Un sourire aux lèvres, je m'éveillais en silence, c'était le dernier jour, la torture allait bientôt prendre fin. Il faisait encore nuit, tout le monde dormait autour de moi. Ma voisine de gauche ronflait d'ailleurs comme un petit porc. J'étais tentée de la réveiller pour qu'elle arrête cette immonde démonstration de virilité féminine, mais son haleine douteuse m'y fit renoncer. Je sentais les effluves fétides parvenir à mes narines d'ici-même. Avec un frisson de dégoût, je m'empressais de sortir de la tente, ce qui se révéla plus difficile qu'il n'y parait vu qu'on était conditionnés comme des pauvres sardines en boîtes. Enfin à l'extérieur, je soupirais de contentement. L'air frais frappa mon visage, faisant s'humidifier mes yeux, il devait être tôt dans la matinée. Une forme humaine se détacha de derrière un buisson et approchait. Sans réfléchir je m'élançais vers elle et lui fit un gros câlin, peu importe de qui il s'agissait, il fallait absolument que je partage ma joie. « Aujourd'hui c'est gratuit, profites-en. On récupère enfin nos lits et nos douches ce soir ! » L'hystérie se lisait dans ma voix, j'espérais que la personne que je jugeais de sexe féminin ne me prenais pas pour une folle. Bondieu, vivre sans douche ni lit pendant une semaine c'est inhumain, il y a de quoi me comprendre. Brusquement, une odeur affreuse vint me piquer le nez, un vampire ? Je reculais légèrement la tête pour toiser la personne avec qui j'avais affaire. Dans l'obscurité je ne discernais pas grand chose, mis à part deux yeux hypnotiques et des dents qui brillaient dangereusement. « Eh, rassure-moi, tu ne comptes pas m'aspirer ma confiture de fraise hein ? C'est que j'y tiens, même si franchement je te comprends, j'dois avoir bon goût. » Un rire nerveux sorti d'entre mes lèvres, ce genre de rire ridicule qui vous met bien encore plus dans l'embarras. « De toute façon, il me semble que le sang de loup c'est un peu comme du poison pour toi, non ? Ou bien c'est une légende ? » M'enquis-je, pas vraiment rassurée.

La nuit n'était pas encore totalement terminée. Il me restait encore au moins deux heures devant moi. Alors, quand ces deux heures seront passée, j'irais très rapidement me coucher, tandis que tout les autres se lèveront. C'est l'inconvénient d'être un vampire parmi une communauté de multiple espèces. Nous sommes les seuls à dormir le jour et vivre la nuit. Dans un sens, ça a tendance à nous rendre plus dangereux, plus énigmatique aux yeux des autres. Mais comme d'habitude, nous devons rater des tonnes de choses et finalement, nous devons être un peu à l'écart. Ca ne me dérange pas plus que ça, j'aime être calme, discrète. Me cacher pour mieux attaquer. Je rodais depuis un moment autour des tentes. Je n'ai pas d'occupation particulière, alors je fais comme je peux. Je ne compte pas leur sauter dessus, mais parfois mon instinct de monstre m'échappe. Heureusement, je sais mas calmer quand il le faut et laisser des pauvres humains tranquille. Je n'ai pas de le temps de dire ouf, qu'une chose me sert dans ses bras. Jamais on ne sert un vampire de cette manière : notre froideur effraie les gens et ne pas sentir de cœur battre en nous les font fuir. « Aujourd'hui c'est gratuit, profites-en. On récupère enfin nos lits et nos douches ce soir ! » Je reste pétrifié dans les bras de la jeune femme. Je ne réagis pas, ne bouge pas : seul ma bouche se pare immédiatement de mes deux merveilleuses canines, dont leur blanc trancha avec le rouge de mes lèvres. Mes yeux s'animèrent affreusement d'une lueur soudainement vivante, tandis qu'elle s'éloignait soudainement de moi. J'avais envie de rire, oui, alors je ne riais pas : j'avais envie de m'amuser, alors je restais sérieuse. Mes yeux plantés dans les siens. Gardant mes dents de vampire bien en vu. «  Eh, rassure-moi, tu ne comptes pas m'aspirer ma confiture de fraise hein ? C'est que j'y tiens, même si franchement je te comprends, j'dois avoir bon goût. » Vivre dans le noir permanent nous apprend à voir justement dans le noir. J'en suis capable en tout cas et ressent, au regard qu'elle me lance, qu'elle n'est plus si à l'aise avec moi. Quoi de plus normal, quand l'on remarque ces dents pointues. Prête à mordre la chair fraîche de son cou. « Pas maintenant non... Mais peut-être un autre jour... » Je parle doucement, sensuellement, de quoi vous glacer le sang. Elle est nerveuse, je le sens. C'est plaisant d'être crainte ainsi ! Même si mon objectif et ma stratégie n'est pas défrayer les autres, mais justement, de paraître bien sympathique pour mieux les étonner ensuite. « De toute façon, il me semble que le sang de loup c'est un peu comme du poison pour toi, non ? Ou bien c'est une légende ? » Un sourire naît sur mon visage, alors elle est une louve... Ce qui ne change rien à l'affaire, sauf me donner la satisfaction d'effrayer une créature. Je reste sérieux deux minutes de plus, avant de lâcher finalement un rire. « Ne me dis pas que je t'effraies ! Ce n'est pas mon but ! » Ou peut-être bien que si. Quand on y pense, je rode la nuit pendant qu'eux dorme... Dans le noir. Enfin bref. « C'est une légende, parce que je n'ai jamais entendu parler de ça... Je peux autant boire ton sang, que celui d'un humain ! »

L’hystérie du moment était bien vite partie. Elle me faisait peur cette fille. Pour commencer elle n’avait pas bougé d’un cheveu depuis que je l’avais prise dans mes bras et elle ne me répondait pas non plus. Était-elle toujours aussi lente ? Elle ne boirait pas mon sang maintenant mais peut-être plus tard qu’elle me dit. J’ai vu plus rassurant. Sa voix est molle elle aussi. On dirait qu’elle le fait exprès, qu’elle s’amuse à me torturer. C’est qu’elle y arriverait presque la nana. Elle sourit maintenant, ne dévoilant que plus ses dents pointues. Que vois-je ? Du jaune ? Elle se brosse les dents au moins ? « T’aimerais pas le thé par hasard ? » que je lui demande contre toute attente, encore nerveuse. Le thé rend les dents jaunes, c’est connu. Elle est toujours immobile, le temps passe. Puis elle se met à rire maintenant. J’ai pas tout suivi. Mon cerveau devait avoir atteint son maximum de capacités. Elle me dit ensuite qu’elle ne voulait pas m’effrayer. Elle serait pas un peu bipolaire la vampire ? « Vraiment ? On ne peut pas dire que tu sois douée pour mettre à l’aise les gens » que je lui dis. Le tact n’avait jamais été mon fort. « Peu importe, je suis Maia » souriais-je. Rencontre étrange. C’est dans ces moments-là que tu réalises que le monde n’est pas peuplé que de gens nets. Elle m’informa ensuite qu’elle pouvait autant boire mon sang que celui d’un humain. Inquiétant. « C’est pas rassurant ce que tu me dis-là » riais-je. Je ne savais pas vraiment sur quel pied danser avec elle. « Sinon, t’es pas un peu excitée ? On retrouve une vie civilisée ce soir »