« Pensez-vous pouvoir gagner l’aventure ? » Evidemment tête de gland. « Saviez-vous que Cordélia était mariée ? » QUOI ? Non, sérieusement ? Je suis sûr que c’est un vieux croûton plein aux as dont elle veut hériter la maligne. « Avez-vous l’intention de revoir Fauve après l’aventure ? » En tout cas c’est pas toi que je vais revoir, avec la verrue que tu te paies sur le menton, dégueulasse. Je me plaque contre la porte du dépôt, haletant, essayant d’échapper à toutes ces questions de merde d’un groupe de journalistes qui me collent aux basques depuis que je suis arrivé au pied des marches. Je les entends encore à travers la porte, tambourinant en vain étant donné que j’ai fermé le loquet. Non mais j’hallucine, les cons m’ont coincé comme un rat, mais je me dis qu’ils vont bien finir par se lasser d’ici quelques heures, ou alors je me transforme et je les mange tous. « Il veut nous bouffer. » Je perçois distinctement cette phrase qui me fait reculer de quelques mètres. Oh le bâtard, ne me dites pas que dans le lot y’a un putain de télépathe. Oh c’est flippant, aussi je passe bien vingt minutes à chanter du Beethoven dans ma tête, évitant soigneusement de penser à autre chose. Finalement ces crétins finissent par se casser pour se poster au coin de la rue, et je me dis que je pourrais bien partir dans l’autre sens pendant qu’ils sont concentrés à mater les escaliers. Ouais, ce serait une bonne idée. Sauf que voilà, y’a le boutonneux qui trottine tranquillement en entravant mon issue de secours, e il s’arrête de l’autre côté de la vitre teintée à travers laquelle je peux distinguer sa silhouette sans difficulté. Est-ce que quelqu’un m’explique pourquoi il reste planté là comme un pauvre idiot ? C’est pas possible, sérieusement, il attend le déluge ? Je grogne en levant les yeux au ciel, me mordillant l’intérieur de la joue, puis j’entrouvre mon bunker avant d’attraper son bras, l’attirant à l’intérieur du dépôt pour le plaquer contre le mur à côté de la porte que je referme aussitôt. Je pose une main près de son visage, l’autre venant sceller sa bouche pour l’empêcher de hurler au viol, ce qui alerterait sans nul doute ces vautours qui n’attendent qu’un signe pour fondre sur leur proie. Je scrute un instant son regard troublé, probablement par l’incompréhension, me rendant compte que je me suis encore foutu dans une situation gênante. A croire que je fais exprès. Alors je m’écarte en libérant ses lèvres, mes doigts glissant sur ma nuque, affichant l’air du mec sûr de lui que je maîtrise à la perfection. « Je viens de te sauver la vie. » Bah c’est vrai, un peu. Bon d’accord c’est surtout mes fesses que je viens d’épargner, parce que je suis certain que le boutonneux se serait fait une joie de cracher sur moi. Ça m’aurait fait une mauvaise publicité vous voyez. Et je pointe mon doigt sur le carreau transparent pour lui désigner le groupe de journalistes agglutinés à l’angle de la rue. « Je suis sûr que l’un d’eux a le don de fouiller dans ta tête … » Que je lui dis comme un paranoïaque fraîchement échappé de l’asile. Mais c’est l’unique raison pour laquelle je ne me casse pas d’ici la tête haute, parce que si ce type peut voir toutes les réponses à ses questions sans que j’ouvre la bouche, ça craint un maximum. Il va raconter de la merde dans son torchon, de la merde malheureusement vraie. Je m’éloigne de la porte pour donner un petit coup de pied dans les courses. « Bon au moins on a des provisions pour tenir. » Comme si on se faisait assiéger. « Je dirais jusqu’à la fin de l’aventure, sans compter le pot de Nutella que tu vas t'enfiler en une heure. » Je fais le compte en lorgnant la poche en plastique, la pâte à tartiner dépassant du paquet. « Mais bon, y’a peut-être quelqu’un qui s'inquiétera de ton absence avant, non ? » Parce que moi, rien n’est moins sûr. Limite ils seront content de ne pas me voir revenir. Et je me tourne vers lui pour chercher une approbation, même si bon, c’est pas sûr qu’il va vouloir camper ici pendant deux semaines avec moi pour seule compagnie. « Genre ... le Tigre. » Je rajoute en glissant une main dans mes cheveux. Ouais d'accord, elle était facile celle-là. Du coup j'esquisse un léger sourire -alors que ça m'fait pas rire du tout- en m'accroupissant près des courses pour fouiller à l'intérieur. 

Ça fait bizarre d'avoir été éliminé de l'aventure quand même, surtout quand on sait qu'on a frôlé la finale de très près, mais bon, c'est la vie comme on dit puis on peut pas non plus dire que l'aventure Golden Valor s'est vraiment arrêtée depuis vu qu'on continue de vivre au château avec les finalistes et les anciens candidats qui ont décidé de faire leur grand retour. Le sexy Bo et ma petite princesse de Saphyr quoi - les autres j'en ai rien à foutre enfaîte - puis en parlant de la petite princesse, je prends note de penser à lui chopper deux ou trois trucs en passant par le dépôt, autant en profiter vu que je ne suis pas très loin. Je suis tout de même obligé de signer quelques autographes au passage, ils sont vachement cons quand même les gens à idolâtrer un type juste parce qu'il l'ont vu à la télé, je roule discrètement des yeux quand il décide à me sortir des trucs stupides du genre " Vas-y tu vas le choper le Sullivan ! " ou " Non mais tu vas tellement mieux avec Bo. " voir même " Non c'est moi que tu aimes on va se marier Callou ! " Bon là j'suis parti en courant, j'ai vraiment peur j'veux dire, j'ai pas l'habitude de la célébrité moi. Enfin bref, je m'arrête finalement derrière le dépôt pour souffler un peu après la quasi course poursuite avec le fan un peu barge, quand je sens qu'on me tire par le bras avant de me retrouver plaqué contre un mur et par qui ? S-U-L-L-I-V-A-N. « BORDEL DE MERDE ! » que je crie contre sa main qui étouffe mon bruit, je fronce immédiatement les sourcils et essaye de lui foutre des coups pour qu'il me lâche, bon sang, POURQUOI faut-il toujours que je me retrouve sur sa route à celui-là, vous pouvez me le dire ? Et c'est quoi son excuse cette fois-ci pour avoir encore osé me toucher malgré notre précédent ? Ah... ok des journalistes, mais qu'il ne s'avise même pas d'essayer de me faire gober que c'est dans mon intérêt qu'il m'a attiré là-dedans. D'ailleurs, je ne lui réponds même pas, je l'observe s'éloigner pour se diriger vers les provisions dans lesquels il donne un coup de pied avant de recommencer à blablater, je suis d'ailleurs sur le point de grogner quand le mot "Nutella" attire mon attention, je déglutis, ça fait longtemps que je me suis pas envoyé un pot - trop longtemps - bon ok après quelques secondes de réflexion je rejoins le blond vers le tas de courses pour me saisir du pot de Nutella avant de commencer à me l'enfourner au doigt pendant qu'il continue à me parler... Il croit quand même pas que je vais lui répondre hein ? J'veux dire, après ce qu'il m'a fait pendant le primer - et même pendant tout l'aventure - j'ai tout sauf envie de parler de la pluie et du beau temps avec cet enfoiré. Merde, je viens de tacher mon t-shir "votez Cordélia" avec du Nutella, en même temps, l'autre s'est remis à me parler de Tigrou donc bon, ça m'a un peu surpris qu'il remette cette affaire sur le tapis, il est jaloux où quoi ? « T'es jaloux ou quoi ? » BORDEL DE MERDE, ça m'a échappé, du coup je panique et je lui tourne le dos pour me reprendre, j'en oublie presque qu'il peut voir le "votez Sullivan" écrit au dos du t-shirt...

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Pourquoi il ne dit rien le boutonneux, c’est limite angoissant. Bon c’est vrai que je fais un peu la conversation pour deux mais il pourrait peut-être me remercier cet ingrat. C’est fou comme les candidats que je sauve des situations désespérées se montrent peu reconnaissants envers moi. Mais là ça me contrarie particulièrement, d’autant plus qu’il vient arracher le Nutella du paquet des courses sans même m’adresser un mot, commençant son petit goûter. Raaah c’est insupportable ce silence, je déteste qu’on m’ignore de cette façon. Du coup je tente une ultime provocation qui le fait mordre à l’hameçon. Bingo. Sauf que voilà, il dit quelque chose d’aussi prévisible qu’énervant. Je me contente de soupirer en regardant le sol. « Et si je l’étais ? » Ferme-la Sullivan. En même temps je m’en branle maintenant, il ne reste plus qu’une petite semaine et demi à tout casser, ce n’est pas comme si je risquais grand-chose. Quoique … C’est justement si près du but que je devrais m’abstenir d’entrouvrir la porte. Mais en fait ça me fait chier qu’il me tourne le dos. Même si c’est pour me retrouver face à face avec une inscription de soutien à mon encontre qui me fait doucement sourire. Un vrai chieur jusqu’à la dernière seconde de jeu ce type. « Oh, pourquoi tu m’fais la gueule alors que t’as un t-shirt ‘votez Sulli’ ? C’est évident que tu me kiffes. » Oui, je sais. En même temps, j’ai raison de demander, parce qu’encore une fois je ne capte pas trop ses réactions. Choper le pot de Nutella je comprends, mais jouer les mecs tendus … Qu’est-ce que je lui ai fait encore au boutonneux, hein ? Je m’approche dans son dos, me collant à lui pendant qu’une centaine d’alarmes se déclenchent dans ma tête du style ‘casse-toi blaireau’, ‘mais qu’est-ce que tu branles ?’, ‘arrête de le toucher’, ‘tu vas tout faire foirer’. Le genre d’alarmes que j’ignore totalement en passant mes bras autour de lui pour venir tremper mon index dans sa précieuse  pâte à tartiner, mon autre main s’emparant du pot pour éviter qu’il me le retire sous le nez. Puis je porte mon doigt à mes lèvres, ma joue frôlant la sienne. Pas mal. Mais je suis plus obnubilé par ce contact que par le goût de noisette qui ravit mes papilles. « Sérieusement, c’est quoi le malaise ? » Non parce qu’il n’a pas pu savoir que j’ai essayé de tuer son lapin en lui faisant manger du chocolat. « Le tigre n’était pas un bon coup et t’es de mauvaise humeur ? » Parce que bobonne me l’a dit, qu’il  n’était pas super au lit. Tant mieux, ça m’aurait vraiment emmerdé qu’il ait pris son pied en plus. Il y a peut-être une justice divine vous voyez. Je sais, je suis de parfaite mauvaise foi mais je m’en fous complètement. Il n’a pas le droit de prendre son pied avec un autre candidat, point final. Ça me fait penser que c’est peut-être parce que l’autre tapette –oui c’est moi qui dit ça- a refusé ses avances, genre je suis persuadé qu’ils dorment dans le même pieu depuis qu’il est revenu squatter le château. Mais bon, le plus probable est que l’explication soit liée à moi, étant donné que c’est à moi qu’il refuse de parler.    

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