J'venais de faire quelque chose de vraiment bizarre. Moi, engager la conversation avec une inconnue. Mais j'me dis qu'il aurait bien fallu à un moment ou un autre. Après lui avoir posé ma question, Beha ne dit rien. Je me demande alors ce que j'ai fait de mal. Elle a l'air perdue. Elle regarde autre part. Je détourne mon regard pour voir celui que j'avais prédit comme étant un abruti fini, fixé par tous, car il semblerait que ça jizz dans son futal. C'est alors que mon visage prend une expression d'incompréhension et que ma tête se penche en arrière avant que ma gorge sorte un léger 'putain d'merde je l'crois pas'. Puis je retourne à Beha qui avait alors répondu. Elle venait de me répondre sèchement quelque chose de plutôt drôle alors mon sourire se décupla. Pourquoi souriais-je alors que d'habitude j'étais plutôt du genre à ne jamais faire ça ? « nan ça va, ta tête me convient. d'ailleurs tu m'fais penser à mes soeurs c'est drôle » Ouais j'avais décidé de la flatter tout en me dévoilant. « moi c'est Chaz donc et j'viens d'ici, le monde magique quoi. » J'ai à peine le temps de finir ma phrase que les derniers candidats arrivent. La vieille fée vient à son tour. Elle a vraiment pas l'air nette. Effectivement. Elle nous dit maintenant qu'il faut aller dans un bateau. Un bateau. D'accord. Donc un porte apparaît, naturellement. Chacun notre tour, nous la franchissons. Nous voilà arrivés sur un long quai. J'remets mon chapeau, puisque je l'avais enlevé quand Beha avait commencé à me parler. Le bateau ne m'inspire pas confiance, il craque de partout. Mais d'un côté j'me dis que les poihommes (poissons/hommes) seront contents ici. C'est donc légèrement inquiet que j'monte sur ce navire qui ne semblait aller nulle part.

C’est bon, on est dans l’arène. Je crois que le mot est d’ailleurs très bien choisi. J’examine par curiosité mon partenaire bien silencieux sous tous les angles avant de me poser mon fessier sur le tabouret. C’est le gros bordel sur le plateau. Tout le monde parle à tout le monde, je n’identifie pas les voix, les timbres, je préfère passer à autrechose. Bon maintenant que je suis là ... Scaar. Je le cherche des yeux. Où est-il ? Mine presque soucieuse, je scrute les autres, ça va de partout.  Je me focalise sur un seul objectif, puis mes prunelles croisent les siennes, et je me fends d’un sourire. J’attends qu’il vienne me rejoindre. « Elles sont toujours aussi brillantes. » Je lui assène alors. Ok, c’est moi qui l’ai amené ici. Dans cette cohue. J’assume. « Tu n’auras pas tenu très longtemps sans te plaindre. » Je lâche en souriant. C’est devenu un réflexe chez lui. Il le sait. « Ton binôme ? » Je lui demande de mon soprano. Puis je suis plus ou moins coupée par une annonce. On va vivre sur un bateau. Cela ne me pose pas de problème. Je ne préfère même pas regarder Scaar, j’étouffe sa protestation dans l’œuf, avant même qu’elle naisse. « C’est juste pour une semaine. » Je le devance alors en levant légèrement la main, parce que je le connais.  Je descends de mon tabouret et je me lève. Je le regarde. On y va ? Ce n’est pas comme si on avait réellement le choix de toute façon.

J'ai l'impression de risquer ma vie en parlant à ce type. Non sérieusement il me fusille déjà du regard. Genre, j'ai rien dit de mal. Je ne fais que dire la vérité. Bon, très bien vas y fusille moi du regard mon grand je m'en fiche. Au même moment y a une annonce comme quoi on va être sur un bateau pendant une semaine. Ouais c'est cool ça, j'aime bien les bateaux. Puis j'ai toujours voulu être pirate comme à la télé. Ils ont la classe à la télé. Enfin moi je suis pas un pirate, mais je vais pouvoir faire comme-ci et du coup je suis conte. Puis comme ça je pourrais balancer le type bizarre par dessus le bateau s'il est méchant. Personne n'en sera rien. Je crois. Puis le type bizarre il me prends la main et me l’écrase en me demandant si je suis une sirène. Vas y je suis gaulé comme une cracotte moi il va me brouillé la main. Enfin bon il a l'air de stressé maintenant, le mec stressé. Je le regarde quelques secondes avant de limité en faisant semblant de paniquer. « OH MON DIEU ! On va mourir ! MOURIR ! » J'en fais un peu trop là non ? M'en fiche. Pour le coup le type bizarre et stressé va pas aimer. Du coup je reprends une voix normale. Puis il faut bien que je lui réponds. « Oui je suis une sirène. » Je ne met juste pratiquement jamais les pieds dans l'eau parce que je préfère vivre comme une humaine, mais ce n'est qu'un détail. Enfin moi ça me plait bien tout ça. « J'hallucine t'as peur de l'eau ? euh... » Comment je vais l'appeler ? Parce qu'il ma pas donné son prénom. « Monsieur le type bizarre et stressé . » Ouais voilà je vais dire ça. « Oh le nul, c'est que de l'eau tu finiras juste mouiller si tu tombes. » Ok, il faut que je me taise. Sinon j'aurais pu de main au mieux et au pire et bien je vais mourir. Great. Bon aller on y va. Je lâche pas sa main et j'essaye de le forcer à monter sur ce foutu bateau.

Segen fronce un peu ses sourcils en l’entendant se présenter et ne peut s’empêcher de sourire un peu lorsqu’il révèle son vrai prénom. « C’est mieux. » confie-t-elle sur un ton amusé avant de constater, Dieu soit loué, qu’il lui serre la main, évitant ainsi un nouveau baise-main. Elle s’assoit tout juste sur le tabouret libre à ses côtés, ses mains retrouvant rapidement leurs positions initiales dans leurs poches et elle lève son regard vers deux personnes qui viennent d’arriver. Rapidement, elle reconnaît la blonde qu’elle avait aperçue avant, seule. Et les présentations fusent, Shiva s’occupe de la présenter au passage, lui faisant économiser sa salive, mais un sourire étire ses lèvres à l’adresse des deux filles. La blonde parle, semble toujours aussi anxieuse. « Salut. » lui répond finalement Segen en regardant le jeune homme à ses côtés pour voir si lui aussi à remarqué l’attitude de Lilou. Et finalement elle reporte son attention sur cette dernière.  Mais avant quoi que ce soit, la Vieille Fée reprend la parole pour annoncer la porte, le bateau. Segen hausse légèrement un sourcil et finalement quitte son tabouret, glissant son bras sous celui de Shiva. « Allons-y. »  Elle lui sourit et reporte son attention sur les deux filles à ses côtés. « Ca va aller. » Cette pauvre blonde l’inquiète franchement, déjà avant elle ne semblait pas très en forme, et là… toujours pas, en fait. La rousse pince un instant ses lèvres avant de regarder ce qui se passe face à eux et de découvrir le bateau aussi.

J’hallucine, c’est qu’elle se fout de ma gueule la bridée. Salope. Je lui collerais bien une baffe si on n’était pas filmés, juste une petite pour lui montrer ce que ça fait d’avoir peur de quelque chose. Ouais, sauf que dans l’état actuel des choses je suis tout sauf flippant. Dommage, ça me permet habituellement de repousser les curieux, les gêneurs, les emmerdeurs, à peu près tout le monde en fait. Mais là, pour la première fois de ma vie, j’ai besoin de me raccrocher à quelqu’un, même si c’est une véritable chieuse qui saute sur l’occasion d’enfoncer le couteau dans la plaie. Et lorsqu’elle identifie clairement mon problème je plaque vivement ma main libre sur sa bouche pour l’empêcher d’en dire davantage. C’est bon, elle a fini ? Je soupire comme un taureau sur le point de sauter sur sa proie. « Stop, tu parles trop. C’est fatiguant. » Mais je me dis que finalement c’est une bonne chose qu’elle s’imagine que je sois seulement réticent face à l’eau, parce que si elle suggère que je serais juste mouillé, c’est qu’elle n’a pas compris que je me noierai comme un parfait crétin et que ça fera un candidat de moins pour la course à la victoire. Manquerait plus que quelqu’un apprenne que je ne sais pas nager, et ma réputation sera réduite à néant avant même d’avoir été construite. Le joueur de flûte pervers qui ne sait pas nager, superbe étiquette. « Tu me suis. » Je déclare sans lui demander son avis, me dirigeant vers le bateau d’un pas décidé en la traînant derrière moi, sa main toujours emprisonnée dans la mienne. C’est non négociable. « Si je tombe, tu tombes. » Je lui fais remarquer, au cas où elle n’aurait pas compris pourquoi je désire qu’elle reste collée à moi. C’est comme ma bouée de sauvetage en fait, mais je m’arrête devant la planche en bois qui nous permet de rejoindre ce navire de malheur pour scruter le regard de la sirène. « Et tu gardes ton clapet fermé. » Je précise dans une menace que j’espère suffisamment convaincante avant de poursuivre ma route en regardant droit devant, le cœur battant à cent à l’heure. PUTAIN d’émission de merde, je hais mon frère.

Genre le mec il a peur d'un peu d'eau ? C'est un boloss. En plus il me dit que je parle trop. Il se prends pour qui ? Dieu ? Pfff. On me dit pas de ma taire, on me dit rien à moi. Je suis libre et je fais ce que je veux, quand je veux et où je veux. Méchant monsieur le type bizarre et stressé. Bon aller, je pars avec lui vers le bateau. Il me dit que s'il tombe, je tombe. Ah non ! Après je vais mettre trop de temps à revenir à ma forme humaine. Pas que j'aime pas être une sirène, mais bon d'accords j'aime pas des masses. ET IL CONTINU DE ME CRITIQUER ! Il est sérieux ? Genre vraiment sérieux ? Il croit que c'est quoi ? La fête du slip ? Méchant, méchant, méchant. Il me tient toujours la main, enfin il me tient la main ... il m'écrabouille la main oui. Quel délicatesse. Charmant. Du coup je vais me venger. « Au secours ! A l'aide ! Help ! Je me fais embarqué par un cheval ! » je cris en regardant derrière moi dans un mouvement tragique et désespéré. J'étais presque sur que c'était un cheval. Enfin un truc comme ça, sans doute. Je me retourne vers lui en éclatant de rire. Puis je fais semblant qu'il y a un tremblement de terre. Ok, il a pas l'air amusé par contre. « Quoi fait pas cette tête. A force de faire la gueule tu vas avoir des rides. Après tu seras tout moche partout là. » dis-je en lui malaxant le visage. Il voulait qu'on se la joue délicat. Pas de soucis. Je décide qu'il est temps d'y aller. « Bon aller assez déconné on y va maintenant. » ajoutais-je en commençant à partir vers le bateau avec le type bizarre, stressé et méchant.