Je me mouve dans l’ombre, tout ce qui est sombre m’appartient, c’est décidé, de fait que je suis la seule sang-froid de l’aventure. Malheureusement. J’ai l’impression d’être en constant décalage avec tout le monde. Je marche dans le bateau tout en pensant à la blonde qui croyait que j’allais lui sauter dessus pour boire son sang. C’est des sauvages ici. Je ralentis le plus possible mon rythme parce que j’ai tendance à filer à toute allure. J’arrive dans un coin plutôt isolé. Ma lenteur provoque ma maladresse, mon pied se heurte contre une chaine. Un ténor se fait entendre. Je hausse les épaules. Et un autre bruit sourd. « Désolée. » Je lance en m’avançant, mes prunelles froides s’accrochent à la silhouette du jeune homme. J’esquisse un sourire timide, j’voulais pas lui faire peur, au contraire. Mon regard dérive sur la boîte. Je fais des allers et retour entre lui et la boîte. « Tu viens de la faire littéralement ... » Exploser. Je ne termine même pas ma phrase tant cela me semble couler de source. J’aligne quelques dans sa direction pour premièrement observer de plus près le pauvre cadavre de la boîte. Première constatation : c’est violent ! Je lève la tête pour scruter le visage du candidat. « Tu pourrais faire pareil sur... moi par exemple ? » Je lui demande comme ça, enfin, je voulais dire sur les gens, pas sur moi spécifiquement. Enfin j’suis déjà morte, je ne vois pas ce qui pourrait m’arriver de pire en ce moment. Je sais que la curiosité est un vilain défaut. Je baisse les yeux conscience que fixer longuement un inconnu n’est pas très bien vu, mais au diable les conventions sociales, je crois que l’on n’est plus à cela près aussi. « Raisa. » Je me présente parce que c’est quand même le plus essentiel.

Les présentations sont faites, on peut rayer la partie civilisée de notre conversation et passer au plus important. Ce que je viens de voir, à l'instant.  Je crois que je viens vraiment de lui faire peur. Je vous jure que c'était mais vraiment involontaire pour une fois. J'ai l'habitude de surgir de l'ombre, de n'importe où, et de me planter comme une fleur à côté de la personne, l'air de rien. Il va falloir s'y habituer, c'est juste le début, c'est pour cela. « Je n'avais pas besoin de l'être.  » Je lui réponds, non, je n'ai pas peur de ce qui peut produire avec ses mains. Ça m'émerveille plus qu’autre chose. J'ai presque l'impression d'être une gamine de six ans avec les yeux grands ouverts à la limite de briller quoi. Oui, c'est ce que je suis en ce moment même. Mais je n'en n'ai pas honte, c'est le principal, j'imagine. « Tu te contrôles ? » Je lui demande, je le rassure, tout cela n'est que curiosité maladive et non du stress ou de la peur ou quoi que ce soit. « Imagine ... » Je commence alors en faisant les cent par autour de lui, j'ai l'impression de tourner comme un lion en cage. Je cherche tout simplement l'inspiration ou tout simplement une situation assez parlante pour qu'il comprenne ce que je sous-entends. « Tu es sûr les nerfs, j'tiens trois boîtes dans ma main, j'te demande de t'en occuper d'une seule en particulier, il se passe quoi ?  » Je l’interroge alors en m'arrêtant net.