis monté un film en couleurs totalement absurde. Ça se voit quand même assez qu’il peut pas m’encadrer le type, il me mate toujours avec cet air désespéré comme s’il avait envie de m’euthanasier. Il était juste drogué quand il a dit toutes ces choses bizarres, ouais la drogue ça te fait complètement débloquer. Peut-être qu’il pensait à quelqu’un d’autre vous voyez. Sûrement même. Du coup je suis soulagé d’en venir à cette conclusion, et mon envie de lui faire mal se transforme en un désir tout à fait naturel chez moi de l’emmerder. Le taquiner, pas le faire flipper, deux choses radicalement différentes. « Ok d’accord. Alors qu’est-ce que tu dirais si … » Je rabats la couverture pour découvrir son corps, me positionnant au-dessus de lui en attrapant ses mains pour les plaquer de chaque côté de son visage. Pas de claquement de doigt. « … je me concentre sur toi. » J’esquisse un léger sourire genre le gars qui réfléchit au meilleur moyen de s’exécuter. « Je vais t’empêcher de dormir jusqu’à ce que tu t’excuses de m’avoir martyrisé avec des racines dans l’unique but de me mater à poil … » C’est évident, s’il croit que j’ai pas capté son petit jeu. « … d’avoir essayé d’oublier mon baiser parce que t’es incapable de dire à ta maman que t’aimes les zizis de garçon … » Terrain dangereux, mais on s’en branle, je reviens sur ma théorie numéro un. « … d’avoir essayé de m’embobiner sous le tronc d’arbre … » Si si, totalement de sa faute, parce qu’il est évident que ce n’était qu’un instant d’égarement regrettable. « … et SURTOUT, pour m’avoir offert ce magnifique sous-vêtement qui parle. » Bordel, j’en frisonne rien que d’y penser. Mais en fait, il m’a vraiment emmerdé à mort le gars. Et je me creuse la cervelle pour réfléchir à ce que j’ai fait depuis le début de cette aventure et qui a eu l’air de l’emmerder plus que le reste, la réponse ne mettant pas longtemps à se frayer un chemin jusqu’à mon cerveau. « Je vais peut-être commencer par te débarrasser de ce calbut’ tue-l’amour qui ruine ta crédibilité auprès de tes fans, un service quoi. » Je propose en lâchant sa main droite pour faire glisser mes doigts sur sa hanche, soulevant légèrement son sous-vêtement. Oh ça va me regardez pas comme ça, c'est lui qui est venu pioncer ici, parfaitement conscient des risques qu'il encourait, non ?

Spoiler:

Pfiou je crois que le type semble enfin avoir eu un éclair de lucidité vu que je crois entendre le petit bruit significatif d'un lapin retombant au sol. Parfait et avec un tout petit peu - vraiment petit le peu - de chance, il va peut-être enfin me laisser profiter d'une nuit de sommeil des plus méritées... BIGGEST JOKE EVER. Il commence tout d'abord à me faire part de ses problèmes existentiels et son loup qui est différent et bla et bla et oh, je commence à m'endormir. C'est bien-évidemment sans compter sur le talent naturel de ce cher Sullivan pour casser les couilles de quiconque à n'importe quel moment. Je sens rapidement ma tendre couette m'être retirée de force, je soupire, mais là le type choppe carrément mes mains pour m'empêcher de me débattre puis se positionne sur moi et sur le coup je me dis que s'il m'avait fait ça il y a deux ou trois semaines je me serais certainement pas débattu, au contraire, mais dans l'état actuel des choses, on pourrait difficilement trouver plus blasé que moi. Je me contente de le regarder comme s'il n'était qu'un brassement d'air invisible et je ne prends même pas la peine de rétorquer à ses déclarations, parce qu'en plus le mec il veut que je m'excuse: ANOTHER JOKER, je roule des yeux et continue de le fixer de la même manière détachée, histoire qu'il comprenne à quel point je n'en ai plus rien à foutre de lui et des ses agissements stupides. Il continue son blabla incessant et je me dis que si je commence de plus en plus à remarquer ses horribles défauts, c'est sans doute que je suis sur la bonne voie, celle de la guérison de ma "Sullivanite" aiguë - la pire des maladies d'amour, vous comprenez ? - chose qui m'arrache même un léger sourire en coin, sourire qui s’efface bien vite lorsque je me rends compte qu'il essaye de m'enlever mon calbut', il ne m'en faut pas plus pour lui foutre un coup de poing avec ma droite de nouveau libre, je lui accorde même une petite déclaration d'une voix blasée. « Tu veux que je m'excuse de quoi Sullivan ? D'avoir voulu monter sur ton dos pour une innocente petite promenade ? D'avoir voulu oublier que la seule raison pour laquelle l'abrutit pour lequel j'ai... j'avais des sentiments m'a embrassé n'est autre qu'un stupide petit tour ? D'avoir été obligé de faire semblant d'être défoncé pour partager ne serait-ce qu'un semblant de moment agréable avec toi ? Puis d'en être réduit à t'humilier pour attirer ton attention ? » je passe une main dans mes cheveux en soupirant. « Et bien soit, j'en suis profondément désolé cher ami, c'est sûr que t'es tellement à plaindre dans cet histoire, pauvre de toi. » concluai-je en me levant pour récupérer ma couette au sol.

Je le sens au bord de l’exaspération là, aussi je ne m’arrête pas de parler jusqu’à éveiller la contrariété extrême chez lui. Je sens que c’est pas loin vous voyez, parce que ses yeux roulent dans ses orbites. Mais visiblement ça ne suffit pas, alors j’effleure sa peau pour titiller son boxer Hello Kitty. PAF. Ouais là j’ai rarement aussi bien réussi mon coup, vu que le gars me fout une droite. « PUTAIN. » Je grogne quand même en me laissant retomber sur le côté, une main plaquée sur mon visage et l’autre accrochée aux draps. MERDE il m’a fait super mal ce connard, je pensais pas qu’il pouvait avoir autant de force. C’est le deuxième poing dans la gueule auquel j’ai droit, mais la folle du cul avait quand même été moins agressive, et puis surtout, elle avait su se faire pardonner. Je ne pense pas avoir quoi que ce soit de cassé, parce qu’il a légèrement fait dévier son coup, mais je vais assurément souffrir d’ici deux minutes et me payer un œil au beurre noir. Je souffle entre mes dents pendant que l’autre sale gosse commence à jacasser. Le seul truc que je retiens au départ, c’est qu’il a fait semblant d’être défoncé et que je me suis fait avoir comme un bleu. Je capte pas pourquoi mes bourgeons ont été sans effet d’ailleurs, et ça me contrarie. Et là genre, j’arrête de bouger pendant que le reste s’impose à moi, limite même de respirer. Euh, attendez là, il fait quoi ? FERME LA PUTAIN. C’est ce que j’ai envie de lui gueuler en me bouchant les oreilles, mais c’est déjà trop tard. Il a déjà dit LE truc qu'il ne fallait pas : ‘sentiments’. La blague, ouais, la bonne blague. En fait je trouve ça tellement drôle que mon rire s’élève dans la pièce, comme une insulte. Il est pas sérieux là, si ? Je tourne mon visage vers sa silhouette qui sort du lit, mes doigts glissant dans mes cheveux. J’ai de nouveau ce frisson qui remonte le long de mon dos, et ma mâchoire se crispe. Et ça me fait autre chose. Je crois. Quelque part. Un peu. Une petite torsion des boyaux, légère et sournoise. Bâtard, pourquoi il me dit ces conneries s’il en a terminé avec moi, quelqu’un m’explique ? Sans vraiment savoir pourquoi je tends mon bras pour retenir son poignet, l’attirant de nouveau sur le lit pour l’empêcher de m’échapper. Et à moitié allongé sur lui, je pose mes lèvres contre les siennes et l’embrasse avec une douceur inhabituelle pour un dernier quartier. Et je brûle instantanément, mon torse se collant un peu plus contre le sien. Ce sont mes muscles qui brûlent, ma peau qui brûle, mes lèvres qui brûlent. J’ai l’impression que la lave d’un volcan me ronge le sang et que mon corps entier devient fébrile, mes doigts glissant sur sa joue pour rejoindre ses cheveux. Pas bon. Pas bon du tout. Alors je romps mon baiser pour sonder son regard sombre dans l’espoir de démêler le vrai du faux, ma respiration un peu trop agitée se calmant silencieusement. Parce que ce n'est que ça : un test. Plus ou moins. Quelques secondes s'écoulent, dont j’espère qu’il ne profitera pas pour me coller une deuxième droite. Et mes yeux bleus se durcissent. « Heureusement que tu t’es rendu compte à quel point j’suis un gros con alors, t’as mis le temps. » Je dis en m’écartant, comme si c’était finalement ma conclusion, m’asseyant à l’autre bout du lit en tentant de calmer mes ardeurs. Merde, pourquoi je me suis excité comme ça moi, c’était pas une brillante idée. « Ça m’arrive tout le temps de ressentir ça rassure-toi, ça s’appelle une putain d’envie de baiser. Viens pas me faire pleurer avec tes sentiments, c'est des conneries. » Non mais franchement il me fait marrer le type, il me prend vraiment pour un con. Il va pas me faire croire qu’il ne l’avait pas pigé avant, que j’étais un abruti. On n’a jamais éprouvé quoi que ce soit pour moi après m’avoir entendu ouvrir ma gueule pendant un mois, sauf de l’attirance physique. Comme bobonne, dont l’idée lui est rapidement sortie de la tête. C’est simplement que chez lui ça a mis plus de temps, et comme c'est encore qu'un gamin il a cru que c'était autre chose. Ouais, je gobe pas sa déclaration vous voyez, le mec sait pas c'que c'est d'avoir des sentiments. On s'connaît à peine, et ce qu'il connaît de moi n'est pas de nature à lui en donner. Et pour preuve il s’en remet bien le gars, il me file déjà des pins dans la gueule. Je me tourne vers lui, mon index glissant sous mon oeil endolori. « Si tu veux en être sûr on peut baiser hein, tu vas voir tu t'sentiras vachement mieux après. » Sauf que bizarrement, j'en ai pas du tout envie, moi. Pas maintenant. Pas comme ça non plus. Mais bon, c'est pas comme s'il allait accepter hein, là il doit plutôt avoir envie de me brûler vivant. Et puis il a employé le passé de toute façon.

Spoiler:

Combien de fois je vais devoir le répéter ? Combien de fois devrai-je répéter que je ne comprends pas ce type ? Comme je m'y étais attendu - parce qu'on peut difficilement faire plus prévisible que cet enfoiré - sa première réaction est de se foutre de ma gueule, mais genre ouvertement, grossièrement, cruellement... J'essaye de ne pas prêter attention à son rire mesquin qui n'a pour effet que de me faire sentir mon coeur se resserrer un peu plus au fond de ma poitrine. Je déglutis donc, me lançant à la recherche de ma couette, mais ce connard ne semble pas décidé à me foutre la paix une bonne fois pour toute: il attrape mon bras et je m'apprête à lui lancer une fois de plus mon célèbre regard blasé accompagné, bien-évidemment, de mon soupir le plus bruyant lorsque je me retrouve soudainement poussé sur ce foutu lit, sa bouche plaquée contre la mienne. Je le laisse faire, les yeux écarquillés, prenant part à cet échange beaucoup trop tendre pour être réel sans même m'en rendre compte, le cœur battant à tout rompre jusqu'à ce qu'il ne mette finalement fin à son acte. Nos regards se croisent dans un échange silencieux, il essaye de démêler le vrai du faux, je le sais, il se croît vraiment incapable d'être aimé ? Ses paroles m'apportent quelques éléments de réponses, j'ai envie de le contredire, qu'il sache que je n'en ai absolument rien à foutre de son caractère de merde, de ses sautes d'humeurs ou même de son addiction à la drogue - parce que bon, ses bourgeons là, il y en avait pas mal quoi - je soupire finalement alors qu'il s'écarte de moi, me balançant excuses sur excuses pour justifier son geste. Je regarde le plafond, silencieux, me demandant quelle serait la meilleur chose à faire dans l'immédiat pour finalement capituler et me tourner vers lui au moment où il me propose une partie de jambe en l'air, je fronce les sourcils « Ferme ta putain de gueule ! » je lui crie avant de baisser les yeux, un air torturé peint sur le visage puis je rencontre à nouveau son regard, je me mors la lèvre inférieure et commence à triturer le bas de son haut. « Je... » Ma bouche s'ouvre puis se referme machinalement, je ferme finalement les yeux et me rapproche de lui, collant ma tête contre poitrine et l'entourant des bras. Je ne saurais pas moi-même expliquer ce geste, mais s'il y a bien une chose que je souhaite, c'est qu'il... « Ne me rejette pas, ne me rejette pas, s'il te plaît Sullivan. » je murmure en le serrant un peu plus fort de peur qu'il ne me repousse.

S’il ne se casse pas là, c’est qu’il est vraiment con. Encore plus que moi. Et faire pire que moi, c’est vraiment difficile quand je m’y mets. J’éprouve presque un soulagement quand il me hurle dessus de fermer ma gueule, un apaisement qui ne dure qu’une fraction de seconde avant que mon regard froid se réchauffe au contact du sien. Et j’ai presque envie de ravaler mes paroles quand il accroche ses doigts à mon vêtement, commençant une phrase qu’il n’achève pas. Quoi je … tu quoi ? Il va accoucher oui ? Raaah je supporte pas ça, les gens qui commencent leur phrase en la laissant en suspens. Et j’aurais dû les voir venir, cette étreinte imprévue, ses bras qui se referment autour de mon corps en un geste désespéré. BORDEL ! « Putain qu’est-ce que tu fous ? » Je lève les bras comme dans un réflexe, le regard totalement paniqué du type qui ne sait absolument pas quoi faire. Que quelqu’un me tue, que quelqu’un le tue, que quelqu’un nous tue, QUE QUELQU’UN FASSE QUELQUE CHOSE ! Putain … Je capte pas, j’ai pourtant bien joué mon rôle de connard, non ? Non c’est vrai, je l’ai embrassé. J’aurais jamais dû l’emballer je suis vraiment trop con. TROP CON. Quelques secondes de faiblesse et ça a tout fait foirer. Pourquoi je l’ai retenu alors qu’il était sur le point de partir, alors que c'est ce que je cherche à tout prix depuis qu'il m'a fait ces putains de confessions. En plus je suis sûr qu’avec son oreille collée contre mon torse il peut entendre les battements indisciplinés de mon cœur, les pulsations bien trop irrégulières, trop fortes, trop rapprochées de cet organe qui échappe totalement à mon contrôle. Je vais mourir je crois, à force de ne plus respirer comme ça. Non en fait je ne vais pas mourir, et c’est bien là le problème. Parce que je suis obligé d’entendre ses mots qui me traversent comme des petites aiguilles, de sentir son étreinte qui se resserre autour de moi, d’éprouver ces sensations pernicieuses qui s’infiltrent comme un poison et qui me font mal. Il n’a pas le droit de me faire un coup pareil, je crois que c’est même pire que s’il s’était mis à pleurer. Putain à quoi est-ce qu’il s’attend ? Je compte pas me jeter à ses pieds en lui demandant pardon d’avoir été si con et me transformer en un gentil Bisounours. Je crois qu’il était vraiment sérieux en fait, quand il a parlé de sentiments, je crois que le gars il est vraiment mordu et je ne pige toujours pas comment c’est possible. J’ai pourtant tout fait pour que ça n’arrive pas vous voyez, j’ai pris mes précautions. Et ce con est en train de shooter dans ma jolie porte en fer forgé à grand coup de bulldozer. Il est en train de la fissurer dangereusement, et ce n’est pas bon. Pas bon pour moi. Mais surtout pas bon pour lui. Parce que si elle est dressée devant lui ce n’est pas pour me protéger moi, mais pour l’épargner lui. Et c’est pour ça que je dois le chasser rapidement, même si j’ai envie d’ouvrir cette putain de porte pour le laisser passer. Je courbe légèrement mon dos en posant mes mains sur ses épaules, les poussant doucement mais avec assez de force pour l’éloigner contre son gré. « Lâche-moi. » Je lui demande d’une voix calme. La voix calme, c’est une arme redoutable, un peu comme l’indifférence. « Ok admettons que tu sois sérieux. » Parce que c’était un peu ma ligne de défense jusqu’à ce qu’il m’enlace : qu’il me racontait n’importe quoi. J’aurais préféré d’ailleurs, qu’il me raconte n’importe quoi. « J’peux pas te donner ce que t’attends tu sais, moi j’veux juste te baiser. » Je prends soin de soutenir son regard au cas où il essaierait de trouver les signes d’un mensonge. Je suis bien rodé pour ce genre d’exercice. « Et quand ce sera fait, je vais te traiter comme une merde parce que j’aurais plus besoin de toi. » C’est pas vraiment difficile de raconter ces conneries, parce que c’est exactement comme ça que je fonctionne. Bonjour. Aurevoir. « Tu pourrais te faire tringler par le bûcheron que j’en aurais rien à cirer. » Juste pour souligner à quel point je m’en branle de lui, alors que j’aurais probablement envie de lui péter les dents. Et rien que de penser ça, ça m'encourage à continuer. Parce que si je me laisse avoir, c'est foutu pour lui. « Moi j'dis ça pour t'épargner des illusions, tu ferais mieux de tirer un trait sur le happy ending. » Waou, je crois que j'ai rarement débité autant de merdes à la seconde. Et je fais exactement ce qu’il m’a supplié de ne pas faire : le rejeter. Sauf que cette fois ça va marcher, ça DOIT marcher.