Je n’en pouvais plus de cette vie misérable. Je suis une célébrité, sortez moi de là. Alors déjà j’arrive en mode diva comme si le monde m’appartenait et personne ne me remarque, je suis privée de confort depuis dimanche soir, je dors sur un matelas ou un SDF refuserait de dormir, au milieu d’une horde de filles qui n’ont jamais approché un coiffeur de leur vie, je veux bien être conciliante mais il y a des limites quand même… En plus de ça il n’y avait pas un seul beau mâle à l’horizon, l’aventure allait être longue, depuis que je suis arrivée je supplie la production de me fournir en alcool, cette émission va me faire sombrer dans l’alcoolisme je le sens. Heureusement j’ai sympathisé avec deux filles très gentilles qui sont un peu dans le même délire que moi, je n’ai même pas eu à utiliser mon don de persuasion sur elles pour qu’elles m’apprécient… Bon est-ce qu’elles atteignent ma beauté et ma grâce ? Non… Est-ce qu’elles sont des rivales potentielles ? Peut-être, l’avenir nous le dira. En cette fin d’après midi on a décidé de tuer le temps en allant marcher dans le petit bosquet enchanté, ouais tout à fait, pas des bois ni une forêt, un bosquet quoi, le budget manque clairement à l’émission et vu la gueule du bosquet je l'aurai plutôt baptisé le bosquet de l'angoisse. Je m’étais habillée en mode sport, je laissais les talons aiguilles et les robes au placard le temps d'une virée entre filles… C’était l’occasion pour nous de donner nos premières impressions vis-à-vis des candidats et de ces premiers jours passés ici. « Non mais clairement je crois qu’il y a eu des erreurs de casting c’est évident, certaines personnes commencent déjà à me taper sur les nerfs, comme cet KIMYO quelque chose, essaye plus difficile comme prénom la prochaine fois chérie » Je lançais tout en avançant dans les bois.

Je crois qu’en fait, je commence l’émission très mal, et si ça continue comme ça, je vais devenir affreuse. Pas physiquement, faut pas déconner hein, mais, côté caractère. De mauvaise humeur, ouais, voilà. Non mais attendez, on doit dormir dans des tentes. Putain, si j’veux me la jouer colonie de vacances, j’ai pas besoin de passer un casting pour ça bordel. Et en plus, les filles dorment AVEC les filles. Sérieux. Y’a rien de plus révoltant. Et comment on tente de pécho un gars alors ? merde, je pensais que dormir avec un binôme (un mâle, bien sûr) en me frottant un peu trop à lui était un bon plan pour pécho. Et là, je me fais clairement avoir quoi. Genre, ce sera plus difficile. En plus, j’ai vu des moches, ce matin. Enfin, c’est une des filles qui dort avec nous. Du coup, ça m’a mis de mauvaise humeur. Bref, on est dans le bosquet, avec Cordelia et Maia. Et la première commence à l’ouvrir, à propos de ses impressions. Tant mieux, je vais pouvoir cracher sur la moche. Quoi que non, je sais pas son nom. Ce serait con. « C’est qui elle ? » ouais, une meuf au prénom difficile, y’en a pas mal, sérieux. Et des meufs chiantes, j’imagine que c’est pareil. « ils sont comment, vos binômes ? Ils sont beaux ? Musclés et tout ? » comprenez-moi, ça fait depuis samedi dernier que je n’ai pas baiser, alors, merde, faut que j’me renseigne sur les types du jeu.

Trois jours bon sang, trois jours que je me retrouve privée de mon petit confort. Trois jours que je partage une tente avec des filles qui sentent le putois parce que cette vieille folle nous fait nous laver dans un lac. Elle doit bien se foutre de notre gueule tiens, dans son bain moussant bien chaud, pendant qu’on joue à tétris dans le lac. C’est qu’à vingt-quatre dans l’eau y’a pas franchement d’intimité. Ça me rappelle le jour où il y avait des soldes dans une toute petite boutique, on se marchait dessus. Il m’a fallu me glisser entre les corps boureletteux de ces brutes épaisses, ça ressemblait à un combat de sumos dans la boue, avec la sueur qui remplace la boue, la boutique qui remplace la piscine en plastique bon marché et les gens qui remplacent les sumos. Bref, ce fut une très mauvaise expérience. Je me trouvais dans le bosquet magique, un petit carré de verdure perdu dans l’immensité des lieux. Ce n’était pas franchement le plus beau lieu qui m’ait été donné de voir jusqu’ici, mais c’était un coin tranquille où on avait décidé de se retrouver avec Fauve et Cordelia. C’est finalement avec elles que je me juge le plus proche. Il faut dire qu’il y a tellement de gens bizarres ici qu’il me semble que ce sont les seules qui sont ‘normales’ et pour lesquelles j’aurais un quelconque intérêt. « Je vois pas non plus qui c’est » Cordy parlait d’une certaine Kimyo, que je n’avais pas encore eu l’occasion de rencontrer et, à ce qu’elle disait, je ne ratais rien. Je lissais les plis invisibles de mon short en jean quand Fauve aborda le sujet des binômes. D’ailleurs, j’avais fini par l’aimer celle-là, malgré le coup du verre qui m’était resté en travers de la gorge. Un jour ma bonté me perdra peut-être. « Eh bien, il est plutôt bien bâti, mais il m’a l’air plutôt gay aussi. » répliquais-je en haussant les épaules. « J’ai appris qu’il avait reluqué le type qui ressemble à un ours, près du lac » c’était bien dommage, frustrant même, je m’en serais bien occupée. L’avantage, c’est que si je l’ai contre moi lors d’un duel, il n’y aura pas de favoritisme, je lui démolirais la face comme pour les autres.

Apparemment Maia et Fauve n'étaient pas aussi douées que pour pour la mémorisation des prénoms... Elles ne savaient même pas qui était Kimyokis. « Vous ne pouvez pas la rater, cette fille se prend clairement pour qui elle n’est pas, en plus de ça elle n’a pas l’air d’avoir inventé l’eau chaude si vous voyez ce que je veux dire. » Maia et Fauve enchaînaient ensuite sur les garçons. « Moi je n’ai repéré personne pour l’instant, mon binôme est plutôt mignon mais un peu gringalet, pas génial… Bref, le mec au physique d’ours ? Tu veux surement parler d’Adonis ? Si c’est bien lui sache que j’ai eu très peur la première fois en le voyant dans mon carrosse, sérieusement on dirait qu’il sort de prison, ou qu’il n’a pas croisé une douche depuis six mois, ça veut se donner des airs virils mais ça fini par ressembler à un clochard. Ok c’est un loup, mais tu en es un aussi Maia et tu n’es pas aussi poilue que lui… Du moins j’espère… La prochaine fois que je le vois je vais essayer de le persuader d’abandonner cette infâme barbe ! » Bon c’était la première impression que j’avais eu de lui, si ça se trouve derrière tous ces poils c’est une personne respectable… « C'est vrai que Bo avait l'air étrange, en tout cas s'il est gay je veux bien me charger de le faire changer de bord, personne n’a jamais pu résister mon corps, en plus de ça il est franchement pas mal… Ce serait du gâchis. » Nous continuons d’avancer dans le petit bosquet, la nature ce n’était pas vraiment mon truc, il était tard et les moustiques étaient de sortie, quelle tuile.

Ça va, ça me rassure, Maia ne sait pas non plus qui est l’autre pimbêche dont Cordy parle. Non, parce que, comme ça, ça m’prouve que je ne suis pas la seule conne à pas avoir remarqué grand monde lors du prime, comprenez. C’est toujours rassurant de ne pas être la seule conne dans une émission, ça passe mieux. Cordélia enchaîne de suite en décrivant la nana. Que je n’ai pas franchement envie de rencontrer, au vue du portrait qu’elle dresse. « Une cruche quoi. Ça m’étonne pas, y’en a qui ont vraiment l’air con ici, donc bon. » moi la première. Non je déconne. Quoi que je me demande un peu de quoi j’ai l’air. Enfin. Bref. Il est temps de parler pénis. Enfin. Hommes à pénis. Pas Ange quoi. Quoi qu’un jour, je le foutrais à poil pour voir s’il a un pénis. Imaginez qu’il soit bien équipé. Ca doit être bizarre, de coucher avec lui, s’il a un pénis, sérieux. Ça fait un peu lesbienne sur les bords. J’me demande s’il gay. Ou lesbienne. Ou hétéro. Ou rien. Maia a un binôme bien bâti. La chance. Sûre, ça fera des choses sous la couette la semaine prochaine. Je suis jalouse. Ah non pardon, il est gay. Je me mets à sourire. Y’a pas de raison que je sois la seule à avoir un binôme avec qui j’pourrais rien faire de sexuel. Le binôme de Cordy n’a pas l’air exceptionnel. « Ne me dîtes pas qu’on est tombée sur une saison où y’a aucun type potable. Je me flingue hein, si c’est ça, je vous le dis tout de suite, vous retrouverez mes dépouilles dans ce bosquet, et ce sera honteux pour l’émission, parce que j’me serais tuée toute seule. Mais au moins, ça fera de l’audience. » ah ouais, elles parlent du type qui ressemble à un ours qui sort de sa grotte pour la première fois. Il s’appelle Adonis, apparemment. « Mon dieu, comme je vous comprends ! Un ours, un ours ! Quoi que t’as raison, ça tombe, il est pas mal sans barbe. Faudrait tester. Au pire, si ça marche pas, on le rase la nuit. Ca dort, un loup ? Ouais, ça doit dormir. Quoi que j’aurais peur de perdre une main en le rasant. Imaginez qu’il se réveille d’un coup, et qu’il vous bouffe la main. » ceci dit, j’suis contente de bien m’entendre avec les deux filles, c’est déjà ça, si j’arrive pas à pécho, je serais moins aigri. Elle parle d’un Bo, Cordelia, et je capte qu’après que c’est le binôme de Maia. « Tu m’étonnes, t’es aussi bien foutue que moi. A nous trois, on doit être un peu irrésistibles. Enfin, moi, j’ai toujours pas vu mon binôme, juré, limite je me demande si elle est bien dans la tente avec nous, la meuf. Ca tombe, elle dort dans la forêt, pour s’isoler, parce qu’elle est trop laide pour la télévision, alors elle veut pas trop s’afficher. »

Cordelia continuait sur sa lancée avec la Kimyo. Plus elle en parlait, moins j’avais envie de la rencontrer cette fille. Ce genre de nana qui semble péter plus haut que son cul, une cruche, que Fauve dis. J’approuve en hochant la tête légèrement lorsqu’elle réplique que beaucoup ont l’air con par-ici. « J’suis bien d’accord, j’suis passée plusieurs fois pas loin d’une fille au nom bizarre qui fait franchement penser à rien quand tu l’entends, alors tu penses, je l’ai pas retenu. Elle ressemble un peu à une poupée vaudou, elle n’est pas franchement canon quoi, et elle a un air attardé. Je vous assure, elle pose des questions bizarres et parle tout lentement, elle est molle. Ouais, molle, comme les pâtes trop cuites. » La conversation vira rapidement sur les binômes. Cordelia se plaignait du sien, trop gringalet qu’elle disait. « Eh, te plains pas, le tien est baisable au moins, entre le fantôme de Fauve et mon gay, t’es celle qui s’en tire le mieux » répliquais-je envieuse. Elle parla ensuite de l’ours. Ah voilà, Adonis, un prénom bien narcissique pour un évadé de prison croisé avec un ours. Je riais franchement lorsque Fauve parla de lui raser la barbe. « J’suis partante pour t’aider tiens, je suis curieuse de voir à quoi il ressemble sans sa barbe. Bien sûr que ça dort, eh vous en avez un de lycanthrope, en face de vous. Pour ne pas vous mentir, c’est bel et bien poilu un loup, mais avec une bonne esthéticienne on y voit que du feu. Faudrait que j’en conseille une à cette autre louve d’ailleurs, elle a une forêt grandissante sous les bras, ça commence à devenir inquiétant. » Je ne mentionnais pas son prénom, elles avaient dû la croiser, comment louper une abomination pareille ? Elle a sérieusement cru que personne ne le remarquerait ? Loupé chérie. Fauve nous parle ensuite de son binôme, le fantôme. Elle serait trop laide pour se montrer apparemment. C’est qu’entre nous, avec ce casting, on pourrait presque refaire l’émission ‘Au secours vous êtes laide’ de Crystal et Brenda du ‘cœur a ses raisons’. Ils sont, comment qu’elle dit déjà, voilà, amputés de beauté, pour certains. Bondieu, vivement que je retrouve mon confort, j’ai une de ces envie d’un bain moussant senteur noix de coco… « Sinon, vous survivez au fétichisme de la vieille pour les clochards ? » Me risquais-je, c’est que c’était un sujet plutôt sensible.

« Je n’appelle pas ça survivre, je me ronge les ongles depuis dimanche, je bois comme un trou pour oublier qu’on mène la vie de vulgaires clodos et ça n’a pas l’air de gêner les autres candidats, étant donné que la plupart d’entre eux le sont surement. J’essaye de supporter la situation comme je peux mais c’est plutôt difficile quand on est habituée comme moi à vivre dans le luxe, je n’ai pas mangé de caviar depuis trois jours c’est à pleurer… » Cette émission tournait au cauchemar et les entrainements et les duels n’avaient pas encore commencé, le pire était encore à venir. « Vous imaginez si les autres pouilleux nous entendaient ? Je pense qu’on serait détestées par l’intégralité du casting, enfin ce n’est pas comme si j’en avais quelque chose à foutre de toute façon. Je ne suis pas là pour me faire des amis, mais ces gens du peuple me font de la peine. Vous voyez, une star comme moi se doit d’aider les nécessiteux, par exemple, prenez cette grosse vache poilue qu’est Atropos, je suis certaine que tout le monde pourrait se cotiser pour lui payer un rendez vous chez l’esthéticienne et du déodorant ! C’est ce que j’appelle l’entre aide et la solidarité. Adonis, on pourrait tout simplement lui raser la touffe dans son sommeil » Je me sentais investie d’une mission vous voyez, je sais maintenant que les dieux m’avaient envoyé ici pour une bonne raison, aider ces gens, les remettre sur le droit chemin de la beauté. Ce n’est pas étonnant à vrai dire, je suis porte parole de la classe, je suis sophistiquée et je connais les bonnes manières. Depuis le prime j’avais repéré certaines personnes qui étaient vraiment en mode fail. « Il faudrait aussi prévenir Sullivan que sa coupe de cheveux est dégueulasse on dirait qu’il a une brosse a chiottes sur la tête. Sinon il est pas mal, tu pourrais facilement te le taper Fauve toi qui as plus de libido qu’une nymphomane en chaleur. Ah et en parlant de dégueulasse, vous avez vu la gueule de cette pauvre fille là… Eukleia, je ne sais pas qui est son chirurgien esthétique mais elle a complètement été ratée, si tu m’entends la prochaine fois vas-y doucement sur le botox chérie on dirait une momie. J’espère qu’Ange n’ira pas voir le même quand il aura enfin décidé de changer de sexe… Puis cette meuf au nom d’alcool là, non mais elle est d’un vulgos, je ne savais pas que la production avait engagé des escort girls… » Oui je suis mauvaise, c’est le manque de confort et l’ennuie qui me font dire des méchancetés, dans le fond je ne suis que tendresse et gentillesse…

J’hoche la tête quand Maia parle, avant de capter que je connais probablement la meuf. « ATTENDS ! C’est Amarok ? Mon dieu, l’air attardée, ça ne peut être qu’elle ! Je chassais le garçon, lundi, et je suis tombée sur elle, elle était perdue, mais perdue ! Je ne comprends pas qu’ils acceptent des gens comme ça au casting, enfin, je suis sûre qu’elle est dérangée psychologiquement ! Faible d’esprit, tout ce que tu veux ! On va la retrouver à chialer toutes les larmes de son corps bientôt. C’est hyper dangereux merde ! Et pour les questions bizarres, elle a pas arrêté de me parler de fleurs, enfin, je te jure, elle est flippante ! » oh, et puis, je doute qu’on soit les seules à penser ça franchement. Et puis, Maia continue avec la vieille fée. « C’EST QU’UNE MAL-BAISEE ! » je m’écris, et croyez-moi, ça vient du cœur. Cordélia enchaîne, et j’approuve absolument tout ce qu’elle dit. « Et puis, sérieux, ça aide pas pour pécho hein, les tentes, vraiment pas ! » que-quoi ? qu’ils nous entendent, les autres ? et alors ? j’vois pas le problème. J’hausse les épaules, l’air indifférent. « Pour le peu que je m’en soucis, de leur opinion. Quoi que ça risque d’être plus dur de baiser avec une réputation comme ça. Quoi que si la grosse truie a pu baiser une fois dans sa vie, tout est possible, non ? » bah ouais. Quoi qu’elle est peut-être vierge, la grosse fée. Soit. « Sulliquoi ? C’est vrai, il est pas mal ? Mon dieu je suis tellement en manque, je vous épargne mes rêves en ce moment, c’est chaud ! Mais attends, c’est pas un loup le type ? J’aime pas loups. Enfin. Imagine qu’il se transforme en clébard en pleine action, genre, il se contrôle pas, ce serait dégueulasse ! Pire qu’un type précoce ! Peut-être qu’il est précoce. En tout cas, j’ai entendu dire qu’il avait une petite queue. C’est dommage, vraiment. » Et elle enchaîne sur la laide, Eukleia. « Entre elle et Atropos, j’saurais pas dire laquelle a le plus le look gros thon échoué. Peut-être Eukleia. Elle a la tête d’un nouveau-né qu’on aurait frappé contre un mur, je sais pas, elle est difforme, j’ai l’impression, pas vous ? » moi ça m’choque ça, encore plus si c’est de la chirurgie, quel dégât !

Les filles parlent, répondent, enchérissent, je m'endors presque, puis j'entends un nom : Amarok et je parle. « OUI VOILA, C'EST COMME CA QU'ELLE S'APPELLE » Je me dis que je fais un peu peur, alors je baisse d'un ton. « Ses parents ne doivent vraiment pas l'aimer pour l'avoir appelée comme ça » C'est vrai, ce n'est pas franchement sexy, classe ou quoi que ce soit comme nom et comme je l'ai dit plus tôt, ça fait penser à rien en plus. Je sais pas, vises Fauve par exemple, ça fait penser à un félin, Cordelia à une corde, Maia à.. l'abeille, ou du maïs, mais Amarok... J'épouserais surement le type qui trouvera un rapprochement entre ce prénom et autre chose. C'est qu'elles ont continué de parler pendant que je réfléchissais, je n'ai pas entendu la moitié, mais ça ne doit pas être important. « C'est vrai qu'elle est amorphe cette fille, on se demanderait si elle n'est pas en mort cérébrale » Je sursaute quand Fauve cris qu'une certaine personne est une mal-baisée, ça va pas non. Mon tympan droit est mort je crois. A l'évidence j'suis un peu en retard sur la conversation, elle ne devait pas parler d'Amarok, cette fille ressemble plus à un bisounours qu'autre chose, ce n'est pas le type de défaut qu'on pourrait lui attribuer. Je vois une guêpe tout d'un coup, j'ai peur qu'elle me pique la vilaine, je suis ses moindres mouvements avec l'attention d'un prédateur plus victime qu'autre chose. Ca y est, elle est partie. Cordelia se plaint du manque de confort imposé, Fauve aussi. J'approuve. « C'est illégal, c'est qu'on pourrait la coincer la vieille, prendre des photos, ou n'importe quoi, on finira bien par trouver quelque chose pour l'envoyer en taule. Elle est flippante physiquement, elle doit l'être autant mentalement. Non c'est vrai, on dirait qu'elle n'a jamais croisé de miroir de sa vie, c'est inquiétant. » Cordelia aborda ensuite un autre sujet, pas mon préféré. Je n'avais pas réfléchi à ce qui arriverait si on nous entendait. Contrairement à Fauve, je me souciais de ce que pensaient les autres. C'est que ça pourrait nous pousser à être nominées. No way. « C'est sûr qu'ils ne nous accueilleront pas les bras ouverts si on était découvertes. J'imagine qu'ils préfèreraient défiler avec nos têtes sur des pics. » Dis-je en me tenant la gorge par réflexe. Je déglutis. Puis ce fut le grand retour des bitcheries. Cordelia en rajouta sur le compte d'Atropos, m'arrachant un sourire. J'aimais sa conception de la solidarité. « C'est exactement ça, il faut les aider les pauvres, ils passent à la télé, on ne peut pas les laisser comme ça. Chiche on rase la barbe d'Adonis la semaine prochaine ? » Répliquais-je avec un sourire en coin. Ce fut au tour d'un certain Sullivan que je n'avais pas encore rencontré de passer à la casserole. 'Brosse à chiotte' et 'facilement te le taper' si proches l'un de l'autre ? Wow. « En clair c'est juste ses cheveux ou il est quand même canon ? » m'enquis-je, curieuse. « Y'a d'autres mecs pas mal dont vous avez entendu parler d'ailleurs ? » c'est qu'il fallait bien que je me bouge un peu, mon binôme était adorable, mais malheureusement gay. Cependant, cela ne voulait pas dire abstinence pour autant. D'autres noms surviennent, comme Eukleia. Le portrait que mes amies décrivaient de cette dernière n'était pas vraiment valorisant. Si je la rencontrais j'aurais donc affaire à une momie à la tête de nouveau-né, difforme, qu'on aurait frappé contre un mur, sans oublier le botox. C'est que j'en avais plus tellement envie, de la rencontrer je veux dire. Prénom d'alcool (voyez que c'est important d'avoir un prénom qui fait penser à quelque chose), vulgos, escort girls. Ça me disait légèrement quelque chose. « La nana au nom d'alcool, j'crois bien qu'elle est pote avec la fille dégueulasse qui m'as tâché ma robe et à qui j'ai balancé un oeuf pour me venger. Comprenez, c'était une robe Chloé » Bien, j'étais énervée maintenant.

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