Bon ok, les entraînements les plus importants de la saison et je me retrouve contraint et forcé de les partager avec le boutonneux. Ouais parce que la collision anti-Sulli fait rage vous voyez, genre les biatchs et le nabot se sont barrés ni vus ni connus, et le gros loup s’est incrusté mine de rien, genre il doit sentir qu’avec la composition des duels il est en plein dans ma ligne de mire. Bande de bâtards, tout ça c’est de leur faute en plus, parce qu’à la base j’avais prévu de m’entraîner avec la fée vorace moi, sauf qu’elle avait été poussée vers la sortie pour sauver mon cul. Enfin je m’en fous, je suis prêt à tout pour gagner des levels, mais ça m’emmerde quand même un peu, genre je préférais éviter de me faire démonter la gueule par Calliste. Parce que le gars il va peut-être s’en donner à cœur joie … Et je crois que ça me ferait chier. Je lâche un soupir en pénétrant dans la salle de duel, grognant après examen du décor. Un pont suspendu, j’aime pas ça du tout. C’est pas que j’ai le vertige, disons simplement que je me sens mal à l’aise. Je préfère les trucs où t’as les pieds sur terre tu vois, la plus grosse frayeur de ma vie ce serait qu’on m’enferme dans une fusée et qu’on m’envoie en orbite. Bref, ça n’risque pas d’arriver hein. Du coup je me glisse sous la corde en attrapant la planche de bois lorsque je perçois des bruits de pas, me suspendant au pont en ne laissant que mes doigts apparaître. Ouais je suis pas super bien là, s’il pouvait se dépêcher. Et quand le gars avance un peu sur le pont, je me hisse rapidement derrière lui sans lui laisser le temps de contempler le décor, lui décochant un coup de pied dans le talon pour le faire tomber au sol, ou en tout cas ployer sous la surprise. « C’est moi que tu cherches ? » Il peut pas genre, rester dos à moi ? Parce que là j’ai pas trop trop envie de me confronter à son regard que j’ai à peu près réussi à éviter toute la semaine.
   

Franchement, il ne manquait plus que ça ! Évidemment dormir dans la même pièce que lui après m'être pris le râteau le plus monumental ever ne suffisait pas, non, il faut toujours que le destin s'acharne sur le pauvre petit Callou sans défense. Je soupire et commence à faire les cent pas dans mon dortoir, j'me dit que je ne devrais peut-être pas y aller ou même, qui sait, il va me planter et je m'entraînerai tout seul, ce serait tout à fait compréhensible, j'veux dire, il doit pas forcément avoir envie de se retrouver dans la même pièce quoi moi le type... Enfin bref, je me décide à sortir pour me diriger vers la salle d'entraînement, mais une fois arrivée devant la porte d'entrer j'ai comme un doute, un pressentiment ou... appelez ça comme vous voulez ! Du coup j'me concentre et d'un lent clignement des yeux, l'intérieur de la pièce apparaît devant yeux, au travers du mur ce qui me permet de constater que le blond est bien présent... et qu'il me prépare un sale coup. Je roule des yeux et n'arrive toutefois pas à retenir un rire discret, ce type est désespérant et le pire c'est qu'il arrive quand même à me faire rire. Ok, il veut jouer, alors on va jouer: je marmonne quelques phrases puis j'observe un double de moi-même sortir de mon corps avant d'entrer à ma place dans la salle d'entraînement. Comme je m'y attendais, Sullivan exécute son petit plan, je souris, entre discrètement à mon tour et d'un claquement de doigt - je sais qu'il adore ça - je fais disparaître le clone sous ses yeux ébahis avant de lui mettre une balayette par derrière « C'est moi que tu cherches ? » je lui lance, avec un regard blasé et en prenant une pose du genre "je l'ai fait sans effort, j'ai pas le temps tu vois."

J’ai presque cru qu’il n’allait pas se pointer le gars, à sa place j’aurais sûrement pas foutu les pieds ici. Enfin si, probablement, parce que gagner mon duel ça reste quand même la priorité. Je crois que je suis content de le voir en fait, que de toute façon j’aurais été incapable de passer le reste de l’aventure sans lui adresser un mot. Sauf que voilà, je suis rapidement distrait par la disparition du sorcier à la Houdini, accompagnée d’un claquement de doigt qui m’arrache un grognement. J’ai à peine le temps de comprendre ce qu’il m’arrive que je trébuche comme un pauvre con, mon petit manège se retournant contre moi. RAAAH, bien joué ouais. Je me rattrape de justesse à la corde du pont, faisant volte-face. « Oh c’est quoi ça, tu te prends pour le travelo maintenant ? » Sérieux c’est flippant, ça me fait même froncer les sourcils. Brr. Non parce que j’aime autant oublier le petit dilemme de la vieille, et tout ce qui me rappelle Ange me rappelle que ma langue a été souillée à vie. Je m’approche lentement avant de tendre mon bras vers lui, tirant sur sa joue comme une mamie gâteau qui montre son petit-fils à ses amies fripées. « T’es l’original au moins là ? » Et vas-y que je le renifle presque, juste pour vérifier. Je ne sais même pas si l’odeur change quand il crée un double, mais bon, on dirait bien que c’est lui là. Du coup je lui file un coup de boule bien violent qui le fait reculer de quelques pas, profitant de l’effet de surprise pour me jeter sur son dos afin de le faire basculer en avant. Puis je m’assois tranquillement sur lui, sortant mes griffes pour les planter au bas de sa nuque et les faire descendre le long de sa colonne vertébrale, non sans arracher son t-shirt par la même occasion. « T’aimes bien quand c’est violent j’espère. » Que je lui dis pour l’emmerder un peu.

Je viens juste de lui tendre un piège de malade et cet enfoiré de blondinet ne trouve rien de mieux que de me comparer au travelo de service, paix à son âme, quoi qu'enfaîte dans les deux cas il a été contraint d'une manière ou d'une autre à nous embrasser tous les deux... « Hum... » que j'lui réponds, bah je sais pas trop quoi lui sortir sur le coup et j'ai pas tellement plus envie que ça de lui adresser la parole après ce qui s'est passé dans la salle privée, je préfère me dire que si on se retrouve ici tous les deux ce n'est que pour une seule chose: s'entraîner, alors il n'y a pas de raison de faire quoique ce soit d'autre et bien-évidemment c'est au moment où je parviens à cette déduction qu'il trouve la merveilleuse idée de me toucher - ENCORE BORDEL - sérieux, ce type doit avoir un sérieux problème, j'veux dire, je trouve pas ça normal d'être aussi tactile avec quelqu'un qu'on ne connaît pas suffisamment et encore moins quand on foutu un râteau à cette même personne - oui j'ai la rancune tenace -. Et vas-y qu'il me renifle, ah, il veut s'assurer que je suis pas un clone - oui je te crois Sullivan - je roule des yeux en soupirant et le salopard profite de l'ouverture pour me foutre un coup de boule d'une violence inattendu, je me tourne instinctivement pour attraper mon nez plus que douloureux, mais le blond n'hésite pas non plus à se jeter sur moi, me plaquant au sol. Je peux ensuite sentir son poids sur mon dos, je grogne - oui moi aussi je peux - et je commence à gigoter dans les sens lorsque ses griffes se font sentir sur ma nuque puis sur tout le long de mon dos... Cet enfoiré vient de me détruire mon t-shirt... et je suppose qu'il trouve judicieux d'enchaîner sur une allusion des plus douteuses... C'est quoi son problème ? « Hmm ouii fais-moi mal Sulli ! » je lui lance d'une voix rauque, profitant de l'effet de surprise pour faire apparaître un autre clone dans son dos qui lui fout un coup de coude dans le crâne avant de disparaître. Je saisis cette opportunité pour le faire basculer d'un mouvement rapide et puissant en arrière, le faisant tomber au sol en retombant sur mes mains et mes pieds en position de pont puis je me redresse en équilibre sur mes deux mains avant de finalement retomber sur mes pieds d'un rapide saut vers l'avant - et mon père qui disait que la gymnastique ne servait à rien -. Je me retrouve debout entre ses jambes et en profite pour lui donner un coup de pied dans les couilles, il souffrira pas autant que moi cette nuit-là « Oups, désolé pour ton petit oiseau ! » je passe une main dans mes cheveux en soupirant, histoire de faire paraître que tout ceci était d'une facilité déconcertante pour moi « Mais c'était l'original au moins ? » je conclue d'un aire blasé, mais n'empêche je sens mal sa contre-attaque...

Spoiler:

Merde, le gars se dégage de mon étreinte plus facilement que prévu, faut dire qu'être un sorcier ça t'offre plein de possibilités insoupçonnées. Du coup je me retrouve le cul par terre comme un bouffon et qu’est-ce qu’il fait là … Oh non, non, non, PUTAAAAIN ! Je gueulerai bien comme un veau là, tout de suite, mais le problème c’est que je suis trop occupé à me rouler par terre en fermant les yeux, les veines de mon cou se traçant sous la douleur. J’y crois pas, qu’il m’ait fait un truc pareil. Ouais c’est vrai j’avais fait la même chose au nabot pendant les duels, mais c’est différent quoi. Je suis sûr que ce con veut me castrer pour se venger. Parce qu’il a beau m’observer avec ce regard blasé, je sais bien ce que ça veut dire. Il avait le même dans le lit, avant que je ne décide de faire le con. Je laisse retomber ma tête en arrière en soufflant, et desserre ma mâchoire en fixant le ciel. Oh mon dieu, c’est affreux sérieux, je crois que je n’vais pas pouvoir marcher pendant trois jours là. Et le pire c’est qu’il ose encore retourner mon discours contre moi, toujours aussi insupportable hein. Je laisse échapper un rire en me pinçant violemment le bras, histoire de détourner la douleur. Et puis ça commence à s’effacer, mais je fais toujours semblant d’être à l’agonie en me demandant pourquoi il ne s’est pas écarté. Sérieux, il est dans la lune ou quoi ? Du coup j’attaque aussi sournoisement qu’un serpent, filant un coup de pied dans ses tibias en attrapant son bras pour le faire tomber sur moi. Et je fixe mon regard dans le sien genre ‘je vais faire une connerie fais gaffe’, appuyant mes doigts contre la nuque pour venir l’embrasser. Si si, j’embrasse mon adversaire s’entraînement, tout à fait logique. Non attendez ce n’est pas ce que vous croyez, c’est simplement une technique pour lui foutre les boules, le déconcentrer et le mettre en rogne, tout ça en même temps. Ok c'est vrai, j'éprouve aussi constamment le besoin de le toucher et tout, mais bon, on va passer sur cette explication. Et puis ce n’est pas comme si je lui roulais une pelle cette fois, je me contente d’attraper sa lèvre et je tire dessus beaucoup trop fort, en fait j’enfonce mes canines et je le mords jusqu’au sang avant de le lâcher.  « T’as qu’à venir vérifier. » Je lâche dans un haussement de sourcil pendant que ma main inoccupée vient de détacher une partie de la planche en bois. Quand je vous disais que c’était pour faire diversion. Je sais qu’il n’avait pas trop aimé ça la dernière fois, que je le frappe à coup de planche, mais bon j’ai pas trop d’option là. Aussi je vise sa tempe et j’attends qu’il bascule sur le côté avant de le pousser sous la corde de sécurité, directement dans la flotte. Hop, du travail bien fait. Je me relève tranquillement avant de me demander si je ne viens pas de balancer un Calliste inconscient dans l’eau -vous savez l'eau remplie de pièges de la mémé-, auquel cas il est en train de se noyer. Putain, j’ai déjà failli faire ça à la ventouse la dernière fois … « Bah alors, tu veux des flotteurs ? » Je demande quand même, pour être sûr, en me penchant par-dessus le pont.  

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Je reste à contempler le blondinet en pleine agonie pendant quelques minutes - avec une satisfaction que je ne prends même pas la peine de cacher - lorsque ce dernier profite de mon étourdissement pour me décocher un coup de pied dans le tibias, me faisant perdre l'équilibre avant de m'attirer contre lui à l'aide de son bras. Je l'observe, interdit, mon regard plongé dans le sien alors qu'un léger trouble commence à se faire sentir de mon côté et cet enfoiré ne trouve rien de plus intelligent dans cette situation que de m'embrasser, j'écarquille les yeux de surprise tout d'abord, mais je retiens difficilement un cri étouffé contre sa bouche lorsque que ses crocs me mordent à sang et il me propose de venir vérifier si son c'était effectivement le vrai. « Espèce d'enfoiré ! » Je rugis alors qu'il se décide à lâcher ma bouche tout en lui décochant une magnifique droite et évidemment ce n'était pas suffisant pour lui d'être parvenu à me blesser psychologiquement et physiquement d'un coup, non, je n'ai même pas le temps de capter ce qu'il est en train de faire que je sens un énorme coup me fracasser le crâne. Je vacille sur le côté, les yeux dans le vague alors qu'une douleur assourdissante me gagne, j'essaye de diriger mon regard dans sa direction, mais j'ai comme l'impression de voir cinq ou six Sullivan là et ces enfoirés quintuplés me poussent sous la corde de sécurité, me faisant plonger droit dans la flotte douteuse sous le pont. Sur le coup j'essaye de remonter à la surface, mais mes gestes ressemblent plus à une sorte de gangnam style horizontal qu'autre chose. L'eau commence à s'infiltrer dans ma bouche et certainement bientôt dans mes poumons, merde, j'me noie.

Il n’a pas l’air super super content le pauvre, il me colle même une beigne, ENCORE. Putain s’il me fout une droite à chaque fois que je l’embrasse ça va devenir un conditionnement à la Pavlov, je vais plus oser poser mes lèvres sur les siennes moi. Bon c’est vrai, je les ai un peu endommagées, et puis je me dis que comme ça il ne pourra pas s’en servir pour aller se jeter sur quelqu’un d’autre. Genre le Tigre par exemple, mais bon moi je dis ça, je dis rien. Du coup ça m’énerve de penser à ça, et je le pousse dans l’eau pour m’en débarrasser quoi. Tiens voilà, comme ça tout va mieux. Enfin … sauf s’il est en train de se noyer, parce que là je commence un peu à m’inquiéter quand même. « C’est pas possible, ils sont faits en carton vos candidats ? » Je siffle entre mes dents à l’adresse de la vieille, me remémorant mon précédent entraînement avec la ventouse. La gonzesse avait failli mourir, mais bon elle avait tenu un peu plus longtemps quand même. C’est vrai que je ne l’avais pas non plus poussée à l’eau après l’avoir assommée avec un morceau de bois, mais bon. Je me mordille la lèvre en guettant la surface, poussant un grognement en me penchant vers l’eau. Putain c’est haut. Bon d’accord, j’angoisse plus pour le boutonneux dont j’aperçois la tête qui disparaît progressivement que pour la distance qui me sépare de la flotte, aussi je ne tarde pas à plonger dans l’étendue bien plus glacée que prévu. Je nage jusqu’à l’endroit où j’ai vu couler le garçon, mais l’eau est tellement dégueulasse qu’il est impossible de voir quoi que ce soit. Je le cherche un peu à l’aveuglette avant d’attraper son bras, le hissant sur un rocher gluant. Je reste appuyé contre la pierre, le corps dans l’eau, observant les paupières obstinément closes du candidat allongé sur le caillou. Merde, il est mort ça y est ? « Vas-y avoue que tu fais semblant juste pour que je te fasse du bouche à bouche. » Si je vous jure, je le vois respirer. Enfin, je l’entends plutôt. Visiblement l’eau n’a pas réussi à pénétrer assez loin dans son organisme, et ça me rassure un peu parce que je suis légèrement rouillé au niveau des réflexes de secouriste. Je caresse sa joue du bout de mon nez et approche ma mes doigts de sa hanche pour le chatouiller, mais je me fais littéralement aspirer vers le fond. Cette fois c’est moi qui me noie à moitié, battant vainement des bras pour échapper au tourbillon magique qui essaie de me piéger. « PUTAIN AIDE MOI DECONNE PAS. » Je gueule au sorcier qui pourrait peut-être claquer des doigts, ou un truc comme ça, parce que je suis convaincu qu’il simule là. Je parviens à m’agripper à une espèce de liane qui plonge au bord de l’eau, mais ma force de loup garou a du mal à lutter contre le courant tourbillonnant qui m’emporte progressivement. Je sens mes doigts glisser lentement, aussi je lâche une main en sentant un truc me mordre la jambe pour venir attraper une espèce de poisson immonde avec lequel je frappe la jambe du boutonneux à plusieurs reprises pour le faire réagir. « Mais tu vas te réveiller oui ? » Ouais j'agresse un mec probablement inconscient à coup de poisson, mais bon, il en va de ma survie là.  

Ma vue se brouille de plus en plus tandis que je m'enfonce dans les profondeurs de ce lac dégueulasse, mes yeux se ferment et je m'imagine déjà mort, je me dis que j'ai enfin pour connaître le fin mot de cette histoire de lumière au bout du tunnel puis qu'au moins je vais arrêter de souffrir, c'est pas plus mal comme ça enfaîte... Et non, même quand je trouve la paix dans la mort cet enfoiré et toujours là pour me ramener à la triste réalité de la vie, je me sens happé vers la surface, puis il me dépose sur une sorte de pierre toute dure et c'est bizarre, je sais que je suis remonté à la surface, je crois que je respire même, mais je n'arrive pas à ouvrir les yeux, enfaîte, je n'ai qu'une seule envie: replonger dans cette saloperie et en finir une bonne fois pour toute. J'entends sa voix, il fait une de ses autres allusions à la con, mais je ne lui réponds pas, je n'y arrive pas. Quelques minutes s'écoulent puis j'entends un brusque mouvement avant que Sullivan ne se mette à appeler à l'aide, ni une ni deux j'ouvre brusquement les yeux et ce pour le découvrir en train de me frapper avec un poisson, il est sérieux là ? Instinctivement je lui mets un énorme coup de pied dans la tête - autodéfense votre honneur - mais je me rends bien vite compte de sa situation, situation que je viens d'empirer sans le vouloir, je soupire et essaye de me concentrer malgré la douleur toujours présente au niveau de ma tempe et d'un mouvement de main vers lui puis vers le haut j'arrive à le propulser hors de l'eau pour le faire atterrir sur le pont suspendu. Ce petit tour vient peut-être de lui sauver la vie, mais je sens peu à peu toutes mes forces me quitter, je tente un léger claquement de doigt pour téléporter à mon tour sur le pont, mais je rate bien-évidemment mon coup en atterrissant juste à côté de celui-ci, mais mains agrippant la corde de sécurité et merde, s'il ne se bouge pas pour m'aider je vais pas tenir longtemps.

OH PUTAIN mais il est sérieux là ? Le gars me fout un coup de pied en pleine tête alors que je suis en train de me débattre avec un tourbillon. Ma deuxième main glisse forcément et je lâche prise, à la merci de cette eau de merde qui va m’aspirer comme un trou noir. Je veux pas mourir noyé, il paraît que c’est super désagréable. Aussi je laisse tomber la queue du poisson probablement mort d’une commotion cérébrale –quoiqu’il faudrait encore qu’il ait un cerveau pour ça-, pour tenter de m’accrocher au rocher en vain, puisque mes doigts ne trouvent aucune prise convenable. Et c’est au moment où la situation ne pourrait pas être plus désespérée que je sens l’étreinte du boutonneux autour de mon bras et que je me retrouve au sec, allongé sur les planches de bois du pont suspendu. Sérieux ? Attendez mais qu’est-ce que je fous là moi ? J’en sais rien mais j’ai jamais été aussi heureux je crois, et je reste un instant immobile en calmant les battements affolés de mon cœur. Putain, que d’émotion. Sauf que j’entends une espèce de gémissement bizarre. Merde, mais il est où au fait le boutonneux ? Je me redresse instantanément pour constater que le gars est en super mauvaise posture, aussi je m’approche du bord en l’attrapant par son t-shirt au niveau de l’épaule, le hissant sur le pont. Décidément, on a le chic pour se foutre dans la merde tout seuls, limite on n’a pas besoin d’adversaire. Je me laisse retomber à ses côtés, tournant mon visage vers lui avant de lui coller une baffe. Si si, une baffe, comme une meuf. Non mais je veux pas lui faire trop mal non plus, j’ai peur qu’il clamse là. « Ça c’est pour ton coup de pied injustifié. » Ouais, qu’il me regarde pas bizarrement comme ça. Et j’attrape sa main entre les miennes genre, comme un membre de la famille auprès d’un patient mourant, la faisant glisser sur ma joue pour ne pas qu’il sente arriver le coup foireux. Puis sans prévenir, j’enfonce mes crocs au niveau de son pouce, juste pour le faire crier un peu. « Et ça c’est parce qu’il faut bien continuer à s’entraîner hein, allez un peu de nerf on dirait une mamie à l’article de la mort. » Oui, je viens de le traiter de mamie et non de papi.  

Heureusement qu'il se décide à m'aider parce que bon, il est tellement imprévisible le type que pendant une minute j'ai vraiment crû qu'il aurait été capable de me laisser me noyer tout à l'heure - il l'a presque fait n'empêche - il me tire vers le pont en agrippant mon t-shirt, détruisant au passage ce qu'il en restait vu que ses griffes avaient déjà bien entamé le travail plus tôt. Je me permets enfin de respirer alors qu'il retombe à mes côtés, mais l'enfoiré décide de me coller une baffe, genre c'est pour se venger du coup de pied accidentel de tout à l'heure et moi je fais quoi pour me venger de sa tentative de meurtre d'il y a cinq minutes ? Je lui arrache la tête ? Enfin je dis ça, mais j'suis pas trop en état de faire quoique ce soit et le salopard semble bien décidé à en profiter puisqu'il se saisit de ma main pour la mordre et dire que j'ai crû à un de ses énième gestes d'affections incompréhensibles, je fronce les sourcils sous le coup de la douleur mais je ne lui offre pas la satisfaction de crier. Il veut continuer à s'entraîner hein ? « Ok » je lui lance doucement avant de m'avancer timidement pour me coller à lui, je passe une main sur son torse avant d'y prendre appui pour lui monter dessus puis une fois arrivé à destination j'attrape son visage de mes deux mains pour le rapprocher du miens et l'embrasser. Quoi ? Je lui rends la pareille pour tout à l'heure... Bon sauf que moi je lui roule une vraie pelle pour le coup, mes mains se perdent mes dans ses cheveux dignes d'une pub Loréal, mais il n'a pas l'air de vouloir me repousser non plus le blondinet, il met même un peu de coeur à l'ouvrage quoi. Mais toutes bonnes choses ont une fin, je me décolle de sa bouche et me relève d'un petit bon avant de m'étirer en sautillant dans tous les sens, en pleine forme. Je lui lance un regard, il en tire une de ces têtes. « Laisse-moi deviner ! C'est la première fois que tu te fais pomper ton énergie vitale d'une manière aussi agréable ? » Le pauvre, il doit être complètement H.S en ce moment avec tout ce que je lui ai pompé, mais bon, c'est un loup il s'en remettra. Tiens je claque du doigt et une branche d'arbre me vient en aide pour attraper ses pieds et le suspendre dans les airs « Et ça c'est parce qu'il faut bien continuer à s'entraîner hein, allez un peu de nerf on dirait une mamie à l'article de la mort. » je lui lance accompagné d'un sourire des plus innocents.

Le mec vient se coller à moi, torse nu, et là d’un coup j’arrive plus trop à penser correctement. Il me déconcentre, je porte plainte. Mais c’est qu’il ne s’arrête pas en si bon chemin, puisqu’il m’emballe, carrément, alors qu’on est en train de se battre. Ouais d’accord j’ai fait pareil, mais c’est différent. Moi j’ai le droit, pas lui. J’ai un peu peur qu’il se mette à m’arracher la lèvre avec ses dents, mais quand je sens ses doigts se faufiler dans mes cheveux je me redresse instinctivement en faisant glisser mes mains dans son dos. Parce que j’aime cette sensation, et que j’aime le sentir proche de moi. Mais dès qu’il s’écarte je retombe comme une masse contre le pont, comme à bout de forces sans avoir fait le moindre effort. Putain, je me suis fait niquer, j’en étais sûr. C’était un peu trop beau pour être vrai genre, je vais te choper sur ce pont, ici et maintenant. Je grimace en essayant vainement de me relever, le boutonneux lâchant l’explication. Ah bah ça … « C’est la première fois tout court. » Je marmonne. Ouais généralement les mecs qui m’embrassent ont pour objectif de me pomper autre chose. Ça va, ça va, dites-moi que vous n’aviez pas pensé. Je l’ai pas sorti à voix haute déjà, je fais des progrès vous avez noté. Enfin du coup ça me fait rire un peu, tout seul, c’est peut-être à cause de la soudaine fatigue qui m’assaille. Je respire tranquillement en essayant de me concentrer pour contracter mes muscles, histoire de me remettre dans le truc, sauf que je n’ai pas le temps de bouger le petit doigt avant de me retrouver la tête en bas. Le gars il me transforme carrément en cochon pendu. MAIS C’EST QUOI CES ATTAQUES DE MERDE ?! Sérieux il a le don de trouver les trucs les plus agaçants de la terre, et pourtant Dieu –cassdédi- sait que je suis un spécialiste en la matière. « Tu vas arrêter de jouer les perroquets ? » Je gueule en le fusillant du regard. Non parce que ça fait quand même trois fois qu’il répète mes paroles, limite je vais finir par croire qu’il est malade. J’essaie de me redresser mais sans forces ce n’est pas franchement évident, aussi je dois m’y reprendre à cinq reprises avant de parvenir à contracter suffisamment mes abdos pour attraper cette putain de branche. Je plie mes genoux et je me pète à moitié la colonne, parce qu’à la base je ne suis pas un exemple de souplesse, déchirant le lien avec mes griffes pour me libérer sans penser à un léger détail. BAM. L’atterrissage. AIE putain je suis encore mort pour le coup. Sauf qu’entre temps mes forces sont revenues, en partie, aussi je m’empresse de sauter sur le boutonneux pendant qu’il me croit encore affaibli. Je le plaque contre la corde, un bras plaqué autour de sa nuque et mon autre main venant serrer ses bijoux de famille. « Laisse-moi deviner, c’est la première fois qu'on te casse les couilles d’une manière aussi désagréable. » Ouais moi aussi je sais faire le répète jacot. Sauf que la corde pète, et qu’on se retrouve de nouveau plongés dans l’eau boueuse remplie de choses imprévisibles. Zut, putain je me sens pas bien là. J’ai pas trop récupéré encore, du coup je m’appuie sur le boutonneux en lui maintenant la tête sous le liquide vaseux. Je tente de l’étouffer par la même occasion, histoire de continuer à me battre, mais en fait il me sert surtout à ne pas couler comme une pierre.    

La première fois tout court ? Il va quand même pas me faire croire que c'est la première fois qu'on l'embrasse non ? GENRE JE L'AI DÉPUCELÉ DE LA BOUCHE OMG ! Mais qu'est-ce que j'racontre moi encore ? - ça doit être à cause du coup sur la tête - C'est carrément impossible le truc, puis il m'a embrassé il y a vingt minutes et dans le parc aussi - maudit soit-il - puis sa bouche doit quand même être passé sur tout ce qu'il y a d'humain dans le château - même le travelo - et ce aussi bien sur leurs bouches qu'autre-part j'en ai bien peur. « Pauvre chou. » Que je lui lance d'un air absolument pas compatissant en repensant à toutes ses conquêtes puis si ça se trouve il doit avoir une sorte d'herpès cheloue quand même parce que bon il s'est tapé Fauve aussi et c'est genre la seule personne qui puisse être plus salope que Sullivan - qui se ressemble s'assemble non ? - bref, ça me dégoûte et je m'essuie la bouche en essayer de recracher ma salive par précaution. Pendant ce temps l'autre se débat comme un forcené avec la branche d'arbre ensorcelée, c'est plutôt drôle à voir, il sait qu'il est mignon quand il s'énerve ? Parcontre je rigole tout de suite moins quand il parvient à se libérer, ah si, il vient quand même de se péter la gueule violemment en retombant: j'éclate de rire « Quand tu sortiras vendredi, tu pourras toujours penser à rejoindre un cirque ! » parce que bon, on trouverait difficilement mieux comme clown "Sulli le grincheux" ça ferait un super nom de scène. Merde, j'suis tellement hilare qu'il arrive à m'attraper en un clin d'oeil et que je me fais plaquer - pour ne pas changer - contre la corde de sécurité, sa main empoignant rudement mes précieuses... Je sais que je devrais certainement être en train de crier là, mais en voyant sa tête de près je peux pas m'empêcher de l'imaginer avec un nez rouge et le maquillage ridicule de clown, du coup je repars dans mon fou-rire en essayant de me débattre sans grande conviction, mais heureusement mon cerveau semble resté connecté car je parviens tout de même à réaliser mon petit claquement de doigt avant que la corde ne lâche sous nos deux poids. Du coup Sullivan et le pauvre moi-même tombons dans l'eau marécageuse, l'enfoiré tente de me couler mais heureusement je disparais pour laisser place à un vulgaire tronc d'arbre et réapparais au sec sur le pont. « Amour, je suis là ! » je lui signale en lui faisant coucou, mais je me concentre immédiatement pour faire émerger de l'eau un énorme requin fait de boue et de déchets qui fonce la gueule grande ouverte en direction du blondinet, pendant ce temps je commence à danser le gangnam style, comme pour fêter d'avance ma victoire.

Quel bâtard, n’importe quoi. Genre je vais sortir Vendredi, il y croit lui. J’ai pas l’intention de laisser filer la victoire en étant aussi près du but. Ouais j’élude totalement la partie où il parle de cirque, je n’imagine pas qu’il cause de clown mais d’acrobate pour se foutre de la gueule de ma prestation laborieuse. Enfin je n’ai pas l’intention de laisser passer ça, et je tente de lui faire fermer sa gueule en écrasant ses couilles. Sauf que voilà, il recommence à se marrer et ça me met clairement hors de moi. Mais putain pourquoi il se bidonne comme ça, il n’est pas bien dans sa tête ou quoi ? Il a fumé un truc entre temps ? Je suis sur le point de lui coller un poing dans la gueule ou de l’égorger à mains nues lorsque la corde rompt pour nous plonger dans l’eau boueuse. ENCORE. Aussi je m’appuie sur lui de toutes mes forces –qui ne sont pas encore à 100%-, levant la tête avec surprise lorsqu’il m’interpelle. « Je vais te bouffer. » Je lui signale pour contrer son surnom débile –je déteste ça les surnoms, y’a rien de pire-, en marmonnant dans ma barbe. Je libère mon étreinte sur le tronc d’arbre qui flotte désormais à la surface, nageant en direction du rocher glissant pour essayer de me hisser dessus. Et c’est en pleine galère pour rejoindre le rivage que je tourne mon visage en percevant un bruit anomal dans l’eau. Ce connard vient d’envoyer un requin m’attaquer, et j’ai à peine le temps de me dire que je suis foutu avant que le faux mammifère s’écrase sur moi. Oh putain … PUTAIN DE MERDE. Voilà que je viens de me transformer en monstre de boue, GENIAL. Je vais vraiment le tuer, je vous jure, j’ai les canines qui me grattent et les iris qui jaunissent. Je me hisse d’un bond sur le rocher, tout de suite plus affuté au niveau des réflexes, attrapant les branches comme un vrai singe pour rejoindre le pont. J’en arrache une au passage pour en faire une arme, m’approchant du boutonneux, dégoulinant de saleté. Je glisse une main dans mes cheveux pour en faire une boule de boue avant de lui jeter à la gueule. « Tiens, c’est bon hein ? » J’en forme une deuxième en essayant de dégager mon visage, la boule atterrissant sur son épaule. Et je continue comme ça tout en marchant dans sa direction avant de lui fouetter le visage avec ma branche. Ok, ça fait un peu sado-maso là. « Allez viens là, on arrête de se battre. » Je lui dis en souriant, écartant mes bras avant de me jeter sur lui pour le prendre dans mes bras, historie de l’achever et de faire de lui un deuxième monstre de boue. Hop, maintenant au moins il a l’air aussi con que moi. Ah je me sens beaucoup plus apaisé tout d'un coup ... Si si, parce qu'il a l'air con, pas parce que je le serre contre moi hein.

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